Dimanche 3 Avril 2022 – Attaques aériennes sur Odessa, cadavres de civils retrouvés près de Kiev.... le point sur la guerre en Ukraine
Un haut responsable de l'ONU tentera dimanche à Moscou d'obtenir un "cessez-le-feu humanitaire" en Ukraine, où de possibles exactions sur des civils ont été rapportées dans la région dévastée de Kiev, reprise aux Russes par les Ukrainiens, et une série d'explosions entendues dans le port stratégique d'Odessa. Les forces russes se retirent de villes-clés situées près de la capitale et de Tcherniguiv, dans le nord de l'Ukraine, pour se redéployer vers l'Est et le Sud dans le but de "garder le contrôle" des territoires qu'elles y occupent déjà, a confirmé l'Ukraine.
Plus d'un mois après le lancement de l'invasion russe, les localités d'"Irpin, Boutcha, Gostomel et toute la région de Kiev ont été libérées de l'envahisseur", a affirmé samedi la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar. Mais les Russes, en se repliant "d'eux-mêmes" ou après des combats, laissent derrière eux "un désastre total et de nombreux dangers", a dénoncé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, sur Facebook. "Les bombardements peuvent se poursuivre", a-t-il mis en garde, accusant aussi les militaires russes de "miner les territoires qu'ils quittent, des maisons, des munitions et même des cadavres".
- "Mains attachées" -
A Boutcha, une ville proche de Kiev, les corps d'une vingtaine d'hommes, dont l'un présente une large blessure à la tête, gisent dans une rue, éparpillés sur plusieurs centaines de mètres, a constaté un journaliste de l'AFP. "Toutes ces personnes ont été abattues, tuées d'une balle à l'arrière de la tête", a assuré à l'AFP Anatoly Fedorouk, le maire de cette ville que les soldats ukrainiens ont repris aux russes, et où près de 300 personnes ont été enterrées "dans des fosses communes".
"Dans certaines rues, on voit 15 à 20 cadavres sur le sol" mais "je ne peux pas dire combien il y en a encore dans des cours, derrière les palissades", a poursuivi le maire. Plusieurs personnes retrouvées mortes ont les mains attachées par une bande de tissu blanche, utilisée pour montrer qu'elles n'avaient pas d'armes, a encore raconté M. Fedorouk.
La ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss s'est dite, sur Twitter, "horrifiée par les atrocités à Boutcha et d'autres villes".
Boutcha et la ville voisine d'Irpin, rendues méconnaissables par les bombardements, ont été le théâtre de certains des combats les plus féroces depuis que la Russie a attaqué l'Ukraine le 24 février, quand les soldats russes tentaient alors d'encercler Kiev.
Toujours près de la capitale, le corps d'un photographe ukrainien chevronné, Maks Levine, a été retrouvé tué par balle après le retrait de troupes russes, ont annoncé samedi les autorités ukrainiennes. Pour le parquet ukrainien, il a été victime de tirs de soldats russes.
- Accord "oral" de la Russie –
Alors que la guerre a fait, a minima, des milliers de morts et contraint à l'exil plus de 4,1 millions d'Ukrainiens, un dirigeant onusien se rend à Moscou dimanche afin d'essayer d'obtenir un "cessez-le-feu humanitaire". Jusqu'à présent, la Russie refusait toute visite d'un haut responsable de l'ONU ayant l'Ukraine pour sujet principal.
Le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, le Britannique Martin Griffiths, "sera à Moscou dimanche et après il ira à Kiev", avait annoncé vendredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, en rappelant qu'il lui avait donné pour mission de "rechercher un cessez-le-feu humanitaire en Ukraine".
Parallèlement, le négociateur en chef ukrainien dans les pourparlers de paix avec la Russie, David Arakhamia, a affirmé samedi que Moscou avait accepté "oralement" les principales propositions ukrainiennes, à l'exception de celles concernant la Crimée, ajoutant que Kiev attendait une confirmation écrite.
S'exprimant dans une émission télévisée, il a laissé entendre que les discussions visant à mettre fin aux hostilités avaient considérablement avancé.
Vendredi, la Russie, accusant l'Ukraine d'avoir mené une frappe par hélicoptères sur son sol, avait pourtant agité la menace d'un durcissement des négociations.
Les efforts des troupes russes pour consolider leurs positions dans le Sud et l'Est de l'Ukraine se sont heurtés jusqu'ici à la résistance des Ukrainiens à Marioupol, où quelque 160.000 personnes seraient toujours bloquées et dont au moins 5.000 habitants ont été tués, selon les autorités locales.
Pour Moscou, contrôler Marioupol permettrait d'assurer une continuité territoriale de la Crimée jusqu'aux deux républiques séparatistes prorusses du Donbass, Donetsk et Lougansk.
- "Odessa attaquée depuis les airs" -
Impossibles pendant des semaines, des évacuations ont commencé à petite échelle. Samedi, quelque "1.263 personnes" ont voyagé de Marioupol et Berdiansk à Zaporojie par leurs propres moyens, et une dizaine de bus en convoi sont partis de Berdiansk, avec à leur bord 300 habitants de Marioupol, a annoncé en soirée la vice-Première ministre Iryna Verechtchouk sur Telegram. D'autres évacuations ont eu lieu dans l'Est du pays.
