Mardi 13 Décembre 2022 – La communauté internationale se rassemble à Paris pour soutenir les Ukrainiens
La communauté internationale, réunie mardi à Paris, se mobilise à nouveau en faveur de l'Ukraine, avec cette fois le double objectif d'orchestrer une aide immédiate à la population ukrainienne, cible quotidienne des attaques russes, et de préparer la reconstruction. Après les conférences de Lugano, Varsovie et Berlin ces derniers mois, cette rencontre vise à neutraliser la stratégie mise en oeuvre depuis octobre par la Russie qui consiste à s'attaquer aux infrastructures civiles pour faire souffrir la population ukrainienne et affaiblir la résistance.
La conférence se déroule le matin au ministère des Affaires étrangères. Baptisée "Solidaires du peuple ukrainien", elle se tient en présence notamment du président français Emmanuel Macron et du premier ministre ukrainien Denys Schmyhal. "Nous avons synchronisé nos positions avant (...) la conférence de soutien à Paris", avait déclaré dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Twitter après un entretien avec M. Macron.
Les intervenants de la conférence vont se concentrer sur cinq domaines fondamentaux - l'énergie, l'eau, l'alimentation, la santé et les transports - pour permettre à l'Ukraine de conserver des infrastructures essentielles en état de marche. "L'objectif immédiat,(...) c'est que le réseau électrique ukrainien ne s'effondre pas, qu'on n'ait pas un +blackout+ de plusieurs semaines, que l'eau ne gèle pas dans les canalisations" car ces dernières seraient alors hors de service "jusqu'à l'été", a-t-on expliqué à l'Elysée et au Quai d'Orsay.
L'effort doit porter sur une remise en état des infrastructures après chaque bombardement russe pour que la population puisse passer l'hiver, et garder aussi le moral. Des annonces chiffrées sont attendues de la part du président français. Outre le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, le président ukrainien Volodymyr Zelensky interviendra en visio-conférence. "Des chefs d'Etats, des chefs de gouvernements, des ministres" de 47 pays seront représentés, a indiqué l'Elysée.
La Chine, grande absente
La Chine sera la grande absente de la conférence, a indiqué une source diplomatique. En revanche, des ambassadeurs des pays du Golfe et de l'Inde seront présents, en symbole d'une solidarité qui s'exprime au-delà des frontières européennes ou nord-américaines. Le Fonds monétaire international (FMI) sera également présent, tout comme la Banque mondiale par l'intermédiaire de responsables régionaux, sans de nouvelles annonces prévues de leur part, avaient-ils indiqué à l'AFP vendredi.
La partie pilotée par le Quai d'Orsay se terminera en début d'après-midi avec une conférence de presse de la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna et du premier ministre ukrainien. La conférence se poursuivra ensuite au centre de conférence Pierre Mendès-France du ministère de l'économie et prendra l'allure d'une "bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l'Ukraine". Il s'agit de mobiliser les entreprises françaises pour la reconstruction.
Quelque 500 sociétés françaises, des mastodontes du CAC 40 jusqu'aux start-up du numérique, ont été conviées pour un échange cette fois porté sur le long terme. Après une nouvelle allocution du président ukrainien et un discours d'Emmanuel Macron sur place en présence du Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal, des tables rondes évoqueront les secteurs des infrastructures, technologies et digital, santé, énergie et agroalimentaire.
Profonde récession
Bien qu'il n'y ait ni cessez-le-feu, ni même perspective de fin de la guerre, "les Ukrainiens ont demandé à parler de reconstruction", a fait valoir l'Elysée. C'est que certaines zones du pays frappées au tout début de la guerre sont aujourd'hui en situation de reconstruction. De plus, le chantier qui attend l'Ukraine prendra des années. Le coût de la guerre pour l'Ukraine est immense.
"Nous avions signalé début septembre que le coût serait d'environ 350 milliards, mais cela ne couvrait que la période allant du début de la guerre au 1er juin", a rappelé à l'AFP Anna Bjerd, vice-présidente de la Banque mondiale pour l'Europe et l'Asie centrale. Une nouvelle estimation sera publiée "début 2023" et elle sera sans aucun doute beaucoup plus élevée, a-t-elle prévenu. L'économie ukrainienne s'est déjà contractée de quelque 33% sous l'effet de cette guerre déclenchée le 24 février.
