
Nicolas SARKOZY mettra fin mercredi à quarante-trois ans d’exception française : il annoncera officiellement, dans un discours à l’Ecole militaire, le retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan. En 1966, par une simple lettre, le général de Gaulle avait quitté cette instance. Motif principal : il refusait que la dissuasion nucléaire française puisse être placée sous le contrôle des Américains, maîtres incontestés de l’Alliance.
Tous les présidents de la Ve République avaient, depuis, suivi cette ligne gaullienne.
A quoi sert l’Otan ?
A l’origine l’Alliance atlantique, organisation politique dont l’Otan est l’outil militaire, fut créée en 1949 pour garantir aux pays d’Europe de l’Ouest leur sécurité face à l’Union soviétique. La France n’a jamais quitté l’Alliance, elle a simplement gardé le contrôle sur son armée. Ainsi, en accord avec l’état-major allié, les chars français devaient se projeter en RDA et en Tchécoslovaquie en cas d’attaque de l’armée rouge.
Depuis la chute du Mur en 1989, l’Otan s’est muée en une sorte de mini-ONU occidentale, envoyant ses corps expéditionnaires au Kosovo (pour stopper l’agression serbe) ou en Afghanistan (contre les talibans).
Pourquoi ce retour de la France ?
Deux raisons, l’une pratique et l’autre stratégique. Depuis 1995, les militaires français participent à toutes les opérations Otan, mais ne participent pas à leur élaboration faute d’avoir des généraux au sein des comités suprêmes. « On subit l’Otan au lieu de la codiriger, c’est illogique », glisse un conseiller de l’Elysée. En rentrant au bercail, Paris obtiendra deux commandements majeurs, l’un à Norfolk (QG stratégique de l’Otan), l’autre à Lisbonne (QG de sa Force de réaction rapide). La France continue de rêver d’une Europe de la défense, mais certains de ses partenaires de l’Union rechignent car ils soupçonnent Paris de vouloir rivaliser avec l’Otan. Sarkozy, le plus pro-américain des présidents de la Ve , entend lever ce soupçon.
Les prochaines étapes ?
Mercredi matin, en Conseil des ministres, Sarkozy autorisera Fillon à engager la responsabilité du gouvernement sur ce sujet. Le vote aura lieu le 17 mars à l’Assemblée. Ce recours à la confiance un vote non provoquerait la chute du gouvernement devrait éviter à Fillon et Sarkozy toute mauvaise surprise. D’autant que le sujet, en pleine crise économique, ne passionne pas l’opinion.
Enfin, le 3 avril, ce retour sera officialisé en grande pompe en présence de Barack Obama, au sommet de Strasbourg et Kehl (Allemagne) pour le 60 e anniversaire de l’Otan.
Source : leParisien.fr 08-02-2009