Samedi 2 Avril 2022 – Premières évacuations à Marioupol, le point sur la guerre en Ukraine
-Kiev accusé d'avoir frappé en Russie -
Le gouverneur de la région russe de Belgorod a accusé vendredi l'Ukraine d'avoir mené à l'aube une attaque à l'hélicoptère contre ce qu'il a décrit comme un "dépôt de pétrole" dans cette ville située à une quarantaine de kilomètres de la frontière ukrainienne.
Le Kremlin a estimé que cet incident n'allait pas "créer les conditions appropriées pour la poursuite des négociations". La partie ukrainienne n'a de son côté pas formellement démenti, mais a suggéré un "sabotage".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ensuite déclaré à la chaîne américaine Fox News: "Je suis désolé, je ne discute pas de mes ordres en tant que commandant en chef".
- Evacuations d'habitants de Marioupol -
Plus de 3.000 personnes ont fui la région de Marioupol, en bus et voitures privées, en direction de Zaporojie, ont annoncé les autorités ukrainiennes. La plupart sont parties de Berdiansk.
En revanche, la Croix-Rouge a annoncé que l'équipe envoyée à Marioupol avait dû rebrousser chemin, son projet d'évacuation de milliers de civils de cette ville assiégée par les forces russes étant "impossible". Une nouvelle tentative aura lieu samedi.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé à Emmanuel Macron de tenter "d'obtenir de la Russie les conditions nécessaires à une opération humanitaire" dans cette ville, lors d'un nouvel entretien, a indiqué la présidence française.
- Mission cessez-le-feu à Moscou pour un dirigeant de l'ONU -
Le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, le Britannique Martin Griffiths, sera dimanche à Moscou afin d'essayer d'avoir un "cessez-le-feu humanitaire" en Ukraine, a annoncé vendredi le chef des Nations unies, Antonio Guterres. "Il sera à Moscou dimanche et après il ira à Kiev", a déclaré à quelques journalistes le secrétaire général de l'ONU, en rappelant qu'il lui avait donné récemment pour mission de "rechercher un cessez-le-feu humanitaire en Ukraine".
- Reprise des pourparlers -
Les pourparlers russo-ukrainiens visant à mettre fin au conflit ont repris vendredi par visioconférence, selon le négociateur du Kremlin Vladimir Medinski. "Nos positions sur la Crimée et le Donbass n'ont pas changé", a-t-il indiqué, en référence à deux régions ukrainiennes, l'une que la Russie a annexée en 2014 et l'autre qui est partiellement sous contrôle de séparatistes prorusses. L'Ukraine attend toujours une "véritable réponse aux propositions qui ont été faites à Istanbul" en début de semaine, a relevé de son côté le chef de la diplomatie Dmytro Kouleba.
Kiev avait notamment proposé la neutralité de l'Ukraine et de renoncer à adhérer à l'Otan, à condition que sa sécurité soit garantie par d'autres pays face à la Russie.
- Sur le terrain militaire -
Les Russes "poursuivent leur retrait partiel" du nord de la région de Kiev vers la frontière bélarusse, a indiqué le ministère ukrainien de la Défense, qui dénonce des pillages des soldats russes.
Dans cette même zone, les villages de Sloboda et Lukashivka, au sud de Chernihiv, ont été repris par les troupes ukrainiennes. A l'Est, "les forces russes ont échoué à prendre le moindre territoire depuis 24 heures", selon l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).
Les Ukrainiens ont affirmé avoir libéré 11 localités de la région de Kherson (sud). Deux personnes ont été tuées et deux autres blessées dans des bombardements russes jeudi, selon le gouverneur régional. Kiev a par ailleurs annoncé avoir procédé à un échange de 86 de ses militaires contre des Russes, sans préciser le nombre de ces derniers.
- 53 sites culturels endommagés -
Au moins 53 sites culturels ont été endommagés en Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février dernier, selon l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco).
- Aide supplémentaire de Washington à l'Ukraine -
Le Pentagone va fournir jusqu'à 300 millions de dollars supplémentaires d'aide militaire à l'Ukraine, a annoncé le porte-parole du ministère américain de la Défense dans un communiqué vendredi.