"Avec les récentes attaques dans le pays, la contraction va être plus forte, on peut s'attendre à ce qu'elle soit davantage proche de 40%", a également indiqué la responsable de l'institution de Washington.
Elle ne s'est pas prononcée pour l'an prochain en raison d'une "grande incertitude". Lundi, les dirigeants du G7, réunis en sommet virtuel, ont décidé de mettre en place une "plateforme" pour "coordonner l'aide financière" à l'Ukraine, a annoncé le chancelier allemand Olaf Scholz.
Mardi 13 Décembre 2022 – Emmanuel Macron veut aider les Ukrainiens «à résister pendant cet hiver»
Emmanuel Macron a accusé Moscou d'agir "lâchement" pour "semer la terreur chez les civils, tenter de briser l'arrière faute de pouvoir tenir le front".
Le président français Emmanuel Macron a souligné mardi la volonté de la communauté internationale d'aider les Ukrainiens "à résister pendant cet hiver" face à une Russie qui agit "lâchement" et dont l'objectif est de les "plonger dans le noir et le froid".
"La Russie, dont les faiblesses au plan militaire ont éclaté au grand jour, a opté pour une stratégie cynique visant à détruire les infrastructures civiles en vue de mettre l'Ukraine à genoux", a-t-il déclaré en ouverture de la conférence d'aide à l'Ukraine qui se tient à Paris. Il a accusé Moscou d'agir "lâchement" pour "semer la terreur chez les civils, tenter de briser l'arrière faute de pouvoir tenir le front".
"Ces frappes dont la Russie avoue ouvertement qu'elles ne visent qu'à saper la résistance du peupe ukrainien constituent des crimes de guerre" qui "ne resteront pas impunis", a martelé le chef de l'Etat français.
Souvent critiqué pour son insistance en faveur de négociations entre Moscou et Kiev, Emmanuel Macron a dit clairement qu'il revenait à l'Ukraine "de décider des conditions d'une paix juste et durable". Il a estimé que "le plan de paix en dix points" de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky était "une excellente base sur laquelle nous allons bâtir ensemble".
Mais "dans l'immédiat l'urgence consiste à soutenir la capacité du peuple ukrainien à résister", a-t-il rappelé, espérant des contributions internationales "à la hauteur des enjeux".
Une aide supplémentaire française de 76,5 millions d'euros
Il a annoncé une aide supplémentaire française de 76,5 millions d'euros pour passer l'hiver début 2023, "dans le domaine de l'électricité et de l'énergie" notamment pour l'acquisition de led.
Cela s'ajoute à 48,5 millions d'euros déjà annoncés et en cours de décaissement "pour les piorités identifiées dans le cadre de la conférence: 27 millions sur l'urgence hivernale, le reste réparti entre les personnes déplacées, les violences sexuelles, l'aide alimentaire, la sécurité mentale".
Mardi 13 Décembre 2022 – L'Ukraine doit «reconnaître les annexions russes» avant toute négociation de paix, dit le Kremlin
L'Ukraine doit céder les territoires dont la Russie revendique l'annexion avant toute négociation diplomatique, a déclaré mardi 13 décembre le Kremlin, en réponse à la proposition de Volodymyr Zelensky d'organiser un «sommet de la paix mondiale». «La partie ukrainienne doit tenir compte des réalités qui se sont développées sur le terrain», a dit le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov (photo), lors de son point quotidien de presse.
«Ces réalités sont que la Fédération de Russie a de nouveaux sujets à la suite de référendums qui ont eu lieu dans ces territoires», a-t-il ajouté, jugeant «impossible tout progrès» diplomatique tant que Kiev «ne prendra pas en compte ces réalités».
Fin septembre, la Russie a revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée annexée en 2014, sans toutefois les contrôler entièrement, une décision largement rejetée par la communauté internationale. L'Ukraine de son côté réclame que la Russie retire son armée et rende tous les territoires qu'elle occupe.
