Huit jours après avoir allumé la vasque olympique avec Marie-José Pérec, Teddy peut s’enorgueillir d’être le taulier de ces Jeux de Paris 2024. Il est à l’Olympisme ce que Johnny était au rock. Le patron, l’indéracinable, l’indéboulonnable.

Douze ans après son premier triomphe, à Londres, le champion français décroche le titre suprême à Paris, « chez lui, comme il aime le dire, à la maison ». Cette médaille d’or est celle des superlatifs. Jamais aucun judoka n’a décroché 3 médailles d’or olympiques dans sa catégorie des plus de 100 kg. Seul un Japonais a réussi l’exploit du triplé, Tadahiro Nomura, mais il concourait dans la catégorie des moins de 60 kg. Les plus légers, dont l’encaissement des combats n’est pas aussi impactant sur le corps que pour les lourds. À 35 ans, Teddy est également le doyen des judokas primés. L’ancien record appartenait au Sud-Coréen Song Dae-nam, titré en moins de 90 kg, à 33 ans et 3 mois.

Cette médaille, il en rêvait depuis Tokyo, où le colosse avait dû se contenter du bronze en individuel. « Si j’avais été moins gourmand, nous avait-il confiés en mai dernier, si j’avais attendu la pénalité en quart de finale… avec des si on refait le monde. »

Peut-être est-ce la raison pour laquelle ses combats de ce jour ont eu des airs de cours après moi que je t’attrape. Surtout ne pas prendre de risque. Ne pas succomber à la fougue et à l’impatience. Car ses adversaires, tous des gauchers, n’attendent que ça pour le contrer et le mettre au tapis.

À ce petit jeu, sa première confrontation s’est soldée au golden score, Riner gagnant grâce aux pénalités administrées à son adversaire. En quart de Finale, face au Géorgien Guram Tushishvili, arrivé très confiant sur le tatami, Teddy est entré dans la bagarre. Plusieurs fois, le Géorgien est parvenu à le déséquilibrer. Pas suffisamment pour le faire chuter. Notre Titan, crispé, a subi durant quelques minutes.

Jusqu’à la consigne magique de Christian Chaumont, son coach qui l’assiste sur la chaise. « Ne te fais pas prendre la manche. Pose tes mains ! » Puis, un geste de la main, en code de sioux, déterminant car quinze secondes plus tard, alors que Tushishvili tente une action, Riner le contre et l’envoie vers l’arrière : Ippon. L’atout maître du judo. Si le niveau de jeu est monté entre les deux judokas, le ton aussi : vexé, le Géorgien n’a pas apprécié. Réputé sanguin et ingérable, Guram a tenté une bagarre hors jeu. Comportement rarissime à ce niveau de compétition. Calmés par l’arbitre, les deux hommes ne passeront pas leurs vacances ensemble. En Ffnale, même motif même punition : le pauvre Coréen, Kim Minjong, n’a résisté que quelques minutes avant un Ippon magnifique et libérateur.

Source : ParisMatch.com  02-08-2024

Photo : REUTERS

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