
Nicolas Sarkozy présidera, vendredi 4 septembre à l'Elysée, une réunion interministérielle sur la taxe carbone. Le président ne devrait pas rendre les derniers arbitrages attendus sur le sujet, mais il devrait répondre à certaines des polémiques qui continuent d'agiter sa majorité ainsi que l'opposition et les organisations écologistes.
Le montant de la taxe
Nicolas Sarkozy a affirmé à la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot que les arbitrages sur le montant ou les modalités de compensation de la taxe carbone n'étaient "pas encore rendus", a assuré Mme Duflot à l'issue d'un entretien avec le président. "On était venus un peu dubitatifs (...) il nous semblait inutile de nous consulter si les arbitrages étaient rendus. Le président nous a confirmé que les arbitrages sur la contribution climat énergie n'étaient pas rendus, ni sur le montant ni sur les modalités de compensation et qu'il souhaitait poursuivre les échanges", a déclaré Mme Duflot. Le chef de l'Etat a précisé que ces arbitrages "ne seraient probablement pas rendu demain" vendredi lors d'une réunion ministérielle prévue autour de lui avec les ministres concernés, a-t-elle poursuivi. "Il nous a dit qu'il souhaitait des discussions mais que sa position n'était pas arrêtée", a insisté Cécile Duflot.
"Ce qui veut dire très concrètement que l'interview du premier ministre qui va être publiée dans le Figaro Magazine en fin de semaine n'est pas parole d'évangile, n'est pas inscrite dans le marbre", a renchéri le député européen Jean-Paul Besset (Europe Ecologie), qui participait à l'entretien en compagnie du ministre de l'écologie Jean-Louis Borloo.
Déçu par le montant évoqué par M. Fillon, l'écologiste Nicolas Hulot a de son côté estimé que, arriver au sommet sur le climat à Copenhague "avec la tonne de CO2 à 32 euros, ça aurait de la gueule". Ce montant était celui qui avait été retenu par la commission Rocard, ce dernier ayant estimé jeudi soir que retenir une telle option est "un choix qui se comprend mais qui a son prix". "J'espère, a-t-il dit, que le gouvernement n'hésitera pas (…). Il faut atteindre 100 euros la tonne vers 2030 pour être sûr que c'est efficace."
Les compensations.
Le gouvernement veut à tout prix éviter que l'instauration d'une nouvelle taxe soit perçue comme une injuste au sein de l'opinion. Les ministres se sont relayés toute la semaine pour assurer que les sommes perçues seraient "rendues intégralement" aux ménages. "On réfléchit actuellement à différentes sortes de compensations pour lesquelles l'arbitrage n'a pas encore été rendu", a expliqué la ministre de l'économie, Christine Lagarde. Le gouvernement songerait notamment à baisser la CSG et veut dans tous les cas que la compensation soit "visible et claire".
Sur ce point comme sur celui du montant, les décisions de l'Elysée pourraient, selon le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, être prises "dans les jours qui viennent, peut-être en fin de semaine prochaine".
Les Français ne sont pas convaincus.
A en croire un sondage réalisé pour Europe 1 et rendu public jeudi, les deux tiers des personnes interrogées sont opposés à la mise en place de la contribution climat-énergie. Le scepticisme touche jusqu'aux sympathisants de la droite, 63 % d'entre eux se disant opposés à la taxe carbone.
"Confusion dans l'opposition".
Mardi soir, le bureau national du PS avait dit oui à "une contribution climat-énergie", mais pas telle que voulue par le gouvernement. Jeudi, Ségolène Royal a continué à fustiger une taxe "inefficace écologiquement et qui prend du pouvoir d'achat aux Français". Son ancien lieutenant Manuel Valls l'a exhortée à "refuser tout populisme" et reconnu que les socialistes étaient, sur le sujet, dans la "confusion".
Source : lemonde.fr 04-09-2009