Dmitri Peskov a aussi dit qu'il était «hors de question» que la Russie retire ses troupes d'Ukraine avant Noël, une autre demande du président Volodymyr Zelensky formulée lundi 12 décembre lors d'un discours aux pays du G7 réunis en visioconférence.
Lundi, le président ukrainien a réitéré son plan de paix en 10 points présenté mi-novembre et qui traite du rétablissement de l'intégrité territoriale, du sort des prisonniers ou encore de sécurité alimentaire. L'armée ukrainienne fait reculer les troupes russes depuis plusieurs mois. En réaction, Moscou a mobilisé 300.000 réservistes pour consolider ses lignes et mène des attaques contre les infrastructures énergétiques du pays.
Mardi 13 Décembre 2022 – Hongrie : douze milliards de fonds européens suspendus à des réformes
Les États membres de l'UE ont décidé de suspendre quelque 12 milliards d'euros de fonds européens destinés à la Hongrie en attendant des réformes, un montant en deçà de ce que préconisait la Commission et qui s'inscrit dans le cadre d'un compromis avec Budapest. Cette somme englobe 6,3 milliards de fonds de cohésion et 5,8 milliards du plan de relance post-Covid.
L'accord trouvé lundi soir à Bruxelles par les ambassadeurs des États membres a permis de lever le blocage de la Hongrie à l'octroi d'une aide macro-financière de 18 milliards d'euros à l'Ukraine et à un impôt minimum de 15% pour les grandes entreprises.
Dans le détail, le Conseil (institution représentant les États membres) a décidé de suspendre 6,3 milliards de fonds de cohésion qui devaient être versés à la Hongrie dans le cadre du budget 2021-2027, dans le cadre d'un mécanisme européen – dit de «conditionnalité» – jamais utilisé jusque-là, et destiné à protéger le budget de l'UE des risques de corruption.
La Commission européenne avait recommandé de geler 7,5 milliards d'euros de fonds de cohésion, mais les États membres ont réduit ce montant pour prendre en compte «les mesures correctives qui ont été mises en œuvre de manière satisfaisante par la Hongrie» et son «degré de coopération».
Soucieuse d'échapper à un gel des fonds, la Hongrie s'est engagée à mettre en œuvre 17 mesures pour répondre aux inquiétudes de Bruxelles, afin de renforcer la lutte contre la corruption et améliorer la transparence dans le domaine des marchés publics. Dans l'ensemble toutefois, comme la Commission, les États membres estiment que les réformes réalisées jusque-là «ne suffisent pas à remédier aux violations de l'État de droit constatées et aux risques qu'elles entraînent pour le budget de l'Union».
«Succès pour l'UE»
Par ailleurs, les États membres ont approuvé le plan de relance post-Covid de la Hongrie (5,8 milliards d'euros de subventions), tout en subordonnant le versement des fonds à la réalisation de 27 «super jalons», comprenant les 17 mesures anticorruption ainsi que des réformes pour améliorer l'indépendance du système judiciaire.
Faute d'approbation de ce plan avant la fin de l'année, 70% de ces subventions auraient été perdues. Avec cette décision, ces fonds ne sont que gelés. La ministre hongroise de la Justice Judit Varga s'est réjouie d'un «succès pour toute l'Union européenne» et s'est montrée confiante sur l'aptitude de son pays à obtenir un déblocage des fonds suspendus.
«La Hongrie a tenu ses engagements, et nous sommes sur la bonne voie pour atteindre à l'avenir les objectifs et les promesses que nous avons mis sur papier», a-t-elle commenté en arrivant mardi à une réunion ministérielle à Bruxelles.
La secrétaire d'État française aux Affaires européennes Laurence Boone a estimé qu'un «bon équilibre» avait été trouvé «entre la force de l'État de droit» et la nécessité de «prendre acte des progrès» réalisés par Budapest.«Le mécanisme de conditionnalité est en train de faire ses preuves», a-t-elle jugé. Son homologue allemande Anna Lührmann s'est réjouie d'un «moment historique pour la protection de l'État de droit».