A Odessa, principal port ukrainien, qui offre l'accès à la mer Noire dans le Sud-Ouest, une série d'explosions ont été entendues dimanche matin, provoquant au moins trois colonnes de fumée noire et des flammes visibles, , apparemment dans une zone industrielle, a constaté l'AFP.
Une employée d'hôtel du centre-ville a dit avoir entendu un avion, mais un militaire près du lieu d'une des frappes a affirmé qu'il s'agissait d'une roquette ou d'un missile.
"Odessa a été attaquée depuis les airs. Des incendies ont été signalés dans certaines zones. Une partie des missiles a été abattue par la défense aérienne. Il est recommandé de fermer les fenêtres", a écrit Anton Guerachtchenko, conseiller du ministre de l'Intérieur ukrainien, sur son compte Telegram.
Les forces russes continuent par ailleurs "de bloquer partiellement la ville de Kharkiv", la deuxième ville d'Ukraine, située dans l'Est, où des zones industrielles et résidentielles sont la cible de tirs d'artillerie, selon l'état-major de l'armée ukrainienne, qui note toutefois une diminution de leur intensité.
La Russie prévoit également "de créer des bataillons formés de résidents +volontaires+ des territoires temporairement occupés de l'Ukraine et de mercenaires", relève la même source.
- Fin du gaz russe chez les Baltes -
Pression supplémentaire sur Moscou, les Etats baltes ont cessé d'importer du gaz naturel russe qui "n'est plus acheminé vers la Lettonie, l'Estonie et la Lituanie depuis le 1er avril", a indiqué samedi le dirigeant de l'entreprise de stockage lettone Conexus Baltic Grid. Les pays baltes sont désormais desservis par des réserves de gaz stockées sous terre en Lettonie.
"A partir de ce mois-ci, plus de gaz russe en Lituanie", a tweeté le président lituanien Gitanas Nauseda, en appelant le reste de l'Union européenne à suivre l'exemple balte. Selon Eurostat, en 2020, la Russie comptait pour 93% des importations estoniennes de gaz naturel, 100% des importations lettones et 41,8% des importations lituaniennes. Les Etats-Unis ont interdit l'importation de pétrole et de gaz russes après l'invasion de l'Ukraine, mais pas l'UE qui s'approvisionnait en Russie à hauteur de 40% environ en 2021.
Dimanche 3 Avril 2022 – Guerre en Ukraine : Onze maires et dirigeants locaux «enlevés» par les Russes :
Onze maires et dirigeants d'administrations locales d'Ukraine sont toujours en captivité après avoir été enlevés par les troupes russes, a annoncé dimanche la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk.
"A ce jour, onze chefs de communautés locales des régions de Kiev, Kherson, Kharkiv, Zaporojie, Mykolaïv et Donetsk sont en captivité", a-t-elle déclaré dans un message vidéo publié sur son compte Telegram.
"Nous en informons le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), l'ONU, toutes les organisations possible comme pour les autres civils disparus", a-t-elle ajouté en demandant "à tous de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour leur retour".
Des potentiels crimes de guerre
Elle a par ailleurs annoncé que la responsable du village de Motyjine, à l'ouest de Kiev, "a été tuée en captivité" par les troupes russes. L'enlèvement d'Olga Soukhenko et son mari, également retrouvé mort samedi, avait été annoncé le 26 mars par le parquet ukrainien.
Les annonces d'enlèvements de plusieurs maires de localités ukrainiennes, dans les territoires occupés par l'armée russe depuis le début de son invasion le 24 février, ont provoqué les condamnations de l'Union européenne. L'un d'eux, le maire de Melitopol (Sud), avait été libéré en échange de plusieurs soldats russes.
Dans un rapport, l'ONG Human Rights Watch a de son côté affirmé dimanche avoir documenté plusieurs cas de potentiels crimes de guerre des troupes russes dans les territoires ukrainiens occupés, notamment un viol répété et plusieurs exécutions sommaires.
Dimanche 3 Avril 2022 – Ukraine : bataille pour les enfants perdus
Nés handicapés ou dans une famille trop pauvre pour subvenir à leurs besoins, ils ont pour la plupart été rejetés par leurs parents. Écartés de la société en temps de paix, ils sont aujourd’hui sacrifiés à la cruauté d’une guerre. Pourtant certains continuent de se consacrer à leurs fragiles existences.
À 3 mètres sous terre, s’est installée une pouponnière de fortune. Un radiateur électrique tente de réchauffer la cave humide. La directrice de l’établissement, petite femme aux yeux gonflés à force de nuits hachées, s’excuse : « C’est sommaire, nous n’étions pas préparés au pire. » Couchés dans des lits à barreaux, emmitouflés dans des couvertures, 19 nourrissons coiffés d’un bonnet bleu cherchent le sommeil. Sacha, Olga, Alexeï… Trois puéricultrices passent de l’un à l’autre, distribuant une caresse, revissant une tétine, berçant les plus agités. Ils pleurent à faible intensité, comme si, du haut de leurs quelques mois de vie, ils avaient déjà compris que les cris sont vains dans le fracas de la guerre.
