Coronavirus : ce qu'il faut retenir des dernières annonces d'Édouard Philippe avant le déconfinement du 11 mai :
Le chef du gouvernement a dévoilé les derniers arbitrages de l'exécutif lors d'une conférence de presse organisée ce jeudi après-midi à Matignon. Il était accompagné des six ministres les plus concernés par les chantiers de la sortie de crise.
● «La levée progressive du confinement peut être engagée ce lundi 11 mai»
La première phase du déconfinement est officiellement lancée. En introduction de sa prise de parole, Édouard Philippe a indiqué que, conformément à l'objectif fixé par Emmanuel Macron, «la levée progressive du confinement peut être engagée ce lundi 11 mai ». Cette décision a d'ailleurs été «validée» par le président de la République lui-même lors du Conseil de défense de ce jeudi matin, puis confirmée dans la foulée en Conseil des ministres.
● Le déconfinement «ne doit pas être le signe d'un relâchement de notre vigilance»
Le déconfinement «ne doit pas être le signe d'un relâchement de notre vigilance », a mis en garde Édouard Philippe. Prudent, il a indiqué le 11 mai marquera «le début d'une nouvelle phase» : celle d'un «redémarrage d'une partie de notre vie sociale». Cela «demandera de la part de chacun de la discipline et de la responsabilité», car «ce sera sur la durée que nous réussirons à maîtriser l'épidémie», a-t-il rappelé. «Nous ne pouvons pas faire les malins avec le virus», a-t-il conclu.
● Une nouvelle attestation pour les déplacements de plus de 100 kilomètres
Pour les déplacements au-delà de 100 kilomètres - mesurés à vol d'oiseau -, une nouvelle attestation sera nécessaire. Christophe Castaner a promis que ce document serait «simple» et «disponible en papier et numérique sur le site du ministère de l'Intérieur». Seuls les motifs familiaux ou professionnels impérieux pourront se faire avec le document actuel. Enfin, pour les trajets de moins de 100 kilomètres, un «simple justificatif de domicile» suffira pour être en règle.
● En Île-de-France, le nombre de cas reste «plus élevé que ce que nous espérions»
C'est l'une des mauvaises nouvelles du jour : Édouard Philippe a confirmé que tous les départements d'Île-de-France allaient rester classés rouge. «Le nombre de cas baisse, lentement, sûrement, mais il reste élevé. Plus élevé que ce que nous espérions», a regretté le premier ministre. «Compte tenu de la tendance, qui reste bien orientée, nous pouvons déconfiner», a toutefois précisé le chef du gouvernement, invitant l'ensemble des Franciliens à respecter une «discipline renforcée».
● Quatre régions restent classées rouges, confinement prolongé à Mayotte
En présentant la désormais quotidienne «carte du déconfinement», le ministre de la santé, Olivier Véran, a indiqué qu'il restait quatre régions classées rouge. C'est le cas de l'Île-de-France, du Grand Est, de la Bourgogne-Franche-Comté et des Hauts-de-France. Les collèges, parcs et jardins ne pourront donc pas y ouvrir lundi. Enfin, même si «nous sommes en mesure de valider le déconfinement sur l'ensemble du territoire», comme l'a indiqué Édouard Philippe, ce ne sera pas le cas de Mayotte, où le confinement est prolongé car «le nombre de cas (de coronavirus) y faible, mais en augmentation».
● Collèges fermés dans les départements classés rouge, les lycées fixés fin mai
Contrairement aux écoles maternelles et primaires - qui ouvriront dès la semaine du 11 mai -, certains collèges devront rester fermés. Ce sera le cas dans tous les départements classés rouge, où le virus circule encore activement. À partir du 18 mai, les classes de 6e et 5e ne rouvriront donc que dans les départements en vert, et le port du masque n'y sera pas obligatoire. Quant aux lycées, ils seront fixés à la fin du mois. «Si les départements verts se maintiennent en vert dans trois semaines, nous pourrons au début du mois de juin réfléchir la réouverture des lycées, cafés, restaurants...», a expliqué Édouard Philippe.
● Un million d'écoliers accueillis avec 130.000 professeurs la semaine prochaine
Le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé qu'«un million d'écoliers seront accueillis par environ 130.000 professeurs» dès la semaine prochaine. Au total, entre «80% et 85%» des quelque 50.500 écoles de France seront ouvertes «dès le 12 mai».
● Port du masque obligatoire dans les transports en commun
Dans les transports en commun, le port du masque grand public sera obligatoire pour les plus de 11 ans, à partir de lundi. Pour ceux qui n'ont pas pu s'en procurer, «des masques seront distribués en appoint» dans un premier temps, a indiqué la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne. Les contrevenants se verront sanctionnées d'une amende de 135 euros.
● Transports en commun : au moins 50% de l'offre habituelle
L'offre de transports en commun augmentera à partir de lundi. Au moins 50% de l'offre habituelle sera assurée, soit : 75% du service habituel de la RATP en Île-de-France ; 20% ou 30% des TER et TGV dans un premier temps, puis 40% fin mai. En Île-de-France, classée rouge, la fréquentation doit toutefois être limitée à 15% de celle observée habituellement, notamment grâce à la poursuite du télétravail, a avancé la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne. Dans cette région, «l'accès aux transports en commun aux heures de pointe sera réservé à ceux qui disposent d'une attestation employeur ou peuvent justifier leur déplacement par un motif impérieux». Côté automobile, le covoiturage est encouragé.
