Retraites : Emmanuel Macron ne compte ni dissoudre, ni remanier ni convoquer de référendum
Malgré les attentes de l’opposition politique et la vague de contestation, le président de la République ne devrait pas annoncer mercredi, lors de son passage aux 13 Heures de TF1 et France 2, de dissolution de l’Assemblée, ni de remaniement, ni convoquer un référendum.
Le président de la République va prendre la parole ce mercredi à l’occasion d’une interview accordée aux JT de 13 Heures de TF1 et France 2. Emmanuel Macron doit défendre sa réforme des retraites. Des personnes ayant participé à une réunion présidentielle à l’Élysée ont d’ores et déjà fait savoir que le chef de l’État ne comptait pas dissoudre l’Assemblée nationale, ni remanier le gouvernement, ni convoquer un référendum sur son texte contesté pour calmer la gronde.
D’après l’un des participants cité par l’AFP, Emmanuel Macron a demandé à son camp d’émettre des « propositions » d’ici « deux à trois semaines maximum », dans le but d’effectuer un « changement de méthode et d’agenda des réformes ».
Une seconde prise de parole après mercredi ?
Le président de la République cherche ainsi à « identifier quelques projets clairs, sur un agenda clair », à l’instar de la période allant jusqu’aux Jeux olympiques organisés à Paris en 2024. Le but est d’« éviter de se retrouver dans une contestation de la légitimité d’un texte ».
Au vu de l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a aussi réclamé à ses troupes de réformer avec « moins de lois et plus de réglementaire ». Un parlementaire de Renaissance a encore glissé qu’Emmanuel Macron prévoyait de s’exprimer à nouveau « plus tard », après son interview de mercredi.
Les attentes des politiques balayées
Ces informations répondent par la négative aux attentes de différentes personnalités politiques. Mardi matin sur Europe 1, Marine Le Pen a par exemple estimé qu’Emmanuel Macron pourrait apporter de l’apaisement au pays en annonçant un « référendum », « la dissolution de l’Assemblée nationale » et la « suppression pure et simple de la mise en œuvre de cette réforme des retraites ».
Du côté de La France insoumise (LFI), le coordinateur du parti Manuel Bompard a appelé sur Franceinfo le Président à « prendre ses responsabilités, à faire en sorte que cette réforme soit retirée », l’accusant de s’être « planqué » durant les débats au palais Bourbon. Sur CNews, le député LFI Alexis Corbière a, au contraire, déconseillé Emmanuel Macron de s’expliquer sur la réforme des retraites au risque de « participer à la tension générale dans le pays » : « Emmanuel Macron ne fera pas mieux que Madame Borne et Monsieur Dussopt. » Avant de l’inviter enfin à se rendre compte de son « erreur sur le 49-3 ».
Emmanuel Macron sera aux 13H de TF1 et France 2 mercredi
Après l’adoption de la réforme des retraites malgré une vive contestation, le président de la République accordera une interview à TF1 et France 2 mercredi au JT de 13H.
Après s’être fait discret durant les débats houleux à l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron prendra la parole. Le président de la République accordera une interview télévisée à TF1 et France 2 pour leur JT de 13H. Face aux journalistes Marie-Sophie Lacarrau et Julian Bugier, Emmanuel Macron sera sans surprise interrogé sur la réforme des retraites adoptée malgré une vive contestation. Selon TF1 Info, le chef de l’État devra répondre aux questions des Français.
Près de 300 interpellations
Jeudi dernier, le gouvernement a eu recours à l’article 49-3 de la Constitution pour adopter la réforme des retraites sans vote. Cette manœuvre politique peut être considérée comme un passage en force, au vu de la vive opposition de certains parlementaires et d’une majorité de Français, qui sont descendus dans les rues à plusieurs reprises pour faire entendre leur mécontentement. Depuis l’utilisation du 49-3, certaines manifestations ont pris une tournure plus radicale. Dans la nuit de lundi à mardi, 287 personnes ont notamment été interpellées en France, dont 234 à Paris, après une soirée émaillée de violences.
