FECAMP (SEINE-MARITIME)
ABBAYE DE LA TRINITE
L'abbaye de la Trinité de Fécamp est une abbaye bénédictine construite dans l'enceinte du château des ducs de Normandie située à Fécamp, dans le département de Seine-Maritime, en Normandie. De style gothique primitif avec quelques chapelles romanes, c'est aussi une nécropole ducale et un centre de pèlerinage du Précieux Sang. L'abbaye fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.
L'abbaye de Fécamp est née durant la grande vague d'implantations monastiques en Normandie qui émaillent le VIIème siècle (Jumièges, Fontenelle, Préaux, Le Bec, etc.). Elle s'inscrirait comme une riposte à l'évangélisation des environs par des personnes venues de l'extérieur : Picardie, Île-de-France, Bretagne.
La construction du sanctuaire débuta vers 658 autour de la relique du Précieux Sang, confiée selon la légende à la mer par Isaac, fils de Joseph d'Arimathie, et venue s'échouer miraculeusement sur les plages du Pays de Caux. Elle fut l'œuvre de Waneng, comte de Caux, qui décida avec l'aide de Wandrille et Ouen la création à Fécamp d'un monastère de moniales, placées sous la règle de Saint-Benoît, et selon les textes du IXème siècle sur un des domaines de Waneng. En 665, la première abbatiale est dédicacée. Hildemarque du Bordelais est la première abbesse.
À partir du IXème siècle, les premiers raids vikings commencèrent, et l'abbaye fut dévastée en mai 841. Les moniales abandonnèrent l'abbaye dans le dernier quart du IXème siècle. Elles transférèrent les reliques de saint Waneng à Ham.
Guillaume Longue Épée décide la construction d'un palais à Fécamp, près de ruines, restes du premier monastère. Il reconstruit un oratoire consacré à la Trinité, inclus dans l'enceinte de sa résidence. Richard Ier fait édifier une nouvelle église de la Trinité consacrée selon Dudon de Saint-Quentin en 990, par Robert le Danois, archevêque de Rouen, et desservie par douze chanoines réguliers à la place des moniales, transférées à Montivilliers. De la collégiale, rien ne subsiste aujourd'hui. Dudon de Saint-Quentin indique que l'église était d'une taille impressionnante et richement décorée. Des fouilles en 1925 et 1927 ont identifié les amorces d'un mur incurvé, vestiges de l'abside de la collégiale, dans la 3e travée droite du chœur actuel et présentait la même largeur que le vaisseau central du bâtiment gothique.
Richard II de Normandie transforme en 1001 la collégiale en abbaye bénédictine d'hommes et fait appel à sa tête Guillaume de Volpiano, abbé de Saint-Bénigne de Dijon, de l'aider à rétablir une communauté monastique digne de ce nom. Peu après, Volpiano arrivait à Fécamp avec une poignée de moines clunisiens. Grâce au privilège d'exemption, Fécamp devient un centre de réforme monastique en Normandie. Guillaume de Volpiano y crée deux écoles, foyers de renaissance intellectuelle et artistique. Il ne reste rien de cette église, néanmoins il reste des textes ayant survécu à la dispersion de la bibliothèque de l'abbaye de 1789.
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE
(Photo Parsifall)
L'abbaye est le lieu de célébration en 1002 du mariage d'Æthelred II d'Angleterre avec Emma de Normandie, et du remariage de celle-ci en 1017 avec Knut II de Danemark.
À Pâques de l'année 1066, Guillaume le Conquérant installe sa cour à Fécamp après que l'abbé de Fécamp a financé la conquête de l'Angleterre par Guillaume.
Guillaume de Rots, troisième abbé de Fécamp lance entre 1087 et 1099 la reconstruction de l'abbatiale. Il détruit le chœur selon Orderic Vital et l'agrandit en largeur et en longueur et développe la nef. Le déambulatoire ouvrait sur cinq chapelles, alternativement quadrangulaires et semi-circulaire. Il en subsiste aujourd'hui les deux chapelles nord et les deux niveaux inférieurs de l'élévation au nord de la 3e travée droite du chœur. L'élévation du chevet avait 3 niveaux : les grandes arcades, la tribune et les fenêtres hautes avec une coursière. L'agrandissement de la nef a dû causer la destruction du massif occidental. Elle est consacrée en 1099 pour les uns, en 1106 pour les autres. C'est en 1099 que les corps des ducs Richard sont transférés de sous les gouttières du portail occidental à proximité du grand autel. L'abbatiale est détruite par un incendie en 1168, mais le chevet roman est préservé.
Une nouvelle église gothique fut alors construite par l'abbé Henri de Sully puis Raoul d'Argences. À la mort d'Henri de Sully en 1187, le projet d'une nef à cinq travées devait être en cours d'achèvement. Raoul d'Argences double le nombre de travées mais ne voit pas son achèvement. Un document attribue la façade à tours et les cinq travées adjacentes à Raoul d'Argences. La dendrochronologie a daté la charpente de la partie occidentale de la nef en 1227/12286. Elle est achevée au XIIème siècle.
Gilles de Duremont, abbé en 1423, et son sous-prieur claustral Jean de Bouesgue sont signalés comme juges pour la condamnation de Jeanne d'Arc.
