
Alléché par les élections européennes et porté par des sondages flatteurs, François Bayrou sort de sa réserve. Resté très silencieux (par stratégie) ces dernières semaines, le patron du Mouvement démocrate (MoDem) a rodé hier ses arguments de campagne pour ce scrutin qu’il affectionne. Devant 800 de ses militants réunis à la Maison de la chimie, à Paris, à l’occasion d’une convention sur l’Europe, Bayrou a mis son parti en ordre de bataille pour le 7 juin.
Entouré de ses têtes de liste, dont Marielle de Sarnez (Ile-de-France) et Jean-François Kahn (Grand-Est), Bayrou a donc présenté, dans un discours de plus d’une heure, ses propres réponses à la crise. Face à Nicolas Sarkozy qui a « choisi le modèle d’inégalités croissantes », le leader centriste appelle à supprimer le bouclier fiscal. Une mesure que réclame également la gauche, ce que Bayrou se garde de préciser. Mais alors qu’au PS le discours se radicalise, flirtant parfois avec l’extrême gauche, le député des Pyrénées-Atlantiques tempère, soucieux de ne pas froisser son électorat qui compte beaucoup de petits patrons.
« La connivence entre l’UMP et le PS »
Le PS propose de supprimer les stock-options ? Lui ne veut le faire que « pour les entreprises cotées en Bourse ». Il se pose même en ardent défenseur des stock-options. « C’est un système judicieux pour les petites entreprises », argumente-t-il. Tout en dénonçant les rémunérations de certains grands patrons, Bayrou se refuse à appeler à un plafonnement. « Les situations sont trop différentes d’une entreprise à une autre », explique-t-il. Pour clore ce chapitre, le président du MoDem estime qu’une loi destinée à rendre transparente « l’échelle des rémunérations au sein de l’entreprise » suffirait à ramener la « décence ».
Encouragé par ses supporteurs qui arborent volontiers l’écharpe orange, couleur du MoDem, Bayrou va jusqu’au bout de sa stratégie « seul contre tous ». Opposé à la reconduction du libéral Jose Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne, il dénonce « la connivence entre l’UMP et le PS ». « Ils gouvernent ensemble en Europe, c’est contre eux que nous avons à nous battre », s’enflamme-t-il. Hier, l’ancien candidat à l’élection présidentielle a développé sa tactique : taper un coup à droite puis un coup à gauche. Car, pour remporter le maximum de voix le 7 juin, Bayrou espère surtout pouvoir bénéficier d’un vote sanction contre la majorité et d’un rejet du PS, loin d’être encore rétabli de son congrès de Reims.
Source . leParisien.fr 30-03-2009