Devant plus de 10.000 sympathisants, François Hollande a lancé, dimanche 22 janvier au Bourget, le véritable coup d'envoi de sa campagne à l'élection présidentielle. "J'ai conscience de la tâche qui est la mienne : incarner le changement, faire gagner la gauche et redonner confiance à la France", a lancé le socialiste, sous les acclamations. Avant de faire quelques annonces, de critiquer le pouvoir en place - sans jamais citer le nom de Nicolas Sarkozy - et de parler de son parcours politique.
Il a dit ressentir "une profonde émotion" et la "fierté d'avoir été désigné" lors de la primaire socialiste. Dimanche 22 janvier, devant quelque 10.000 sympathisants (25.000 selon le PS), François Hollande a pris la parole pour donner un nouvel élan à sa campagne. Après un mini-concert de Yannick Noah pour chauffer la salle - mission accomplie - , le candidat socialiste est montée à la tribune pour "changer le destin de notre pays". "Je suis prêt à assumer cette responsabilité et donc à vous dire quelle est ma conception de la présidence de la République et qui justifie que je m'y présente aujourd'hui", a insisté le député de Corrèze, sous le regard des ténors socialistes, de sa compagne Valérie Treirweiler et de Mazarine Pingeot, au premier rang. "J'ai conscience de la tâche qui est la mienne : incarner le changement, faire gagner la gauche et redonner confiance à la France", a-t-il lancé, sous les acclamations d'une salle enflammée, en préambule d'un discours de près d'une heure et demi.
Prendre des décisions même difficiles
Pour commencer, François Hollande a énuméré ce que signifiait à ses yeux "présider la France". La laïcité - "une valeur qui libère et qui protège" - d'abord, à laquelle il est "viscéralement attaché". Le candidat, s'il est élu, inscrira la loi de 1905 - de séparation entre l'Eglise et l'Etat - dans la Constitution française. Le député de Corrèze a également annoncé vouloir interdire le cumul de mandats des parlementaires, mettre en œuvre la parité dans l'exercice du pouvoir ou encore donner le droit de vote aux étrangers aux élections locales "sans rien craindre pour notre citoyenneté". Tonnerre d'applaudissements. Evoquant la situation en Afghanistan, François Hollande a rappelé sa position : "Il faut aussi avoir la lucidité (...) d'affirmer que notre mission est terminée". "Présider la République, c'est savoir aussi prendre des décisions difficiles, pas simplement à la suite d'un drame", a-t-il lancé en référence à la mort de quatre soldats français sur le sol afghan.
« Je n’ai pas reçue la gauche en héritage, la gauche, je l'ai choisie.. »
Mais le candidat est aussi revenu - plus rapidement que ne l'avait laissé entendre son équipe de communicants - sur son parcours politique. "Toute ma vie m'a préparé à cette échéance", a- t-il lancé, ajoutant ne pas avoir "reçu la gauche en héritage". "Il m'a fallu décider lucidement d'aller vers elle", a-t-il poursuivi. Rendant hommage à ses parents, il a rappelé avoir "grandi en Normandie dans une famille plutôt conservatrice mais" qui lui "a donné la liberté de choisir, par son éducation". Parler de lui, se faire connaître, se dévoiler, pour donner envie. Et à ceux - à droite comme à gauche - qui lui ont reproché son manque d'expérience, François Hollande avait prévu sa réponse : "La gauche, je l'ai choisie, je l'ai aimée, je l'ai rêvée avec François Mitterrand dans la conquête; la gauche, je l'ai défendue fermement dans ses réalisations, celles de 1981, celles de 1988; la gauche, je l'ai servie comme élu de la République, comme député; la gauche, je l'ai dirigée avec Lionel Jospin quand nous gouvernions ensemble le pays avec honneur." "Certains me reprochent de n'avoir jamais été ministre. Quand je vois ceux qui le sont aujourd'hui, ça me rassure!" a-t-il ajouté, non sans cette ironie dont il est si friand. Et de conclure : ce sont "les mêmes qui reprochaient à François Mitterrand de l'avoir été 11 fois". Rires dans la salle. Hollande restera toujours Hollande.