En 1649, pour rétablir la discipline qui au fil du temps et le malheur des guerres a beaucoup diminué dans l'abbaye bien qu'elle fût autrefois une des plus célèbres abbayes du Royaume, l'abbé commendataire, Henri de Bourbon-Verneuil, fils du roi Henry IV et évêque de Metz a estimé, avec l'accord du roi et du Saint-Siège que le moyen le plus efficace est de l'unir et l'agrégée à la Congrégation de Saint-Maur, de la mettre sous la conduite des Chapitres Généraux et de visiteurs élus. Il n'y a pas de changement de la dignité et des droits abbatiaux, les charges restent à leurs possesseurs jusqu'à leur décès puis sont unis à la mense conventuelle soit la partie des revenus appartenant aux religieux, les lieux restent entre les mains des moines.
Le 2 novembre 1790, l'Assemblée Nationale déclare acquit à la Nation tous les biens du clergé et donne aux religieux la liberté de quitter les cloîtres. Le 11 janvier 1791, à l'Hôtel de Ville, devant le corps municipal et le maire comparaissent les religieux de l'abbaye de la Trinité de Fécamp. Le prieur, le sous-prieur, le doyen se retirent dans leur famille, un religieux de 78 ans est sénile, le maître de musique rejoint sa congrégation comme trois religieux qui préfèrent la vie commune, quatre autres se retirent suivant leurs déclarations au District, six déclarent renoncer à la vie commune et le cellérier se retirera s'il en est forcé.
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE- Façade occidentale de style classique (1748) de l'abbatiale.
(Photo Giogo)
Le 27 mai 1791, les églises de Fécamp sont supprimées sauf l'église Saint-Étienne et l'abbatiale qui prend le nom d'église de la Trinité et à laquelle on adjoint huit paroisses. Un ex-bénédictin ayant fait le serment à la Constitution en est nommé curé.
Le 14 juin 1791, un inventaire de la bibliothèque où on trouve 4 880 volumes plus des brochures et des journaux ainsi que deux mappemondes et des statues, est fait. Les livres et manuscrits sont transportés au District pour être partagés entre différentes bibliothèques, mais, ils n'y parviennent pas tous car bon nombre d'habitants se sont servis. Le 22 mars 1792, la ville achète le logis abbatial pour y établir le bureau municipal. Il sera démoli en 1857. Le 20 septembre 1792, les bâtiments claustraux sont vendus pour 21 000 livres au citoyen Leplay.
Le 11 décembre 1792, l'église est transformée en Temple de la Raison où a lieu la fête de la raison. Il ne reste plus que le chœur pour l'exercice du culte. Le 1er germinal An II, le culte catholique est supprimé, il y a beaucoup de destructions, statues, cloches, chaire, croix de pierre et de métal, les grilles de fer sont démontées, le jubé qui cache le chœur est démoli.
En 1802, le régime concordataire français est mis en exécution et l'archevêque de Rouen nomme le curé de l'église de la Trinité de Fécamp.
En 1803, le curé Adam de Valville veut démolir le jubé du XVème siècle et XVIème siècle pour libérer la vue sur le chœur et devant le refus du conseil de fabrique et de la paroisse le fait détruire nuitamment par un entrepreneur.
En 1840, l'abbatiale de la Trinité de Fécamp est inscrite sur la première liste des monuments historiques protégés en 1840 et une première phase de restauration commence, puis une autre en 1890. Entre les deux guerres mondiales, les restaurations de l'extérieur des bâtiments continuent et le don d'un million de francs de la marquise de Vaucouleurs leur donnent un nouvel élan.
En 2007, un grand projet de restauration commence qui durera trois ans. La même année voit une grave dégradation sur le tabernacle abritant le Précieux-Sang, la tête de la Vierge présente sur l'acrotère droit étant brisée.
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE - L’un des porches de l’abbaye
(Photo Aubry Françon)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE - Porche sud de l'abbatiale.
(Photo Giogo)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE - Statue de Richard Ier, à droite sur la façade occidentale de l'abbatiale de Fécamp, avec à ses pieds une maquette de l'abbatiale.
(Photo Giogo)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE - Statue de Richard II, à gauche sur la façade occidentale de l'abbatiale.
(Photo Giogo)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE - Tour-lanterne
(Photo Giogo)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE - Transept sud
(Photo Aubry Françon)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE - Vue Est
(Photo Aubry Françon)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE – La nef de l’abbatiale
(Photo Gordito1869)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE – La nef de l’abbatiale
(Photo Parsifall)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE – La nef de l’abbatiale
(Photo Parsifall)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE – Le palanquin du maître-autel
(Photo Parsifall)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE – L’orgue construit en 1746 par Louis & Jean-Baptiste-Nicolas Lefebvre pour l'abbaye de Montivilliers ; transféré à Fécamp par Huet en 1793 ; instrument reconstruit en 1883 par Aristide Cavaillé-Coll qui ajoute les tourelles et plates-faces extrêmes, restauré par Jean-Marc Cicchero en 1997.
(Photo Giogo)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE – Statues de Saint-Benoît et Saint-Léger, sur le côté nord du chœur.
(Photo Giogo)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE – Statues de Saint-Ouen et Saint-Waninge, sur le côté sud du chœur.
(Photo Giogo)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE – Voûtes gothique du transept sud.
(Photo Giogo)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE – Monument en l'honneur de Bernardo Vincelli, moine bénédictin italien de Fécamp, inventeur de l'élixir appelé par la suite Bénédictine.
(Photo Giogo)
FECAMP : ABBAYE DE LA TRINITE – Détail du monument de Bernardo Vincelli.
(Photo Giogo)