On a beaucoup raillé les querelles de personnes au PS mais, ces jours-ci, l'UMP ne fait guère mieux, même si c'est dans un genre un peu différent. La pauvre Rama Yade qui, a première vue, est fort sympathique s'est fait vivement tacler par son ministre de tutelle Bernard Kouchner la semaine dernière. (Voir notre article "Droits de l'Homme et coups tordus du 10-12-2008) Il est vrai, et ceci doit expliquer cela, qu'elle n'était plus tout à fait bien "en cour" après avoir refusé la proposition faite par Nicolas Sarkozy de conduire une liste aux élections européennes.

Mercredi 17 décembre, c'est la secrétaire d'Etat chargée de la Famille, Nadine Morano, qui a tapé fort lors de l'émission Questions d'info (LCP-France Info-AFP) : Nicolas Sarkozy «a confié des postes non pas à des personnes qui n'avaient pas les qualités pour les assumer, mais il est vrai novices en matière politique, puisqu'elles n'avaient pas la légitimité de l'élection. On n'est pas protégé parce qu'on est issu d'une minorité, parce qu'on est d'origine maghrébine ou africaine. On doit comme les autres, et je dois dire même plus que les autres, à partir du moment où on vous laisse cette opportunité, où on exprime une confiance, eh bien on a des devoirs. Et ce devoir, c'est de réussir le travail qui vous est confié, la mission qui vous est donnée pour servir des Français».

Rama Yade ? «Elle a des devoirs comme tous les membres du gouvernement, c'est pas parce qu'on est issu de la minorité qu'on n'a pas de devoirs. On a des devoirs au même titre que les autres, on n'est pas une icône, on est là pour servir son pays».
Le jour même où le Président de la République intronisait son Monsieur "Diversité" !.. Ces querelles font un peu désordre...

Mais là ou cela sent vraiment la cabale organisée (par qui ?) c'est quand on découvre les propos du secrétaire général adjoint de l'UMP, Christian Estrosi, parus dimanche dernier dans Le Parisien. «Elle existe parce que Nicolas Sarkozy l'a fabriquée ! On fait un placement, on le fait fructifier et, au moment où on veut en tirer les bénéfices, voilà...», avait déclaré le député-maire de Nice, qui réagissait, lui aussi, au refus de Rama Yade de se présenter aux élections européennes, comme le souhaitait le président de la République.

La secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme n'avait visiblement pas pris connaissance de ces déclarations. Un peu surprise, elle a demandé ce matin jeudi, sur RTL, à Christian Estrosi de «démentir en urgence des propos pas très honorables». «Une femme n'est pas un investissement dont on doit tirer les bénéfices», a jugé la ministre de 32 ans.
La jeune femme, d'origine sénégalaise, a également appelé à ne pas «faire le procès» de la diversité, en réponse à la secrétaire d'Etat chargée de la Famille Nadine Morano qui avait déclaré mercredi que cette «diversité» ne devait pas être un «bouclier» pour les ministres. «Au moment où Nicolas Sarkozy fait des propositions pour améliorer la diversité dans notre pays, il ne faudrait pas en faire le procès parallèlement», a répliqué Rama Yade.

«Il y en a qui n'ont jamais accepté cette diversité et qui n'acceptent pas le volontarisme de Nicolas Sarkozy dans ce domaine et donc des relents conservateurs remontent (...) S'il n'y avait que ces gens, il ne se serait rien passé ni pour les droits des femmes ni pour les minorités ni pour les jeunes», a-t-elle encore ajouté, renvoyant Nadine Morano dans les cordes.

Moi, je trouve Rama Yade bien courageuse face à cette bande de requins. Et j'espère bien qu'elle va continuer à se défendre comme cela, surtout face à un Christian Estrosi qui aurait plutôt intérêt à se faire oublier..