Réforme des retraites : les gardes à vue « arbitraires » de manifestants pointées du doigt
Alors que de nouvelles manifestations ont été émaillées d’incidents dans la nuit de lundi à mardi, des avocats, magistrats et politiques dénoncent une « répression du mouvement social » contre la réforme des retraites, parlant de gardes à vue « arbitraires ».
La France a connu une nouvelle nuit de tensions après l’adoption de la réforme des retraites lundi. Le texte a été adopté malgré une motion de censure du groupe centriste Liot qui a été rejetée à l’Assemblée nationale à neuf voix près. Des manifestations spontanées se sont à nouveau organisées dans de nombreuses villes du pays. Comme lors des précédents rassemblements, des manifestants ont été interpellés et placés en garde à vue avant d’être relâchés sans poursuite. À Paris, 234 personnes ont été arrêtées dans la nuit. Ces gardes à vue sont considérées comme « arbitraires » selon des avocats, magistrats et politiques. Ces derniers dénoncent une « répression du mouvement social ».
Des « dossiers irréguliers »
Un groupe d’avocats compte en effet déposer une plainte collective pour « détention arbitraire » et « entrave à la liberté de manifester ». L’une d’entre elles, Me Coline Bouillon, a indiqué que les manifestants avaient été arrêtés pour « participation à un groupement en vue de la préparation de violences », ou « dissimulation du visage ». Ils ne seraient restés que 24h à 48h en garde à vue avant d’être remis dans la nature. Mais Me Coline Bouillon pointe des « gardes à vue-sanctions », comportant des « dossiers irréguliers » qui seraient « vides en termes de preuve de culpabilité ».
Les profils des individus arrêtés seraient variés. « Étudiants à l'ENS, médecin, sans-abris, mineurs, syndicalistes, enseignants, des gens qui sortaient d'un colloque et qui ont été nassés », liste encore l’avocate.
Le Syndicat de la magistrature (SM) a également dénoncé ces interpellations, y voyant une « répression ». Me Raphaël Kempf a jugé qu’il s’agissait d’une « instrumentalisation du droit pénal par le pouvoir politique » dans le but de « dissuader les manifestants » de protester contre la réforme des retraites et le recours du gouvernement à l’article 49-3.
Des accusations de violences policières
Des personnalités politiques de gauche et d’extrême gauche se sont elles aussi offusquées de ces « arrestations arbitraires ». C’est le cas des élus de La France insoumise (LFI), Mathilde Panot et Ugo Bernalicis, ou de l’adjoint à la maire socialiste de Paris David Belliard. Des cas de violences policières sont enfin dénoncés. Sur Twitter, la députée LFI Raquel Garrido a déploré qu’un « manifestant (gisait) à terre à la suite d’un violent coup par un policier ». Elle s’est ainsi tournée vers le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et le préfet de police Laurent Nuñez leur demandant d’« arrêter le massacre ».
Des salariés réquisitionnés au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer
Le ministère de la Transition énergétique a annoncé la réquisition de « trois salariés par relève » au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, pour faire face à « l'aggravation des tensions d'approvisionnement » en carburants.
De premières réquisitions ont été annoncées au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône. Pour faire « face à l'aggravation des tensions d'approvisionnement » en carburants, due à la grève et aux blocages du site par le personnel mécontent de la réforme des retraites, le ministère de la Transition énergétique a indiqué dans un communiqué que « trois salariés par relève » seraient mobilisés dans ce dépôt.
Cette réquisition est « valable pendant 48H » dès ce mardi 21 mars. Elle concerne les « personnels indispensables au fonctionnement du dépôt », chargé d’approvisionner en carburants la région PACA, l’est de l’Occitanie, ainsi que la région lyonnaise par oléoduc.
Éviter des pénuries
Le ministère dirigé par Agnès Pannier-Runacher a également fait savoir que des stocks stratégiques avaient été réalisés « partout sur le territoire », en prévision du durcissement des grèves. Cette manœuvre tente d'éviter une pénurie « au niveau national », même si des « tensions se cristallisent en PACA », a déclaré la ministre Agnès Pannier-Runacher. Dans les Bouches-du-Rhône, un type de carburant manquait dans la moitié des stations-service et 37 % d’entre elles étaient à sec lundi.