Côté Parlement européen, le président du principal groupe, le PPE (droite), Manfred Weber s'est aussi réjoui d'un «bon jour pour les contribuables européens». «Le message est aussi que (le Premier ministre hongrois Viktor) Orban ne peut pas faire du chantage à l'UE, cela ne marchera pas», a-t-il dit. L'eurodéputé Daniel Freund (Verts) a regretté que le montant gelé soit «trop faible», tout en se réjouissant que «les États membres aient finalement convenu que Viktor Orban était allé trop loin».
Jusqu'au compromis trouvé lundi soir, le dirigeant nationaliste hongrois s'opposait à l'adoption du plan d'aide commun à l'Ukraine de 18 milliards d'euros pour 2023, disant préférer verser une aide financière bilatérale à Kiev. L'accord trouvé permet aussi de débloquer la mise en œuvre par les États membres de l'UE d'ici la fin 2023 d'un impôt minimum de 15% sur les bénéfices des multinationales conclu au sein de l'OCDE.
Mardi 13 Décembre 2022 – Iran : 400 personnes emprisonnées à la suite de manifestations à Téhéran
Les tribunaux de Téhéran ont condamné 400 personnes à des peines de prison pouvant aller jusqu'à 10 ans pour leur implication dans les manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini il y a près de trois mois, a annoncé ce mardi la justice iranienne.
L'Iran est confronté à des manifestations qualifiées d'«émeutes» par les autorités. La mort en détention le 16 septembre de cette Kurde iranienne de 22 ans, après son arrestation pour infraction au code vestimentaire de la République islamique, a provoqué un mouvement de contestation sans précédent ces dernières années
«Lors des audiences concernant les émeutiers dans la province de Téhéran, 160 personnes ont été condamnées à des peines allant de cinq à dix ans de prison, 80 personnes à des peines de deux à cinq ans et 160 personnes à des peines allant jusqu'à deux ans», a déclaré le chef de la justice de Téhéran, Ali Alghasi-Mehr, cité par le site Mizan Online de l'autorité judiciaire.
L'exécution ces derniers jours de deux hommes de 23 ans en lien avec les manifestations a provoqué une vague de condamnations internationales. Majidreza Rahnavard et Mohsen Shekari ont été pendus pour «moharebeh» («guerre contre Dieu») en vertu de la charia islamique iranienne.
Avant les deux exécutions, la justice iranienne a déclaré avoir condamné à mort 11 personnes dans le cadre des manifestations, mais selon des militants, une douzaine d'autres sont visées par des accusations leur faisant encourir la peine capitale. Depuis le début du mouvement de contestation, des milliers de personnes ont été arrêtées. La plus haute instance de sécurité iranienne avait indiqué le 3 décembre que plus de 200 personnes avaient été tuées lors des manifestations.
Mardi 13 Décembre 2022 – Guerre en Ukraine : «Les capacités militaires russes n'ont pas disparu», alerte le chef du renseignement estonien
«Il n'y a aucun signe d'une fin rapide de cette guerre», a déclaré le colonel Margo Grosberg (photo) qui montre que la Russie peut encore déployer 3000 nouveaux chars en dépit de ses récents revers.
Ne pas crier victoire trop vite. Lors d'une réunion du ministère de la Défense estonien vendredi, le colonel Grosberg, chef du renseignement, a tenu à rappeler qu'«aussi triste que cela puisse être, il n'y a aucun signe d'une fin rapide de cette guerre», comme le rapporte le média estonien ERR. Selon lui, «malgré les terribles pertes de la Russie, ses capacités militaires n'ont pas disparu».
Il est vrai que depuis le mois de septembre, le conflit semble tourner à l'avantage des Ukrainiens. La contre-offensive menée dans l'est et le sud-est du pays a rapidement progressé, pour déboucher sur la reprise de Kherson. Le Kremlin a admis que la Crimée était désormais menacée. Le chef du renseignement estonien a néanmoins tenu à tempérer les plus optimistes, en mobilisant plusieurs informations précises sur les forces dont dispose encore l'armée russe.
