PARIS
BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE
La bibliothèque Sainte-Geneviève (BSG) est une bibliothèque située au 10, place du Panthéon, dans le 5e arrondissement de Paris. Elle occupe un bâtiment édifié en 1851 par l'architecte Henri Labrouste à l'emplacement de l'ancien collège de Montaigu, agrandi depuis et classé, avec ses aménagements et décors d'origine, au titre des monuments historiques. Elle est l'héritière de la troisième plus importante bibliothèque d'Europe, en son temps, que l'ancienne abbaye Sainte-Geneviève de Paris voisine, transformée en École centrale à la Révolution, abritait au dernier étage de ce qui est aujourd'hui le lycée Henri-IV.
C'est aujourd'hui une bibliothèque d'État à la fois interuniversitaire (universités Paris 1, 2, 3, 4 et 7) et publique, accessible à toute personne majeure ou titulaire du baccalauréat.
La fondation d'une basilique dédiée aux apôtres Pierre et Paul, au début du VIème siècle, par Clovis est à l'origine de l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris. Inhumée dans la crypte en 502, sainte Geneviève a donné son nom à la basilique, à l'abbaye et à la bibliothèque. L'existence d'une bibliothèque dans l'abbaye n'est attestée qu'au XIIème siècle, avec un manuscrit portant son ex-libris.
En 831, apparaît la première mention objective de livres sous forme du legs de trois ouvrages à l'abbaye par Angésise, abbé de Fontenelle. Une cellule fait probablement office de scriptorium, sans que l'on puisse vraiment parler d'atelier. Le développement culturel propre à l'époque carolingienne est freiné par les invasions vikings. L'abbé Étienne de Garlande, un proche de Louis VI, héberge Abélard sur les terres de l'abbaye de 1108 à 1113. Le XIIème siècle est marqué aussi par la réforme de Suger : la communauté adopte la règle de saint Augustin qui insiste sur la nécessité d'entretenir une bibliothèque ainsi qu'un atelier de copistes. Au XIIIème siècle, un catalogue fait ainsi état de 226 volumes (les livres liturgiques en sont exclus). La guerre de Cent Ans, puis les guerres de religion provoquent un coup d'arrêt dans l'enrichissement de la bibliothèque. Abbés et bibliothécaires s'engagent en politique. De très précieux manuscrits sont vendus. Au début du XVIIème siècle, la bibliothèque est à reconstituer presque intégralement.
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE
(Photo Pol)
C'est le cardinal de La Rochefoucauld, évêque de Senlis, entré en possession de l'abbaye en 1619, qui réinstitue véritablement la bibliothèque en 1624, à laquelle, après un dépôt initial de 600 volumes, il lègue en 1640 l'ensemble de ses collections et archives personnelles. Les collections s'accroissent ensuite jusqu'à la Révolution, sous l'impulsion de ses bibliothécaires successifs. Jean Fronteau exerce ses fonctions de 1648 à 1662, mais, à partir de 1654, il n'est présent qu'une partie de l'année en raison du semi-exil auquel il a été condamné pour fait de jansénisme. Il est un acteur majeur dans la controverse touchant l'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ, dont la bibliothèque actuelle possède plus de mille éditions. En 1660, Claude du Molinet fonde un cabinet de curiosités attenant à la bibliothèque et en dresse le catalogue. À sa mort, en 1687, la bibliothèque compte 20 000 volumes, dont 400 manuscrits, et plusieurs milliers d'estampes. Au fil du temps, la bibliothèque s'enrichit en effet de nombreux dons : notamment de Gabriel Naudé en 1653, et surtout, en 1710, celui de l'archevêque de Reims, Charles-Maurice Le Tellier, qui lègue sa collection de manuscrits et environ 16 000 volumes, parmi lesquels 500 volumes à l'origine des collections de l'actuelle Bibliothèque nordique. Avec ce fonds Le Tellier a également été introduite la classification alphabétique de Nicolas Clément, encore partiellement en usage de nos jours.
Au XVIIIème siècle la bibliothèque est, parmi les premières à Paris, ouverte au public. La seconde moitié du siècle est marquée par la personnalité de son bibliothécaire, le père Alexandre-Guy Pingré (1711-1796), membre de l'Académie des sciences, qui accroît considérablement les collections scientifiques de Sainte-Geneviève. En outre, c’est à son entregent que la bibliothèque, devenue propriété nationale en 1790 avec l’abbaye, doit d’avoir survécu à celle-ci et échappé à la dispersion de ses collections.