"Les Etats-Unis ont désormais engagé plus de 2,3 milliards de dollars d'aide militaire à l'Ukraine depuis la prise de fonction de l'administration Biden, dont plus de 1,6 milliard d'aide militaire depuis l'invasion non-provoquée et préméditée de la part de la Russie", a précisé John Kirby.
- La présidente des eurodéputés à Kiev -
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit sa "reconnaissance" à Roberta Metsola, la présidente maltaise du Parlement européen, d'être venue "héroïquement" et "personnellement" à Kiev, en l'accueillant dans la capitale ukrainienne où il est retranché depuis la fin février
Mme Metsola, élue présidente du Parlement européen le 18 janvier, était le premier dirigeant d'une institution européenne à se rendre dans la capitale ukrainienne depuis le début de l'invasion russe le 24 février.
- Plus de 4,1 millions de réfugiés -
Quelque 4.102.876 réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l'invasion de l'Ukraine, selon le Haut commissariat aux réfugiés.
Samedi 2 Avril 2022 – Des soldats russes auraient été irradiés, Zelensky demande l'aide de Macron
La centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl n'a pas subi de dommages durant son occupation par les soldats russes, mais ceux-ci se sont probablement exposés aux radiations notamment en creusant des tranchées en zone contaminée, ont affirmé les autorités ukrainiennes.
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a dit "ne pas être en mesure de confirmer" ces informations.
L'UE appelle Pékin à ne pas soutenir Moscou
L'UE a averti Pékin que tout soutien à Moscou pour contourner les sanctions occidentales nuira à ses relations économiques avec l'Europe, son premier partenaire commercial, l'appelant à faire pression sur la Russie pour mettre fin au conflit en Ukraine.
Samedi 2 Avril 2022 – Sondage de la présidentielle : Mélenchon au plus haut, légère baisse pour Macron :
Le candidat d’extrême-gauche Jean-Luc Mélenchon gagne +0,5 pour atteindre 14,5% d’intentions de vote au premier tour. Emmanuel Macron, de son côté, est à 27,5% (-0,5), son score le plus faible depuis le début de la guerre en Ukraine dans notre enquête Ifop-Fiducial pour Paris Match-LCI-Sud Radio.
La gauche reprend confiance en elle. Jean-Luc Mélenchon réalise son plus beau score depuis le début de la campagne – 14,5% (+0,5) -, dans notre enquête Ifop-Fiducial . Le leader de l’Union Populaire gagne +7 chez les électeurs de Benoît Hamon de 2017, lesquels sont 20% à dire voter pour lui au premier tour. Après son meeting réussi place de la République à Paris, mais aussi ses bonnes prestations télévisées, le candidat d’extrême-gauche rassure ses ouailles : +2 chez les partisans France Insoumise qui sont 84% à voter pour lui.
Si l’on additionne le reste des candidats de gauche, ils réalisent le score de 26,5% d’intentions de vote au premier tour, une remontée plutôt encourageante malgré une campagne laborieuse. Le communiste Roussel est stable à 3,5%, l’écologiste Jadot reste à 5%, la socialiste Hidalgo perd 0,5 (2%), les révolutionnaires Poutou (+0,5 ; 1%) et Arthaud (0,5%) continuent de faire acte de présence.
Pas d'"effet meeting" pour Zemmour
A droite, Valérie Pécresse perd 0,5 pour atteindre 10,5% d’intentions de vote au premier tour. La candidate LR plafonne, depuis le 12 mars, entre 10,5 et 11,5%, et ne semble plus réussir à décoller. A «Reconquête!», pas d’«effet meeting», le candidat d’extrême-droite Eric Zemmour étant stable à 11%. Il gagne néanmoins +2 (17%) chez les électeurs Fillonistes de 2017. Peut-être la symbolique du Trocadéro? Pécresse, quant à elle, n’arrive toujours pas à dépasser la barre des 50% chez les électeurs de François Fillon : 46% (-1).
Le président-candidat, lui, perd 0,5 et signe son plus mauvais score depuis le 28 février, c’est-à-dire à l’aune de la guerre en Ukraine. Il reste toutefois stable à 27,5% et compte 6,5 points de sa concurrente principale Marine Le Pen. Il peut également se rassurer avec 83% de sûreté de vote au premier tour. De quoi consolider sa place de favori du scrutin.