Des restrictions dans le Gard et le Vaucluse
L’approvisionnement était également perturbé dans le Gard et le Vaucluse où les préfectures ont décidé lundi de limiter les ventes de carburants jusqu'à jeudi inclus. Seulement 30 litres peuvent être vendus par véhicule. La vente d’essence dans les jerricans est aussi interdite. Au niveau national, seules 8 % des stations-essence manquaient de carburants.
Cette réquisition intervient au lendemain de l’adoption de la réforme des retraites, malgré deux motions de censure - finalement rejetées - et une vague de contestation massive dans tout le pays. Mercredi, Emmanuel Macron doit ainsi prendre la parole à l’occasion d’une interview accordée aux JT de 13H de TF1 et France 2. Une neuvième journée de mobilisation est prévue jeudi.
Après la réforme des retraites, la majorité cherche des alliés, mais hésite entre droite et gauche...
La patronne des députés Renaissance Aurore Bergé (photo) va devoir trouver des alliés pour voter les prochains textes. A droite ou à gauche ? Ses troupes sont tiraillées.
L’adoption de la réforme des retraites au terme d’une séquence calamiteuse oblige la majorité relative à trouver de nouveaux alliés. Du côté de la droite, de la gauche ? Les députés sont divisés…
Étrange ambiance aux abords du Palais Bourbon, ce lundi soir. C’est dans une Assemblée nationale dont tous les accès étaient de nouveau verrouillés par des dizaines de fourgons de police que se sont tenus les votes des deux motions de censure, déposées par les oppositions.
Drôle d’ambiance à l’intérieur, aussi, où le gouvernement a sauvé sa tête de peu, sous le regard de dizaines de journalistes du monde entier… Mais en l’absence d’une part importante des députés de la majorité. « Nous ne prenions pas part au vote, ça ne favorise pas la participation, » justifie timidement Sylvain Maillard, vice-président du groupe Renaissance à l’Assemblée. « Et beaucoup de députés sont arrivés en cours de séance… »
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Une soirée sous haute tension à Paris
Près de 300 personnes (287), dont 234 à Paris, ont été interpellées lundi soir en France lors de manifestations contre l'adoption de la réforme des retraites après le recours à l'article 49.3 de la Constitution, a appris l'AFP mardi de source policière.
A Paris, où les manifestants par petits groupes mobiles ont déambulé dans les arrondissements du centre en brûlant poubelles, vélos et divers objets, les sapeurs-pompiers sont intervenus 240 fois, selon cette source policière.
Dès le rejet par les députés des motions de censure entraînant l'adoption définitive de la réforme par le Parlement, de nombreuses manifestations émaillées d'incidents se sont déroulées dans plusieurs grandes villes de France.
Pour tenter de ramener le calme, Emmanuel Macron a prévu de consulter tous azimuts mardi, avant d'intervenir à la télévision mercredi à la mi-journée.
À Paris, le volume de déchets dans la rue en très légère baisse avec les réquisitions
Le volume de déchets non ramassés dans les rues de Paris a encore légèrement baissé lundi, à 9 300 tonnes contre 9 600 la veille, avec les réquisitions d'éboueurs en grève contre la réforme des retraites et les déblocages de piquets de grève. « Le nombre de tonnes d'ordures non ramassées dans Paris baisse légèrement et s'élève aujourd'hui à 9 300 tonnes », a indiqué la mairie de Paris dans un communiqué.
Après un pic à 10 000 tonnes vendredi, jour des premières réquisitions décidées par la préfecture de police, le volume d'ordures baisse légèrement pour le deuxième jour d'affilée. Les déblocages de garages et réquisitions des forces de l'ordre ont rendu la collecte possible « dans les arrondissements très impactés par le mouvement social », indique la mairie dirigée par Anne Hidalgo (PS), soutien de la grogne.
« Les gens disent "ça pue" et ne viennent pas ici »
« Cependant, la succession de blocages entraîne des retards de collecte conséquents, dus par exemple au doublement des délais de vidage dans les incinérateurs », ajoute-t-elle. Les agents de la propreté de la mairie, qui assurent la collecte dans dix des vingt arrondissements de la capitale, sont en grève depuis deux semaines contre la réforme des retraites, qui obligerait les éboueurs à partir à 59 ans au lieu de 57.
