
L'opération de démantèlement des campements de migrants près de Calais, la 'jungle', ordonnée par le ministre de l'Immigration, Eric Besson, la semaine dernière, a commencé mardi 22 septembre à 7h30.
Les appels de nombreuses associations – et la détresse des migrants – n'ont pas arrêté la police mardi matin. A 7h30, les forces de l'ordre ont procédé au démantèlement des campements de migrants, situés à proximité de Calais et communément appelés 'la jungle'. Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, avait assuré la semaine dernière que cette zone serait détruite avant la fin de la semaine. C'est donc chose faite.
Selon le correspondant d'i-Télé sur place, les 150 migrants qui avaient choisi de ne pas quitter leurs habitations précaires – ils étaient entre 700 et 800 avant l'annonce du ministre - ont été prévenus par mégaphone du début de l'évacuation. Les affiches déposées la veille - et sur lesquelles on pouvait lire: "Nous avons besoin d'un abri et de protection. Nous voulons l'asile et la paix. La jungle est notre maison" - n'ont pas arrêté les CRS. Toujours selon i-Télé, la centaine de journalistes présents sur place a rapidement été "invitée" à quitter la zone. Un jeune Afghan a fait un malaise . Lors d'une conférence de presse donnée mardi en fin de matinée, Eric Besson a précisé que 276 migrants, dont 135 mineurs, avaient été interpellés, avant de rappeler son leitmotiv en la matière: "Fermeté et humanité". Il a précisé que 80 militants altermondialistes, membres de l'association "no border", avaient été "écartés" durant l'opération, l'un d'entre eux a par ailleurs été interpellé.
Retour volontaire, demande d'asile ou expulsion
Dans cette zone, se trouvaient des centaines de candidats à l'immigration au Royaume-Uni. Après la fermeture de Sangatte en 2002, ils avaient trouvé refuge dans la forêt située à proximité de Calais, où ils avaient construit ces campements de fortune. La semaine dernière, le ministre de l'Immigration leur a donné trois choix: le retour volontaire, la demande d'asile ou l'expulsion. "Les majeurs ayant refusé toutes nos propositions seront placés en centre de rétention", a-t-il précisé mardi matin. Et d'ajouter: "Les mineurs isolés sont en ce moment en cours de placement dans 5 centres d'hébergement spécisalisés." Des "solutions" difficiles à accepter pour ces sans-papiers, qui viennent majoritairement de pays déchirés par la guerre, comme l'Afghanistan et l'Irak.
Pour les associations, le choix proposé par Eric Besson n'est pas tenable. Elles s'interrogent notamment sur le sort réservé à ces migrants en attendant que leur demande d'asile soit étudiée, ce qui prend en général plusieurs semaines. Mardi, le ministre a rappelé qu'une permanence pour recueillir les demandes d'asile était ouverte à Calais depuis le 5 mai.
Le transfuge du PS a lui justifié sur RTL cette opération: "La loi de la jungle" ne peut pas durer, "il faut rétablir la loi de la République, au bénéfice des migrants d'abord mais aussi à celui des habitants de Calais." Lors de sa conférence de presse, il a délivré le même message, estimant que la "jungle" de Calais n'était en rien "un camp humanitaire", mais "un village clandestin soumise à la seule loi des passeurs". Par sa fermeture, Eric Besson juge qu'il lutte contre "le trafic d'êtres humains". Les associations, elles, pensent que de nouveaux campements verront le jour dans les semaines qui viennent dans la région, car, comme le dit une militante, "l'Angleterre, elle, sera toujours à 45 kilomètres de Calais".
Source : lejdd.fr 22-09-2009