Dans ces temps difficiles ou chacun se pose des questions sur son avenir ou sur l'avenir de ses enfants, d'autres n'ont même plus ce choix là; ils vivent au jour le jour, se débattent ,avec les difficultés et "improvisent" leur vie en fonction des circonstances. D'autres encore, aidés par la chance ou par leur travail ou bien parce qu'ils se trouvent encore dans le bon créneau, parviennent à maintenir leur pouvoir d'achat, souvent avec beaucoup de mal.
En choisissant des exemples représentatifs de note siociété, le site "Eco89" a eu l'idée de passer "aux rayons X" les porte-monnaies de Français, que nous cotoyons tous les jours, sans bien savoir leurs problèmes
L'histoire de Pascale Weeks, c'est celle d'une cadre d'IBM, qui, lassée de son travail après dix-sept ans, prend une année sabbatique "pour cuisiner comme une folle". Après avoir découvert les blogs culinaires, elle décide de ne jamais mettre fin à son congé. Son blog a fêté ses cinq ans le 1er mars.
Dépenses en nourriture: 1500 euros par mois dont deux tiers pour son activité d'écriture culinaire
Pour faire un jus d'ugli ou un ouassous à la nage, il faut bien acheter de l'ugli et des ouassous. Pascale estime qu'elle a un "budget nourriture très important": 1 500 euros par mois. Un tiers de cette somme relève du domaine purement familial. Les 1 000 euros restant sont entièrement consacrés aux "journées tests" de la blogueuse, où elle réalise entre trois et quatre nouvelles recettes.
"Comme je n'aime pas gâcher, le soir, on mange ce que j'ai fait. C'est sûr qu'on mange plus de dessert que la moyenne! Mais ça me permet de tester les recettes sur quatre personnes. J'ai encore un peu de perte, mais pas trop."
Revenus mensuels du blog: environ 1500 euros
Il y a peu, Pascale a perdu un gros contrat. L'un des sites auquels elle fournissait des recettes a été racheté par un grand groupe américain. "Pour cause de crise" la blogueuse a été remerciée, alors qu'elle commençait enfin à vivre de son activité avec 2 000 à 2 500 euros par mois de revenus, a vu ses recettes tomber à 1 500 euros.
"Pour les sites de cuisine, on fonctionne sur devis et facturation, mais il n'y aucun tarif officiel. Le prix, en gros, c'est 50 euros la recette, mais ça peut être avec ou sans photo, ce qui change tout. Comme j'ai démarré parmi les premières, je renseigne souvent d'autres blogueuses, au coup par coup, par mail. "
"Mais comme "blog cuisine", ça fait femme au foyer qui veut de l'argent de poche, il y a des arnaques et certaines ont vendu à des prix très bas. Un jour, on m'a fait une proposition d'achat pour mes 500 recettes à un euro pièce!"
Sur ses devis, Pascale précise "recette exclusive". Au rythme de trois par jour, elle pourrait en élaborer une soixantaine chaque mois. "Mais je n'ai jamais travaillé “à plein régime”, je n'ai pas assez de contrats."
L'ancienne informaticienne vend aussi ses recettes à la pige à des sites Web ou des agences de communication. Quand elle écrit pour la presse, Pascale bénéficie du tarif officiel. Ses livres ne lui rapportent presque rien. Quant aux "Google ads" affichées sur son blog (publicités contextualisées de Google), elles lui font gagner 300 euros par mois.
Ajouter à cela 300 à 400 euros de charges par mois, les cotisations à l'Urssaf… Pascale le reconnaît, son activité "n'est pas rentable" et son mari, cadre chez IBM, assume la prise en charge de toutes les dépenses (prêt immobilier de la maison, enfants…), sauf la nourriture, que Pascale paie elle-même:
"Si mon mari n'avait pas de boulot fixe, on ne s'en sortirait pas. Mais je n'aurais jamais pu changer de métier si je n'avais pas eu mon blog, qui est ma passion, ma drogue. Et un formidable CV en ligne car tous les contacts que j'ai eus jusqu'à présent se sont établis grâce à lui, que ce soit avec mon éditeur, les journalistes ou les sites de cuisine…"
Bénéfices: (presque) aucun
La blogueuse ne croit pas qu'il soit possible de gagner beaucoup d'argent en cuisinant pour le Net.
"Cuisiner, c'est long. A un moment donné, on est forcément coincé par le temps. On ne peut pas devenir milliardaire... à moins de bosser sept jours sur sept, et encore."
Si son activité ne lui permet pas de gagner d'argent, Pascale juge qu'elle est autrement bénéfique. Notamment parce qu'elle a la chance de travailler chez elle. Elle juge donc que l'un des plus grands bénéfices reste "d'apporter un équilibre familial":
"Avec mes enfants, je n'ai aucun frais de garde, je n'ai pas non plus de frais d'essence ou de transport. Et en plus, je n'ai pas besoin d'acheter des tailleurs pour aller au travail."
Source : Eco89 03-03-2009