La préfecture de police de Paris a fait savoir sur Twitter que trois sites de tri de déchets avaient été débloqués en région parisienne et que 115 camions-bennes avaient pris leur service lundi matin. De leur côté, les grévistes ont décidé vendredi un filtrage des camions devant les trois sites d'incinération de proche banlieue. Mais selon le Syctom, le syndicat métropolitain qui les gère, ceux d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) et d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) étaient totalement bloqués lundi après-midi. A Ivry, les éboueurs ont décidé de reconduire la mobilisation jusqu'à jeudi.
Dans une rue commerçante du IXe arrondissement, Grégory Brault estime que son chiffre d'affaires a été « divisé par deux » depuis que la brasserie qu'il gère cohabite avec une dizaine de mètres de poubelles non ramassées sur son trottoir. « Les gens disent "ça pue" et ne viennent pas ici », se désole le commerçant qui achète « 40 euros de bougies » parfumées par jour et a adapté son menu en… retirant le poisson.
Manifestations après le 49-3 : « Pas d’interpellations injustifiées », défend le préfet de police de Paris
Après le rejet des deux motions de censure à l’Assemblée nationale, la nuit de lundi à mardi a encore connu des tensions lors de manifestations spontanées organisées dans plusieurs villes de France contre la réforme des retraites du gouvernement. Au total, 287 interpellations ont été effectuées dans l’Hexagone, dont 234 à Paris. Pour éviter d’importants débordements lors des protestations dans la capitale – malgré tout, émaillées de violences - 2 000 policiers ont été déployés. Ces nombreuses arrestations sont notamment considérées comme « arbitraires » pour des avocats, magistrats et politiques.
Auprès de BFMTV, le préfet de police Laurent Nuñez a tenu à défendre l’action de forces de l’ordre : « Il n’y a pas d’interpellations injustifiées, je ne peux pas laisser dire ça. » « Les forces de l'ordre n'interviennent que quand il y a des exactions », a encore assuré le chef de la police parisienne.
Une garde à vue de 48 heures pour caractériser l’infraction
Laurent Nuñez a indiqué que ces arrestations étaient menées en raison de « groupements constitués » prêts à « commettre des violences » et à lancer « des projectiles sur les effectifs » de police. Les officiers de police judiciaire (OPJ) sont ensuite chargés de « décider du placement en garde à vue » des personnes interpellées.
« Dans les 48 heures de garde à vue, on essaie de caractériser, de matérialiser l’infraction », a expliqué Laurent Nuñez. Les images des caméras de vidéosurveillance sont ainsi visionnées pour confirmer ou non les infractions des gardés à vue.
« Quand on arrive au bout des 48 heures, parfois on n’a pas caractérisé l’infraction. À ce moment-là, il n’y a pas de poursuites et il y a un classement » sans suite, affirme encore le préfet de police.
Des soupçons de violences policières
Laurent Nuñez est également revenu sur les accusations de violences policières après des vidéos circulant sur les réseaux sociaux où il est possible de voir des policiers frapper, sans raison apparente, des manifestants en marge des protestations.
Le préfet de police a jugé que ce type d’agissements n’était « pas tout à fait adapté ». Toutefois, « dans l’urgence et quand les fonctionnaires sont pris à partie de manière extrêmement violente, cela peut arriver », a-t-il concédé.
Nous ne sommes pas confrontés à des cortèges pacifiques
Il a informé avoir demandé « une enquête administrative » concernant une vidéo en particulier – où un agent de la Brav-M assène un coup de poing à un manifestant qui tombe ensuite à terre. « Mais il n’y en a pas beaucoup par rapport à ce qu’on reçoit comme projectiles », assure encore Laurent Nuñez. Vendredi, lors d’une manifestation spontanée place de la Concorde à Paris, « six fonctionnaires de police ont été gravement blessés, dont deux qui ont pris des pavés en pleine figure », a-t-il déploré. Avant d’en conclure : « Nous ne sommes pas confrontés à des cortèges pacifiques. »