Il n’est pas besoin d’être un expert économique pour constater que le monde de la finance s’inquiète d’une contagion de la crise grecque à l’Espagne. Accusé de risquer d’amplifier la crise par des promesses coûteuses et à contre courant, le candidat PS à la présidentielle a jugé, jeudi 12 avril sur France 2, qu’il ne laissera "aucune place aux marchés". Et ce tout en voulant privilégier la "croissance" à une seule politique d’austérité. Des propos qui tranchent toutefois avec ceux qu’il avait tenus à Londres fin février, ou lors de primaire socialiste. Malgré ses affirmations péremptoires, François Hollande joue avec le feu car il sait, lui aussi, que la confiance est très fragile.
La sphère financière est en droit de s’interroger : quelle est la véritable position de François Hollande vis-à-vis des marchés? Alors que le CAC 40 s’est affolé, mardi 10 avril dernier, d’une contagion de la crise en zone euro en lâchant plus de 3%, François Hollande n’a pas eu des propos prompt les rassurer… Jeudi sur France 2, le candidat socialiste à la présidentielle s’est montré lapidaire : déplorant la "mobilisation" de la sphère financière contre l’Italie et surtout de l’Espagne, il ne compte laisser "aucune place" aux marchés. Surtout, François Hollande a assuré que pour redresser les finances publiques, il faudrait "mettre plus de croissance, parce qu’elle est nécessaire". Une volonté sur laquelle tout le monde peut s’accorder sauf que François Hollande se garde bien de dire comment il fera pour « mettre plus de croissance ». Car enfin, si cela était simple, cela se saurait depuis longtemps !..
Seul le « Financial Times » salue la position de Hollande !..
Une position saluée par le Financial Times. Coqueluche des salles de marchés, le quotidien a loué lundi 9 avril la position du candidat PS dans son éditorial : "La baisse de la croissance fait baisser les rentrées fiscales", et constitue donc un frein pour "les pays de la périphérie" pour "atteindre leurs objectifs de réduction des déficits, malgré un serrage de ceinture sévère", lit-on. Puis le FT d’appeler à une augmentation des investissements en zone euro, levier habituel d’une relance keynésienne de l’économie. Pas de quoi, a priori, satisfaire des marchés qui, à l’instar des agences de notations, ne réagissent plus positivement qu’à la mise en place de plans d’austérité…
"Pas de craintes à avoir"
Toutefois, François Hollande ne s’est pas toujours montré aussi ferme vis-à-vis du monde la finance. Lors de la primaire socialiste au mois d’octobre 2011, le candidat avait ainsi fait du "désendettement" une "nécessité" si la France "veut garder son triple A et son indépendance". Le candidat PS prônait déjà un "zéro déficit" en 2017, au contraire de Martine Aubry, qui craignait que cet objectif ne laisse "plus de billes" pour relancer la croissance… Trois mois plus tard, lors de son grand meeting du Bourget, François Hollande s’était toutefois montré très dur vis-à-vis de la finance, "son véritable adversaire". Aux yeux du député de Corrèze, pas question de se faire dicter sa politique économique par les salles de marché…
Mais depuis, le candidat a nuancé ses propos. Dans un entretien au Guardian mi-févier, il avait ainsi cajolé la City : "La gauche a été au gouvernement pendant 15 ans durant lesquels nous avons libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations", disait-il, précisant qu’il n’y avait donc "pas de craintes à avoir". Critique immédiate de Nicolas Sarkozy, qui avait assené le 19 février à Marseille : "Quand on dit à la presse anglaise qu’on est libéral, et quand on vient expliquer aux Français que l’ennemi, c’est la finance, on ment matin et soir." Ce qui avait obligé le socialiste à se défendre dans la foulée sur TF1, arguant de nouveau qu’il ne souhaitait pas que la France soit soumise "à une finance qui est devenue folle". En fait François Hollande joue, sur ce sujet majeur, un double jeu qui n’a échappé à personne pas même à son « ami » Mélenchon.
"Une crise de confiance"
Ces tergiversations sont du pain béni pour l’UMP, qui brandit ainsi le spectre d’attaques spéculatives si le candidat PS devait l’emporter. Mercredi 11 avril dernier, Nicolas Sarkozy a estimé qu'une victoire de François Hollande à la présidentielle provoquerait une "crise de confiance" qui mettrait la France "à genoux". La veille, et au lendemain de l’édito du Financial Times, François Fillon avait sonné la charge lors d’un meeting à Versailles, évoquant le risque d’un "déclassement" de la France "à la minute" où le candidat PS serait élu le 6 mai. Des accusations jugées "indignes" par Pierre Moscovici. Le directeur de campagne de François Hollande a estimé jeudi que le président-candidat et son Premier ministre se comportaient "comme des irresponsables".
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