Washington a repris la main mardi 18 mai dans la controverse sur le nucléaire iranien en annonçant un accord entre les grandes puissances en vue de nouvelles sanctions contre Téhéran. "Je suis heureuse de dire aujourd'hui que nous avons enregistré un accord sur un projet fort, avec la coopération de la Russie et de la Chine", a annoncé la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, devant le Sénat américain.

La nouvelle résolution, immédiatement soumise au Conseil de sécurité de l'ONU, "est la meilleure réponse que nous puissions fournir aux efforts entrepris à Téhéran ces derniers jours", a-t-elle martelé, en allusion à l'accord conclu la veille par l'Iran, la Turquie et le Brésil. Aux Nations unies, des diplomates ont confirmé une réunion du Conseil de sécurité sur l'Iran mardi. Les cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) forment avec l'Allemagne le groupe des Six qui a suivi le dossier iranien.

Même si le contenu et la force de la résolution restaient à préciser, la contre-attaque américaine est un nouveau coup de théâtre dans le bras de fer diplomatique entre la communauté internationale et l'Iran, après la signature lundi, à Téhéran, d'un accord qui paraissait avoir brisé la dynamique de nouvelles sanctions. La République islamique est soupçonnée de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce qu'elle dément. La nouvelle résolution sera la quatrième sur le sujet.

Avant l'annonce de Mme Clinton, l'Iran avait annoncé qu'il confirmerait dans la semaine son offre d'échange à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et indiqué qu'il attendait une réponse "rapide" des grandes puissances. La proposition prévoit l'échange en Turquie de 1 200 kilos d'uranium iranien faiblement enrichi (3,5 %) contre 120 kilos de combustible enrichi à 20 % fourni par les grandes puissances et destiné au réacteur de recherche nucléaire de Téhéran.

Le groupe de Vienne (Etats-Unis, France, Russie et AIEA) avait fait une offre similaire en octobre. L'Iran avait rejeté cette offre en invoquant un manque de garanties et commencé en février à produire de l'uranium enrichi à 20 % au grand dam des Occidentaux. Cette poursuite de l'enrichissement ne peut se justifier dans le contexte d'un accord d'enrichissement à l'étranger de l'uranium iranien, a souligné mardi Mme Clinton.

L'accord conclu lundi en Iran a été largement salué dans le pays. La presse iranienne a salué un accord "qui met échec et mat les Etats-Unis", selon le titre du quotidien gouvernemental Iran. La Chine, la Russie et la France, pour citer des membres permanents du Conseil de sécurité, ont jugé l'accord positif. Quant au premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, il a appelé la communauté internationale à soutenir l'accord et à "cesser de parler de sanctions" contre l'Iran. Le Brésil et la Turquie ont demandé mardi à participer aux débats des Six, a rapporté un conseiller du président brésilien Lula.

Source : lemonde.fr   18-05-2010

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