
Plus d'un million de personnes auraient participé à la consultation nationale organisée pour s'opposer au changement de statut de la Poste. C'est ce qu'assuraient samedi soir les partis de gauche et les syndicats, à l'origine de cette votation citoyenne. Près de 200 000 personnes ont en tout cas voté dans dix départements. Si cette mobilisation partielle est à l'image du reste de la France, le résultat, qui ne sera connu que lundi, risque de peser politiquement.
Organisée dans les mairies, les cafés, les commerces, sur les marchés, ou directement sur le trottoir, la votation citoyenne pour ou contre la privatisation de la Poste a été lancée le 28 septembre dans toute la France. L'opération de vote s'est achevée ce samedi à 18 heures. Le comité organisateur - qui a commencé le dépouillement des bulletins - s'est dit débordé par l'ampleur de la participation dans de nombreux départements. Le résultat national devrait être proclamé lundi midi. Le Comité national contre la privatisation de la Poste (CNCPP), qui regroupe 62 partis de gauche, syndicats, et associations, espère 1 million de voix exprimées.
Près de 10 000 points de vote contre 6000 prévus
9 987 points de vote ont été recensés dans toute la France. Le comité contre la privatisation - composé de 62 partis de gauche, associations et syndicats opposés au changement de statut de La Poste - n'en espérait que 6000.
Dès la mi-journée, Nicolas Galepides, porte-parole du comité organisateur, s'était réjoui devant l'afflux des votants : «le coordinateur pour la Haute-Garonne m'annonce au moins 35.000 votants à Toulouse». A Paris, devant le bureau Emile Dolet (XXe arrondissement), alors que «on espérait 500 votants, on en avait plus de 1.500» à la mi-journée, a raconté Michel Rousseau, président de l'association Euromarches (aide aux chômeurs).
Montrouge (Hauts-de-Seine) a dénombré «1.246 votants dont 26 pour la privatisation et 9 bulletins. Plusieurs adjoints au maire et conseillers municipaux de droite (actuels ou passés) ont participé a la votation», selon Thibault Grac, du comité local. En Essonne, ce sont au moins 10 081 voix qui ont été collectées.
Estrosi : ce vote «rappellera les grandes heures de l'Union soviétique»
Côté gouvernement, le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a jugé «rassurant» l'attachement ainsi manifesté à La Poste, mais jugé «discutables» les conditions du scrutin, sans valeur juridique : «il n'y a aucun contrôle sur ces urnes, ça rappellera les grandes heures de l'Union soviétique».
Une large majorité de Français (59%) souhaite que le gouvernement organise un référendum sur le changement de statut de La Poste, selon un sondage Ifop à paraître dimanche dans Sud Ouest Dimanche. Beaucoup craignent que les secteurs ruraux, où la clientèle est moindre, se retrouvent lésés par la privatisation.
Le député PS du Pas-de-Calais Jack Lang a d'ailleurs estimé que le gouvernement avait «tort de tarder à mettre en application» le référendum d'initiative populaire introduit dans la Constitution il y a plus d'un an. Dans son département, 21.000 personnes avaient voté, dans 80 bureaux, en fin d'après-midi.
Source : leparisien.fr 04-10-2009