Samedi 2 Avril 2022 – Violences en Guadeloupe: 5 interpellations dans l'enquête sur une attaque de gendarmerie :
Cinq personnes, dont un mineur de 14 ans, ont été interpellées en Guadeloupe à l'issue de "quatre mois d'enquête" sur l'attaque d’une gendarmerie et des pillages en novembre dans la commune de Lamentin, a-t-on appris de source judiciaire.
Ces personnes ont été "présentées au juge d’instruction" en vue d’une mise en examen pour "violences volontaires aggravées", "dégradation en bande organisée" et "vols organisés", a précisé cette source vendredi soir.
Ces interpellations font suite à l'attaque d’une gendarmerie et aux pillages d’un commerce et d’une école en novembre à Lamentin, alors qu’éclataient en Guadeloupe violences urbaines, blocages et crise sociale contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale.
L’enquête, "menée sur commission rogatoire", a débouché "sur l’interpellation de huit individus en début de semaine et la présentation de cinq individus à l’issue des 48 heures de garde à vue", vendredi soir, parmi lesquels quatre devaient être présentés "en vue de placements en détention provisoire", a déclaré à l’AFP Patrick Desjardins, procureur de la République à Pointe-à-Pitre.
Il s’agit de quatre "jeunes entre 20 et 30 ans" et d'"un mineur de 14 ans", tous originaires de Lamentin, a-t-il indiqué.
Les suspects sont "mis en examen pour violences volontaires en réunion sur personnes dépositaires de l’autorité publique, dégradation en bande organisée par moyen dangereux, en réunion, avec usage d’arme et sur personnes dépositaires de l’autorité publique, et vols organisés", a détaillé le procureur.
Les faits avaient eu lieu "en deux temps entre le 17 et le 19 novembre 2021, au tout début des émeutes, les mêmes soirs que l’attaque des douanes, ou de bijouteries" (autres violences commises à Pointe-à-Pitre et faisant l’objet d’enquêtes, ndlr), a-t-il rappelé.
Après des jets de pierres notamment le 17 novembre contre une voiture de la gendarmerie, blessant des gendarmes, "une cinquantaine" de personnes avaient attaqué le lendemain le bâtiment de la gendarmerie, où "cinq individus" étaient "parvenus à entrer", avant d'être mis en fuite par "deux gendarmes présents" à l'intérieur. Ce soir-là, il y avait eu "plusieurs jets de cocktail Molotov", enflammant même des arbres, a relevé le procureur. Cette attaque était "préméditée parce que l’on sait désormais que dès la veille", les assaillants "avaient conditionné, dans un bâtiment à côté de la gendarmerie, des cocktail Molotov prêts à être utilisés", a-t-il signalé.
"Ils étaient tout à fait déterminés à prendre possession des lieux et éventuellement à emmener des armes", a-t-il ajouté.
Samedi 2 Avril 2022 – La mort d'Yvan Colonna ressuscite le rêve d'indépendance :
Beaucoup le croient encore innocent du meurtre du préfet Érignac, pour lequel il avait été condamné à la perpétuité avant d'être tué par un détenu islamiste, loin de son île. À la demande de la famille Colonna, lors des obsèques on s'est assemblé dans le calme. Visages fermés, colère rentrée.
Ce jour là, en mémoire d’Yvan Colonna, les volets du village de Cargèse se ferment uns à uns. Et les commerces baissent le rideau. Le temps semble figé. Sur la route qui mène à ce village de 1300 habitants, berceau de la famille Colonna, de nombreux tags «Gloria à tè Yvan», (Gloire à toi Yvan), et des pochoirs à son effigie fleurissent. Yvan Colonna est partout. Elus locaux, habitants, militants nationalistes… Ils étaient plusieurs milliers de personnes à faire leur adieu à l’enfant du pays. Peu après 14 heures, le cortège funèbre s’est dirigé vers le domicile familial.
