Des logiciels de lecture différents. A voir les réactions suscitées par la décision de Jean Sarkozy de se contenter d'un poste d'administrateur à l'Epad, sans en briguer la présidence, on peut les classer en plusieurs clans.

Ceux qui pensent que le fils aîné du président a entendu la polémique et fait preuve de maturité. «Je crois que les millions de Français qui l'ont écouté ont compris pour quelle raison la majorité UMP-Nouveau centre du département était derrière lui et considère qu'il a parfaitement la légitimité, la maturité, il en a fait la preuve ce soir, pour être candidat», a estimé Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP et désormais avocat. Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au Logement et à l'urbanisme et à ce titre tutelle de l'Epad, a salué «une décision courageuse qui fait preuve d'une grande maturité politique». C'est «une décision courageuse, d'apaisement» et «c'est une démarche personnelle qui l'honore», a affirmé Brice Hortefeux lors de l'émission A vous de juger sur France 2. Le ministre de l'Intérieur, parrain de Jean Sarkozy, s'était entretenu avec son filleul juste avant que celui-ci ne s'exprime au journal de 20 heures de France 2. Les personnalités de droite qui cachaient -mal- leur embarras, ont saisi l'argument de la maturité pour réagir. Le député et rapporteur général UMP du Budget Gilles Carrez a estimé que «au regard de toutes ses qualités, c'est une décision tout à fait sage».

«Enfin le président de la République a atterri»

Autre clan, celui de ceux qui s'avouent satisfaits, que le président de la République ait reculé face à l'opinion. La gauche est massivement membre de cette famille. «Il était temps. Enfin le président de la République a atterri», a estimé Noël Mamère, député Verts de Gironde. Pour Vincent Gazeilles, conseiller général (Verts) des Hauts-de-Seine, «l'élan populaire a fait reculer Jean Sarkozy, mais c'est simplement un scandale en moins». Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, sourit : le fils du chef de l'Etat «pourra se consacrer à travailler sa deuxième année de droit». Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche, y voit «la première défaite» du «système d'égocratie». Même tâcle au MJS: le Mouvement des jeunes socialistes «se félicite du retrait de la candidature de Jean Sarkozy» face «au front d'indignation républicain, qui a enfin réussi à mettre à mal le régime sarkoziste des privilèges». Le MJS avait lancé une campagne d'adoption des jeunes en recherche d'emplois auprès de Nicolas Sarkozy pour enrayer les 25% de chômages chez les moins de 25 ans.

Une candidature qui «n'avait pas de sens»

Le maire (DVD) de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin, est très dur : la candidature de Jean Sarkozy «n'avait pas de sens, il n'y avait pas de projet dans les débats. Il était temps d'arrêter ce cirque qui n'avait aucun sens, ni logique ni fondement».

Enfin, il y a les déçus, qui ne cachent rien de leur amertume. Ce matin à 7h40, sur Europe 1,  Isabelle Balkany, qui aime à répéter que son poulain Jean «est le meilleur d'entre nous» a regretté «un déferlement de haine comme je n'en ai jamais vu, et pourtant je fais de la politique depuis longtemps», a fait remarquer la femme du député-maire de Clichy (92) Patrick Balkany. Dénonçant un «procès en âge», elle a étonnamment estimé que Jean Sarkozy avait «pris la décision seul, comme un adulte responsable».

Figure un peu à part au sein du gouvernement et de la majorité présidentielle, Martin Hirsch a estimé que Jean Sarkozy avait «renoncé avec un certain panache». Relevant que le fils de Nicolas Sarkozy était «un jeune parmi huit millions», le haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté et à la Jeunesse a estimé que cette décision «clot un épisode qui occultait d'autres sujets», qui «perturbait tout». Il a néanmoins moqué «ceux qui ont feint de découvrir que la politique (était) une affaire de famille»...

Source :  leparisien.fr   23-10-2009