Samedi 9 Avril 2022 – Lesia Vasylenko : «Poutine a volé l’enfance de millions d’Ukrainiens» :
Élue du parti Holos à la Rada, le Parlement ukrainien, Lesia Vasylenko siège toujours. La jeune femme, avocate de formation, a pu mettre ses trois enfants à l’abri au début de la guerre, mais n’a pas quitté Kiev : «Moi je vais très bien puisque je suis vivante, j’ai de la nourriture, de l’eau et je sais que mes enfants sont sains et saufs». Près de 50 jours après le début de la guerre, elle évoque l’actualité ukrainienne.
Lesia Vasylenko contnue à siéger à la Rada.. « C’est beaucoup plus calme : ce qui était anormal il y a 40 jours est devenu une nouvelle réalité. La première fois que nous avons été réunis à la Rada, il y avait beaucoup d’émotion quand nous avons voté sur l’état de guerre. La deuxième fois, nous étions inquiets, tout le monde pensait que c’était une folie et irresponsable, on savait que le bâtiment du Parlement était un des plus visés par la force russe. Mais au troisième, quatrième jours, c’était devenu normal. On se réunit dans les semaines à venir, on est tous très calmes. Entre parlementaires, on attend avec impatience ces réunions car elles nous permettent de revoir nos collègues, d’être entre nous à la même place, d’échanger sur ce qui se passe dans les différentes régions ukrainiennes. C’est une énorme forme de soutien pour tous les parlementaires. »
« Dès le premier jour de la guerre, nous avons été prévenus qu’il était plus prudent de ne pas rester dans nos appartements respectifs. Depuis 44 jours, je n’ai passé aucune nuit dans mon propre appartement, c’est la même chose pour les parlementaires des régions de l’est. Ils sont à Kiev, ils savent que même pour faire des aller-retour, c’est presque impossible. Ils restent au centre du pays à Kiev, ou dans l’ouest, d’où ils peuvent organiser des convois humanitaires qui arrivent dans leurs circonscriptions. »
« On était prévenus par plusieurs partenaires internationaux que cette aggravation et escalade militaires étaient à prévoir. Mais cela fait huit ans qu’on le vivait, qu’on voyait des formations russes tout au long de l’Ukraine et rien ne se passait, on ne voulait pas y croire. J’y pensais beaucoup, mais même si on avait pris ces informations au sérieux, que devait-on faire ? Les attaquer avant qu’ils nous attaquent ? Nous n’avions pas les armements pour contrer. Évacuer les gens ? Vous voyez que toute l’Ukraine a été frappée, où pouvait-on envoyer tous ces habitants. En plus, la Russie aurait utilisé cela et frappé les villes et les endroits avec une grande concentration de réfugiés. Parler à nos voisins, qu’ils prennent des réfugiés ? Personne ne l’aurait fait puisqu’il n’y avait pas de danger… »
« Nous avons toujours besoin des sanctions, qui doivent être renforcées et poursuivies jusqu’à la fin de l’agression et que tous les soldats russes aient quitté le territoire ukrainien, et encore quelques temps après, une période d’essai pour être sûrs que les Russes ne reviendront pas en Ukraine ».
« Pour les sanctions, je pense à un embargo total sur le réseau énergétique en provenance de la Russie : le pétrole, le gaz, le charbon. On devrait aussi parler du débranchement de toutes les banques russes du système SWIFT, et pas seulement les plus grandes : cela donne les moyens de trouver comment contourner ces sanctions. On doit toujours viser les oligarques russes et leur argent , on a déjà des sanctions qui gèlent leurs comptes et leurs maisons à l’étranger, mais ce n’est pas assez car ils utilisent leurs familles et leurs proches pour dissimuler leurs biens. »
« C’est la voie de la guerre économique, puisqu’on a besoin d’affaiblir la Russie de l’intérieur. Mais l’autre voie est la voie militaire : l’armée ukrainienne doit être renforcée. Nous avons besoin de plus d’armes et d’armements. On est en train de combattre la plus grande armée en Europe, ce que nous recevons n’est pas suffisant. On a besoin de fournir notre armée avec des matériels performants pour qu’elle puisse combattre en limitant ses pertes. Nous avons besoin de ce soutien international. »
Samedi 9 Avril 2022 – Boris Johnson à Kiev en train de rencontrer Volodymyr Zelensky :
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a entamé samedi une visite surprise à Kiev par un entretien en tête-à-tête avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, premier leader du G7 à visiter l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février. «Le Premier ministre a effectué un voyage en Ukraine pour rencontrer le président Zelensky en personne et montrer sa solidarité avec le peuple ukrainien», a déclaré un porte-parole de Downing Street, en ajoutant que les discussions portent sur de nouvelles aides «militaires et financières».
