
Plusieurs députés de droite comme de gauche dénoncent la toute récente instauration des feuilles de présence aux réunions des commissions permanentes, censées lutter contre l'absentéisme parlementaire.
La semaine dernière, les membres de la commission des Affaires étrangères ont, selon le compte-rendu de la réunion, pourfendu une mesure "humiliante" et "populiste", décidée face "à la pression médiatique", certains, tel Patrick Balkany (UMP), proche de Nicolas Sarkozy, appelant même à "entrer en résistance" pour obtenir son abrogation. Conformément au nouveau règlement de l'Assemblée nationale, adopté au printemps, les députés encourent, au-delà de deux absences mensuelles, une sanction de 352 euros par absence aux réunions des commissions du mercredi matin.
Justifier le budget "du tube de dentifrice" (Schneider, UMP)
"Tout cela est absurde. Nous n'aurions jamais dû céder à la pression médiatique", a lancé Jean-Michel Boucheron (PS). "La situation actuelle révèle la mauvaise conscience des hommes politiques face à d'autres pouvoirs, notamment le pouvoir médiatique. Nous n'avons pas à rendre des comptes aux médias", a renchéri Jean-Claude Guibal (UMP). "C'est à se demander quand une pointeuse sera installée dans nos salles de réunions", a aussi protesté François Loncle (PS). "Nous sommes victimes d'une pratique infantilisante qui n'est même plus de mise dans les écoles de la République", a ajouté Lionnel Luca (UMP), en arguant que "les députés ne doivent des comptes qu'à leurs électeurs".
Pour son collègue André Schneider (UMP), cette mesure n'est qu'une "première étape": "Déjà, certains s'intéressent à nos dépenses. Méfions-nous que l'on ne nous demande pas de justifier bientôt comment nous finançons l'achat de tubes de dentifrice." François Asensi (PCF) a estimé que cette mesure "ridicule" n'aurait aucun effet sur l'absentéisme, "dont la véritable cause est le cumul des mandats", auquel "il faut s'attaquer".
Avant d'accepter de saisir les responsables de l'Assemblée sur ces récriminations, Axel Poniatowski, président UMP de la commission, a reconnu que la retenue sur indemnités avait "un côté désagréable" mais "visait en fait les députés - environ 20 % des 577 - qui ne viennent jamais".
Source : lepoint.fr 28-10-2009