
Le Pape apprécie la politique étrangère du président américain, mais beaucoup moins ses positions sur l'avortement.
Barack Obama était très attendu vendredi 10 juillet dernier au Vatican. Il y a rencontré Benoît XVI pour la première fois. Cette visite officielle, en marge du sommet du G8 à L'Aquila, était prévue de longue date. L'entretien en tête à tête n'a pas donné lieu à un communiqué officiel car il est d'usage, tant du côté du Pape que de l'hôte présidentiel, de ne pas commenter publiquement les échanges.
Le paradoxe est que ce président fascine le Saint-Siège autant qu'il agace une partie des catholiques américains. Et le Vatican se trouve en porte à faux, partagé qu'il est entre la bonne note accordée à la nouvelle géopolitique des États-Unis et la vigilance éthique des catholiques ce pays. L'avortement - un critère déterminant pour les catholiques américains - est «le» point de friction. Il faut y ajouter le financement de la recherche sur les cellules souches et la question du mariage homosexuel.
L'«obamania» de l'Osservatore Romano
La polémique toute récente de la visite de Barack Obama à l'université catholique Notre-Dame, dans l'Indiana le 17 mai dernier, donne une idée du problème. Beaucoup de catholiques américains n'ont pas admis que cette université catholique invite un président «pro-choix». C'était, pour eux, une question de principe. Sur place, son discours a même été légèrement perturbé par des militants «pro-vie». Cela ne l'a pas empêché de séduire une bonne partie de l'opinion catholique en reconnaissant que des positions «inconciliables» n'empêchaient pas un dialogue constructif.
Dans l'avion qui le conduisait de Russie en Italie, son porte-parole, Robert Gibbs, n'a d'ailleurs pas caché que Barack Obama attendait une «discussion franche» avec Benoît XVI. Notamment sur les questions qui fâchent, l'avortement et les droits des homosexuels. Mais aussi sur les «nombreux sujets» où un accord existe. L'équilibre entre les deux plateaux de la balance est toutefois favorable au premier président noir des États-Unis. Il arrive en terrain bienveillant. Certes, le président Bush était ici apprécié pour ses positions morales, mais il était redouté pour sa politique étrangère. En Irak, en particulier, où les chrétiens ont fait les frais de l'invasion américaine. Comme à propos de la fameuse thématique du «choc des civilisations», qui a toujours été jugée dangereuse par l'Église catholique.
De ce point de vue, le discours d'Obama sur l'islam prononcé au Caire le 4 juin dernier a été très apprécié par la diplomatie vaticane. Ainsi que sa position ferme en faveur de la création d'un État palestinien. Quelques jours avant, Benoît XVI avait formulé une requête identique depuis Bethléem. Sans parler de la toute récente encyclique sociale du pape, publiée mardi, que Barack Obama n'a pas manqué de saluer.
Autant de convergences qui ont été publiquement mises en valeur par l'Osservatore Romano. Au point que certains observateurs, en Italie comme aux États-Unis, se demandent si le quotidien du Saint-Siège ne serait pas tombé, lui aussi, dans une certaine «obamania».
Source : lefigaro.fr 10-07-2009