Quelques minutes plus tôt, un responsable du cabinet de M. Zelensky avait posté sur Facebook une photo montrant les deux dirigeants en train de discuter. «Le Royaume-Uni est le leader dans le soutien militaire de l'Ukraine, leader de la coalition antiguerre, leader des sanctions contre l'agresseur russe», a écrit Andriï Sybyga, chef adjoint de la présidence ukrainienne.
Un peu plus tôt, le président Zelensky avait reçu à Kiev le chancelier autrichien Karl Nehammer qu'il a remercié pour sa visite à Kiev et à Boutcha, ville proche de la capitale ukrainienne qui est devenue un symbole des atrocités de l'invasion russe. Vendredi, c'est la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui avait effectué une visite à Kiev pour manifester son soutien à l'Ukraine. Accompagnée du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell et du Premier ministre slovaque Edouard Heger, Ursula von der Leyen s'était rendue à Boutcha. Ils sont allés ensemble voir les fosses communes creusées pour y enterrer des dizaines de civils retrouvés morts.
Samedi 9 Avril 2022 – Zelensky demande «une réponse mondiale ferme» après le massacre de Kramatorsk :
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé «une réponse mondiale ferme» après le bombardement meurtrier d’une gare dans l'est de l'Ukraine, à Kramatorsk, où des civils étaient rassemblés pour fuir la région par crainte d'une offensive russe, un massacre qui suscité une vive indignation occidentale.
«C'est un autre crime de guerre de la Russie pour lequel chacun parmi ceux impliqués sera tenu responsable», a dit M. Zelensky dans un message vidéo, évoquant la frappe de missile qui a tué vendredi 52 personnes, dont 5 enfants, selon un dernier bilan des autorités locales. «Les puissances mondiales ont déjà condamné l'attaque de la Russie contre Kramatorsk. Nous attendons une réponse ferme mondiale à ce crime de guerre», a-t-il poursuivi.
Le président américain Joe Biden a dénoncé une «horrible atrocité» commise par Moscou, et la diplomatie française un «crime contre l'humanité». Moscou a démenti être responsable de la frappe, affirmant ne pas disposer du type de missile qui aurait été utilisé, avant de dénoncer une «provocation» ukrainienne. Un haut responsable américain du ministère de la Défense a balayé les arguments des autorités russes. «Je note qu'initialement ils ont fait état d'une frappe réussie, et qu'ils se sont rétractés uniquement après des informations sur des victimes civiles», a souligné ce responsable.
"Pour nos enfants"
Le ministère russe de la Défense avait en effet annoncé plus tôt vendredi que l'armée russe avait détruit avec des missiles de haute précision «des armements et d'autres équipements militaires dans les gares de Pokrovsk, Sloviansk et Barvinkove», des localités toutes situées non loin de Kramatorsk, la «capitale» de la partie du Donbass encore sous contrôle ukrainien. Le gouverneur de la province de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, cité par l'agence Interfax, a assuré qu'il s'agissait d'un missile de type Tochka U, à sous-munitions.
