La Chine a demandé, mardi 17 décembre, au président français Nicolas Sarkozy de ne pas "utiliser" les "valeurs européennes" pour "s'ingérer" dans sa politique au Tibet.
"Nous avons noté que le président Sarkozy a exprimé son intention de résoudre cette question sans renoncer aux valeurs européennes", a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Liu Jianchao lors d'un point de presse.
"Je voudrais dire que nous ne nous ingérerons pas dans les valeurs que les autres ont adoptées. En même temps, nous ne pouvons pas accepter que ces valeurs soient utilisées comme un prétexte pour miner les intérêts des autres Nations et peuples", a dit M. Liu.
M. Sarkozy a déclenché les foudres de Pékin en s'entretenant en Pologne le 6 décembre avec le dalaï lama, bête noire de la Chine. Pékin avait annulé un sommet Chine-UE prévu le 1er décembre à Lyon (centre-est) pour signifier sa colère, M. Sarkozy étant président de l'Union européenne jusqu'à la fin du mois.
Alors que les relations sino-françaises traversent une nouvelle crise, Nicolas Sarkozy a déclaré vendredi qu'il retrouverait "les moyens de dialoguer sereinement avec la Chine", mais "pas au prix de renier nos propres valeurs européennes".
"Ce n'est pas avoir de bonnes ou de mauvaises relations avec un partenaire que de se laisser dicter sa conduite", a ajouté M. Sarkozy lors de la conférence de presse de clôture du sommet européen à Bruxelles.
"C'est pas des amis qui se dictent la conduite, c'est des vassaux", a-t-il ajouté. "L'idée que je me fais de l'Europe, c'est une Europe libre, indépendante, défendant ses valeurs", a-t-il poursuivi.
M. Liu a déclaré mardi que la Chine attachait une grande importance à sa relation avec la France mais a laissé entendre que les célébrations, fin janvier, du 45e anniversaire de l'établissement de relations diplomatiques pourraient souffrir de la crise actuelle si M. Sarkozy ne s'amendait pas.
"Nous avons déjà dit que la responsabilité de la situation actuelle est du côté français", a déclaré le porte-parole officiel chinois.
"Nous espérons que la France va le reconnaître et faire quelque chose pour régler le problème afin de créer des conditions pour mieux célébrer le 45e anniversaire et favoriser le développement sain et sur le long terme du partenariat stratégique".
Pékin n'a toujours fourni aucune précision sur les mesures concrètes qu'elle attend de Paris en l'occurrence.
La Chine proteste systématiquement contre toute rencontre entre des dirigeants étrangers et le chef spirituel tibétain qu'elle accuse de séparatisme. Celui-ci réclame en fait une "large autonomie" pour la région himalayenne sous contrôle et administration chinoise depuis 1951.
Source : Aujourd'hui La Chine 17-12-2008