Présenté au Salon de l’Automobile de Genève en 1967, le concept Lamborghini Marzal avec son style révolutionnaire a provoqué quelques remous dans l'industrie automobile de l’époque. Aujourd'hui, certains principes de conception sont encore présents dans les modèles Lamborghini contemporains.

En 1967, Ferruccio Lamborghini cherche à ajouter un troisième modèle à la gamme de son entreprise, qui compte déjà la célèbre Miura, ainsi que la 400 GT. Il tient à élargir l’offre de la marque en proposant une véritable quatre places (le modèle 400 GT était un 2 + 2).  Il sollicite donc les services du carrossier Bertone avec lequel il a déjà, dans un passé récent, mené des collaborations fructueuses. À la tête de Bertone, Marcello Gandini, 28 ans, est devenu une star à part entière après avoir été crédité du style de la magnifique Miura un an plus tôt.  Une célébrité quelque peu usurpée pour le jeune styliste car l’essentiel de la conception de la Miura est l'œuvre de son prédécesseur Giorgetto Giugiaro, Gandini n’a en fait apporté que quelques modifications et c’est Nuccio Bertone qui a finalisé la conception.

Mais, dans ce contexte, le jeune et très ambitieux Gandini saisit à bras le corps l’opportunité du projet Marzal pour démontrer son talent à ses pairs. Son inventivité s’affranchit allègrement des conventions :  il choisit par exemple, d'utiliser une paire de portes papillon à la place d’une configuration classique à quatre portes, afin de conserver l'esthétique de coupé tout en ajoutant le caractère pratique requis d'un quatre places. Comme le pavillon, les portes sont en verre pour donner à la Lamborghini innovante une atmosphère aérée à l'intérieur (la surface vitrée totale de la voiture était de 4,5 mètres carrés). Et ceci bien que Ferruccio Lamborghini s'y soit opposé, notant que cette solution « n’offre aucune intimité ».

Malgré ces choix pour le moins originaux, le design est bien reçu et par le public et par la presse spécialisée. Le très respecté journaliste britannique LJK Setright déclare à propos du Marzal qu’il est « peut-être la pièce de style la plus extravagante sortie d'Europe depuis la guerre ». Parmi les autres caractéristiques de style notables, citons l'utilisation répétée du thème hexagonal, visible dans les persiennes arrière en nid d'abeille, le tableau de bord, le volant et les sièges, ainsi que les roues Campagnolo redessinées.

La voiture est construite sur un châssis Miura, son empattement étant allongé de 120 mm pour fournir l'espace supplémentaire requis pour accueillir une paire de passagers arrière. Le moteur, un six cylindres en ligne de 2,0 litres de cylindrée, a été réalisé à partir de la rive arrière du Lamborghini V12 de 4,0 litres. Il a été tourné de 180 ° et déplacé à l'arrière des roues arrière, ce qui a fait du Marzal le premier (et le seul) modèle Lamborghini à moteur arrière. Le groupe motopropulseur alimenté par trois carburateurs Wéber développe une puissance maxi de 175 ch.

Lamborghini et Bertone vont faire une large publicité autour du prototype Marzal. L’épisode le plus célèbre étant le tour de circuit effectué par la Princesse Grace et son époux en ouverture du Grand Prix de Monaco en 1967.

Un an plus tard Lamborghini dévoile son nouveau modèle 'Espada : une version de production bien dans l’esprit du modèle Marzal. Gandini, conserve les proportions générales du concept mais abandonne l’implantation du moteur à l’arrière, les portes transparentes et les addenda alvéolés du prototype. Encore aujourd’hui, des touches subtiles du Marzal peuvent être vues sur les voitures de série de Lamborghini, en particulier la forme hexagonale, qui a été progressivement incorporée dans l’image de la marque.

La Marzal est finalement restée une pièce unique.  Longtemps exposée dans le musée de design Bertone, elle a été vendue aux enchères, à la Villa d'Este, le 21 mai 2011, pour 1,35 million d'euros.

Cependant, cette voiture confirme la suprématie des constructeurs italien de l’après-guerre  en matière de style automobile. À l'époque, un magazine américain a souligné que le design de Gandini donnait instantanément le sentiment que « tout le reste semblait daté ». Mais le plus impressionnant est peut-être que certains de ses indices de style ont duré plusieurs générations, et semblent même de plus en plus pertinents après plus de quatre décennies.

Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale

ultimatecarpage.com

netcarshow.com

favcars.com

mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :

autogaleria.hu

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