Le cercueil recouvert du drapeau corse, porté par ses proches, s’enfonce dans les ruelles colorées de Cargèse. Il s’arrêtera quelques minutes devant la maison Colonna, une grande bâtisse beige aux volets bleus, avant de rejoindre l’Eglise latine. En trois semaines, Yvan Colonna s’est mué en symbole de la détestation de l’état français. «Il a toujours nié les faits, s’insurge un militant. Il reprochait aux autorités gouvernementales et judiciaires françaises d’avoir bafoué son droit à la présomption d’innocence tout au long de l’enquête et du jugement. Ici le doute n’a pas profité à l’accusé.» Son agression dans la prison d’Arles, le 2 mars dernier, l’a transformé en martyr pour une partie de la population. Reste qu’une majorité d’insulaires reconnaît la faute d’avoir tué un représentant de l’état. «Nous ne sommes pas fiers de ce qui s’est passé, insistent-ils. Et d’ajouter, n’oublions pas que, révoltés par le crime, nous étions des dizaines de milliers de personnes à descendre dans la rue en 1998. Mais aujourd’hui, nous avons le sentiment de ne pas être compris.»
En ce premier vendredi de printemps, jour des obsèques du «berger de Cargèse», des bandere corses tapissent les vitrines des boutiques et restaurants. Certains s’en sont drapés. Au-dessus de la maison qui abrite le tabac-presse, une banderole est hissée à la fenêtre : «Statu Francese assassinu», (État français assassin), peut-on lire. «Nous n’en serions pas là, à enterrer un enfant du village, estime un militant, si la justice avait accepté de transférer Yvan dans la prison de Borgo, en Haute-Corse.» À la sortie de l’église, aucun hommage militaire, contrairement à la tradition locale quand un militant décède. Pas de tirs en l’air par des hommes cagoulés. Les militants du FLNC ont respecté la décision de l’ex-député Jean-Hugues Colonna, le père d’Yvan.
Sur l’île de Beauté, l’activité a été suspendue dans certains secteurs. Des associations de militants nationalistes avaient appelé à une journée «isula morta» (île morte), en hommage au militant nationaliste. La Collectivité de Corse a ainsi indiqué dans un mail que «les personnels désirant se rendre dans des lieux de rassemblement pour communier ou aux obsèques, afin d’apporter leurs soutiens suite au décès de Monsieur Yvan Colonna, se verront octroyer la possibilité de poser un congé exceptionnel le vendredi 25 mars après-midi». Une décision fortement contestée par une fonctionnaire territoriale. «C’est incroyable que l’on puisse nous donner une après-midi pour ce genre de situation, accuse-t-elle. Notre travail n’a rien à voir avec tout cela. Nous sommes des fonctionnaires et nous nous devons d’avoir une continuité de service public. Ceux qui le souhaitaient n’avaient qu’à poser une journée.»
Dans la rue Fesch, à Ajaccio, les commerçants se questionnent. Voilà trois semaines que l’économie est en berne. «Les manifestations de ces derniers jours ne nous aident vraiment pas. Aujourd’hui, le tiroir-caisse est resté fermé. Les gens ne descendent plus en ville, nous explique une commerçante dépitée. Qui va m’aider à payer les fournisseurs à la fin du mois?» À la crainte des factures impayées s’ajoute celle des représailles. «Quand je vois la violence de certains jeunes -d’ailleurs que font leurs parents?- je ne souhaite pas voir ma vitrine se faire caillasser lors des prochaines manifestations. Dans le doute, je préfère fermer l’après-midi.» Cette peur du qu’en-dira-t-on a poussé la majorité des commerçants à prendre la même décision.
La colère contre le gouvernement enfle sur l’île. Même si la plupart de la population souhaite l’autonomie, beaucoup estiment qu’ils ont fait une erreur en cédant aux violences. «Ils ont réussi en 15 jours d’émeutes à obtenir ce que nous demandons depuis tant d’années. Que va-t-il se passer par la suite? Ils ne s’arrêteront certainement pas là.» L’île est pour l’heure suspendue aux dissensions internes. De nombreux habitants craignent le retour des nuits bleues : une série d’attentats à l’explosif, visant la plupart du temps des résidences secondaires. «Puis il ne faut pas tout confondre, hormis pour les plus radicaux, nous ne demandons pas l’indépendance. Nous souhaitons notre maintien au sein de la République. Nous demandons juste plus de pouvoir grâce à une décentralisation poussée.»
