Dans les années 1950, au sortir de la deuxième guerre mondiale, les constructeurs français de prestige sont en totale déroute. Les Français n’ont plus les moyens de s’acheter une voiture de sport, le réseau routier est dévasté, le plan de redressement mis en place par le gouvernement se concentre sur les marques généralistes et la concurrence des produits britanniques, Jaguar XK120 en tête, est cruelle pour ces petits artisans du luxe.
Alors, ils font comme ils peuvent, à savoir, du neuf avec du vieux pour parer au plus pressé. En reprenant des châssis et des moteurs d’avant-guerre, les Hotchkiss, Delahaye, Bugatti et autres Talbot-Lago tentent encore vainement de raviver la flamme. Mais sans vraiment y parvenir. En 1953, Anthony Lago jette ses dernières forces dans la bataille en développant une nouvelle sportive dessinée avec talent par Carlo Delaisse. Magistral, le dessin habille pourtant des dessous pour la plupart dépassés.
La T26 GSL voit ainsi le jour en 1953. Sous son capot rugit un fabuleux 6 cylindres en ligne de 4,5 litres permettant à la voiture d’atteindre près de 200 km/h. La boîte est confiée à l’originale transmission Wilson préselective. Hélas, un prix très dissuasif aura raison de son succès : seuls 15 exemplaires seront vendus en 2 ans. A la conduite, la voiture impressionne par sa mécanique au ronflement suggestif, mais manque d’agilité.
Anthony Lago ne désespère pas et troque le lourd 6 cylindres en ligne contre un moteur plus petit : un quatre cylindres en ligne de 2,5 litres. Un moteur lui aussi issu des productions d’avant-guerre et délivrant 120 chevaux. La Talbot-Lago se voit alors baptisée T14 (pour 14 chevaux fiscaux). Plus léger, le moteur se voit associé à une boîte Pont-à-Mousson à 4 rapports. La voiture est alors plus agile, sans trop perdre en performances, car elle atteint toujours les 180 km/h ! Mais le prix reste toujours trop élevé, car supérieur à celui de… deux Citroën DS et, par ailleurs, le moteur n’est pas très résistant ! Seuls 45 exemplaires seront vendus…
Mais Anthony Lago est un obstiné ! Il n’est pas prêt à renoncer alors, après les 4 et 6 cylindres, il abandonne les moteurs maison et s’en va acquérir des V8 de BMW. D’excellents moteurs en alliage, plus légers que les précédents moteurs. D’une cylindrée de 2,5 litres, le V8 bavarois développe près de 140 chevaux dans un grondement velouté.
Dénommée « America », la Talbot-Lago délaisse alors la conduite à droite pour un volant à gauche et se profile comme la meilleure de la série. Plus agile et plus performante, elle a alors de solides arguments pour elle… Sauf le tarif, qui reste plus dissuasif que jamais, car la Talbot vaut alors bien plus que trois Citroën DS ! Douze exemplaires seront produits…
Les difficultés financières de l’entreprise deviennent insurmontables et Anthony Lago est contraint de vendre son entreprise dès la fin 1958. Simca se porte acquéreur, intéressé qu’il est par les installations de la firme. La marque française tentera alors de liquider les dernières coques restantes en les motorisant avec un V8 maison. Mais ce dernier est loin d’avoir le panache du moteur BMW : tout en fonte, avec des soupapes latérales et délivrant quelques 95 malheureux chevaux, la Talbot-Lago perd alors complètement en prestance. Selon les sources, cinq ou six de ces modèles auraient été produits.
La voiture présentée ici dans sa version GLS coupé de 1953 équipée du moteur six cylindres est bien la plus authentique car elle reprend le moteur des Talbot-Lago Grand Prix. Elle est extrêmement rare et lorsqu’un exemplaire de cette voiture mythique est présenté dans une vente les prix ont tendance à s’envoler !...
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
wheelsage.org
favcars.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)