
En Libye, le colonel Kadhafi s'apprête à fêter mardi 1er septembre, le 40e anniversaire de "sa" révolution. Pour l'occasion, de nombreux chefs d'Etat seront présents à Tripoli. Mais en pleine polémique sur la libération de l'auteur de l'attentat de Lockerbie, les dirigeants occidentaux boudent les festivités.
"Sarkozy, Medvedev et Poutine seront de la partie." La semaine dernière, un responsable libyen dressait, pas peu fier, la liste des personnalités censées assister aux festivités du 40e anniversaire de la révolution libyenne, mardi à Tripoli. Mais à la veille de l'événement, la liste des invités se raccourcit. Dès la semaine dernière, Paris et Moscou ont démenti la participation de leurs chefs d'Etat et de gouvernement, la France indiquant qu'elle serait uniquement représentée par son ambassadeur. Tripoli n'a pas vraiment apprécié. Hasard ou nécessité, le Quai d'Orsay a annoncé lundi que le secrétaire d'Etat à la Coopération, Alain Joyandet, représentera finalement la France aux cérémonies. Une décision semble-t-il précipitée: la visite du secrétaire d'Etat en Libye ne figurait pas, en effet, dans son agenda de la semaine, envoyé aux rédactions jeudi dernier.
Avec Tripoli, Parie joue les équilibristes, entre l'envie d'encourager le retour de la Libye sur la scène internationale – inauguré en 2007 par la résolution de l'affaire des infirmières bulgares – et le contexte actuel. La communauté internationale a en effet peu apprécié le retour triomphal réservé en Libye à Ali Mohamed al-Megrahi, l'auteur de l'attentat de Lockerbie – 270 victimes –, libéré de sa prison écossaise pour raison de santé le 20 août dernier. Paris n'a pas non plus oublié la polémique autour de la visite du colonel Kadhafi en France en décembre 2007. Et la désormais célèbre petite phrase de Rama Yade, alors secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme: "Notre pays n'est pas un paillasson."
Chavez à Tripoli
Toujours en raison du dossier Megrahi, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, ne sera pas non plus présent à Tripoli. Il serait en effet mal inspiré de s'y rendre alors que la presse britannique a révélé ce week-end que sa libération avait été négociée en échange de contrats pétroliers en Libye pour BP. L'Espagne, elle, devrait envoyer son ministre des Affaires étrangères.
Quant à l'Italie, ancienne puissance colonisatrice, Tripoli avait annoncé la participation de Silvio Berlusconi. Mais il n'en sera vraisemblablement rien. Présent en Libye dimanche à l'occasion du premier anniversaire du traité d'amitié italo-libyen, Il Cavaliere est rentré à Rome. La France et l'Italie enverront toutefois leurs patrouilles aériennes dans le ciel libyen. En guise de compensation? Enfin, Washington, très critique après la libération de Megrahi – 189 Américains ont été tués dans l'attentat de Lockerbie – ne veut pas en entendre parler. Selon la Maison blanche, Barack Obama, pourrait toutefois rencontrer le colonel Kadhafi à New York en septembre, à l'occasion de sa première visite sur le sol américain. Le Guide de la Révolution présidera en effet la 64e session des Nations unies.
En revanche, les festivités feront le plein du côté des pays en voie de développement. Une quarantaine de chefs d'Etat africains – dont le Soudanais Omar el-Béchir, visé par un mandat d'arrêt international -, déjà présents à Tripoli en raison du sommet de l'Union africaine, assisteront aux cérémonies. Histoire de rendre hommage au "roi des rois traditionnels d'Afrique", tel qu'il s'est surnommé. Idem pour le Serbe Boris Tadic ou le Vénézuélien Hugo Chavez. Pour célébrer son accession au pouvoir, le 1er septembre 1969, le colonel Kadhafi s'est organisé une fête grandiose: 800 danseurs retraceront mardi soir ses quarante années à la tête de l'Etat libyen.
Source : lejdd.fr 31-08-2009