Lors des dernières élections régionales, les Corses ont voté massivement pour les autonomistes et moins massivement pour l’indépendance. Selon l’Insee, 18,5% des insulaires vivent dans un foyer avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté. Dans ces conditions, il leur est donc difficile de concevoir leur indépendance.
Samedi 2 Avril 2022 – «Pèlerin de la paix», le pape François en visite officielle à Malte :
Le pape François est arrivé samedi à Malte pour une visite de deux jours dans l'archipel méditerranéen de Malte, où il devrait renouveler ses appels à la paix et à l'accueil au moment où des millions d'Ukrainiens affluent en Europe. L'avion du souverain pontife a atterri peu avant 10H00 (08H00 GMT) à l'aéroport de la capitale La Valette, selon les journalistes de l'AFP à bord. "Merci beaucoup de m’accompagner lors de ce voyage, qui est bref mais qui sera beau", a lancé le pape aux correspondants de presse.
François, 85 ans, prononcera un premier discours devant les autorités et le corps diplomatique au palais présidentiel. L'après-midi, il rejoindra en catamaran Gozo (nord), l'une des trois îles habitées, où il présidera une prière au sanctuaire national de Ta'Pinu.
Diminué par des douleurs à la hanche et au genou, il a dû utiliser pour la première fois samedi une plateforme élévatrice pour monter à bord de son avion au départ de Rome. Après Jean Paul II en 1990 et 2001 et Benoît XVI en 2010, François est le troisième pape à visiter Malte. A la veille de sa visite, il s'est présenté en "pèlerin" marchant dans les pas de Saint Paul, patron de l'île, à la rencontre "d'une communauté chrétienne à l'histoire millénaire".
Si le catholicisme est toujours inscrit dans la Constitution maltaise, la religion a subi ces dernières années un net recul et le pape devrait encourager l'évangélisation dans un contexte de baisse des vocations.
S'exprimera-t-il en filigrane sur la corruption endémique qui frappe le pays? L'assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia en 2017, qui a choqué le pays et le monde, a ravivé les accusations de laxisme autour de ce fléau.
Sur le port de La Valette, les drapeaux jaune et blanc du Vatican flottent aux côtés de ceux de Malte. "Bienvenue, Pape François", peut-on lire sur des affiches. Ce voyage, son 36e à l'étranger depuis son élection en 2013, verra le jésuite argentin retrouver sa traditionnelle "Papamobile" pour saluer la foule.
Sur les routes de l'ancienne colonie britannique, le visage souriant du Saint-Père a remplacé les affiches électorales installées pour le scrutin de la semaine dernière, à l'issue duquel le gouvernement travailliste a remporté un troisième mandat.
"Il est très admiré. Mais peut-être pas assez écouté... Il y a une grande différence entre l'admirer et appliquer ce qu'il dit", confie à l'AFP Simone Torpiano, retraité maltais de 80 ans.
"Il va nous dire d'être plus accueillant, particulièrement envers les migrants... Pour une petite île, nous faisons déjà beaucoup mais il y a parfois un air de racisme basé sur la couleur" de peau, déplore-t-il.
Une porte d'entrée en Europe des migrants sur la route de la Méditerranée
"Je pense qu'il est plus aimé (que Benoît XVI) car il est beaucoup plus proche des gens", estime pour sa part Jane Bianco, employée de nettoyage de 60 ans, alors que des dizaines de personnes se sont activées ces derniers jours pour finaliser les préparatifs.
Situé entre la Sicile et la Tunisie, le plus petit Etat de l'Union européenne est une porte d'entrée en Europe des migrants sur la route de la Méditerranée. François, fervent défenseur des exilés et demandeurs d'asile, devrait y renouveler ses appels du pied à l'Europe, dans la lignée de son dernier voyage à Chypre et en Grèce.
"Malte est symbolique à plusieurs titres, (sa localisation) au barycentre de la Méditerranée, théâtre de la tragédie migratoire et pour l'île elle-même: une histoire de naufrages, de Saint Paul, de migrations, avec une symbolique religieuse très forte", explique à l'AFP Bernard Valero, ancien diplomate et expert du monde méditerranéen.