Le missile s'est abattu vers 10H30 (07H30 GMT), à l'heure où les candidats à l'évacuation se regroupent depuis des jours par centaines dans la gare de la ville pour fuir le Donbass, désormais objectif prioritaire de l'armée russe. Des journalistes de l'AFP ont vu au moins trente corps dans des sacs mortuaires ou sous des bâches. Les trottoirs étaient maculés de sang, valises abandonnées, peluches et nourriture jonchaient les quais.
Sur le parvis, les restes d'un missile étaient toujours visibles: on pouvait y lire en russe «Pour nos enfants». Une expression récurrente des séparatistes prorusses en référence à leurs enfants tués depuis la première guerre du Donbass, commencée en 2014. Dans la gare, une femme, traumatisée, cherchait son passeport dans les affaires abandonnées. «J'ai entendu comme une double explosion, je me suis précipitée contre le mur pour me protéger. J'ai alors vu des gens en sang entrer dans la gare, des corps partout par terre, je ne sais pas s'ils étaient blessés ou morts. Les militaires se sont précipités pour nous dire d'évacuer la gare, j'ai tout laissé ici».
"Les destructions dans cette ville visaient les civils"
Samedi matin, les évacuations de civils se poursuivaient par la route. Des mini-bus et camionnettes venaient récupérer des dizaines de rescapés du bombardement qui ont passé la nuit dans une église protestante du centre-ville, non loin de la gare, ont constaté des journalistes de l'AFP. Arrivée vendredi en Ukraine pour une visite de soutien, accompagnée du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a pour sa part dénoncé une «attaque méprisable». Les deux se sont rendus à Boutcha, près de Kiev, ville symbole des atrocités dont est accusée la Russie.
Des dizaines de cadavres portant des vêtements de civils, certains les mains liées dans le dos, ont été découverts dans cette localité distante de 30 km de la capitale ukrainienne, début avril après le départ des forces russes. «Mon instinct me dit : si ceci n'est pas un crime de guerre, qu'est-ce qu'un crime de guerre», a déclaré Mme von der Leyen après cette visite. «Nous avons vu de nos propres yeux que les destructions dans cette ville visaient les civils. Des immeubles résidentiels ne sont pas des cibles militaires». Le chancelier autrichien, Karl Nehammer, doit se rendre également à Boutcha, samedi, ainsi qu'à Kiev.
Après avoir retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l'Ukraine, la Russie a fait de la conquête totale du Donbass, dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses, sa priorité. Le président Vladimir Poutine veut atteindre cet objectif avant le défilé militaire du 9 mai marquant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, célébration la plus importante en Russie, notent les observateurs. Et en prévision d'une offensive massive, les autorités locales dans l'est de l'Ukraine s'efforçent de faire évacuer les civils.
Samedi 9 Avril 2022 – A Soissons, le premier parti, c’est l’abstention :
Dans l’ancienne capitale des Francs, quand on parle d’urne, plus d’un tiers des électeurs s’en détournent.
« Quand est-ce qu’on vote ? » se demandent encore, à quelques jours du premier tour, des habitants de Soissons, jolie ville lovée dans un méandre de l’Aisne. Une preuve parmi tant d’autres du désintérêt que la campagne suscite, à rebours de ce qui semblait être une loi électorale : plus on approche de la date du scrutin, plus il captive. Ce coup-ci, les enquêtes le disent, l’intérêt recule de semaine en semaine. « Ce qui, détaille Jean-Yves Dormagen*, professeur en science politique, laisse présager Une participation moins élevée . » Autour de 70 %, selon les sondeurs. Avec 30 %, l’abstention serait le premier parti de France. Un record pour une présidentielle. En 2017, 86 % des inscrits ont voté, au moins à un des deux tours du scrutin.
À Soissons, voilà déjà longtemps que les électeurs se sont détournés des urnes. Aux trois dernières élections, l’abstention dépassait de 6 à 11 points la moyenne nationale. À la présidentielle de 2012 comme à celle de 2017, au premier tour, ils étaient 8 % de votants de moins que la moyenne. Les abstentionnistes se recrutent surtout chez les jeunes, les peu diplômés, les bas salaires, les chômeurs, les ouvriers, ceux qui se sentent « sortis du jeu » ou « pas encore dedans », comme tente de l’expliquer Adrien, 22 ans, étudiant en Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives), rencontré sur le parking d’une salle de sport. Dans cette élection, où les jeux semblent faits, l’abstention est la seule inconnue. Et, selon son niveau, elle pourrait faire mentir les pronostics.
