
Les oreilles de la première secrétaire doivent siffler, alors que ses «camarades» sont nombreux, ce lundi, à lui demander de redresser la barre au plus vite et d’accélérer le travail démarche de rénovation.
Au lendemain de la déroute du PS, grand perdant du scrutin, les socialistes demandent des comptes à la direction, exhortant Martine Aubry de remettre rapidement le parti en ordre de marche, alors que se profilent des élections régionales (prévues en 2010) extrêmement délicates pour le parti (qui détient aujourd’hui 20 régions sur 22). Celle-ci a dores-et déjà promis d’«accélérer le mouvement» de rénovation. Petit tour de chauffe des récriminations et doléances avant le conseil national du PS.
Assumant, elle-même, «la responsabilité collective qui est la nôtre», Aubry a reconnu que «les Français ont renvoyé» aux socialistes «l’image qui est la nôtre, divisés, recroquevillés sur nous-mêmes». «Cela me donne encore plus de responsabilité à porter cette refondation du Parti socialiste», a-t-elle ajouté sur France Inter.
Gérard Collomb, qui n’avait pas caché, en début de campagne ses divergences de vues avec la stratégie adoptée par Solférino, notamment dans la composition des listes, a appelé lundi Aubry à «purifier» le PS, semblable aux «écuries d’Augias». «Il faut qu’elle change très vite, a intimé le sénateur-maire de Lyon.
«La pluie et le beau temps» à Solférino
«Si on ne se remet pas en cause quand on a des scores comme ça, c’est qu’on ne se remet jamais en cause. C’est de l’autisme», a-t-il fustigé, ciblant ses tirs sur les «dix personnes rue de Solférino qui [font] la pluie et le beau temps dans leurs petits bureaux. Ils font d’ailleurs plutôt la pluie».
Habitué à se démarquer de la ligne de Solférino, Manuel Valls a averti que «s’il ne se passe rien» dans les jours qui viennent au PS, «la colère», au sein du parti comme «chez les Français, risque d’être forte». «Le Parti socialiste est une force qui est capable de se régénérer à condition que ce travail commence dès demain», a estimé sur RTL le député-maire (PS) d’Evry, tout en mettant en garde: «Un parti comme toute entreprise humaine est mortel et le PS, s’il n’est pas capable de comprendre le message des Français», peut «être en grand danger.»
«Beaucoup plus fort, beaucoup plus vite»
Pour Vincent Peillon également, le temps presse, Aubry devant prendre «d’ici demain», «des initiatives fortes». «Très déçu» et «assez inquiet», Peillon, réélu dimanche, a jugé sur RMC que les socialistes payaient leurs «divisions passées» et «un défaut de conviction d’un certain nombre de personnes». L’ancien porte-parole de la candidate (PS) à la présidentielle attend notamment d’Aubry «des propositions pour que Ségolène Royal et beaucoup d’autres personnalités puissent s’impliquer dans la vie de ce parti». Et compte «plaider très fortement pour des primaires ouvertes à l’ensemble de la gauche», qui n’ont jusqu’alors guère enthousiasmé la première secrétaire.
Sans mettre en cause la légitimité d’Aubry, Pierre Moscovici la presse de prendre conscience «elle-même qu’il faut aller beaucoup plus fort, beaucoup plus vite» dans la rénovation du parti. L’équation est simple selon le député du Doubs: «Entre changer en profondeur ou dépérir». «Il est temps maintenant de faire ce que nous n’avons pas fait au Congrès de Reims c’est-à-dire engager avec audace une rénovation du Parti socialiste pour qu’il redevienne le parti de l’alternance en 2012», a déclaré Moscovici sur i-Télé.
«On ne demande pas des têtes», a renchéri Faouzi Lamdaoui, ancien secrétaire national du PS proche de François Hollande, qui a, par contre réclamé «des actes». «Nous demandons à Martine Aubry comment elle compte réorganiser les choses. Il faut tirer les leçons collectivement. Il s’agit de faire une analyse lucide», a-t-il affirmé, taclant un message «pas clair», la campagne «pas bonne» et la stratégie «mauvaise».
Source : liberation.fr 08-06-2009