
Dans un entretien au Nouvel Observateur, le Président revient sur les critiques sur son style «bling bling», détaille ses prochaines réformes, notamment celle des retraites. Et tente d’imposer une nouvelle image plus consensuelle.
A mi-mandat, Nicolas Sarkozy s’efforce de polir sa nouvelle image de Président, moins survolté, plus rassembleur. Style qu’il avait d’ailleurs expérimenté à Versailles, le 22 juin, devant les parlementaires réunis en Congrès. Comme pour rappeler que «l’ouverture, ce n’est pas seulement une manière de composer un gouvernement» mais «une disposition d’esprit plus générale», le chef de l’Etat se livre dans le Nouvel Observateur. Début de son quinquennat, popularité, train des réformes, retraites, bouclier fiscal, diversité, nomination dans l’audiovisuel, etc... Passage en revue de ses principales déclarations à l'hebdomadaire.
Les «erreurs» du début de mandat
«J’ai commis des erreurs. Est-ce que tout ce qui m’est reproché l’est injustement? Non. Il faut un temps pour entrer dans une fonction comme celle que j’occupe, pour comprendre comment cela marche, pour se hisser à la hauteur d’une charge qui est, croyez-moi, proprement inhumaine.»
Le soir de son élection au Fouquet’s
«Je n’avais pas attaché à cette soirée une importance considérable. J’ai eu tort. En tout état de cause, à partir du moment où quelque chose n’est pas compris et fait polémique, c’est une erreur. Et si erreur il y a, ce n’est pas la peine de la recommencer.»
Le style exigé du président de la République
«Cette exigence est nouvelle. Je n’observe pas qu’on avait la même, par exemple, à l’égard de François Mitterrand. Donc les temps ont changé. On vit un nouvel âge de la démocratie. Il est normal qu’on exige du président de la République de la retenue et de la transparence.»
L’investissement
«C’est pour l’investissement que j’ai décidé de lancer un emprunt. L’investissement d’avenir, ce sont les transports l’environnement mais ce n’est pas seulement matériel: ce peut être la formation professionnelle ou l’éducation.»
La réforme du régime général des retraites
«Je considère que demander aux gens d’arrêter de travailler à 55 ou 56 ans, c’est un désastre social. Je ne crois pas à la stratégie systématique des préretraites. J’ai fixé une date quant à la réforme du régime général: mi-2010. Je serai au rendez-vous mais je ne vais pas fermer le débat avant qu’il ait commencé.»
Ses relations avec François Fillon
«Nous travaillons depuis longtemps, en bonne intelligence, en nous respectant, en nous complétant. Sans aucun esprit de rivalité. Je comprends que cela étonne, c’est si rare! [...] Entre nous, les rapports sont clairs et simples.»
Les droits de l’Homme
«La fin du secrétariat d’Etat aux droits de l’Homme, ce n’est pas la fin des droits de l’Homme, on l’a vu sur l’Iran où la France est à l’avant-garde. Bernard Kouchner a mis toute sa vie au service de cette juste cause.»
La diversité
«Je continue dans la diversité parce que c’est mon devoir. J’ai beaucoup regretté que Rama Yade refuse la liste européenne car c’était très fort pour la diversité qu’une formation de droite la présente en Ile-de-France. C’est facile de faire avancer la diversité par les nominations gouvernementales. Mais l’élection au suffrage universel de cette jeune femme aurait été magnifique comme signal. Je suis reconnaissant à Rachida Dati de l’avoir compris.»
Les attaques à son encontre
«Il y a des centaines de livres, d’articles dans lesquels je suis attaqué. Je n’ai jamais réagi quoi que j’en pense. Je ferai ainsi tout au long de mon mandat. C’est le respect que je dois à ma fonction. Je ne peux pas réagir comme un simple citoyen, y compris au Salon de l’Agriculture.»
La fin du «sarkozysme flamboyant et de l’élan réformateur»?
«Non, non, non et non. Ce n’est pas la fin des réformes, elles continueront. Mais je dois tenir compte des critiques, des épreuves, des échecs, pour essayer de faire mieux. Je veux conduire ces réformes en cherchant une adhésion large, en développant la discussion.»
Source : Liberation.fr 01-07-2009