La semaine précédente, 32 pensionnaires, à peine plus âgés, ont pu être évacués vers l’ouest de l’Ukraine , une zone encore relativement sûre. Mais pour ceux qui restent, les accompagnateurs font défaut. Parmi le personnel encore présent, nul n’est volontaire pour traverser le pays à feu et à sang, afin de mettre ces orphelins à l’abri. Les voici donc condamnés à survivre dans les entrailles de ce dérisoire bunker, livrés aux frappes aveugles qui pulvérisent indistinctement maternités et écoles. Au loin, une sirène d’alerte retentit. L’homme tente de convaincre la directrice : « Vous devez tous partir, l’enjoint-il en lui étreignant l’épaule. Quand les Russes seront là, on ne pourra plus rien faire pour vous. »
Mykola Kuleba est un ancien commissaire aux droits des enfants. Depuis le premier jour de l’offensive, l’élégant quinquagénaire se démène pour évacuer les orphelinats situés en zones de combats. Une tragique course contre la montre, à mesure que l’ennemi grignote des pans de territoire à coups d’artillerie. Environ 2 000 enfants ont déjà été mis à l’abri. Selon ses calculs, il en reste plus du double, répartis dans une trentaine de centres particulièrement exposés. Vies à peine ébauchées, déjà en sursis. Sur la route qui le ramène à Kiev, Mykola laisse échapper un soupir : « Les gens sont dans le déni. Comme en 2014, lorsque les Russes ont envahi le Donbass : aucun ne voulait y croire, jusqu’à ce que les chars avancent sous leurs yeux. » À l’époque, à la demande de l’ancien président Petro Porochenko, il a chapeauté l’exfiltration de milliers de familles coincées derrière les lignes ennemies, dans l’est du pays. Quitte à enfiler un gilet pare-balles quand il le fallait…
Entrepreneur prospère, rien ne le destinait à jouer les héros de l’ombre. Mais, à l’âge de 30 ans, cet évangélique pratiquant dit avoir entendu « l’appel ». Après avoir vendu les parts de son entreprise de chimie, il se consacre aux enfants défavorisés, tentant de réformer la gestion des orphelinats et des instituts spécialisés, structures héritées de l’ère soviétique où les pensionnaires végètent, coupés du reste du monde. « Des prisons », lâche-t-il. Las, il a fini par démissionner de ses fonctions l’été dernier. « La protection des enfants défavorisés n’a jamais été une priorité pour nos politiciens virils. Ils considèrent ça comme une affaire de bonnes femmes, davantage encore depuis qu’ils ont troqué leurs costumes de ville pour le treillis militaire », tacle-t-il. Face au rouleau compresseur de la guerre, les plus vulnérables n’ont pas leur place. Ces milliers d’orphelins sont devenus l’angle mort du conflit. Leur survie ne préoccupe personne, ou presque.
En ce vingtième jour de l’offensive russe, les appels à l’aide affluent pourtant. L’ex-businessman gère la guerre comme autrefois ses affaires : avec calme et méthode. Sa grande maison, située dans une banlieue au sud de Kiev, s’est transformée en centre de crise. Greffées à leur téléphone, une dizaine de personnes, la mine concentrée, arpentent le salon cossu que réchauffe un feu de cheminée. La plupart dorment sur place pour être disponibles jour et nuit. Ici, on cherche un bus et des ambulances. Là, de l’essence ainsi qu’un chauffeur capable de braver snipers et tirs d’obus. Là encore, on poste inlassablement témoignages et vidéos sur les réseaux sociaux afin de secouer la diplomatie européenne. Tous rappellent que les sanctions économiques ne suffisent pas à stopper les chars ni les bombardements sur la population civile. Leur travail n’est pas inutile : le soir même, un orphelinat italien annonce être prêt à accueillir 120 enfants.
Mais dans les zones tombées sous le contrôle des Russes, les demandes répétées de vider les orphelinats ont toutes échoué. Même le nonce de Kiev, épaulé par le Vatican, ne parvient pas à faire avancer les négociations. La réponse est invariable : ces enfants étant désormais sous la responsabilité de Moscou, la seule option est de les transférer vers la Russie. Une catastrophe, selon Mykola Kuleba, qui affirme que les orphelins récupérés servent de vivier à l’armée russe : « On leur fait subir un lavage de cerveau pour faire d’eux des soldats de Poutine. Ils sont d’autant plus faciles à entraîner qu’ils n’ont rien à perdre… »
Dimanche 3 Avril 2022 – Présidentielle : Mélenchon fustige Macron, «le libéral» qui a «fait entrer le privé dans l'Etat» :
Le candidat de la France insoumise donnait ce dimanche un meeting à Toulouse.
Jean-Luc Mélenchon a fustigé Emmanuel Macron , un "libéral" qui a "fait entrer le privé dans l'Etat" avec les cabinets de conseil comme McKinsey, dimanche lors de son meeting sur la place du Capitole à Toulouse.
Le candidat insoumis à la présidentielle, troisième dans les sondages et à la poursuite de Marine Le Pen pour se qualifier pour le second tour, s'est plutôt focalisé cette fois-ci sur Emmanuel Macron, qui a tenu son grand et seul meeting de campagne à l'Arena de La Défense samedi.
