
L'administration américaine doit renouveler son ambassadeur auprès du Vatican. Barack Obama voulait y imposer Caroline Kennedy, important soutien pendant sa campagne présidentielle. Mais la curie romaine refuse d'avaler la pilule, considérant la fille de JFK comme une candidate "trop libérale". Le pape et le président américain devant se rencontrer en juillet, le temps commence à presser.
Après avoir serré la main de la reine d'Angleterre sans respecter les règles de bienséance, Barack Obama s'en prend désormais au représentant de Dieu en personne. Le président des Etats-Unis a en effet présenté ses trois candidats à l'ambassade américaine au Vatican, le plus petit Etat du monde et capitale du monde catholique. Du fait de son statut particulier, le Saint-Siège a un droit de veto sur toute nomination d'ambassadeur. La Maison blanche a donc proposé aux autorités vaticanes ses candidats. Et parmi les nommés, Caroline Kennedy, la fille du président assassiné, fait figure de favorite.
Caroline Kennedy... Le prénom semble avoir fait bondir les diplomates du Saint-Siège. Le 9 avril dernier, Andrea Tornielli, citoyen du Vatican et reporter réputé, est monté au créneau, se fendant d'une tribune très critique dans Il Giornale, quotidien italien catholique et de centre-droit. "Nommer Mme Kennedy serait une insulte calculée", a-t-il déclaré. Même si rien n'est officiel, le journaliste a affirmé qu'aucun des candidats ne correspondait aux critères, très stricts, du mini-Etat. Andrea Tornielli a rappelé que les ambassadeurs devaient être catholiques et partager les valeurs véhiculées par Benoît XVI.
Une candidate pas très oecuménique
La fille de JFK, premier président catholique élu aux Etats-Unis, n'est pas vraiment en phase avec les dernières déclarations du pape. Elle a consacré une grande partie de sa carrière politique à défendre la condition féminine, l'euthanasie, le droit à l'avortement ou encore la nécessité du préservatif. Les deux autres candidats partagent également certaines de ses prises de positions. Des profils qui ne sont pas en accord avec les orientations actuelles de la curie romaine. En effet, Benoît XVI a fermement rappelé l'an dernier son opposition à tout moyen de contraception. Le 17 mars dernier, lors de son voyage aller vers l'Afrique, il a enfoncé le clou en certifiant que le préservatif aggravait la propagation du sida.
La situation n'a pas que des conséquences sur le plan diplomatique. Caroline Kennedy ayant été un soutien de poids dans la campagne présidentielle de Barack Obama, le président voulait lui proposer un poste au sein de son administration. Mais Hillary Clinton a été préférée au poste de secrétaire d'Etat que briguait pourtant la fille de JFK. En janvier dernier, Caroline Kennedy a essuyé un nouvel échec lors de l'élection sénatoriale de New York. Fervente catholique, elle espérait donc obtenir la prestigieuse ambassade américaine du Saint-Siège.
Sélection divine
Selon la BBC, le Vatican et la Maison blanche ont rappelé, vendredi, que la candidature de la fille Kennedy "n'était pas encore rejetée". Mais la BBC révèle que les conseillers de Barack Obama pensent déjà à faire leur mea culpa, quitte à proposer un nouveau candidat. Les Etats-Unis ne sont pas le premier pays à avoir des difficultés pour nommer un ambassadeur à Rome. L'ancien ministre de la Justice argentin, Alberto Iribarne, avait été refusé parce que divorcé et rédacteur dans son pays d'une loi sur l'avortement. La France s'était également retrouvée dans une situation inextricable: en 2008, le Saint-Siège avait successivement refusé les deux favoris de Nicolas Sarkozy, l'écrivain Denis Tillinac - divorcé - et le haut fonctionnaire Jean-Loup Kuhn-Delforge - "ouvertement homosexuel" selon le Vatican.
L'Elysée et les conseillers de Benoît XVI ont mis treize mois avant de s'entendre sur le nom du diplomate Stanislas Lefebvre de Laboulaye. Un laps de temps que Barack Obama n'a pas. L'ancienne ambassadrice américaine, Mary Ann Glendon, membre du lobby "pro life" (anti-avortement), a quitté son poste en janvier, et le président doit rencontrer le pape en juillet prochain, en Sardaigne.
Source : JDD.fr 18-04-2009