La bibliothèque bénéficie, comme la Bibliothèque nationale, la Mazarine et l'Arsenal, des confiscations révolutionnaires et des prises de guerres napoléoniennes, s’enrichissant d’une sélection d’environ 20 000 ouvrages de provenances variées. Sa mission collective et publique est confirmée, ainsi que sa portée nationale.
Rebaptisée Bibliothèque du Panthéon ou Bibliothèque nationale du Panthéon jusqu’à la Restauration, elle passe, à la mort de Pingré, sous l’autorité de l’administrateur Pierre Daunou, qui lance l’établissement du catalogue des incunables (publié seulement à la fin du siècle), puis celui du catalogue général (en 33 volumes). À cette époque, la bibliothèque bénéficie toujours de dons réguliers, et pour pallier la faiblesse de ses crédits, devient, par décret royal en 1828, attributaire d'un exemplaire du dépôt légal en théologie, philosophie, droit, médecine et sciences.
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE - Détail de la façade, avec vue sur le catalogue monumental (810 noms gravés, de Moïse à Berzelius)
(Photo Priscille LEROY)
Cependant, elle est à l'étroit dans des locaux vétustes, au dernier étage de l'ancienne abbaye devenue lycée. En 1842 elle est installée, à titre provisoire, dans une partie de l'ancien collège de Montaigu, devenu hôpital, puis prison, et destiné à la démolition dans le cadre de l’aménagement de la place du Panthéon conçue par Soufflot. La nouvelle bibliothèque est édifiée à son emplacement, sur une étroite parcelle de 85 mètres sur 21 mètres, de 1843 à 1850. Henri Labrouste (1801-1875) est appointé depuis 1838 comme architecte de l'ancienne bibliothèque Sainte-Geneviève. En tant qu'expert, il préconise la construction d'un nouvel ensemble, contre toute attente il en reçoit lui-même la commande et présente rapidement un projet, approuvé en juillet 1843 et confirmé par la loi du 19 juillet relative à la bibliothèque Sainte-Geneviève. La première pierre du bâtiment est posée le 12 août 1844 par Pierre Sylvain Dumon, ministre de l'Instruction publique. Une médaille due au graveur Jean-Baptiste-Jules Klagmann, montrant l'intérieur de la bibliothèque projetée, est frappée pour commémorer la cérémonie. Ce premier édifice spécifiquement destiné à l'accueil d'une bibliothèque, innovant par son architecture, est inauguré le 4 février 1851.
Traitée comme une bibliothèque d'envergure nationale depuis 1830, la bibliothèque Sainte-Geneviève a gardé son caractère pluridisciplinaire et ses collections patrimoniales. Elle a tendu au fil des années à la précision thématique. En 1925, elle est rattachée à la Réunion des bibliothèques nationales de Paris (regroupant de nouveau la Bibliothèque nationale, l'Arsenal, et la Mazarine). En 1928, elle est rattachée à l'université de Paris, les étudiants constituant alors la plus large part de son public, ce qui lui apporte un soulagement budgétaire. La fin de l'université de Paris en 1970, conséquence immédiate des revendications de mai 1968 contre la Sorbonne, et sa partition en neuf universités font, dès 1972, de la bibliothèque Sainte-Geneviève un établissement interuniversitaire pour lequel est rappelée l'obligation de maintenir le caractère public et encyclopédique qui est sa spécificité. Cinq universités, celles de Paris-I, de Paris-II, de Paris-III, de Paris-IV et de Paris-VII sont parties au contrat et l'une d'entre elles, Paris-III, est l'université de rattachement de la bibliothèque.
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE - Façade Sud, place du Panthéon
(Photo Priscille LEROY)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Le bureau du Président
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Fichier des réserves.
(Photo Marie-Lan NGUYEN
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Fichier des réserves.
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Fichier des réserves.
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Globe céleste de Vincenzo Coronelli (1650–1718)
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Hall d’entrée
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Magasins du Dépôt, collections contemporaines, lettre T (sciences appliquées)
(Photo Priscille LEROY)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Livres dans leur pochette d’archivage.
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Monogramme de la bibliothèque sur une des portes de la Salle de lecture
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Horloge astronomique réalisée pour le Cardinal Charles of Lorraine, Archevêque de Reims.
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Bureau d’accueil dans la salle de lecture
(Photo Rama)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Salle de lecture
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Salle de lecture
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Salle de lecture
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Salle de lecture
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Structure métallique supportant le plafond de la salle de lecture.
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Salle de lecture
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Salle de lecture
(Photo Marie-Lan NGUYEN)
PARIS : BIBLIOTHEQUE SAINTE-GENEVIEVE – Salle de lecture
(Photo Marie-Lan NGUYEN