● Rassemblements limités à 10 personnes, pas d'événement à 5000 avant septembre
Comme annoncé la semaine dernière par Édouard Philippe, Christophe Castaner a confirmé qu'«aucun événement de plus de 5000 personnes» ne pourra avoir lieu avant septembre... Ce qui aura notamment une incidence sur le monde du sport. De même, les rassemblements organisés sur la voie publique ou dans des lieux privés restent pour l'instant limités à 10 personnes.
● Quatorzaine obligatoire pour les «cas contact», même en cas de test négatif
Que doit-on faire si l'on est «cas contact», c'est-à-dire s'il est avéré qu'on a pu être contaminé par une personne malade ? «Vous serez alors invité à rester chez vous, en isolement», a indiqué le ministre de la Santé, évoquant une quatorzaine obligatoire. Pendant cette période, les règles de distanciation avec son entourage devront être respectées - même à domicile -, la température devra être prise au moins deux fois par jour, et un arrêt de travail sera adressé si le télétravail n'est pas possible. Enfin, un test sera réalisé 7 jours après le dernier contact avec la personne malade. L'isolement sera prolongé de 8 à 10 jours en moyenne si le test est positif... Et de 7 jours en moyenne s'il est négatif, car «un test négatif n'exclut pas totalement la maladie», a indiqué Olivier Véran.
● Dépistage : «La France est prête pour tester massivement»
Le ministre de la Santé a affirmé que «la France est prête pour tester massivement ». «Ces dernières semaines, tout a été fait pour être en capacité de dépister les personnes vulnérables, mais aussi l'ensemble des personnes symptomatiques et les cas contacts», a-t-il ajouté. En cas de difficulté à réaliser un test prescrit, la plateforme téléphonique d'informations sur le coronavirus reste disponible (0800 130 000, appel gratuit, 24h/24 et 7j/7).
● «Pas de confinement obligatoire pour les personnes vulnérables»
Emmanuel Macron s'était élevé contre toute forme de «discrimination». Pour ne pas isoler davantage les plus fragiles, l'exécutif a donc décidé qu'«il n'y aura pas de confinement obligatoire pour les personnes vulnérables après le 11 mai», mais celles-ci devront observer «des règles de prudence très strictes».
● Personnes âgées : pas de déconfinement dans les Ehpad le 11 mai
Malgré le déconfinement, le gouvernement ne prévoit pas «d'assouplissement supplémentaire» dans les Ehpad. Cette décision a été prise pour «continuer à tout faire pour protéger les personnes âgées vulnérables», selon Olivier Véran. «Les visites des proches pourront se poursuivre si la situation de l'établissement le permet», a toutefois précisé le ministre de la Santé.
● Une prime de 1000 à 1500 euros pour tous les salariés des maisons de retraite
Le gouvernement va débloquer 475 millions d'euros de crédits supplémentaires pour les maisons de retraite, très durement touchées depuis le début de la crise sanitaire. «Comme pour les soignants, nous annonçons que tous les personnels des Ehpad, quel que soit leur statut, percevront une prime pour valoriser leur engagement sans faille», a indiqué le ministre de la Santé. «Cette prime sera de 1500 euros dans les 33 départements où l'épidémie aura été la plus forte. Et de 1000 euros ailleurs», a-t-il détaillé, précisant que «cette prime sera versée dans les prochaines semaines» et qu'elle «sera défiscalisée». «Il en sera de même dans les établissements accueillant des personnes en situation de handicap», a ajouté le ministre de la Santé. Et de conclure : «Dans le reste du secteur médico-social, une prime sera annoncée et détaillée prochainement».
● Ouverture au cas par cas des plages et lacs, sur autorisation du préfet
D'abord interdit, l'accès aux plages, lacs et centres nautiques pourra finalement être autorisé à partir de lundi. Cela devra se faire au cas par cas, sur décision du préfet. Les maires qui en formuleront la demande devront tous présenter des «aménagements suffisants pour garantir la distanciation physique», a indiqué le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
● Frontières fermées jusqu'à nouvel ordre, restrictions en Europe jusqu'au 15 juin
Même si la libre circulation des travailleurs transfrontaliers sera «préservée», Christophe Castaner a annoncé que «les frontières restent fermées jusqu'à nouvel ordre». De même, bien qu'il n'y ait pas de mesure de quarantaine «à l'intérieur de l'espace Schengen», des restrictions frontalières s'appliqueront «jusqu'au 15 juin au moins» avec les pays européens. Enfin, certaines dérogations supplémentaires pourront être accordées, comme en cas de «garde ou visite d'enfant, ou pour motif économique impérieux».
