Lors d’une conférence de presse, Élisabeth Borne accompagnée de Bruno Lemaire et d’Agnès Pannier-Runacher « a présenté l'état de la situation énergétique du pays et les mesures de protection des Français». La première ministre a donné des précisions sur les contours de la future version du bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité, prolongé en 2023. Elle a également précisé la hausse des tarifs attendue l’an prochain, qui sera «contenue», a répété ces dernières semaines Bruno Le Maire.

Une conférence qui arrive après les prévisions hivernales de RTE

La conférence de presse d'Élisabeth Borne se tient quelques heures après celle, elle aussi très attendue, de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, sur les perspectives du système électrique français pour cet hiver. Le gestionnaire a dit anticiper «un risque de tension accru sur le système électrique mais maîtrisable», écartant le risque de «black-out». Celui-ci a pointé l’importance des actions de baisse de la consommation, notamment en matière de sobriété énergétique, pour passer l’hiver sans coupures.

Sur le gaz, la France doit économiser «dès maintenant»

GRTgaz, principal opérateur de transport de gaz en France, a aussi présenté ce mercredi ses perspectives pour cet hiver, dans la foulée de RTE. Selon l’opérateur, la France a bien rempli ses stocks de gaz et doit être «capable de faire face» à un hiver moyen tout en aidant les pays voisins avec du gaz importé. Mais elle doit commencer à économiser «dès maintenant» pour faire face à un éventuel hiver très froid, a averti GRTgaz.

Les propositions de l'UE pour réduire les factures

Avant Élisabeth Borne, c’est la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qui s’est exprimée ce mercredi devant le Parlement européen à Strasbourg. Elle a détaillé ses propositions pour enrayer la flambée des prix du gaz et de l'électricité, parmi lesqueles le plafonnement des revenus des énergéticiens, une «contribution» des groupes pétroliers et gaziers ou encore la réduction de la demande d’électricité aux heures de pointe.

«Si chacun prend ses responsabilités, il n’y aura pas de coupures», estime Élisabeth Borne

Élisabeth Borne commence sa conférence de presse en revenant sur les efforts faits par l’exécutif pour mieux résister à l’hiver : «nous avons anticipé cette situation avec un stockage de gaz à 95%, une augmentation des capacités de nos terminaux méthaniers, et nous accélérons les projets d’énergies renouvelables», a-t-elle indiqué, ajoutant qu’elle souhaitait désormais présenter «les scénarios et les risques» de cet hiver. «Si chacun prend ses responsabilités, il n’y aura pas de coupures» d’électricité, insiste la première ministre.

Élisabeth Borne met en avant «la sobriété et la solidarité européenne»

Selon Élisabeth Borne, «seules la sobriété et la solidarité européenne nous permettront d’éviter des coupures et du rationnement dans les scénarios les plus pessimistes, comme un hiver particulièrement froid et des problèmes d’approvisionnement».

Sur le nucléaire, Borne souhaite qu’EDF «respecte son planning de redémarrage de ses réacteurs nucléaires»

Sur le nucléaire, le gouvernement sera «vigilant à ce qu'EDF respecte son planning de redémarrage de ses réacteurs nucléaires», a déclaré la première ministre. Aujourd’hui, environ la moitié des réacteurs nucléaires du parc français (26 sur 56) sont à l’arrêt, pour des travaux de maintenance ou des problèmes de corrosion. Ils devraient avoir redémarré leur production d'électricité au cours de l'hiver, a annoncé mercredi la direction d'EDF.

Un bouclier tarifaire limitant la hausse des prix à 15% en 2023

Face aux cours toujours élevés des prix de l’énergie, Élisabeth Borne annonce le prolongement du bouclier tarifaire pour le gaz et l’électricité. Concrètement, la hausse des prix du gaz sera limitée à 15% à partir de janvier 2023 et pour l’année, soit 25 euros par mois et par ménage plutôt que 200 euros. En ce qui concerne la hausse des prix de l’électricité, elle sera de 15% à partir du mois de février, soit 20 euros plutôt que 180 euros, selon les chiffres d’Élisabeth Borne.

Des «chèques énergie exceptionnels» pour 12 millions de foyers modestes

Élisabeth Borne annonce un «accompagnement spécifique pour les plus modestes», qui prendra la forme de «chèques énergie exceptionnels versés d’ici la fin de l’année». Cette aide «concernera les 12 millions de foyers les plus modestes, et sera de 100 à 200 euros en fonction du revenu», a complété la première ministre.