3000 chars russes mobilisables
Le colonel Grosberg a d'abord déclaré que la Russie avait perdu environ 1400 chars depuis le 24 février. Nonobstant ce chiffre qu'il a qualifié de «stupéfiant», il a affirmé que cette perte n'était finalement pas si élevée compte tenu des réserves d'armement dont l'armée russe dispose. «À ce jour, la Russie dispose d'environ 9000 chars dans des sites de réparation et de stockage. Ce ne sont pas les plus modernes ni les plus récents, mais ce sont des chars», a-t-il déclaré.
Selon lui, on peut considérer que trois de ces chars fournissent suffisamment de pièces et de matériaux pour rendre un char opérationnel. Autrement dit, «la Russie a le potentiel d'apporter au moins 3000 chars supplémentaires, ce qui est évidemment un très, très grand nombre et constitue une menace non seulement pour l'Ukraine, mais pour tous ses autres pays voisins», a déclaré le colonel estonien.
200.000 soldats disponibles
Margo Grosberg a fait peu ou prou le même constat concernant les soldats dont disposerait encore l'armée russe. Il a rappelé le chiffre de 100.000 pertes (tués, blessés ou soldats mis hors d'état de nuire) avancé récemment par le chef d'État-major américain.
Il a ensuite rappelé que l'effort de mobilisation avait augmenté les effectifs russes d'environ 300.000 soldats. «Encore une fois, de simples calculs nous montrent que même avec 100.000 victimes, ils ont la capacité d'envoyer 200.000 soldats [supplémentaires] sur le front ukrainien», a déclaré Grosberg, qui a toutefois concédé que ces soldats n'étaient pas nécessairement aussi bien formés que les militaires mobilisés au début de l'invasion, en février dernier.
Mardi 13 Décembre 2022 – Climat: l'UE adopte une «taxe carbone» aux frontières pour verdir ses importations industrielles
Verdir les importations industrielles en faisant payer les émissions carbones liées à leur production : l'UE a adopté mardi un mécanisme inédit à ses frontières, qui doit aussi signer la fin des «droits à polluer» gratuits alloués aux industriels européens. Appelé communément «taxe carbone aux frontières» bien qu'il ne s'agisse pas d'une taxe proprement dite, ce dispositif sans précédent consistera à appliquer aux importations des Vingt-Sept les critères du marché du carbone européen, où les industriels de l'UE sont tenus d'acheter des quotas couvrant leurs émissions polluantes.
Avec l'envolée du prix de la tonne de CO2, l'idée est d'éviter un «dumping écologique» qui verrait les industriels délocaliser leur production hors d'Europe, tout en encourageant le reste du monde à adopter les standards européens. Ce dispositif d'«ajustement carbone aux frontières» (CBAM en anglais) «sera un pilier crucial des politiques climatiques européennes (...) pour inciter nos partenaires commerciaux à décarboner leur industrie», explique l'eurodéputé Mohammed Chahim (S&D, sociaux-démocrates).
En pratique, l'importateur devra déclarer les émissions liées au processus de production, et si celles-ci dépassent le standard européen, acquérir un «certificat d'émission» au prix du CO2 dans l'UE. Si un marché carbone existe dans le pays exportateur, il paiera seulement la différence. «Le message à nos industries est clair: inutile de délocaliser car nous avons pris les mesures nécessaires pour éviter les concurrences déloyales» en garantissant «un traitement équitable» entre producteurs européens et marchandises importées, a observé Pascal Canfin (Renew, libéraux), président de la commission Environnement au Parlement. Voici les modalités de l'accord trouvé mardi matin entre les négociateurs des États membres et du Parlement européen après de longues négociations nocturnes:
Secteurs concernés
Le mécanisme, administré pour l'essentiel de façon centralisée au niveau de l'UE, visera les secteurs jugés les plus polluants (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité), comme le proposait la Commission européenne.