"La dernière fois que je suis allé à l'Arena, c'était pour y voir les Pink Floyd, c'était plus rempli et moins planant", a-t-il plaisanté en préambule, devant les 25.000 personnes présentes selon LFI.
"Il a dit que le pouvoir d'achat a augmenté d'une façon historique: c'est faux bien sûr, le premier trimestre 2022 est le record de baisse du pouvoir d'achat depuis 10 ans, et sans doute n'a-t-il pas été à la pompe depuis longtemps", a lancé Jean-Luc Mélenchon.
"Je suis fier, dit Macron, d'avoir décidé des investissements historiques pour l'hôpital... Cet homme a supprimé 17.000 lits d'hôpitaux pendant son quinquennat", l'a brocardé le député LFI.
"McKinsey a empoché le salaire de 1.200 fonctionnaires", a-t-il expliqué
Il a aussi attaqué sa proposition récente d'abaissement de l'âge pour l'apprentissage: "Comment a-t-il pu imaginer envoyer un gosse de 12 ans à l'apprentissage? Quoi qu'il arrive cela n'aura pas lieu, car les conventions internationales signées par la France interdisent qu'on envoie au travail un enfant avant la fin de la scolarité obligatoire, et en France c'est 16 ans".
Mais il a aussi évoqué le cas de McKinsey, alors que selon le Sénat les contrats conclus par l’État avec les cabinets de consultants avaient "plus que doublé" entre 2018 et 2021, atteignant un montant record de plus d'un milliard d'euros en 2021.
Le président sortant "a fait entrer le privé dans l'Etat, qui peut croire qu'une société privée va donner des conseils pour l'intérêt général?", a interrogé le tribun insoumis.
"McKinsey a empoché le salaire de 1.200 fonctionnaires, où est la raison, où est le bon sens?", a-t-il affirmé
"C'est suspect d'entendre dire qu'on a donné (à McKinsey) quatre millions pour réformer les APL, l'équivalent de 17.000 APL", a ajouté M. Mélenchon. "Alors qu'il y a 5.000 fonctionnaires qui demanderaient pas mieux que de faire fonctionner leur cerveau, et c'est un cerveau libre, au service de l'intérêt général".
L'ancien ministre a proposé le "principe de non-substitution: il sera impossible de confier au privé ce que l'Etat et ses fonctionnaires sont capables de faire eux-mêmes".
Dimanche 3 Avril 2022 – Le meeting d'Emmanuel Macron, vu de l'intérieur :
Emmanuel Macron a tenu son premier et seul meeting samedi à la U Arena, à Nanterre, devant 30 000 personnes selon les organisateurs, de nombreuses personnalités politiques et sa famille. Nous y étions.
La plupart, voire l’intégralité du gouvernement, a répondu présent : Olivier Véran, Gabriel Attal – qui a suivi le meeting avec son jeune demi-frère sur les genoux, Gérald Darmanin, Marlène Schiappa - le bras en écharpe, Bruno Le Maire, Elisabeth Borne, Eric Dupond-Moretti, Florence Parly, Roselyne Bachelot - masquée tout le long, Sébastien Lecornu, Barbara Pompili…
"Et 1 et 2 et 5 ans de plus", chantent les ministres
«Et un et deux et cinq ans de plus», ont-ils entonné quelques minutes plus tard avec le public – 30 000 personnes selon les organisateurs – à l’arrivée du candidat Macron, qui a fait son entrée tel un boxeur rejoignant le ring. Les ex-ministres des gouvernements Jospin, Elisabeth Guigou et Jean-Pierre Chevènement, l’ex-ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, nouveaux ralliés, ont garni les premiers rangs.
"Daddy président"
A leur droite, le parterre de la famille et des proches. On reconnaît des visages vus et revus lors de la campagne présidentielle 2017. Les parents du chef de l’Etat, Jean-Michel Macron et Françoise Noguès, au premier rang, ont suivi religieusement les presque 2h30 d’allocution. Les filles de Brigitte Macron, Tiphaine et Laurence, ont été aperçues, ainsi que leurs enfants, tenant des pancartes «Daddy président», du surnom qu’ils donnent à leur grand-père Emmanuel Macron.
Brigitte Macron , toujours autant applaudie par les militants, n’a pas suivi la prestation à leurs côtés mais s’est installée avec la classe politique, entre Jean Castex et Richard Ferrand, au premier rang, en face à l’un des pupitres. Au cours du meeting, le président sortant a salué «l’évidence, la présence de celle qui m’importe le plus, qui m’apporte le plus dans cette singulière aventure de vie», lui envoyant un baiser de la main. Il s’est aussi adressé à ses proches : «ma famille, mes parents, nos enfants, nos petit-enfants, mes frères et sœurs tout ceux à qui je fais vivre depuis tant d’années des vies de contraintes qu’ils n’ont pas choisies, je veux leur dire tout simplement ma reconnaissance et mon affection».
Carole Bouquet applaudit, Claude Lelouch filme
Quelques célébrités ont aussi fait le déplacement : Carole Bouquet, au premier rang, Bernard Montiel, amie de la Première dame, Dominique Besnehard et Brahim Asloum. Claude Lelouch, comme il a désormais l’habitude, a filmé avec son smartphone quelques moments au plus près.