Le « pouvoir » au service des Français
Il a ainsi affirmé vouloir rester lui-même. "C'est ma force. Je veux conquérir le pouvoir (...) pour le mettre au service des Français. Je n'ai pas besoin de changer en permanence", a lancé le socialiste, debout derrière son pupitre où était inscrit son slogan de campagne. Le changement, c'est maintenant. Il a également devancé les critiques sur son caractère : "Cette simplicité n'est pas une retenue, mais la marque de l'authentique autorité." Avant de livrer son "secret", affirmant "aimer les gens quand d'autres sont fascinés par l'argent". "Aujourd'hui, c'est moi qui vous représente, c'est moi qui porte votre espoir, c'est moi qui porte l'obligation de gagner, c'est moi qui dois, dans ce combat, vous conduire à la victoire, celle que vous attendez depuis trop longtemps", a-t-il ajouté.
Son "véritable adversaire" : le monde de la finance
S'il n'a jamais cité le nom de Nicolas Sarkozy - il l'avait promis - , François Hollande, qui a une nouvelle fois singé la geste mitterrandienne, a dénoncé dimanche un quinquennat "commencé dans la virevolte" et terminé "dans la tourmente". Un quinquennat pour qui il n'a qu'un seul mot : "la dégradation". Le socialiste n'a pas été plus tendre avec le Front national. Affirmant que deux dates l'avaient marqué dans son parcours politique, à savoir le 10 mai 1981 et le 21 avril 2002, le socialiste a critiqué un parti qui "caricature les problèmes sans jamais apporter de solutions" et qui est favorable à la peine de mort. "Je ne laisserai pas les ouvriers, les employés, aller vers une famille politique qui n'a jamais rien fait pour servir les intérêts de ces classes-là (...) Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle pour conjurer ce risque", a lancé le candidat, remonté.
Mais, outre ses adversaires politiques, il a affirmé que son "véritable adversaire" était "le monde de la finance", qui n'a "jamais été élu" mais qui "pourtant gouverne", qui "a pris le contrôle de nos vies". François Hollande a ainsi promis qu'il "engagerait les premières mesures contre la finance" par le biais d'une "réforme bancaire", avant même les législatives de juin prochain. En évoquant une série de mesures (taxe sur les transactions financières, contribution écologique disposée aux frontières de l'Europe, parité "juste" entre l'euro et le dollar américain...), le candidat a reconnu que "l'Europe avait certes bien des défauts" mais qu'"elle a du mérite", "à condition qu'elle soit en mouvement". Il a également indiqué qu'il proposerait, en janvier 2013, soit 50 ans après le traité de l'Elysée, un "nouveau traité franco-allemand" à la chancelière Angela Merkel. Il faut "ouvrir un nouveau cycle en Europe, celui d'une coopération économique, industrielle, énergétique entre nos deux pays", a-t-il estimé.
Les grandes lignes de son programme
Son programme devait être dévoilé jeudi, mais François Hollande n'aura donc pas résisté à la tentation. International, social, fiscalité, tout a été abordé, parfois même dans le détail. Invité du JT de TF1, dimanche soir, François Hollande devrait être interrogé plus en profondeur sur les pistes évoquées. Il enfoncera le clou jeudi prochain, sur France 2, après avoir chiffré son projet dans la matinée lors d'une conférence de presse. Mais en ce dimanche de janvier, l'important était ailleurs. Raillé pour son manque de charisme, François Hollande devait se révéler, montrer son épaisseur, sa gravité. Séduire les Français, aussi. Donner envie, galvaniser et rassurer. Et ce moment fort de la campagne socialiste de s'achever sur l'air de la Marseillaise, fredonné par un François Hollande empreint de gravité.
Source : leJDD.fr 22-01-21012
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