Les eurodéputés ont obtenu d'y ajouter l'hydrogène, certains produits dérivés (boulons...), et Bruxelles devra étudier l'éventuelle extension à la chimie organique et aux polymères (plastiques). Le dispositif tiendra compte des émissions «indirectes» (générées par l'électricité utilisée pour la production). Les revenus attendus, qui pourraient dépasser 14 milliards d'euros annuels, alimenteront le budget général de l'UE.
Calendrier
Une période test commencera dès octobre 2023, durant laquelle les entreprises importatrices devront simplement rapporter leurs obligations. Le calendrier du démarrage effectif dépendra de pourparlers en fin de semaine sur le reste de la réforme du marché carbone européen.
Commission et États défendent une application progressive du mécanisme sur dix ans à partir de 2026. Les eurodéputés, eux, demandent une mise en œuvre graduelle entre 2027 et 2032.
Quotas gratuits
Actuellement, les industriels européens se voient allouer des quotas gratuits couvrant une partie de leurs émissions, pour soutenir leur compétitivité face aux concurrents étrangers. À mesure que montera en puissance l'«ajustement aux frontières», les quotas gratuits distribués aux secteurs concernés seront supprimés progressivement.
Un point crucial : en traitant à égalité importations et production locale, Bruxelles estime rester dans les clous des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et contrer les accusations de «protectionnisme». Mais le calendrier de suppression des quotas gratuits, âprement discuté, ne sera abordé que vendredi et samedi dans les pourparlers sur la réforme du marché carbone.
Aides à l'exportation
Autre point controversé restant à négocier: le Parlement veut que les sites industriels européens, sous certaines conditions, continuent de recevoir des allocations gratuites pour leur production destinée aux exportations vers des pays hors-UE. Les industriels européens s'alarment de voir leurs exportations perdre en compétitivité en raison du prix à payer pour leurs émissions et des lourds investissements pour se décarboner, alors qu'ils pâtissent déjà de la flambée des coûts de l'énergie.
Les États restent, eux, réticents à tout «rabais à l'exportation», qui risquent d'être incompatibles avec les règles anti-subventions de l'OMC. Le CBAM est «l'aboutissement d'une idée vieille de trente ans, mais il n'a de sens qu'en supprimant toutes les allocations gratuites», observe Geneviève Pons, directrice-générale de l'institut Europe Jacques-Delors. Alternativement, elle plaide pour que les recettes du mécanisme soient utilisées pour aider les pays en développement à se décarboner.
Mardi 13 Décembre 2022 – Présidence LR : l’élection d’Eric Ciotti correspond aux « obsèques de la droite républicaine » pour Séjourné
La victoire du député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti à la présidence du parti Les Républicains face au sénateur Bruno Retailleau n’a pas manqué de faire réagir la majorité présidentielle, dimanche 11 décembre. Stéphane Séjourné (photo), le secrétaire général de Renaissance a notamment accordé une interview au Parisien . Le numéro un du parti présidentiel a estimé que la victoire d’Éric Ciotti correspondait aux « obsèques de la droite républicaine ». Il a notamment accusé le président LR fraîchement élu d’être le « marchepied » de l’extrême droite. Dénonçant la ligne plus « dure » du nouveau numéro un des Républicains, Stéphane Séjourné a par la même occasion lancé un appel aux élus de droite à rejoindre la majorité présidentielle.
« Les grands gagnants, ce sont Marine Le Pen et Éric Zemmour »
« Ce congrès se conclut par les obsèques de la droite républicaine au sein de LR », a martelé Stéphane Séjourné en début d’interview. Une façon pour lui de rappeler la ligne plus « dure » portée par Éric Ciotti et ses ressemblances avec l’extrême droite. « Mais les grands gagnants, ce sont Marine Le Pen et Éric Zemmour », a-t-il lancé. Stéphane Séjourné n’a pas digéré l’appel lancé par Éric Ciotti à voter pour Éric Zemmour, lors d’un second tour de la présidentielle opposant le candidat à Emmanuel Macron, malgré le rétropédalage du député des Alpes-Maritimes à ce sujet.
