Le début des années 40 a vu fleurir de nombreux concept-cars futuristes plein de promesses avec, dès 1941, le très original cabriolet Newport Phaeton ou encore la Thunderbolt avec ses quatre roues entièrement carénées. L’alliance entre Fiat et Chrysler après la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre du plan Marshall, allait ensuite donner naissance à d’autre carrosseries encore plus remarquables. Mais après une succession de concept-cars réalisés par Ghia pour Chrysler jusqu’au milieu des années 50, les américains se sont peu à peu éloignés des lignes européennes. Elles ont commencé à adopter les spectaculaires carrosseries d’une longueur interminable que l’on connaît, dont l’une des premières représentantes est la Thunderbird de 1955. La Chrysler D'Elegance de 1952 représente la fin de la « période italienne » de la marque américaine, mais conserve quelques touches d'exubérance.
La Chrysler d’Elegance est le résultat d’une collaboration étroite entre le géant de Détroit et un petit carrossier italien qui a souvent pris plaisir à habiller de grandes américaines dans les années d’après-guerre. Cette voiture, imaginée sous forme de concept-car mais tout de même compatible avec une éventuelle commercialisation, fut présentée au Salon de l’Automobile de Paris en 1952. Le somptueux coupé a frisé la production mais ne fut finalement fabriqué qu’en une très petite série homologuée. Il s’arrache aujourd’hui à prix d’or.
La couleur vive, les nombreuses touches de chrome dont les grandes roues à rayons chaussées de pneus à flanc blanc et le long capot au bout duquel se trouve une grande calandre en forme de bouclier imposent leur style resplendissant sur cette Chrysler d’Elegance, qui porte décidément bien son nom. Les ailes arrière musclées, se décrochant visuellement du reste de la carrosserie au niveau de la chute de toit typée “fastback” à l’arrière ne sont pas sans rappeler la célèbre Volkswagen Karmann Ghia sur base de Coccinelle, qui fit son apparition peu après. Rien d’étonnant car c’est justement Giovanni Savonuzzi, travaillant pour le carrossier italien Ghia, qui a réalisé la carrosserie du coupé américain avant celle de l’allemande.
Les touches de style à l’américaine sont perceptibles dans l’abondance de détails chromés de l’auto, comme les feux arrière qui font penser à un viseur de pistolet, une fantaisie qui a d’ailleurs inspiré ceux de la Chrysler Imperial de 1955. Même la roue de secours offre un spectacle incroyable : placée dans le coffre, elle peut en être extirpée par un spectaculaire système hydraulique qui permet de la déposer au sol sans effort. De l’autre côté, sous le long capot du coupé, se trouve un V8 de 5 424 cm3 développant une puissance de 183 ch pour un couple de 423 Nm. Loin d’être un foudre de guerre, la Chrysler d’Elegance Ghia accélère alors péniblement de 0 à 100 km/h en 13,6 secondes avant d’atteindre une vitesse maximale de 170 km/h. Rare, ce splendide témoin d’une époque sans restriction n’aurait été fabriqué qu’à 25 exemplaires, ce qui explique un prix de vente avoisinant le million de dollars lorsqu’il se retrouve aux enchères.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
wheelsage.org
favcars.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)