Avant de laisser partir en vacances les membres de son gouvernement pour un repos d’une quinzaine de jours le Premier Ministre Manuel Valls leur a annoncé une rentrée difficile. Parmi les nuages qui s’amoncellent au dessus de notre tête : la « déflation » en zone euro et en France, qualifié ce vendredi 1er août de danger "réel" par le Premier ministre. Ce qui fait craindre le pire pour la croissance économique et les finances publiques. Mais cette peur est bien utile pour le gouvernement.
Au nom de la "vérité", Manuel Valls a annoncé vendredi 1er août des lendemains économiques "difficiles". En cause, le spectre de la "déflation" - à savoir une baisse prolongée des prix et des salaires - qui guetterait la France et même l'Europe. Un danger accrédité par Eurostat, qui a indiqué jeudi 31 juillet dernier que l'inflation dans la zone euro était tombée à 0,4%, son plus faible rythme depuis quatre ans et demi.
Pourtant, les prix ne baissent pas encore en Europe, hormis dans certains pays comme l'Espagne. Ils se contentent de ralentir. Le tout est de savoir si le mouvement va s'arrêter. Car la déflation a vraiment de quoi faire peur. Ce phénomène, souvent associé au Japon qui la combat depuis 20 ans, est très handicapant puisqu'il paralyse les consommateurs. Face à des prix en baisse continuelle, ces derniers reportent en effet sans cesse leurs achats pour payer toujours moins cher.
Pour s'adapter, les entreprises produisent moins et baissent encore plus leurs prix, puis réduisent les salaires ou licencient. Ce qui pèse alors encore plus sur la consommation et les investissements. Un véritable cercle vicieux. Le phénomène est particulièrement difficile à endiguer puisque face à des baisses de prix, les banques centrales sont démunies.
En effet, elles ne peuvent pas baisser indéfiniment leurs taux pour tenter de relancer l'activité, au risque de tomber en territoire négatif. Surtout si, comme la Banque centrale européenne, elles pratiquent déjà un taux directeur très bas (0,15% en zone euro).
Des conséquences budgétaires
Au-delà de l'effet sur la croissance, une déflation comme une inflation anémique compliquent très nettement la politique budgétaire. Par exemple, une inflation plus basse que prévu, ou une baisse des prix, rogne les recettes de TVA. Et dans le même temps, si les prix baissent, la valeur réelle de la dette publique s'apprécie.
Là où l'inflation, qui diminue la valeur de l'argent, profite aux endettés, la déflation les handicape. Or en zone euro, à part l'Allemagne, peu de pays affichent des finances publiques florissantes. L'effet d'une déflation, un phénomène qualifié "d'ogre" par la patronne du FMI Christine Lagarde, serait particulièrement prononcé pour des pays qui, comme la France, affichent un haut niveau de dépense publique. Pour réagir à l'appréciation de la dette, les gouvernements sont en effet tentés de réagir soit en bradant des actifs publics pour se renflouer, soit en allant plus loin dans la rigueur, ce qui pèse encore plus sur les prix et les salaires, dans un véritable cercle vicieux.
L'Europe en bouc-émissaire?
L'alerte à la déflation sonnée par le Premier ministre est peut-être un gage donné à la vérité, mais elle est aussi un moyen de reporter la responsabilité de la langueur économique française sur l'Europe. Car la déflation ou la marche vers la déflation est bien un phénomène européen. Or l'exécutif semble la rendre responsable des difficultés de la France à connaître une véritable reprise, pourtant régulièrement annoncée par François Hollande.
Cela s'est vérifié vendredi 1er août avec la nouvelle charge de Manuel Valls contre Bruxelles, qui a jugé que "les politiques économiques en zone euro ne sont pas efficaces" face à l'atonie de la croissance et de l'inflation. Et s'il a concédé qu'une "certaine prise de conscience" semble se dessiner face aux attentes des peuples, notamment sur l'emploi, elle "se traduit malheureusement par une terrible lenteur dans les faits", une "absence de politique de change" et une Banque centrale européenne "impuissante" face au risque "réel" de déflation.
Mais Bruxelles et la BCE ne sont pas les seuls dans le collimateur du Premier ministre. Celui-ci a en effet adressé un message à l'Allemagne, gardienne de l'orthodoxie budgétaire, soulignant que la France n'irait pas au-delà de "l'effort colossal" consenti avec un plan d'économie de 50 milliards d'euros sur trois ans. En clair, si la croissance n'est pas au rendez-vous, la France prévient ses voisins qu'elle laissera filer ses déficits plutôt que de risquer de peser encore plus sur l'activité.
Le pessimisme de l'exécutif désormais officiellement assumé a donc pour contrepartie l'affirmation à destination de l'opinion publique nationale que le gouvernement ira chercher à Bruxelles la croissance qu'il ne trouve pas en France.
Une position résumée en conclusion du séminaire par François Hollande, selon un participant à la réunion: "La politique de la France sera de promouvoir un niveau de l'euro réaliste et une politique budgétaire européenne compatible avec la croissance ainsi qu'un véritable plan d'investissement européen."
Source : LeFigaro.fr 02-08-2014
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