Pourtant, de son côté, Éric Ciotti n’a pas cessé de plaider pour l’indépendance de son parti lors de sa campagne. « Ça, c’est dans le cadre du congrès. Mais le projet politique qu’il porte est assez clair. Les digues se fissurent encore plus entre le RN et LR. La messe est dite », a répondu Stéphane Séjourné.
Un appel aux élus « fidèles à leurs valeurs »
Stéphane Séjourné a voulu tirer profit de la victoire d’Éric Ciotti. Dans les colonnes du Parisien, il a réitéré un appel lancé par de nombreux hommes politiques à l’instar de Nicolas Sarkozy , à certains élus de droite pour rejoindre les rangs de la majorité présidentielle. « Je lance un appel à la droite républicaine. Je ne leur demande pas de se dissoudre dans Renaissance, je ne leur demande pas de rejoindre une écurie présidentielle, mais au moins d’être fidèles à leurs valeurs », a-t-il expliqué. « Le dépassement politique, c’est une méthode de rassemblement. Ce n’est pas l’effacement des idéologies », a-t-il conclu.
Mardi 13 Décembre 2022 – Retour du masque obligatoire dans les transports : trois Français sur quatre se disent favorables
Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro publié dimanche 11 décembre, 76 % des Français sont favorables au retour du masque obligatoire dans les transports. Le ministre de la Santé, François Braun préfère pour le moment « faire confiance » aux Français sans imposer de mesures.
La France fait actuellement face à « une triple épidémie » inédite combinant Covid-19, grippe et bronchiolite. Ce trio de maladies respiratoires d'origine virale se répand à travers le pays et inquiète Santé publique France. Une situation qui préoccupe également le Covars. Brigitte Autran, la présidente de l’organisme chargé d’informer le gouvernement, explique pour le JDD, la nécessité d’aller « vers un port du masque le plus possible dans les lieux clos, là où il y a une promiscuité importante ». Dans ce contexte, l’inquiétude se propage également auprès des Français. Selon un sondage Odpxa pour Le Figaro publié dimanche 11 décembre, 76 % des Français sont favorables au retour du masque obligatoire dans les transports. Plus de la moitié se disent même favorables à son rétablissement obligatoire « dans tous les lieux publics ».
Le ministre de la Santé fait « confiance aux Français »
Le 4 décembre dernier, le ministre de la Santé François Braun a réagi à la situation sanitaire en France et aux préconisations de la présidente du Covars. François Braun ne s’est déclaré « pas favorable à la coercition », expliquant faire « confiance aux Français ». Mais « mon bras ne tremblera pas s’il faut décider de l’obligation du masque » si les contaminations continuent à augmenter, a-t-il assuré sur BFMTV. « Je suis la situation au jour le jour et les décisions suivront l’évolution de la situation », a-t-il encore insisté.
Cette confiance envers les Français est-elle suffisante ? Selon le sondage Odoxa, les sondés ne portent pas majoritairement le masque dans les transports publics. 46 % d'entre eux disent le faire « systématiquement ». Toutefois les habitudes du quotidien évoluent. 51 % maintiennent par exemple une distance de sécurité d'au moins un mètre avec les gens qu'ils rencontrent. Enfin, 87 % des Français déclarent se « laver les mains régulièrement. »
Des appels solennels à la vaccination
Dimanche soir, toujours sur BFMTV , Patrick Pelloux, le président de l’association des médecins urgentistes de France, a dit ne pas comprendre l’inaction du gouvernement : « Le virus circule énormément. En d’autres temps, on aurait paralysé le pays, je pense qu’ils ont tort de ne pas rendre les masques obligatoires de transports. »
Du côté du gouvernement, les ministres martèlent plutôt des appels solennels à la vaccination à l’approche des fêtes de fin d’année. À l’instar de François Braun, du porte-parole du gouvernement Olivier Véran ou encore de la Première ministre Élisabeth Borne. « Il faut que chacun y aille », expliquait cette dernière le 7 décembre sur RTL.
Mardi 13 Décembre 2022 – Pour la première fois en dix ans, Vladimir Poutine ne donnera pas de conférence de presse de fin d'année
Rappelant que le chef d'État s'adressait « régulièrement » à la presse, le porte-parole du Kremlin a annoncé l'annulation de la conférence de presse de fin d'année de Vladimir Poutine.