Dimanche, le chef des 1,3 milliard de catholiques se recueillera dans la grotte de Saint Paul - patron de l'île qui y fit naufrage en l'an 60, selon la tradition chrétienne - puis célèbrera la messe et l'Angelus à Floriana, près de La Valette, où quelque 10.000 fidèles sont attendus.
Il rencontrera aussi des migrants dans un centre d'accueil à Hal Far (sud). Lors de sa traditionnelle conférence de presse durant le vol le ramenant à Rome, il pourrait notamment s'exprimer sur la guerre en Ukraine, dont il a vivement dénoncé le "martyre".
Samedi 2 Avril 2022 – La pénurie d'huile de tournesol ukrainienne menace les pâtes à tarte en France :
La guerre en Ukraine pourrait provoquer des pénuries, dont celle de l'huile de tournesol.
"Ça fait 40 ans que je fais ce métier, je n'ai jamais vu une crise d'une telle magnitude": les pâtes à tarte défilent sur la ligne de production de cette usine de l'Est de la France, mais l'huile de tournesol, ingrédient majeur importé d'Ukraine, fera défaut dans deux semaines.
A Rochefort-sur-Nenon, dans le département du Jura, 700.000 bases de pizzas ou tartes, feuilletées, brisées ou sablées, sortent chaque jour de l'usine du fabriquant de pâtes boulangères Cérélia, un grand du secteur qui a des usines en Europe, aux Etats-Unis et au Canada.
Dans un fracas mécanique assourdissant, chacune des huit lignes de production délivre 80 pâtes à la minute, pour lesquelles l'industriel utilise largement de l'huile de tournesol, "importée à 80% d'Ukraine". Pour le moment, "il n'y a pas de projet de réduire l'activité", affirme le président de Cérélia, Guillaume Réveilhac, blouse bleue et charlotte sur les cheveux.
Dans la salle de stockage à 14 degrés, les briques de matières grasses solides sont empaquetés dans des sacs colorés pour différencier colza ou huile de palme. La pile verte - celle du tournesol - fait pâle figure.
"Dans deux semaines, il n'y en aura plus du tout", estime Chen-Liang Qian, le directeur de l'usine, "et nous aurons basculé complètement sur le colza". S'il reste des huiles disponibles sur le marché, elles s'échangent désormais à prix d'or et c'est ce qui pourrait à terme affecter la production, redoutent les responsables de l'entreprise.
Malgré tout, l'usine continue de tourner. Comme chaque jour, le pétrin, mixture d'eau et de farine de blé, se dépose sur le tapis roulant et enveloppe une couche solide de matière grasse. Ce savant mélange, aplati par une sorte de rouleau à pâtisserie puis plié en 54 couches, donnera sa fameuse texture à la pâte feuilletée.
Les gestes sont précis, le rythme habituel, mais dans le regard des ouvriers, l'inquiétude affleure. Le patron lui-même confesse: en "40 ans" de métier, il n'a "jamais vu ça".
Le patron de Cérélia évalue à 60% l'augmentation de ses coûts variables
En bout de ligne, les pâtes à tarte sont emballées et refroidies à 3 degrés. Certaines sont confectionnées à base de beurre et échappent donc à la pénurie d'huile de tournesol, mais d'autres dépendent à 100% de mélanges d'huiles végétales, où la part de tournesol ne cesse de diminuer.
Et se pose un autre problème: Comment informer le consommateur de la modification des préparations? Désormais les pâtes incluent plus d'huile de palme ou de colza, quand les étiquettes sont déjà imprimées - et que papier et carton subissent eux-mêmes l'inflation?
Le service de répression des fraudes "est en train de nous donner de la flexibilité pour simplement informer sur l'emballage que ces mélanges de matières grasses végétales sont sujets à évolution", explique Guillaume Réveilhac.
Autre source d'inquiétude, l'inquiétude de certains de ses 168 salariés qui font plus d'une heure de route pour se rendre à l'usine, encaissée au fond de la vallée du Doubs. "La facture énergétique de nos employés a pris 80 à 120 euros par mois. Certains me disent: +Comment je vais faire le plein pour aller au travail?+", raconte-t-il.
Le patron de Cérélia évalue à 60% l'augmentation de ses coûts variables, en cumulant la hausse des matières premières, de l'énergie et du transport pour l'usine du Jura.
