
Il obtient un second mandat de cinq ans après avoir obtenu mercredi une confortable majorité au Parlement européen, avec 382 voix contre 217.
José Manuel Barroso touche au but : le Parlement européen l'a confirmé mercredi à la tête de la Commission européenne. Mais sans enthousiasme. Le candidat unique retenu par les 27 dirigeants de l'UE n'a pire adversaire que lui-même, au bout d'un premier mandat qui s'achève sur un sérieux déficit de confiance.
Le doute était palpable mardi après-midi à Strasbourg, au moment où le patron de la commission a fini son ultime pêche aux voix. Le «non» des Verts, confirmé, n'a étonné personne. Pas plus que l'abstention annoncée - au mieux - par les socialistes, deuxième groupe au parlement. C'est la réticence et la retenue des autres qui a surpris. Les centristes, pour la plupart ralliés ces derniers jours, n'ont promis qu'un «soutien conditionnel». Même les conservateurs du PPE, dont José Manuel Barroso porte les couleurs, s'interdisent «tout chèque en blanc».
C'est entre ces quatre groupes politiques, qui réunissent 80 % des suffrages, que se jouera l'épaisseur du mandat. José Manuel Barroso est assuré d'obtenir la majorité simple imposée par les textes. Mais, politiquement, la barre est placée plus haut. Il a besoin de 369 voix au moins - la majorité absolue - pour éviter une remise en cause de sa légitimité si les Irlandais donnent leur feu vert au traité de Lisbonne. Il lui faudrait 400 suffrages, ou plus, pour ne pas devoir son fauteuil aux alliés gênants que sont les conservateurs britanniques et polonais.
À la tribune mardi, José Manuel Barroso a donc distribué des promesses ciblées à gauche. Aux socialistes, sceptiques sur son indépendance face à une droite dominante, il offre de «combattre le dumping social» et d'œuvrer à l'équité salariale. Aux centristes, sensibles sur les libertés, il promet d'inaugurer un portefeuille de la justice et des droits civils. Aux Verts, il promet la création d'un poste de commissaire sur le climat.
Bilan controversé
Cette sollicitude lui a valu une belle volée d'ironie de la part de Daniel Cohn-Bendit. Non content de voler à Nicolas Sarkozy des thèmes qui lui sont chers, le José Manuel Barroso nouveau «promet de faire maintenant tout ce qu'il n'a pas pu (réaliser) pendant cinq ans», lance le patron européen des Verts.
La controverse sur le bilan de cinq ans et les promesses de la onzième heure conforte, en creux, ceux qui reprochent à l'ancien premier ministre portugais de n'avoir jamais rien osé parce qu'il cherche à plaire à tout le monde. Pour la première fois, un président de la commission est venu défendre son programme devant les eurodéputés. José Manuel Barroso a fini par se prêter au jeu.
Mais à aucun moment mardi, les grands choix qui guettent l'Europe n'ont été énoncés sur la scène parlementaire. Ni le recentrage déjà engagé vers plus de dirigisme économique et moins de laisser-faire. Ni le rôle accru des grandes capitales dans la fixation du cap européen aux dépens de la commission. Ni même le futur équilibre des pouvoirs entre la présidence «stable», le haut représentant pour la politique étrangère et José Manuel Barroso. Mais ce n'est sans doute que partie remise.
Source : lefigaro.fr