La marque « Constructora Hispano-Suiza de Automóviles » est fondée à Barcelone en 1904 par l'ingénieur suisse Marc Birkigt, Damián Mateu et Francisco Seix. Spécialisée dans les voitures automobiles, La Fabrica Hispano-Suiza de Automóviles a du mal à vendre sa production dans son pays d'origine faute d'une clientèle assez riche, malgré le soutien du roi Alphonse XIII d'Espagne. En 1911, est créée en France la société Hispano-Suiza, destinée à assembler et vendre en France les modèles de luxe conçus par la société espagnole
En 1914, Hispano-Suiza établit à Bois-Colombes une usine neuve pour assembler ses automobiles. Hispano-Suiza entre également dans le domaine aéronautique, avec l’étude et la fabrication du fameux moteur d’avion à huit cylindres en V, fabriqué à plus de cinquante mille exemplaires. En décembre 1914, le ministère de la Guerre attribue par autorité à Gnome & Rhône l’usine de Bois-Colombes, contre un loyer très bas. L'entreprise commence en 1915 à présenter des moteurs d'aviation et à fournir l’État, grâce à des modèles extrapolés des brevets Mercedes-Benz, saisis par l'État deux jours après la déclaration de guerre. L'arrivée de modèles dits en ligne construits par Hispano-Suiza, avec le modèle V-8 de 150 ch, apporte une innovation majeure à laquelle se rallient Renault et Lorraine.
Hispano-Suiza se hisse en 1918 au cinquième rang des motoristes par son chiffre d’affaires, derrière un autre automobiliste reconverti, la Société Lorraine des anciens établissements de Dietrich. De juillet 1915 à novembre 1918, 25 741 moteurs Hispano 150, 180, 220 ou 300 ch seront livrés aux armées, construits par quatorze entreprises, moins de 9 % étant produits directement par Hispano-Suiza. Ces moteurs sont indissociables du succès des SPAD durant le conflit.
Emblèmes de la marque Hispano-Suiza à partir de 1919 : une paire d'ailes encadrant les drapeaux espagnol et suisse, surmontés d'une cigogne. À partir de 1919, le bouchon de radiateur représente une cigogne, en hommage à Georges Guynemer, dont la célèbre escadrille des « Cigognes » combattait aux commandes de SPAD propulsés par des moteurs Hispano-Suiza.
La firme espagnole Hispano-Suiza parviendra à passer au travers de la grande crise des années 30 sans aucun problème majeur. Ce n’est pas le cas pour la grande majorité de ses concurrents constructeurs d’automobiles de luxe. Le Français Ballot va très mal et les deux entreprises vont se rapprocher en 1930. Le constructeur français qui a conçu un nouveau modèle doit trouver un moteur ayant les performances nécessaires. C’est un 6 cylindres en ligne construit par Hispano-Suiza qui convient le mieux. Le châssis roulant ainsi équipé sortira sous le nom de Ballot puis sera vite rebaptisé Hispano Suiza HS26.
Le modèle sera produit pendant quatre années avant que l’usine Ballot ne ferme définitivement en 1935. 120 exemplaires du modèle HS26 auront été fabriqués.
Mais avant que la fin de la production de la HS26 ne soit effective, Marc Birkirgt, le fondateur d’Hispano-Suiza, avait lancé sa remplaçante : la K6. Dérivé de la légendaire J12 motorisée par un 12 cylindres en V la nouvelle K6 est tout spécialement étudiée pour les clients fortunés. Ceux qui recherchent le luxe et le confort avant même les performances. Le châssis est tout nouveau mais très directement dérivé de celui du J12, le moteur sera le six cylindres en ligne monté longitudinalement à l’avant et accouplé à une boite de vitesses manuelle à trois rapports. Il développe une puissance maxi de 125 cv à 3200 t/mn.
Deux empattements sont disponibles : 3420 mm ou 3720 mm. La voiture finie, entièrement construite en acier est relativement lourde ce qui conduit à des performances assez modestes. La vitesse de pointe ne dépassera pas 145 km/heure. Mais pour Marc Birkirgt c’est l’élégance de la ligne, la qualité des finitions et le luxe de l’intérieur qui comptent. De ce côté-là le pari d’Hispano-Suiza est gagné.
Le châssis roulant K6 est présenté au salon de l’Automobile de Paris en 1934. Comme le proposent encore beaucoup de constructeurs automobiles, c’est le client qui choisit son carrossier en fonction de ses goûts et parfois aussi en fonction de son budget. Les carrossiers sont assez nombreux et les variantes de silhouettes également : berlines ou cabriolets. La dernière K6 sera livrée au printemps 1938 alors que la production de châssis a été arrêtée à la fin de l’année 1937. Les prémices de la guerre sont déjà apparues, principalement en Espagne et la production automobile de la firme Hispano Suiza s’est reconvertie en fabrication de moteurs d’avions.
Entre 1934 et 1938 un total de 204 voitures de modèle K6 (tous modèles confondus) ont été construites dans les usines parisiennes d’Hispano-Suiza. On pense qu’une quarantaine d’exemplaires ont survécu.
Le modèle présenté ici est dû au carrossier cannois Brandone. Etienne Brandone s'installe comme carrossier avec ses frères en 1923 à Cannes et leur atelier va profiter, pendant toute la durée de son activité, de la clientèle aisée de la Côte d'Azur. Les frères Brandone répondirent parfaitement à la demande de riches clients qui désirent des carrosseries d'un dessin similaire aux automobiles à la mode qu'ils admirent dans les Concours d 'Elégance; ce fait explique que de nombreuses carrosseries réalisées à Cannes furent attribuées à tort à de grands carrossiers parisiens.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
wheelsage.org
favcars.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)