Sur scène le candidat Macron, favori des sondages devant Marine Le Pen , a appelé à la «mobilisation générale», contre les «extrémismes» et le «grand rabougrissement». «Il n'y a pas plus plus puissant que la force tranquille de la fraternité», a-t-il aussi déclaré, clin d’œil au slogan «la force tranquille» de la victoire de François Mitterrand en 1981. Autre formule qui restera de ce rassemblement : « La France, c’est un bloc. On ne trie pas. On ne choisit pas. On l’aime tout entière et on la prend comme elle est».
Dans cette drôle de campagne présidentielle, marquée par le Covid-19 et la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron tenait là son premier meeting à seulement 8 jours du premier tour, pour un président qui est entré dans la mêlée le 3 mars via une lettre aux Français et qui depuis s’est offert de rares bains de foule. Emmanuel Macron a terminé le meeting par une traditionnelle «Marseillaise», entonnée sur scène avec des militants, avant de quitter l’estrade vers 18h40, saluant les personnalités et élus présents et autres anonymes lors d’un bain de foule. La salle s’est rapidement dispersée. Dimanche, une autre mêlée est prévue dans la U Arena : l'estrade bleu blanc rouge laisse place à la pelouse, le Racing 92 affronte le Stade Français.
Dimanche 3 Avril 2022 – Guerre en Ukraine : la France condamne le massacre présumé de Boutcha :
L'Ukraine a accusé dimanche l'armée russe d'avoir commis un "massacre délibéré" à Boutcha, une ville au nord-ouest de Kiev. Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian ont condamné fermement.
Le ministre français des Affaires étrangères a condamné dimanche "avec la plus grande fermeté" les actes commis par l'armée russe contre des civils dans plusieurs villes ukrainiennes, notamment à Boutcha, et appelé à ce que "leurs responsables soient jugés et condamnés". "J'ai pris connaissance des informations faisant état d'exactions massives commises par les forces russes dans des villes ukrainiennes qu'elles occupaient ces dernières semaines, en particulier dans la localité de Bucha (Boutcha, NDLR). Je condamne avec la plus grande fermeté de tels actes constitutifs, s'ils sont confirmés, de crimes de guerre", a déclaré le ministre Jean-Yves Le Drian dans un communiqué transmis à l'AFP.
"Nous travaillerons, en lien avec nos partenaires, les autorités ukrainiennes et les juridictions internationales compétentes, notamment la Cour pénale internationale, pour que ces actes ne restent pas impunis et que leurs responsables soient jugés et condamnés", a-t-il ajouté.
L'Ukraine a accusé dimanche l'armée russe d'avoir commis un "massacre délibéré" à Boutcha, une ville au nord-ouest de Kiev, ainsi que d'autres "horreurs" dans les régions désormais "libérées de l'envahisseur", qui ont déclenché l'indignation en Europe et des appels à sanctions supplémentaires contre Moscou.
L'AFP y a vu samedi les corps sans vie d'au moins vingt hommes portant des vêtements civils gisant dans une rue de Boutcha. L'un des hommes avait les mains liées et les cadavres étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres.
Selon M. Le Drian, "une pression économique et internationale la plus forte possible doit être maintenue et renforcée sur la Russie pour contraindre les autorités russes à mettre fin à la guerre d’agression" et "dont le coût humain et l'impact humanitaire sont chaque jour plus graves".
"La France reste totalement engagée pour y contribuer, notamment avec ses partenaires européens dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne ainsi que dans le G7, et poursuivra son appui déterminé aux autorités ukrainiennes, sous toutes ses formes", a ajouté le ministre.
Dimanche 3 Avril 2022 – Au meeting de Valérie Pécresse, le nom de Nicolas Sarkozy sifflé :
Rachida Dati, Michel Barnier, Laurent Wauquiez, Christian Jacob entourent Valérie Pécrese... mais pas Nicolas Sarkozy.
Pour le dernier meeting de Valérie Pécresse, le dimanche 3 mars porte de Versailles avant le vote du premier tour, de nombreux militants ont fait le déplacement, parfois de loin. Si tous se disent confiants quant à la victoire de leur candidate, ils fustigent la volte-face ou plutôt l'absence de soutien de Nicolas Sarkozy.
Une longue queue se dessine devant la porte du parc des expositions Porte de Versailles. Des militants, cinquante ans et plus pour la plupart, t-shirt blanc « Valérie Pécresse », drapeau dans une main, attendent que les vigiles leur ouvrent la porte.
Mais si la salle est chaude, que les militants sont prêts et que les élus arrivent à intervalles réguliers, il manque une personne à l’appel : Nicolas Sarkozy . Un des pères fondateurs des Républicains, président de la République en 2007 et parrain de la droite républicaine ne s’est pas donné la peine de faire le déplacement contrairement à François Hollande qui a dit publiquement soutenir la candidate PS Anne Hidalgo. « Sarko » n’a pas pris le temps d’afficher son soutien à Valérie Pécresse non plus, des mois entiers muré dans un silence assourdissant…et qui en dit beaucoup. Lors du discours de l’écologiste Yann Wherling, des sifflets se font entendre lorsque le nom de Nicolas Sarkozy est prononcé.
