Pour Nicolas Sarkozy, la perte du Sénat vient s'ajouter à une longue liste : défaites aux élections locales, mauvais sondages et affaires diverses. A sept mois de l'élection présidentielle, le chef de l'Etat va devoir ramer fort pour inverser la tendance.
Il flottait comme un air de 10 mai 1981 dimanche soir au Sénat. Le Palais du Luxembourg à gauche? Même les amateurs de grosses cotes n'y croyaient pas ou peu. Les socialistes eux-mêmes ne donnaient pas l'impression de croire l'exploit possible quelques heures avant l'ouverture des bureaux de vote. Curieusement, le moins optimiste de tous les observateurs était... Nicolas Sarkozy. "Comme c'est serré ça ne sert à rien de faire des pronostics", confiait-il à ses visiteurs espérant secrètement que Gérard Larcher, "son" candidat, sauverait les meubles.
Patratas. La défaite est là. Et c'est un camouflet de plus pour ce Président qui aura perdu toutes les élections intermédiaires - à l'exception des européennes - depuis 2007. Cela ne va pas arranger ses affaires alors qu'il bat des records d'impopularité et que ses succès militaires (Libye) et diplomatique (son discours sur la Palestine à l'ONU) sont salués partout sur la planète.
Bien sûr, tout n'est pas de sa faute. Les municipales de 2008 expliquent assez largement le basculement intervenu dimanche soir. Mais le chef de l'Etat ne sort pas indemne de cette Berezina : les grands électeurs ont sanctionné sa réforme des collectivités territoriales mal préparée et insuffisamment expliquée. Ils ont aussi voté contre sa politique de réduction des services publics, etc.
Un avertissement envoyé par "le pays profond"
Enfin, le "chef" paie les divisions de son propre camp. Les dissidents ont encore fait la loi. Comme ils l'avaient déjà faite lors des cantonales. A croire que porter les couleurs de l'antisarkozysme quand on est à droite, ça vaut sésame pour se faire élire. Le tout dans un climat politique délétère et sur fond d'affaires et de mallettes bourrées de billets que de sulfureux amis du pouvoir se passeraient de main en main.
A l'Elysée, on a "pris acte" de la défaite de façon on ne peut plus sobre. La réélection de Gérard Larcher, si elle reste possible sur le papier, n'est pas acquise et il n'est pas certain que le chef de l'Etat veuille se mêler à ces combinaisons de couloirs. Les dégâts dans l'opinion sont déjà assez lourds. L'hypothèse d'une cohabitation parlementaire semble se dessiner. Car un Sénat à gauche sera plus difficile à manier même si la procédure parlementaire donne le dernier mot à l'Assemblée. Dans l'immédiat, le Président peut oublier son rêve de faire passer la "règle d'or". Le gouvernement peut déjà se préparer à une discussion sur le budget très rude. Enfin, un Sénat à gauche c'est la possibilité de voir des commissions d'enquête ouvertes sur des sujets qui ne plairont pas au pouvoir.
A sept mois de la présidentielle, c'est un avertissement sans frais que le "pays profond" a envoyé à l'exécutif. Les grands électeurs - ces fameux élus de province - ont créé une dynamique en faveur de la gauche. Comme si l'idée d'alternance s'installait dans le pays. Bien sûr, ces élections ne sont que des sénatoriales. Une présidentielle se joue face au peuple et Nicolas Sarkozy va se battre. Et il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est le dos au mur. Le PS aurait d'ailleurs tort de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Il n'en reste pas moins qu'à droite, certains ne manqueront pas de se demander si Nicolas Sarkozy est encore leur meilleur champion en 2012.
Source : leJDD.fr 26-09-2011
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