Samedi 2 Avril 2022 – Inflation: le Smic va augmenter automatiquement le 1er mai entre 2,4 et 2,6% :
Le Smic va augmenter automatiquement le 1er mai entre 2,4% et 2,6% du fait de la forte inflation enregistrée ces quatre derniers mois, selon une estimation du ministère du Travail contacté jeudi par l'AFP. La hausse exacte sera connue le 15 avril quand l'Insee publiera son estimation définitive de la hausse des prix en mars. Selon son estimation provisoire publiée jeudi, la progression de l'indice des prix à la consommation (IPC) s'établit à 4,5% en mars sur un an. Actuellement de 1.603 euros brut par mois, le Smic devrait se situer dans une fourchette entre 1.641 et 1.647 euros au 1er mai. En net, il passerait de 1.269 euros à 1.299-1.304 euros, soit une augmentation de 30 à 35 euros.
Le Smic horaire brut passerait lui de 10,57 à 10,82-10,85 euros. Cette hausse est mécanique car le Code du travail prévoit que "lorsque l'indice national des prix à la consommation atteint un niveau correspondant à une hausse d'au moins 2% par rapport à l'indice constaté" lors de l'établissement du Smic "immédiatement antérieur", le salaire minimum est relevé "dans la même proportion" le mois suivant.
Or les chiffres publiés jeudi par l'Insee montrent que la progression de l'indice des prix a dépassé ce seuil en mars par rapport à novembre 2021, mois de référence pour la dernière revalorisation intervenue en janvier. La hausse du Smic est calculée à partir de la hausse des prix pour les 20% des ménages les plus modestes, chez qui la hausse de l'énergie se fait encore davantage ressentir. En janvier, le Smic avait augmenté de 0,9% après une hausse exceptionnelle de 2,2% en octobre, déjà due à l'inflation.
Samedi 2 Avril 2022 – Yémen : une trêve de deux mois et peut-être la paix :
Une trêve de deux mois entre en vigueur samedi soir au Yémen en vertu d'un accord arraché par les Nations unies aux forces progouvernementales et aux rebelles Houthis engagés dans une guerre dévastatrice depuis près de huit ans.
Dans ce conflit qui a fait des centaines de milliers de morts selon l'ONU et poussé ce pays pauvre de la péninsule arabique au bord de la famine, une précédente trêve à l'échelle nationale convenue en 2016 entre les belligérants et d'autres décidées unilatéralement ont fait long feu.
Voisine du Yémen, l'Arabie saoudite, riche monarchie pétrolière du Golfe, est depuis 2015 à la tête d'une coalition militaire qui aide le président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, face aux Houthis soutenus par l'Iran qui nie leur fournir des armes.
La cessation des hostilités dans l'ensemble du pays doit entrer en vigueur à 19H00 (16H00 GMT), au premier jour du mois de jeûne musulman du ramadan, a annoncé vendredi dans un communiqué Hans Grundberg, émissaire de l'ONU.
"Les belligérants ont répondu positivement à la proposition des Nations unies d'une trêve de deux mois", a-t-il dit en soulignant qu'elle pouvait être "renouvelée avec (leur) consentement".
Cette annonce est le couronnement des efforts de M. Grundberg qui tente depuis des mois de parvenir à une trêve et de relancer les négociations en vue d'un règlement au Yémen où les puissances régionales rivales, l'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite, se livrent à une guerre par procuration.
Jeudi, l'émissaire de l'ONU a discuté séparément avec des représentants des Houthis à Oman et ces derniers jours avec ceux du pouvoir yéménite et du royaume saoudien à Ryad. La coalition a dit "soutenir l'accord du gouvernement yéménite pour une trêve" de même que "les efforts de l'ONU pour la consolider".
Seize attaques le 25 mars
Les efforts en vue d'une trêve se sont intensifiés après une escalade des attaques des Houthis contre l'Arabie saoudite. Le 25 mars, ils ont lancé 16 attaques contre des cibles dans le royaume dont l'une a provoqué un gigantesque incendie dans un site pétrolier à Jeddah (ouest) proche du circuit de Formule 1 qui accueillait le Grand Prix. Ces attaques n'ont pas fait de victimes
En représailles, l'aviation saoudienne a bombardé des zones contrôlées par les Houthis. "Les parties ont accepté d'arrêter toutes les offensives aériennes, terrestres et maritimes au Yémen et au-delà de ses frontières", a dit M. Grundberg.