A l’applaudimètre, c’est François Fillon qui décroche la timbale
Un peu plus tard, Eric Ciotti, énumérant les grandes figures de la droite, de Chirac à Séguin, cite Sarkozy et parvient à déclencher de rapides applaudissements. A l’applaudimètre, c’est incontestablement le nom de François Fillon qui décroche la timbale. Et parmi les orateurs qui ont défilé avant la candidate, Laurent Wauquiez et François Baroin (en vidéo) récoltent le plus d’engouement. Quant à Valérie Pécresse, elle s’est largement rattrapée après son meeting raté du Zenith : plus combattive, et plus à l’aise sans prompteur, la candidate a réussi à remettre au goût du jour les idées de la droite républicaine et a galvanisé ses troupes. Peut-être un peu trop tard ?
Dans la salle, le son de cloche est identique pour de nombreux militants : « Sarko est un traître. » Marie-Françoise, de Paris, la soixante-dizaine, après avoir expliqué voter pour le programme de Valérie Pécresse plus que la personne, étrille Nicolas Sarkozy : « Je ne veux plus en entendre parler. » Elle s’arrête un temps, puis revient à la charge : « C’est une trahison, c’est quand même lui qui a créé le parti, non, non, ce n’est plus notre président. Je suis écœurée. »
Idem du côté de Michel, la soixantaine et qui a fait le déplacement de Bourgogne. S’il met la faute sur l’entourage de la candidate plus que sur la candidate elle-même pour cette campagne difficile, celui qui a voté pour Nicolas Sarkozy en 2007, 2012, puis François Fillon en 2017 n’en démord pas : l’ « absence de Sarko, c’est pas bien. C’est jamais bien ce genre de choses. Oui, je peux dire que c’est une trahison. »
Guilhem Carayon, président desJeunes avec Pécresse, tente de sauver les meubles : « Elle a fait une campagne de proximité, et rien n’est écrit à l’avance. Elle va faire un très grand discours aujourd’hui. » Les sondages, il s’en fiche, « ils donnaient Valérie gagnante il y a encore quelques mois. Je pense qu’elle va gagner, que ça va se jouer en une semaine et que ça va passer à très peu de voix. » Sur Nicolas Sarkozy, il botte en touche, au cas où : « Nicolas Sarkozy est un homme libre, il a encore une semaine pour se décider. On ne regarde pas à droite ou à gauche. »
Viennent ensuite deux jeunes, la petite trentaine, François et Jean, qui se prêtent au jeu des questions. François a voté Nicolas Sarkozy en 2012, puis Mélenchon en 2017 : « C’était un vote colère » dit-il. Jean, de Brest, venu pour l’occasion, a voté « Sarko puis Fillon et blanc au second tour en 2017 » et assure qu’il n’ « ir[a] pas chez Zemmour ». François et Jean, malgré leur présence au meeting d’Emmanuel Macron la veille « pour voir un peu ce qu’il allait dire » en sont revenus un chouïa dépité : « Nous voulons une autre France que celle de Macron ». Ils ne donnent pas de consignes de vote pour un éventuel second tour Macron-Le Pen : « Au deuxième tour, que les électeurs se débrouillent, y en a marre qu’on nous dise quoi faire ; si ils veulent voter Le Pen, qu’ils y aillent ! Ils verront dans cinq ans ! ». Et Sarkozy dans tout cela ? Jean sourit, un peu agacé ; François est plus bavard : « En politique, tous les coups sont permis et Sarko a fait un choix depuis très longtemps. »
Dimanche 3 Avril 2022 – Coupe du monde 2022 : la France contre le Danemark, la Tunisie et un barragiste :
Lors de la Coupe du monde de foot 2022 au Qatar, qui se déroulera en novembre 2022, l'équipe de France affrontera, dans le groupe D, le Danemark, la Tunisie et le vainqueur du barrage entre Pérou, Australie et Emirats arabes unis.
L'Espagne affrontera dans son groupe au Mondial-2022 l'Allemagne, l'adversaire redouté par toutes les têtes de série, alors que la France, tenante du titre, retrouvera le Danemark et la Tunisie après le tirage au sort, clément pour elle, effectué vendredi. Le Qatar, pays hôte, aura quant à lui dans son groupe les Pays-Bas pour sa première Coupe du monde (21 novembre-18 décembre), qui a déjà commencé avec ce tirage effectué en grande pompe à Doha.
L'Allemagne, placée dans le chapeau 2 malgré ses quatre étoiles de champion du monde sur le maillot était l'adversaire que personne ne voulait parmi les tête de série: c'est l'Espagne qui a en a hérité, pour l'une des affiches phare du premier tour. Le Japon figure aussi dans ce Groupe E. La France de Kylian Mbappé et Karim Benzema, championne du monde en titre, va quant à elle retrouver le Danemark de Christian Eriksen, demi-finaliste du dernier Euro, ainsi que la Tunisie, dans le Groupe D, un tirage relativement clément, même si son huitième de finale pourrait être plus ardu, avec l'Argentine, la Pologne et le Mexique comme adversaires potentiels.
