
Alors qu’elle n’a pas encore 23 ans, Laure Manaudou met un terme à sa carrière. La championne olympique d’Athènes en 2004 nous explique les raisons qui l’ont amenée à prendre cette décision.
Elle a pris le temps de mûrir sa réflexion. Huit mois exactement pour en arriver toujours à la même conclusion : Laure Manaudou n’a plus envie. Elle arrête. Stop. Basta. Plus envie d’enfiler le maillot de bain, plus envie de se lever à l’aube pour aller parcourir des kilomètres, plus envie de se battre. Plus envie de se mentir non plus.
Comprendre qu’on n’est plus ce que l’on a été, l’admettre, oser regarder l’avenir en face, tout cela ne se fait pas dans la minute. Elle a donc donné du temps au temps, sans précipiter sa décision.
Un destin hors du commun
A seulement 22 ans (elle en aura 23 le 9 octobre), Laure Manaudou, la meilleure nageuse de l’histoire du sport français, a donc décidé de mettre un terme à sa carrière. Elle a choisi nos colonnes pour se confier, se « libérer », dit-elle, en finir avec les rumeurs et les non-dits. Une interview vérité en forme de confession, où elle évoque cette « fracture », ce moment où son corps et sa tête ont lâché. Elle assure n’éprouver aucun regret sauf celui d’avoir arrêté trop tôt ses études. Si elle ne craint pas l’avenir et les incertitudes qui l’accompagnent, la jeune femme se cherche toujours un projet de vie. Là encore, Laure Manaudou joue la sincérité : « C’est difficile de trouver sa voie. » Surtout quand on a tout gagné, mais que l’on n’a rien connu d’autre.
La vie de la demoiselle d’Ambérieu-en-Bugey (Ain) est un roman qui un jour peut-être inspirera les producteurs : en 2001, à 14 ans, Laure quitte le cocon familial et atterrit à Melun, chez un certain Philippe Lucas, entraîneur aux méthodes musclées dont la réputation n’a pas encore dépassé les frontières de la Seine-et-Marne. Duo improbable mais à l’ambition commune. En 2004, aux Jeux d’Athènes, à 17 ans, elle devient championne olympique sur 400 m nage libre. Invaincue jusqu’en 2007 sur sa distance de prédilection, la « winning machine » empile les titres mondiaux et européens, et des records du monde. Puis ce sera la séparation d’avec Lucas en mai 2007, la fuite en Italie, à Turin. Le début de la fin.
A l’heure où Laure Manaudou raccroche, il reste des souvenirs et un sentiment d’inachevé. Cette fin de carrière brutale, butant sur le fiasco des JO de Pékin (Chine), met aussi en lumière les difficultés récurrentes du sport français pour accompagner ses champions dans le succès comme dans leur vie d’adulte.
Source : LeParisien.fr 18-09-2009