Alors que le sommet du G20 doit s'ouvrir à Londres, jeudi 2 avril, le gouvernement français a réitéré ses menaces de quitter la table des négociations si les résultats sont trop mous, notamment sur la régulation internationale et les paradis fiscaux. Lors d'un déplacement dans la Vienne, mardi, Nicolas Sarkozy a estimé que la "crise est trop grave pour qu'on se permette de faire un sommet pour rien".
La ministre des finances, Christine Lagarde, s'est chargée de traduire la pensée présidentielle : le chef de l'Etat quittera la table s'il n'est pas satisfait, notamment s'il n'obtient pas "l'éradication" des paradis fiscaux. “Le président a été très clair sur ce plan, il dit ‘si les résultats escomptés ne sont pas là, je ne signerai pas le communiqué’”, a-t-elle déclaré sur la BBC. Selon Mme Lagarde, la chancelière allemande Angela Merkel "est tout à fait sur la même ligne", tout comme "Gordon Brown, [qui] a dit que les anciens paradis fiscaux n'avaient plus rien à voir avec ce nouveau monde".
Des propos qui confirment des informations du quotidien Le Figaro, selon lequel le président français serait prêt à un "clash" au sommet de Londres. "Si ça n'avance pas à Londres, ce sera la chaise vide ! Je me lèverai et je partirai", avait-t-il affirmé il y a quelques jours.
SARKOZY SE FIXE DES "MARQUEURS"
Selon l'Elysée, le président s'est fixé des "marqueurs", sorte de minimum vital qu'il veut voir le G20 adopter : changement des normes comptables et prudentielles, encadrement de la rémunération des "traders" avec possibilité de punir "ceux qui vont trop loin", enregistrement et surveillance des fonds spéculatifs, publication de listes de paradis fiscaux et des sanctions à leur appliquer. Une attitude que même le PS, par la voix de son porte-parole Benoît Hamon, a trouvé justifiée. "Il joue un peu des muscles c'est assez sarkozyste dans le style. Ca ne me paraît pas totalement inutile, mais j'attends maintenant les résultats et on verra", a-t-il estimé.
Un haut responsable américain, Mike Froman, du Conseil de sécurité nationale, a cherché à désamorcer ces tensions, assurant qu'un consensus était en train d'émerger, notamment "pour étendre la supervision à toute institution, marché ou produit qui a une importance systémique pour le système financier international et qui pourrait inclure les fonds spéculatifs [hedge funds]".
"Il me semble qu'il y aura un ensemble crédible et légitime de mesures à la fois pour le volet relance et le volet réforme de la régulation", a-t-il indiqué. Car, comme le reconnaissent des conseillers élyséens, le débat s'annonce "compliqué" entre des Européens qui veulent "redéfinir tout de suite les règles du jeu de demain" et des Américains "pas spontanément enclins à accepter le concept de régulation mondiale".
Source : lemonde.fr 01-04-2009