Des mesures coûtant 16 milliards d’euros à l’Etat, selon Le Maire

Le ministre de l’Economie prend la parole pour chiffrer ces nouvelles mesures de soutien. Selon les estimations de Bercy, le bouclier tarifaire coûtera 16 milliards d’euros «en net» en 2023 (11 milliards pour le gaz et 5 milliards pour l’électricité), pour un coût brut de 45 milliards d’euros, «auquel nous retranchons le mécanisme de marché», précise Bruno Le Maire. Quant au chèque énergie, il représente un coût de 1,8 milliard d’euros.

Les entreprises continueront à être aidées, indique Bruno Le Maire

Bruno Le Maire a indiqué que les entreprises continueront à être soutenues face à la flambée des prix de l’énergie. D’une part, les 1,5 million de PME au chiffre d’affaires inférieur à 1 million d’euros et qui emploient moins de 15 salariés «continueront à bénéficier de l'accès aux tarifs réglementés» de l’énergie, a indiqué le ministre de l’Economie.

Pour les PME plus importantes, l’aide qui peut atteindre aujourd’hui 2 millions d’euros sera étendue, à compter du 1er octobre, à toutes celles dont les factures énergétiques représentent au moins 3% de leur chiffre d’affaires et qui ont vu leur bénéfice baisser au cours d’un mois.

Enfin, l’aide aux entreprises énergo-intensives, qui peut aller jusqu’à 50 millions d’euros, doit être revue «de fond en comble», selon Bruno Le Maire. «Nous sommes en discussion avec la Commission européenne, et nous souhaitons qu’elles aboutissent avant la fin de l’année 2022», a-t-il ajouté.

«Tant que les prix de l’énergie resteront élevés, le guichet pour les entreprises restera ouvert, y compris au-delà du 31 décembre 2022», a affirmé Bruno Le Maire.

Une campagne de communication sur les éco-gestes lancée le 10 octobre

Agnès Pannier-Runacher annonce le lancement le 10 octobre prochain d’une campagne de communication sur les éco-gestes. Baptisée «Chaque geste compte», elle servira à «faire connaître aux Français les gestes les plus efficaces pour réduire leur consommation», a précisé la ministre de la Transition énergétique. Le gouvernement a par ailleurs demandé aux fournisseurs d’énergie «de s’inscrire dans cette démarche de sobriété dans leur communication», a fait savoir la ministre.

Agnès Pannier-Runacher : «Nous ne demanderons jamais d’efforts aux Français en situation de précarité énergétique»

Face à la nécessaire baisse de la consommation énergétique cet hiver, Agnès Pannier-Runacher insiste sur le fait que «nous ne demanderons jamais d’efforts aux français en situation de précarité énergétique». «Nous sollicitons les grands acteurs, dont l’Etat, qui fera sa part».

Le gouvernement ne prévoit pas de mesures coercitives pour autant et compte sur les entreprises pour faire des efforts de sobriété. «Nous ne demanderons pas d’arrêter des chaînes de production pour réduire la consommation», insiste la ministre de la Transition énergétique.

Les plans de sobriété de l’Etat et des entreprises attendus «début octobre»

Les plans de sobriété sur lesquels planchent l’Etat d’un côté, et les entreprises de l’autre, seront présentés «début octobre», a annoncé Agnès Pannier-Runacher. Neuf groupes de travail sectoriels sur la sobriété ont été lancés depuis juin par l’exécutif, sur le logement, le sport, ou encore les établissements recevant du public.

Possible de «commander l’extinction de tous les écrans publicitaires» en cas de tension

Interrogée sur les écrans publicitaires, Agnès Pannier-Runacher a confirmé que le gouvernement avait le pouvoir de «commander l’extinction de tous les écrans publicitaires (…) en cas de tension sur le système électrique». Si «les acteurs s’y préparent», la ministre de la Transition énergétique a émis «un bémol». «Certains écrans s’éteignent avec une action manuelle», a-t-elle souligné, rendant ce dispositif non opérant pour l’ensemble des écrans.

L’outil Ecowatt mis en avant par Agnès Pannier-Runacher

Dans la démarche de sobriété recherchée par le gouvernement, Agnès Pannier-Runacher a mis en avant un outil, à destination des particuliers mais aussi des entreprises et des collectivités, baptisé Ecowatt. Développé par RTE, il est une sorte de «météo de l’électricité» qui permet aux Français de connaître en temps réel la consommation d’électricité en France et d’être alertés en cas de tension sur le réseau.

Source : Le Figaro.fr  14-09-2022