Vladimir Poutine a choisi de rompre avec une tradition qu'il perdurait depuis une décennie. Alors que cette prise de parole était particulièrement attendue, en raison du conflit ukrainien et des actuelles tensions avec l'Occident, la grande conférence de presse de fin d'année du président russe n'aura pas lieu. Par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, le Kremlin a annoncé lundi cette annulation aux médias nationaux. « Nous espérons que le président trouvera une autre occasion de s'adresser aux médias », a-t-il déclaré, avant de rappeler que le chef d'État s'adressait « régulièrement » à la presse, comme lors de ses déplacements à l'étranger.
L'annulation n'a pas été justifiée par Moscou, mais elle intervient dans un contexte de malaise croissant au sein de la population et des troupes russes, qui essuient une série de revers militaires en Ukraine . Néanmoins, Vladimir Poutine est tenu par la Constitution de prononcer un discours annuel sur l'état de l'Union devant le Parlement avant la fin de l'année. Selon Dmitri Peskov, la question de son allocution serait « à l'étude ».
Des conférences stratégiques
Depuis 2001, à l’exception de la période entre 2008 et 2012 durant laquelle il officiait en tant que Premier ministre, Vladimir Poutine chorégraphiait avec soin ses conférences de presse. Des dizaines de journalistes russes et étrangers assistaient à ces entretiens de plusieurs heures, organisés avant Noël ou le Nouvel An à Moscou. Les réponses du dirigeant, sur des sujets aussi variés que la diplomatie ou le quotidien des Russes, étaient scrutées par les hommes politiques du monde entier, qui tentaient de déceler à travers ses propos la direction qu'il souhaitait donner à son pays pour l'année à venir.
Mardi 13 Décembre 2022 – Corruption au Parlement européen : l'élue grecque Eva Kaili démise de sa fonction de vice-présidente
La politicienne Eva Kaili est au cœur d'une enquête visant d'importants versements d'argent qu'aurait effectués le Qatar pour influencer la politique européenne. Elle vient d'être destituée de sa fonction de vice-présidente du Parlement européen.
Le Parlement européen a très majoritairement voté en faveur de l'éviction de sa vice-présidente, Eva Kaili, jusqu'alors suspendue de ses fonctions. En séance plénière mardi matin, 625 des 628 députés présents à Strasbourg ont demandé son départ après sa mise en cause dans une affaire de corruption présumée. La social-démocrate avait été arrêtée en Belgique vendredi, avant d'être écrouée dimanche avec trois autres personnes, dont son compagnon. Son interpellation faisait suite à des allégations selon lesquelles elle ferait partie d'un groupe d'élus acceptant des pots-de-vin du Qatar en échange de la promotion de politiques favorables à l'État du Golfe. Dès samedi soir, Eva Kaili s'était vue retirer toutes les tâches déléguées par la présidente Roberta Metsola, dont celle de la représenter dans la région Moyen-Orient.
Le Qatar comme l'élue continuent de nier tout acte répréhensible. Sur la chaîne privée grecque Open TV, l'avocat d'Eva Kaili, Michalis Dimitrakopoulos, a affirmé qu'elle était « innocente » et qu'elle n'avait « rien à voir avec les pots-de-vin qataris ». Il a également refusé de confirmer ou d'infirmer la découverte d'importantes sommes d'argent liquide au domicile.
Des sacs de billets retrouvés
Au cours des vingt perquisitions menées dans le cadre de ces investigations, le parquet fédéral belge a annoncé avoir saisi des centaines de milliers d'euros en trois lieux différents et auprès de trois suspects « 600 000 euros au domicile de l'un des suspects, plusieurs centaines de milliers d'euros dans une valise dans une chambre d'un hôtel bruxellois et 150 000 euros environ dans un appartement appartenant à un député européen ». De plus amples informations sur les charges pénales retenues contre elle devraient être annoncées mercredi, ont fait savoir des responsables belges.