À Soissons, tous les ingrédients de la recette abstentionniste sont réunis. Première capitale du royaume des Francs, construite sur une voie de passage cruciale du Moyen Âge aux Temps modernes, cette ville de 28 000 habitants a pourtant un passé glorieux. En témoignent de beaux édifices, comme la cathédrale et de nombreuses abbayes ou églises, même si Soissons a été détruite à plus 80 % lors de la Première Guerre mondiale. « Une terre chargée d’histoire dans un écrin de verdure », annonce Charles Marceau, directeur de l’office de tourisme. Une ville de l’Aisne, un département fait de bric et de broc : un bout lorgne l’Île-de-France, un autre la Picardie, un dernier la Champagne, et quelques kilomètres font frontière avec la Belgique. Le tout « en forme de betterave », rappelle Marc Delatte, le député LREM de la circonscription. Avant d’ajouter : « Ça tombe bien, on en est les premiers producteurs en France. »
L’abstention chasse désormais sur les mêmes terres que le Rassemblement national
Une terre fertile, longtemps industrielle, réputée pour son savoir-faire dans la chaudronnerie, mais que la crise a durement touchée au tournant de ce siècle. Alors, à Soissons, aux Trente Glorieuses ont succédé les trente piteuses. Les entreprises sont parties, comme le régiment d’infanterie, et les inégalités ont explosé. Un tiers des habitants vivent au-dessous du seuil de pauvreté, et le taux de chômage est plus élevé que la moyenne nationale. La ville est à la fois vieillissante et très jeune. Malgré la « route Charlemagne », équipée de deux fois deux voies, qui file vers Paris, malgré le train qui y mène en une grosse heure, pour les villages voisins, l’enclavement domine. Alors, comme une règle à laquelle on ne déroge pas, presque une loi naturelle, ici, l’abstention bat des records.
Samedi 9 Avril 2022 – Emmanuel Macron sur son épouse : «Elle a accepté de continuer à m’accompagner dans ces combats» :
Lors de sa séquence sur RTL vendredi matin, Emmanuel Macron a répondu à une question un peu plus décalée, venant d’un adolescent de 13 ans. «Est-ce que votre femme est d’accord pour retourner à l’Elysée et est-ce que vous en avez discuté? , lui a-t-il demandé. «Je vais l’envoyer voir mon épouse», a d’abord plaisanté le président-candidat. «On ne prend pas ces décisions seul», a-t-il répondu. «Elles engagent d’abord la femme avec laquelle on partage sa vie et puis le reste de la famille . Elle a accepté de continuer à m’accompagner dans ces combats, cette aventure de vie», a-t-il poursuivi à propos de son épouse Brigitte Macron .
"Personne ne nous plaindra, mais il y a beaucoup de contraintes"
«C’est beaucoup de sacrifices pour les proches, note Emmanuel Macron. Personne ne nous plaindra, mais il y a beaucoup de contraintes. Elle l’a accepté et je l’en remercie infiniment».
Lors de son meeting samedi dernier à La Défense , le chef de l’Etat, à la tribune, avait rendu hommage à sa femme saluant «l’évidence, la présence de celle qui m’importe le plus, qui m’apporte le plus dans cette singulière aventure de vie». Il s’était aussi adressé à ses proches, présents à la U Arena : «ma famille, mes parents, nos enfants, nos petit-enfants, mes frères et sœurs, tous ceux à qui je fais vivre depuis tant d’années des vies de contraintes qu’ils n’ont pas choisies, je veux leur dire tout simplement ma reconnaissance et mon affection».
