Dans les années 80, Bentley semble avoir trouvé la solution pour se démarquer de Rolls-Royce : proposer à une clientèle évidemment riche une alternative plus sportive et moins ostentatoire en même temps. Avec les années 90, la petite firme britannique va encore plus loin en offrant des produits carrément exclusifs, introuvables au catalogue de la marque sœur. Ainsi naquit la Continental R en 1991, basée sur la série des modèles SZ du couple Rolls-Royce/Bentley, un long coupé aux allures de péniche, terriblement chic et particulièrement séduisant. Mais pour les grands de ce monde, cela ne suffit pas. Il faut plus de puissance, plus d’exclusivité. Ainsi, le coupé Continental se décline en Continental S (une série limitée plus puissante), Continental T (empattement raccourci, moteur boosté) et enfin Continental SC
Pour le commun des mortels, une Bentley Continental c’est déjà rare (1 292 exemplaires produits entre 1991 et 2003), mais quand on est milliardaire ou héritier d’une pétromonarchie, c’est presque trop populaire. La Continental S, lancée en 1995, est déjà bien plus exclusive, mais il s’agit d’une série limitée (39 exemplaires) un peu bâtarde : plus puissante que la R, elle en conserve l’empattement long finalement peu sportif. La même année, Bentley lance le cabriolet Azure, pour profiter du soleil tout en conduisant avec des gants à troutrous ! C’est beau, c’est classe, mais ce n’est absolument pas sportif.
À l’inverse, en 1996, la marque de Crewe propose la Continental T. Cette fois-ci, le sport est bien présent grâce à l’empattement raccourci et le V8 6 ¾ Litre porté à 400 chevaux (420 à partir de 1998) et 800 Nm (881 à partir de 1998 toujours). Ainsi dopée, la T devenait non seulement plus désirable, mais aussi plus exclusive que la R (et beaucoup plus chère aussi) : seuls 321 exemplaires seront produits jusqu’en 2003. Mais pour certains, ce n’est toujours pas assez, il faut autre chose, un truc incroyable, sportif comme la T, mais aussi agréable qu’une Azure tout en conservant une rigidité suffisante pour se faire plaisir.
Impossible de parer l’Azure d’un survêtement. Certes elle récupère la même plateforme que la Continental R, mais elle reste un cabriolet. Même chez Bentley, on sait qu’une « convertible » ne peut pas être une sportive, surtout sur un tel gabarit. Alors, à Crewe, on se met à réfléchir : comment proposer à cette clientèle exigeante quelque chose d’aussi plaisant que l’Azure et enthousiasmant que la Continental T ? En plongeant dans le passé, « of course » !
Dès les années 30, la Bentley 3 ½ Litre avait reçu une carrosserie hybride, entre coupé et cabriolet, appelée Sedanca Coupé. Après-guerre, ce fut à la Mark VI de recevoir une telle carrosserie que d’aucun aurait appelé Targa anachroniquement. Sedanca Coupé ? Voilà la solution à laquelle Bentley pense pour rendre encore plus précieuse sa Continental. Et c’est ainsi qu’est présentée en 1998 la Bentley Continental SC (comme Sédanca Coupé).
Concilier l’inconciliable, c’est tout l’intérêt d’une telle carrosserie. Sur la base d’une Continental T (donc au châssis raccourci), on pratique l’ablation du toit au niveau des sièges avant tout en conservant la custode arrière. À la place, des panneaux de toit amovibles (qu’on range dans le coffre) transforment à volonté la voiture en Targa (pardon, en Sedanca Coupé). Côté moteur, la SC récupère celui de la T à 400 chevaux, lui laissant le rôle de la vraie sportive de la gamme l’année où cette dernière passait à 420 chevaux. Avec un tarif proche de 2,5 millions de francs, la SC n’était pas donnée, mais s’adressait à une clientèle qui dépensait sans compter. Pour la petite histoire, la SC fut la première nouveauté Bentley de l’ère Volkswagen.
En 1999, la vénérable firme britannique décide de faire revivre le label Mulliner en proposant des séries limitées sur la Continental R, T et bien entendu SC. Pour la R, il s’agissait de refaire le coup de la S, avec le moteur de la T glissé sous le capot de l’empattement long. Pour la T, il s’agissait plutôt de la rendre encore plus efficace en jouant sur les réglages de suspension et sur la rigidité des barres de torsion. Pour la SC, enfin, même manipulation que pour la R : le V8 de 420 chevaux de la T lui offrait encore plus de punch.
Produite entre 1998 et 2000, la SC trouva 79 clients (dont 6 en version Mulliner). Autant dire qu’une telle voiture ne court pas les rues. Avec sa ligne ramassée et très réussie, son ingénieux toit rétractable, sa puissance de feu, la Continental SC est assurément une pièce de choix. Évidemment, encore aujourd’hui, posséder une telle voiture a un coût. Mais ensuite, quel plaisir de posséder un tel modèle, de profiter du soleil comme du ronronnement du V8, d’appuyer sur la pédale et de faire décoller les 2 620 kg de la bête comme si de rien n’était, et de savoir que moins de 80 personnes possèdent la même voiture…
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
wheelsage.org
favcars.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)