
La chancelière Angela Merkel, empêtrée depuis des mois dans sa tentative de sauver le constructeur Opel, hausse à nouveau le ton contre sa maison-mère américaine General Motors (GM) dans une interview parue vendredi. General Motors "ne peut pas chaque jour rouvrir toutes les portes", c'est-à-dire toutes les options de négociation, "et ralentir ainsi le processus", a-t-elle dit au quotidien économique Handelsblatt, alors que le groupe de Detroit n'a toujours pas tranché sur l'avenir d'Opel.
Merkel, qui brigue sa réélection le 27 septembre, répète par ailleurs sa préférence pour l'offre de reprise de l'équipementier canadien Magna, associé à la banque russe Sberbank, par rapport à celle du fonds d'investissement RHJ. "Le gouvernement doit décider pour laquelle des deux offres il peut donner des garanties publiques de financement. Et je dis : nous pouvons le faire pour Magna", a dit la chancelière, qui affirme que ce n'était pas une "erreur" de sa part de prendre si clairement position.
Elle glisse par ailleurs : "Je comprends que le concept (de RHJ) soit intéressant pour GM puisqu'il permettrait le rachat futur d'Opel", reprenant ainsi à son compte un soupçon répandu en Allemagne. Rainer Einenkel, président du comité d'entreprise de l'usine Opel de Bochum, a jugé à ce propos, dans les colonnes de Die Welt, qu'il fallait aussi "parler avec RHJ ou d'autres avant que la faillite ne menace", en particulier si le fonds d'investissement venait à s'allier avec un partenaire industriel.
La fin de la prudence
Merkel a certifié que tout son gouvernement se trouvait "sur une ligne commune" dans ce dossier de plus en plus délicat. Le ministre de l'Économie Karl-Theodor zu Guttenberg, qui s'est déjà distingué ces dernières semaines en prenant ses distances avec la stratégie gouvernementale, déclare vendredi dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung qu'il peut "soutenir d'un point de vue de politique industrielle" l'appui à Magna. Mais le jeune conservateur ajoute : "Je ne vais pas cacher que j'estime qu'il y a encore des points à éclaircir concernant Magna/Sberbank."
La chancelière Merkel a rompu avec son habituelle prudence politique en promettant de financer à hauteur de 4,5 milliards d'euros un rachat par Magna d'Opel, qui emploie quelque 25.000 personnes en Allemagne, et de sa jumelle britannique Vauxhall. Mais sa stratégie se retourne contre elle, maintenant que GM est redressé financièrement, grâce au soutien du gouvernement américain qui le contrôle à plus de 60 %. Le groupe de Detroit pourrait même choisir de garder Opel dans son giron, tournant en ridicule les efforts de Berlin. Une hypothèse "peu réaliste", parce que coûteuse, a toutefois jugé zu Guttenberg.
Source : lepoint.fr 29-08-2009