Les pétroliers seront en outre "autorisés à entrer dans les ports de la province de Hodeida (ouest)" et les vols commerciaux possibles "depuis et vers l'aéroport de la capitale Sanaa, avec des destinations prédéterminées", selon lui. La coalition contrôle l'espace aérien et maritime du Yémen et seuls les vols de l'ONU sont autorisés via Sanaa. Un "blocus" dénoncé par les Houthis. Sanaa est et les ports de Hodeida sont aux mains des Houthis. Les ports sont essentiels pour l'acheminement des aides.
Samedi 2 Avril 2022 – Présidentielle 2022 : Emmanuel Macron sonne la mobilisation contre les extrêmes :
Emmanuel Macron sonne le réveil de la Macronie. Engourdie par les bons sondages et la brièveté de la campagne de son candidat, elle s'est rassemblée samedi dans la salle de la Défense Arena, la plus grande d'Europe. Il s'agit de sonner la riposte. Elle est politique, d'abord. C'est le carré VIP autour de la scène installée au centre, avec tout ce que le président sortant compte de soutiens et de proches. Elle est militante, ensuite. C'est la trentaine de milliers de sympathisants chauffés à blanc, venus acclamer leur champion samedi après-midi. Elle est en campagne enfin. C'est le discours de plus de deux heures prononcé par le candidat, debout à la tribune. «Est-ce que vous entendez la ferveur ? (...) Je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui, (...) dans la plus grande salle d'Europe», entame-t-il, après être arrivé en fendant la foule, dans une ambiance de boîte de nuit avec musique à fond et feux d'artifice d'intérieur.
Emmanuel Macron a défendu "la force tranquille de la fraternité" pour lutter contre ceux qui prônent "le grand rabougrissement" de la France, lors de son premier meeting de campagne samedi près de Paris, en s'en prenant aux "extrémismes" et "à la haine".
"Bon courage à ceux qui, face à la Russie, prônent le grand repli et bon courage à ceux qui, face au retour des empires et aux défis des temps, défendent le grand rabougrissement", a lancé le président-candidat au cours de son discours devant plus de 30.000 personnes, selon les organisateurs, à l'Arena La Défense à Nanterre.
Sans citer de noms, il faisait référence au "grand remplacement", un concept complotiste qui dénonce une prétendue substitution des populations blanches européennes et chrétiennes par des immigrés de couleur, dont Éric Zemmour (Reconquête!) a fait son leitmotiv.
"Il n'y a pas plus plus puissant que la force tranquille de la fraternité", a ajouté Emmanuel Macron, en faisant un clin d’œil au slogan "la force tranquille" de la victoire du socialiste François Mitterrand à la présidentielle de 1981. Et il a appelé à "ne pas diluer nos forces dans les divisions" car "la France unie c'est celle qui se regarde en face, dans sa pluralité", cette fois en référence à "La France unie" prônée par M. Mitterrand lors de sa campagne de réélection en 1988.
Confronté à une percée sondagière inédite de Marine Le Pen, le président sortant a longuement mis en garde contre "le danger extrémiste", "d'autant plus grand que depuis plusieurs années, la haine s'est banalisée dans le débat public", a-t-il fustigé.
"Nous nous sommes habitués à voir des responsables politiques raconter n'importe quoi sur le Covid, tenir les pires discours complotistes sur le vaccin, au risque de mettre la vie de nos compatriotes en danger, ils peuvent le matin sortir de l'Euro, le soir venir dans l'Europe, personne jamais ne relève leur incohérence", a encore dénoncé Emmanuel Macron, en visant l'extrême droite.
A l'endroit de son pendant à gauche Jean-Luc Mélenchon, il s'en est pris à "d'autres qui se réclament de Jaurès ou de Clémenceau qui cessent de défendre la laïcité et versent dans le communautarisme". Se plaçant face aux extrêmes, il s'est vanté d'avoir créé "une formation nouvelle", LREM et appelé "toutes celles et ceux de la social-démocratie au gaullisme, en passant par les écologistes qui ne nous ont pas encore rejoint, à le faire".