
Jusqu'au bout, Vaclav Klaus (photo) aura fait trembler les dirigeants de l'Union européenne . Le président tchèque, dont la signature est la seule à manquer pour l'adoption du traité de Lisbonne, est parvenu à imposer ses desiderata au cours du sommet européen de Bruxelles, qui se tient depuis jeudi soir et jusqu'à vendredi soir. Lors d'un dîner, les chefs d'État et de gouvernement des Vingt-Sept ont fini par valider la proposition de la présidence suédoise de l'UE d'octroyer à Prague un "opt out" - une exception - à la Charte européenne des droits fondamentaux, identique à ceux déjà obtenus par le Royaume-Uni et la Pologne, comme le réclamait le très eurosceptique Vaclav Klaus . Un diplomate suédois avait auparavant indiqué que les dirigeants avaient "validé le texte sur l'opt out tchèque, avant d'applaudir". "C'est une très très bonne nouvelle", s'est félicité ce diplomate.
Le chef de l'État tchèque demandait que son pays bénéficie d'une dérogation à la Charte européenne des droits fondamentaux, afin d'empêcher que les Allemands des Sudètes expulsés en 1945 puissent obtenir réparation. "Vaclav Klaus a accepté le texte (approuvé jeudi soir), il a été tenu informé de toutes les modifications effectuées aujourd'hui et il n'a pas de problème avec cela", a assuré le Premier ministre tchèque Jan Fischer. Il reste toutefois un obstacle en République tchèque pour le traité, censé faire fonctionner l'Union européenne de manière plus efficace. La Cour constitutionnelle nationale doit encore se prononcer, sans doute le 3 novembre, sur un recours contre le texte déposé par des parlementaires eurosceptiques, amis de Vaclav Klaus. Mais sur ce point, Jan Fischer s'est montré optimiste. "La République tchèque ratifiera le traité de telle manière qu'il puisse entrer en vigueur d'ici la fin de l'année", a-t-il promis.
Reste que la victoire à un goût amer pour les 26 autres dirigeants de l'Union européenne, qui, il y a moins de deux semaines, fustigeaient l'attitude de Prague . Ainsi, le ministre des Affaires étrangères français Bernard Kouchner s'exclamait : "On ne va pas changer le traité de Lisbonne, il a été voté par le parlement tchèque et par le sénat tchèque dans des termes très précis que tout le monde a acceptés". Un signe d'agacement était également venu du côté du Parlement européen. "Je ne veux en aucun cas faire pression sur un État indépendant, comme la République tchèque. Mais il faut toutefois se rendre compte que tout nouveau retard coûterait cher aux millions d'Européens", avait indiqué le président du Parlement européen Jerzy Buzek. Tout "retard" semble désormais exclu.
Source : lefigaro.fr 30-10-2009