
Alors que l’économie mondiale semble tout juste émerger de sa pire crise économique depuis 80 ans, une crise notamment provoquée par l’excès de crédit, comment ne pas voir dans les publicités pour la carte Double Action du Crédit Agricole une provocation scandaleuse ?
Dès l'apparition de cette "innovation" j'avais dénoncé l'arnaque, étant persuadé, à l'époque, que le législateur allait mêttre de l'odre rapidement dans cette affaire !..
N'avons nous rien appris sur le crédit ? En effet, même en ne regardant la télévision qu’avec parcimonie, il est impossible en ce moment d’échapper aux publicités pour cette carte « révolutionnaire » à la fois carte de paiement et carte permettant de déclencher instantanément un crédit, dont le taux, naturellement indiqué en tout petit, est 17,5% de TEG annuel maximum. Un taux qui permet de financer ces campagnes publicitaires puisque le Crédit Agricole se finance à seulement quelques pourcents, laissant une belle marge.
Et c’est toute la perversité du système qui se met en place. En effet, les TEG autorisés sur les crédits à la consommation permettent aux banques de dégager des marges énormes, même avec un taux de non-paiement significatif. Du coup, elles en font la publicité et les facilitent grandement pour les consommateurs en mettant à leur disposition une carte qui déclenche automatiquement un crédit. Mais cet accès automatique démultiplie son utilisation et donc les risques...
Mais que fait le gouvernement ?
Bien sûr, on pourra dire qu’il revient aux individus de bien lire toutes les petites lignes concernant les conditions du crédit. Et ce n’est pas faux. Néanmoins, ce raisonnement présente ici deux limites. Tout d’abord, le rapport de force entre les banques et les particuliers est asymétrique. Les banques l’ont bien compris : en créant cette carte « double action », elle déconnecte le moment où le client « lit » les conditions du prêt du moment où il le contracte tout en simplifiant à l’extrême la procédure.
Ensuite, il ne faut pas oublier que l’abus de crédit est dangereux pour la collectivité, comme l’expérience des subprimes aux Etats-Unis le montre. Un trop grand recours au crédit peut provoquer une bulle, qui, en se dégonflant, peut avoir des conséquences dévastatrices. Dès lors, il est important de mieux encadrer cette activité. Le gouvernement l’avait promis il y a quelques semaines mais rien n’a changé. A minima, il pourrait déjà interdire la publicité, ce qui semble la moindre des choses.
Ce qui est terrifiant avec la crise actuelle, c’est la vitesse à laquelle nous revenons aux excès qui nous ont menés dans le mur il y a si peu de temps. Bonus, crédit, rien n’a changé sous le soleil de la planète finance. Pour notre plus grand mal.
Sources : le site du Crédit Agricole et le BLog de Laurent Pinsol.