Samedi 9 Avril 2022 – Plusieurs milliers de manifestants marchent «pour le futur» à Paris :
Plusieurs milliers de manifestants ont marché «pour le futur» samedi à Paris à l'initiative d'organisations et collectifs écologistes, antiracistes, féministes et antiprécarité, ont constaté des journalistes de l'AFP. A l'appel du mouvement citoyen Alternatiba, de Greenpeace, des Amis de la Terre, du collectif féministe #NousToutes ou de la fondation Abbé Pierre, cette petite manifestation s'étendait vers 15H entre Bastille et République.
A la veille du premier tour de l'élection présidentielle, le candidat écologiste Yannick Jadot défilait également derrière le camion de son parti, EELV. «Il y a un sentiment d'urgence à la fin de ce quinquennat où nos luttes ont été méprisées, humiliées», a souligné Charlène Fleury, du collectif Action non violente COP 21.
«C'est un rassemblement inédit», selon Lorette Philippot, porte-parole des Amis de la Terre. «C'est pour montrer, à la fin de ce quinquennat et à l'ouverture du prochain, que ces problèmes ont la même racine. Et si on n'a pas le droit de parler des candidats aujourd'hui, c'est aussi une opportunité pour parler de thèmes qui ont été oubliées pendant la campagne».
«On ne donne pas de consigne de vote mais il faut participer», a souligné Youcef Brakni du Comité Adama. «C'est un même système économique et politique qui produit toutes ces oppressions. Il va falloir qu'on prenne l'habitude de se mobiliser ensemble, sans oublier nos luttes».
«On essaie de mobiliser mais c'est hyper dur», a regretté Nicolas, militant pour un mouvement citoyen, sous son panneau «Je vote pour le climat». «Beaucoup de gens ont le Covid et d'autres ont pris du temps en famille post-Covid. Il y a aussi de nombreux partisans qui se prennent un premier jour de repos après la campagne».
Samedi 9 Avril 2022 – Contre l'abstention, un forfait-ski à un euro pour tous les votants :
Un euro au lieu de 37,40. La station des Gets (Haute-Savoie) va proposer dimanche un forfait quasi-gratuit pour tous les skieurs qui auront voté au premier tour de la présidentielle, une initiative visant selon elle à endiguer l'abstention.
Alors que «l'abstention est devenue au fil des scrutins locaux et nationaux un phénomène massif et majoritaire», la station «souhaite inciter les skieurs à participer au scrutin», car «pratiquer son loisir préféré le dimanche n’est pas incompatible avec celui d’accomplir un acte citoyen», annonce-t-elle sur son site internet.
Rapportée également samedi par le Dauphiné Libéré, cette opération de réduction s'appliquera, pour la dernière journée d'ouverture du domaine, à «tous les électeurs (...) sur présentation de leur carte d'électeur tamponnée».
Samedi 9 Avril 2022 – Ukraine : dans les décombres de Kharkiv :
Au petit matin, deux babouchkas sortent en chaussons constater les dégâts. Résignées, elles observent leur immeuble, triste relique de l’ère soviétique, se consumer dans les flammes. Dans la nuit, un énième obus est venu s’écraser sur ce quartier ouvrier au nord de Kharkiv. Ils ne sont plus qu’une poignée à s’y accrocher, pour l’essentiel des personnes âgées n’ayant ni les moyens ni la force de s’exiler. Un vieil habitant presse le pas, tirant péniblement son cabas plein de provisions alors que retentit au loin une nouvelle salve de détonations. Un homme, au téléphone, hurle aux pompiers de se dépêcher. Sa vie part en fumée, mais ces derniers sont débordés. Il raccroche, anéanti. « Ils ne viendront pas », se désespère-t-il sans quitter des yeux son appartement situé au quatrième étage, inexorablement dévoré par le feu.
Une explosion retentit, plus proche. L’homme nous entraîne dans les sous-sols, avance un vieux tabouret, galant jusque dans ce bunker imprégné d’une forte odeur de pisse. Alexander, 62 ans, ancien gardien de nuit à l’aéroport de Kharkiv, a obstinément refusé de partir par peur des pillages opérés dans les habitations désertées. Il sourit tristement : plus rien ne le retient, désormais. Tous ses biens viennent d’être réduits en cendres.
