L'opposant de 47 ans, qui purgeait une peine de dix-neuf ans de prison pour « extrémisme », est mort, ont annoncé les agences russes. Les réactions affluent depuis l'annonce de son décès. Indigné et en colère, Emmanuel Macron accuse la Russie de « condamner à mort » les « esprits libres ».
Incarcéré dans une colonie pénitentiaire où il purgeait une peine de dix-neuf ans de prison pour « extrémisme », l'opposant de 47 ans Alexeï Navalny est mort, ont annoncé les services pénitentiaires (FSIN), vendredi 16 février. Selon ces derniers, Alexeï Navalny s'est senti mal après une promenade. Dans un communiqué, relayé par BFMTV, le FSIN a indiqué que « tous les gestes de réanimation nécessaires ont été pratiqués, mais n'ont pas donné de résultat positif. Les médecins urgentistes ont constaté la mort du patient. Les causes de la mort sont en train d'être établies ».
Si le président russe, Vladimir Poutine, a été « informé » de la mort d'Alexeï Navalny, selon son porte-parole, il n'en est pas de même de l'équipe de l'opposant : le service pénitentiaire « annonce la nouvelle du décès d'Alexeï Navalny dans la colonie pénitentiaire numéro 3. Nous n'en avons pas encore la confirmation. L'avocat d'Alexeï part en avion pour Kharp ». D'après les déclarations du tribunal de la ville de Kovrov à l'agence de presse russe Ria Novosti, Alexeï Navalny a comparu à une audience jeudi. « Hier, il y avait chez nous deux audiences. Il n'a exprimé aucune plainte s'agissant de son bien-être, il s'est exprimé activement », a relayé l'agence.
Appel à manifester avant l’élection présidentielle
L'opposant avait enchaîné les problèmes de santé liés à une grève de la faim et à l'empoisonnement dont il avait été victime en 2020 et auquel il avait miraculeusement survécu. Néanmoins, cela ne l'avait pas empêché de continuer à critiquer Vladimir Poutine et le gouvernement russe. Dans un message en date du 1er février et diffusé par son équipe sur les réseaux sociaux, il avait appelé à des manifestations partout en Russie lors de la présidentielle prévue du 15 au 17 mars.
La France salue la mémoire d'Alexeï Navalny »
Après l'annonce de la mort d'Alexeï Navalny, de nombreux États ont dénoncé la Russie. Ainsi, selon le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, l'homme de 47 ans « a payé de sa vie sa résistance à un système d'oppression ». Sur X, le président de la République française, Emmanuel Macron a réagi en début d'après-midi. Il accuse la Russie de « condamner à mort » les « esprits libres ». Il « salue la mémoire d'Alexeï Navalny, son engagement, son courage ».
Avocat français de l'opposant russe, Me William Bourdon a rendu hommage à « l'homme exceptionnel » : « Nous voulons témoigner de la dignité exceptionnelle d'Alexeï, de son courage hors norme, de la lucidité aiguë et tragique qui était la sienne sur les risques considérables qu'il prenait en entrant en Russie », a-t-il ajouté. Pour l'avocat français, « il a donné de l'espoir à des millions de Russes sur le fait qu'une alternance était possible et que la prédation du pouvoir par un clan obsédé par son enrichissement serait un jour mise en échec ». « Nous œuvrerons avec d'autres, inlassablement, pour que Vladimir Poutine rende des comptes pour l'ignominie dont il est responsable ».
Réactions très vives en Europe et aux Etats-Unis
Le Royaume-Uni déplore une « immense tragédie » pour le peuple russe. Sur X, Charles Michel, le président du Conseil européen, a indiqué que l'Union européenne tenait « le régime russe » pour « seul responsable de la mort tragique » d'Alexeï Navalny. La présidence lettonne est allée encore plus loin en affirmant que l'opposant a été « brutalement assassiné par le Kremlin ». De son côté, Volodymyr Zelensky a jugé que Vladimir Poutine devrait « rendre des comptes pour ses crimes »
Dans un communiqué, l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel n'a pas caché son bouleversement. « Il a été victime de la violence répressive de l'État russe. Il est horrible qu'une voix courageuse, intrépide et engagée pour son pays ait été réduite au silence par des méthodes terribles », a-t-elle dénoncé. La mère d'Alexeï Navalny, Lioudmila Navalanaya, citée par BBC Russian sur Telegram, refuse pour le moment de croire au décès de son fils : « Je ne veux pas entendre de condoléances. Nous avons vu mon fils dans la colonie le 12 février, lors d'une visite. Il était vivant, en bonne santé, joyeux ».
Maire de Kiev, Vitali Klitschko va plus loin. Pour l'ancien boxeur, la mort d'Alexeï Navalny montre « le vrai visage de la Russie. Navalny, Boris Nemtsov… Beaucoup de Russes qui s'opposaient au régime sont déjà morts. Ils ne sont pas morts, ils ont été tués ».
Présente à la Conférence sur la sécurité de Munich, dans le sud de l'Allemagne, la vice-présidente américaine Kamala Harris tient « la Russie comme responsable ». Selon elle, la mort de Navalny constitue « un nouveau signe de la brutalité de Poutine ».
Source :LeJDD.fr 16-02-2024
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