Le Danemark a souvent été le porte-bonheur des Bleus en grande compétition: à chacun de leurs trophées majeurs, les Tricolores ont croisé les Danois sur leur route en phase de groupes, sans jamais perdre (1-0 à l'Euro-1984, 2-1 au Mondial-1998, 3-0 à l'Euro-2000, 0-0 au Mondial-2018). L'opposition contre la Tunisie sera le premier match en compétition officielle pour les Bleus.
Le Brésil, recordman de victoires avec cinq trophées (le dernier il y a 20 ans), devra se méfier de la Serbie de Dusan Vlahovic, qui avait devancé le Portugal lors des qualifications, et de la Suisse, dans le Groupe G. Seuls 29 des 32 pays participants sont pour le moment connus, à sept mois du coup d'envoi d'un Mondial escorté de multiples controverses depuis l'attribution de l'épreuve en 2010, de la question des droits humains au Qatar à celle de la récente exclusion de la Russie des qualifications après l'invasion de l'Ukraine.
Dimanche 3 Avril 2022 – Fréquence accrue des cas de réinfections au covid depuis Omicron :
La fréquence des réinfections possibles par le SARS-Cov2 a nettement augmenté depuis décembre dernier et la diffusion en France du variant Omicron , a souligné vendredi l'agence Santé Publique France. Après une courte stabilisation début janvier, la proportion des cas possibles de réinfection rapportés à l'ensemble des cas Covid est de nouveau en hausse depuis fin janvier et représente désormais 5,4% de l'ensemble des cas confirmés, selon les dernières données disponibles. Les cas possibles de réinfection sont définis comme l'ensemble des personnes ayant présenté au moins deux tests positifs enregistrés dans la base de données effectués à 60 jours d'intervalle ou plus.
242 jours en moyenne
Le délai entre les deux épisodes d'infection était de 242 jours en moyenne, a précisé vendredi l'agence de santé lors de son point presse hebdomadaire. En tout, 685.858 cas possibles de réinfection ont été identifiés entre le 2 mars 2021 et le 20 mars 2022, dont 95,2% depuis le 6 décembre 2021, qui marque le début de la diffusion du variant Omicron en France. "Il semble vraisemblable que l'atténuation de la réponse immunitaire post-infectieuse ou post-vaccinale au sein de la population française joue un rôle dans cette nette augmentation de la fréquence des cas possibles de réinfections, notamment chez les personnes n'ayant pas eu de dose de rappel du vaccin", a commenté Santé Publique France. "Il est également très probable que la très forte diffusion en France du variant Omicron, caractérisé par une transmissibilité accrue et un échappement immunitaire important, amplifie ce phénomène", a-t-elle ajouté. La reprise à la hausse de la circulation du SARS-Cov2 observée depuis plusieurs semaines en France et l'émergence du sous-lignage d'Omicron BA.2, majoritaire depuis fin février, sont "deux facteurs pouvant jouer un rôle dans la tendance actuelle à l'augmentation du nombre de réinfections", selon Santé publique France.
Plusieurs études récentes ont mis en évidence la possibilité de survenue d'une réinfection par BA.2 suite à une infection par BA.1, y compris dans un délai très court (inférieur à 60 jours). Néanmoins, elles se rejoignent sur le fait qu'il s'agit vraisemblablement d'événements rares, souligne l'agence. En outre, la fréquence des réinfections avec un résultat évocateur d'Omicron lors des deux épisodes d'infections reste très minoritaire (moins de 1% des cas).
Dimanche 3 Avril 2022 – Affaire McKinsey : Castaner dénonce «une opération politique» :
Christophe Castaner a estimé dimanche que la mise en cause par le Sénat du cabinet privé McKinsey , qui a passé de nombreux contrats avec l’État et n'aurait pas payé d'impôts depuis des années, était un "procès d'intention" et une "opération politique".
"C'est un procès d'intention. Quand vous parlez, pour 16,5 millions d'euros pour une année pleine, de McKinsey 477 fois, c'est effectivement une opération politique", a déclaré sur RMC le chef de file des députés de la majorité LREM.
Les contrats ont plus que doublé
Le Sénat a révélé le 17 mars, dans le cadre d'une commission d'enquête initiée par le petit groupe CRCE à majorité communiste, que les contrats conclus par l’État avec les cabinets de consultants comme McKinsey avaient "plus que doublé" entre 2018 et 2021, atteignant un montant record de plus d'un milliard d'euros en 2021.
Les sénateurs ont en outre saisi la justice pour "suspicion de faux témoignage" contre un dirigeant de McKinsey qui a affirmé que son cabinet payait bien l’impôt sur les sociétés (IS) en France, alors que la commission d'enquête a relevé que les entités françaises de McKinsey n'avaient versé aucun IS depuis dix ans.
"La plainte que vous évoquez n'a aucune chance de prospérer", a estimé M. Castaner.
"Il y a un certain nombre de missions temporaires (pour) lesquelles vous faites appel à des prestataires privés", a défendu le député. "C'est vraiment un procès totalement idiot, celui de dire +il faudrait que tout soit internalisé+ de la cantine scolaire (...) jusqu'à un certain nombre de mission spécifiques", a-t-il jugé.
"S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal", avait lancé dimanche dernier Emmanuel Macron à ceux qui lui reprochent ces nombreux contrats.
Le président candidat avait estimé notamment que le non-paiement de l'IS par McKinsey s'expliquait par les règles fiscales en vigueur.