Depuis un mois, la deuxième ville du pays est livrée au pilonnage implacable des canons russes. Quartiers résidentiels, supermarchés, écoles, hôpitaux, complexes sportifs sont indistinctement pulvérisés. Ici, on n’a pas connu un tel déluge de feu depuis le printemps 1942, lorsque l’Armée rouge avait tenté, en vain, de conquérir la grande métropole de l’Est ukrainien. Incapables de la soumettre, les troupes de Poutine s’emploient à la dévaster.
Constellée de checkpoints et d’obstacles antichars, la ville semble, à première vue, totalement abandonnée. Un blindé calciné portant la lettre Z, signe distinctif des véhicules appartenant à l’armée russe, gît sur le bas-côté. Quelques traces de neige subsistent entre les bâtiments défoncés. Les immeubles aux façades arrachées évoquent de fragiles maisons de poupée où s’exposent les vestiges de la vie d’avant, ici un frigo, là un canapé en équilibre précaire au-dessus du vide. Aucune trace d’existences le long des larges avenues staliniennes qui s’éloignent du centre historique, à l’exception de petits groupes de fumeurs agglutinés devant les bouches de métro. Leur cigarette à peine terminée, ils se hâtent de redescendre sous terre.
Derrière les tourniquets, un homme déambule, l’air hagard, une bouilloire électrique à la main. Matelas, cartons et couvertures s’alignent en bordure des voies désertées, décor glaçant d’un film apocalyptique où les survivants seraient condamnés à errer comme des zombies, dans les sous-sols d’une ville ressemblant aux nôtres. Assises sur un banc couvert d’un drap rose, deux vieilles dames discutent, indifférentes aux préparatifs qui, autour d’elles, s’organisent furtivement pour la nuit. Quand on l’interroge sur son âge, Ylana oppose un sourire malicieux : « Je suis une éternelle jeune fille », lance-t-elle en réajustant son bonnet à paillettes. Ses enfants et petits-enfants ont fui vers la Pologne à la veille de l’offensive. Malgré leurs supplications, elle a refusé de les suivre. « Vous avez vu notre ville sur les cartes postales ? interroge-t-elle en guise d’explication. Elle est tellement belle, comment voulez-vous que je la quitte ? Je suis née ici. » Puis elle lâche : « De toute façon, c’est trop tard maintenant. »
Samedi 9 Avril 2022 – Salmonellose : Ferrero reconnait des défaillances internes, l'usine Kinder arrêtée :
En pleine saison du chocolat, l e fabricant italien Ferrero a lancé un rappel de tous les produits fabriqués dans son usine d'Arlon, dans les Ardennes belges, à savoir: Kinder Surprise, Kinder Mini Eggs, Kinder Surprise Maxi 100g et Kinder Schoko-Bons. Cela concerne tous les pays où ils sont distribués, et quelle que soit la date de péremption. Au début des rappels, lundi en France, il concernait des périodes de péremption plus restreintes.
Ces chocolats sont habituellement vendus en France, en Belgique, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suède et aux Pays-Bas. Des dizaines de cas de salmonellose, une maladie causée par une bactérie et qui peut causer diarrhée et crampes abdominales, ont été recensés à ce jour notamment en France et au Royaume-Uni.
Après enquête, l'agence de sécurité alimentaire belge (AFSCA) a ordonné vendredi l'arrêt de la production de l'usine à l'origine de ces contaminations, à Arlon. "Depuis plusieurs semaines, plus d’une centaine de cas de salmonellose ont été identifiés en Europe", a indiqué l'AFSCA, en soulignant qu'un "lien" établi fin mars entre ces intoxications et l'usine Ferrero d'Arlon (Belgique) "a été confirmé depuis lors".