● 400.000 entreprises vont rouvrir lundi, représentant 875.000 salariés
«Tous les commerces, fermés depuis le 15 mars, rouvriront (le 11 mai)», a confirmé Bruno Le Maire. Le ministre de l'Économie est toutefois revenu sur «l'exception» des «lieux de loisirs, comme les bars, cafés et restaurants» : il a indiqué que leur date de réouverture sera fixée fin mai. «Le 11 mai prochain ce sont 400.000 entreprises qui vont rouvrir représentant 875.000 emplois», a-t-il poursuivi. Avant de détailler les chiffres : «77.000 salons de coiffure ; 33.000 commerces d'habillement ; 15.000 fleuristes et 3.300 libraires». «C'est la vie sociale et économique qui va pouvoir redémarrer», a-t-il espéré.
● Les centres commerciaux de plus de 40.000 m² ouvrent, sauf en Île-de-France
Contrairement à la plupart des centres commerciaux, qui pourront rouvrir le 11 mai, ceux situées en Île-de-France resteront fermés. «Les centres commerciaux de plus 40.000 m² pourront rouvrir en accord avec les préfets, sauf en Île-de-France, où nous estimons que les risques sanitaires nous amènent à reporter leur ouverture», a déclaré Bruno Le Maire, sans s'avancer sur une date.
● L'État «continuera d'être présent» pour les entreprises
Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a assuré que l'État «continuera d'être présent» aux côtés des entreprises. Pour les petites entreprises et les indépendants, il a confirmé que le fonds de solidarité serait maintenu jusqu'à la fin du mois de mai. Quant aux petites entreprises qui ont dû fermer sur décision administrative, il a également confirmé qu'elles seraient exonérées de charges sociales pour les mois de mars, d'avril et de mai.
● Face au risque d'«appauvrissement général», il faudra peut-être travailler plus
«Une fois la crise sanitaire passée, notre pays répondra à la crise économique et à l'appauvrissement général qui va intervenir», a anticipé Édouard Philippe. Face au coup de frein économique, le premier ministre n'a pas fermé la porte à d'éventuelles mesures d'allongement du temps de travail. Ce scénario a notamment été plébiscité par le Medef, qui a proposé de «travailler plus», et par l'Institut Montaigne, qui a proposé de supprimer un jour férié. «Les questions qui sont posées par un certain nombre d'acteurs sont de bonnes questions», a lâché le chef du gouvernement. «Si nous voulons retrouver d'une certaine façon notre prospérité (...) il faudra que collectivement nous nous en donnions les moyens, par le travail, par la solidarité, par l'inventivité. Ça sera l'objet de discussions dans les semaines et mois qui viendront», a-t-il prévenu.
● La question des municipales tranchée avant la fin du mois de mai
La question des municipales sera tranchée dans le mois. Pour ce qui concerne les quelque 30.000 conseils municipaux élus au complet dès le premier tour, Édouard Philippe a confirmé avoir demandé un avis au Conseil scientifique. Attendu «dans les plus brefs délais», ce rapport sera présenté au Parlement et permettra de décider «si, et surtout quand, (leur) installation est possible». Quant au second tour, le Conseil scientifique indiquera le 23 mai au plus tard s'il est possible, ou non, de le maintenir en juin. Si la situation sanitaire ne le permet pas, il faudra alors réorganiser les deux tours après l'été.
● La reprise des cultes va être avancée à la fin du mois de mai, probablement le 29
Dans la lignée d'Édouard Philippe, le ministre de l'Intérieur a confirmé qu'il travaillait avec les responsables des cultes «aux conditions d'une reprise des cérémonies religieuses» avec du public «d'ici la fin du mois». Le «gouvernement est prêt à étudier la possibilité que les offices religieux puissent reprendre à partir du 29 mai», avait assuré le chef du gouvernement en début de semaine au Sénat, après avoir pourtant évoqué dans un premier temps la date du 2 juin.
● Les lieux culturels de proximité pourront rouvrir le 11 mai, pas les cinémas
Les lieux culturels de proximité, c'est-à-dire «les bibliothèques, médiathèques et petits musées» pourront rouvrir le 11 mai, a annoncé Christophe Castaner. La définition exacte de «petit musée» n'est cependant toujours pas précisée. Est-ce fonction de la superficie, de la fréquentation, de la capacité à organiser les visites ? Ou tout cela à la fois ? «Les préfets arrêteront la liste» des lieux concernés, a expliqué le ministre de l'Intérieur. «Les cinémas, les salles de spectacles et de fête et espaces de sport couverts» resteront pour leur part fermés, a-t-il ajouté. Tout comme les grandes institutions muséales ou les monuments.
● Philippe dément toute tension avec Macron dans la gestion de la crise
Alors que des divergences stratégiques entre l'Élysée et Matignon ont été mises au jour pendant la crise sanitaire, le premier ministre a tenu à nier toute mésentente avec le chef de l'État. Interrogé sur le sujet, il a affirmé avoir «toujours constaté», «dans (leurs) relations», une «confiance» et «une fluidité qui a peu de précédents». Emmanuel Macron, pour sa part, a affirmé à deux reprises, lors d'un dîner de la majorité mercredi et du Conseil des ministres jeudi, sa «parfaite entente» avec le chef du gouvernement.
Source : LeFigaro-fr 07-05-2020