Dimanche 3 Avril 2022 – Guerre en Ukraine - À Moscou, deux Russie face à face :
Partagée entre indifférence et indignation, la population russe se divise face à l'invasion de l'Ukraine décidée par Poutine.
Moscou, sur la place Rouge, les flocons saupoudrent les nombreux badauds. Des guirlandes illuminent les façades des immeubles. À l’intérieur du Goum, temple du shopping de luxe, des clients savourent crèmes glacées, vodka et caviar. Un carillon cristallin éclate dans la nuit glacée. Comment imaginer qu’à 900 kilomètres les sirènes de la guerre terrorisent Kiev, « mère des villes russes » , que des bombes russes s’abattent partout dans ce pays voisin, déchiquetant hommes, femmes, enfants ?
Au chic Mercedes Bar, perché au 31e étage de l’hôtel Ukraine, gratte-ciel stalinien construit après la Seconde Guerre mondiale, de jeunes Moscovites apprécient, en plus des délicieux cocktails, le panorama, sublime. La musique étouffe les conversations, les éclats de rire. Une soirée ordinaire, frivole. Quelques établissements ont fermé, mais au théâtre, au cinéma, dans les salles de spectacle, le public se presse ; un concert de l’orchestre symphonique reprenant les tubes de Nirvana promet d’être complet. Le lendemain, dans les allées commerçantes, des musiciens jouent des ballades pop, des adolescentes hilares, très maquillées, croisent les clients de boutiques branchées.
Plus loin, des familles font la queue devant le zoo. Dans un supermarché populaire, à trente minutes du centre, les gens ne semblent pas inquiets, plutôt résignés. Leurs chariots sont à moitié vides. Dans un hôtel non loin de la cathédrale Basile-le-Bienheureux, le taux d’occupation affiche 60 %, se réjouit le personnel, quasi exclusivement des Russes. Dans les restaurants et cafés achalandés, cette insouciance étonne. Une brise de panique a soufflé les premiers jours des attaques, des files d’attente aux distributeurs de billets encombraient alors les trottoirs impeccables de la ville. Un souvenir presque ancien. Ici, la guerre, mot banni en Russie, semble si lointaine…
Pourtant, dans ces appartements cossus ou modestes, la guerre est ancrée dans les esprits, rongeant le cœur de ceux qui s’en indignent. Elle se devine dans l’intimité des salons, des cuisines, autour d’un thé brûlant. Elle se dévoile dans les yeux, les larmes, les cris d’effroi et de haine de ceux qu’elle terrifie. Ou par les mots détachés, glaçants, de ceux qui la soutiennent. Elle rôde. « Je repense à l’invasion de la Russie par Hitler, en 1941, déplore une artiste. Aujourd’hui, nous sommes à la fois les fascistes et les Juifs. Poutine a pris en otage son propre peuple. » Kirill Gorbunov, vicaire général du diocèse de Moscou, est un homme aussi droit que massif. « Chez les fidèles, il y a un mélange de colère et de culpabilité liées à un sentiment d’impuissance générale, confie-t-il. Je ne reconnais pas mon pays. J’ai cru, dans les années 1990, que la Russie pouvait devenir une nation comme la France… En fait non. Je n’ai plus d’illusions. » Une dame âgée ajoute : « Le peuple russe portera pendant longtemps cette souffrance morale indicible. Le mal est terrible, irréversible pour les Ukrainiens. Je n’accepte pas ce que l’État a fait. Nous nous préparons à revivre des jours très sombres… »
Dimanche 3 Avril 2022 – À Malte, le pape François dénonce la guerre en Ukraine et dit envisager un déplacement à Kiev :
La guerre en Ukraine et l’exode de 4 millions de personnes ont donné une nouvelle dimension au voyage du pape François à Malte, initialement prévu en mai 2020 mais annulé à cause la pandémie de Covid-19. Le lieu est très symbolique pour le souverain de 85 ans, qui a fait de la défense des exilés et des demandeurs d’asile un thème central de son pontificat. Porte d’entrée des réfugiés sur la route de la Méditerranée, Malte a en effet souvent été critiquée pour avoir refusé de laisser accoster des navires d’ONG qui avaient sauvé des migrants en mer.
Samedi après-midi, tout juste arrivé à La Valette, le pape a exigé une réponse forte de la communauté internationale face à « l’urgence migratoire » due à la guerre en Ukraine. Un conflit « fomenté » par « quelque puissant… enfermé dans ses prétentions anachroniques », a-t-il affirmé, dans une adresse à peine voilée à Vladimir Poutine. À un journaliste qui l’interrogeait dans l’avion sur la possibilité qu’il se rende prochainement à Kiev, capitale ukrainienne, le souverain pontife a répondu : « C’est sur la table. »
Dimanche, il se recueillera dans la grotte de saint Paul, l’apôtre et saint patron de l’île qui fit naufrage ici en l’an 60, célébrera la messe et rencontrera des migrants d’origine africaine dans un centre d’accueil.
Sa visite à Malte a été également l’occasion de dénoncer « la corruption », autre thème important de son pontificat. En 2017, l’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia, qui enquêtait sur ce fléau qui gangrène le plus petit État de l’Union européenne, avait choqué le monde entier.