7% du volume total des produits Kinder fabriqués dans le monde sur un an
"Après investigations (...) et suite aux constats de ces dernières heures que les infos fournies par Ferrero sont incomplètes, l'Agence procède aujourd'hui au retrait d’autorisation de l'usine de production de Ferrero d'Arlon", indique-t-elle, ordonnant aussi le rappel de tous les produits de la gamme Kinder issus du site.
"Ferrero reconnaît qu’il y a eu des défaillances internes, provoquant des retards dans la récupération et le partage d'informations dans les délais impartis. Cela a impacté la rapidité et l’efficacité des investigations", a reconnu le groupe dans un communiqué.
"L'usine d’Arlon représente environ 7% du volume total des produits Kinder fabriqués dans le monde sur un an", a précisé Ferrero.
Le géant de la confiserie a rappelé cette semaine ses produits non seulement en Europe, mais aussi aux États-Unis, où aucun cas n'a été déclaré toutefois à ce jour.
La salmonellose, provoqué par une bactérie appelée salmonelle, est une cause importante de décès par intoxication alimentaire. Ses symptômes apparaissent en moyenne après un à trois jours d'incubation. Ils sont le plus souvent ceux d'une gastro-entérite parfois aiguë: diarrhée et crampes abdominales, légère fièvre, voire vomissements.
21 cas de salmonellose en France
Selon le dernier bilan de Santé Publique France mardi, 21 cas de salmonellose ont été identifiés par le Centre national de référence des salmonelles de l'Institut Pasteur en France. Sur 16 cas interrogés, 8 personnes ont été hospitalisées, toutes sorties depuis, et aucun décès n'a été rapporté.
Mardi, un porte-parole des autorités britanniques avait déclaré à l'AFP avoir comptabilité 63 cas de contamination à la salmonelle au Royaume-Uni.
Ferrero indique que son enquête a permis de montrer "une correspondance génotypique" entre les cas de salmonelle signalés et son usine d'Arlon. Le groupe italien a reconnu qu'elle avait détecté dès le 15 décembre une contamination aux salmonelles de ses produits dans cette usine en Belgique.
L'entreprise avait identifié un filtre à la sortie des deux réservoirs de matières premières comme étant à l'origine de la contamination et l'avait retiré. Tous les produits "finis et semi-finis" fabriqués dans cette usine dans les cinq jours précédant le 15 décembre avaient été bloqués.
Mais les rappels massifs ces derniers jours de pizzas Buitoni (groupe Nestlé) et de ces chocolats Kinder soulèvent des questions sur la sécurité alimentaire en France et en Europe, qui repose beaucoup sur l'autocontrôle des entreprises agroalimentaires.
Samedi 9 Avril 2022 – Les prix alimentaires mondiaux à un niveau jamais enregistré :
Les prix mondiaux des denrées alimentaires ont atteint en mars leurs "plus hauts niveaux jamais enregistrés" en raison de la guerre en Ukraine, qui "provoque des chocs" dans les marchés des céréales et des huiles végétales, a annoncé vendredi l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
L'indice FAO des prix alimentaires, qui suit la variation mensuelle des cours internationaux d'un panier de produits alimentaires de base, avait déjà battu en février son record depuis sa création en 1990, et enregistre en mars une nouvelle hausse de 12,6%, indique l'organisation dans un communiqué.
Cette augmentation est principalement imputable à l'indice FAO des prix des céréales, qui a "enregistré une hausse de 17,1% par rapport à février, sous l'effet de fortes hausses des prix du blé et de toutes les céréales secondaires, principalement dues à la guerre en Ukraine".
Les prix alimentaires sont également tirés vers le haut par les huiles végétales, dont l'indice FAO "a bondi de 23,2%, porté par la hausse des cours de l'huile de tournesol, dont le premier exportateur mondial est l'Ukraine". Dans le même temps, les prix des huiles de palme, de soja et de colza progressent aussi nettement, "sous l'effet d’une hausse de la demande mondiale à l'importation due à des ruptures d'approvisionnement en huile de tournesol".