DINARD (ILLE-ET-VILAINE)
LES VILLAS DE LA COTE
Dinard est une commune française située dans le département d'Ille-et-Vilaine. C'est une station balnéaire réputée, particulièrement auprès des Britanniques et des Américains, pour ses villas Belle Époque et le Festival du film britannique qui s'y tient chaque année depuis les années 1990. Elle est considérée avec ses villas classés, ses palaces, son casino et ses animations culturelles comme l'une des stations balnéaires les plus prestigieuses de France.
Au début du XIXème siècle Dinard n'est encore qu'un petit village de pêcheurs situé dans la commune de Saint-Enogat. Sa situation en face de Saint-Malo en fait toutefois un lieu de passage pour les marins et les marchandises qui embarquent de la cité corsaire. On y rencontre aussi quelques Britanniques, le plus souvent d'anciens prisonniers des guerres révolutionnaires et impériales.
Vers 1840, Alpyn Thomson est le premier consul anglais à s'installer à Dinard ; John Sedgwitch lui succède, puis Robert Monteith, lequel habite en 1850 le prieuré de Dinard.
Un des premiers découvreurs de la station est William Faber, un aristocrate américain qui a l'habitude de séjourner à Dinan. Il tombe amoureux du panorama de la côte et décide s'y établir. Il fait construire des maisons sur la pointe du Moulinet, les « petites terrasses », qu'il revend à ses amis anglophones de Dinan : c'est l'origine de la colonie britannique à Dinard.
Les constructions de villas balnéaires se généralisent : en 1860, Lyona Faber fait construire la villa Sainte-Catherine, aujourd'hui disparue, s'ensuit la villa Napoli, ordonnée par M. de Francesco. En 1865, Lyona Faber fait construire la villa Bric-à-Brac, face à la baie du Prieuré. Son propriétaire, Robert Hamilton, l'aurait nommée ainsi en raison de son architecture improbable. Après 1865, les constructions s'enchaînent, il s'agit encore pour la plupart des villas, à l'architecture complètement folle et libre, toutes de styles extrêmement variés. Auguste Poussineau aménage et lotit la pointe de la Malouine, Albert Lacroix lance la série des villas de Saint-Énogat… Le comte Joseph Rochaïd Dahdah, d'une fortune considérable, investit son argent à Dinard : il fait construire son château des Deux-Rives, sur la pointe du Moulinet, fait percer rues et boulevards, commande la construction des halles de la Concorde, dans le quartier de la Vallée, et de la gare de Dinard.
La création d'une ligne de bateaux à vapeur, la Jersey Steam Packet Company, la mode naissante des bains de mer et l'arrivée du train en 1864 à Saint-Malo provoquent l'essor de la station balnéaire dès la fin du Second Empire ; les dernières décennies du siècle voient se multiplier villas et cottages ; un essor hôtelier se développe aussi, avec notamment l'hôtel Crystal ; des banques anglaises, des temples protestants, des clubs de tennis et de golf, un club sélect, le Dinard Club sont créés et des régates sont organisées.
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE - Villa La Garde
(Photo Chisloup)
Dans les années 1880, Dinard est la première station balnéaire de France, elle est à son âge d'or. Surnommée « la Dinard aux cent Hôtels » et « la Perle de la Côte d'Émeraude », Dinard réunit l'aristocratie, les personnalités politiques et les intellectuels de tout le continent qui ne logent plus uniquement dans leurs villas privées et fréquentent les hôtels les plus luxueux : Albert Ier, Raymond Poincaré, Agatha Christie, Victor Hugo, Édouard VII, George V, Winston Churchill, Judith Gautier, Jacqueline Kennedy, Lawrence d'Arabie (dans son enfance), Edmond Rostand, Paul Valéry ont passé des vacances à Dinard. C'est une population cosmopolite qui se mélange à la colonie anglaise des débuts. Pablo Picasso peint sa série de tableaux Les Baigneuses à Dinard, inspiré par la nudité de moins en moins cachée des baigneuses. Les bienfaiteurs de la ville se multiplient : en plus des premiers promoteurs immobiliers, on peut compter Paul Féart, Pierre Levavasseur, Jean Pichot… Mrs Hughes Hallett, originaire de Philadelphie, surnommée « la reine de Dinard », est le symbole de la vie mondaine à l'apogée de la ville : tous les soirs, elle organise des bals et réceptions fastueux qui réunissent toute la « bonne société » dinardaise pour faire la fête toute la nuit, dans la villa Monplaisir (aujourd'hui l'hôtel de ville). Des villas et des hôtels luxueux, destinés à la population élitiste et aristocratique qui fréquente Dinard, fleurissent dans toute la ville. Pour s'adapter à l'afflux grandissant de touristes, l'embarcadère du Bec de la Vallée et le Yacht club sont aménagés, puis la promenade du clair de lune, qui remplace l'ancienne passerelle suspendue et peu sûre.
Dès le début du XXème siècle, la Société anonyme de la Vicomté-en-Dinard réunit des architectes, des industriels et entrepreneurs et des promoteurs immobiliers parisiens ayant un projet : la création du nouveau quartier de la Vicomté comme nouveau centre à la mode à Dinard. En tête de file, les architectes Victor Lesage et Charles Miltgen élaborent des plans et imaginent ce nouveau quartier mondain de villégiature et son casino, son jardin public, son centre commercial, ses courts de tennis, ses villas et ses palaces hôteliers. Avec les fonds de la société sont construits le casino de la Vicomté et l'hôtel Beauvallon. Mais, très vite, la crise économique de 1929 coupe les capitaux et les espoirs du projet pharamineux et ambitieux de la Vicomté en Dinard : le casino est détruit, et l'hôtel Beauvallon est transformé en copropriété. Les autres hôtels, les villas et le centre commercial resteront sous forme de plan. Si le rêve du lotissement de la Vicomté ne se réalisera pas, Dinard sera avec Biarritz une des deux seules stations françaises qui renouvelleront en grand partie leurs installations balnéaires durant la période que l'on va qualifier d'Années folles.
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE - Façade de la maison « du Prince Noir » XIVème siècle
(Photo Pymouss)
La vie mondaine va désormais se dérouler autour de la plage et de ses activités. La mer et la vie de plein air vont en devenir le prétexte. Or les installations balnéaires de Dinard datent pour la plupart du début du XXème siècle (casino, hôtels) et ne répondent plus aux goûts de cette nouvelle société. Jean Hennessy, qui possède à Dinard une très importante propriété, va alors créer une société d'investissement, la société L'Écluse, dont le but est de renouveler les installations balnéaires de la station. Sa première et unique réalisation qu'il confiera à son architecte Marcel Oudin sera, en 1927, un nouvel hôtel, le « Gallic Hôtel », situé aux abords de la grande plage, au 2 du boulevard Féart. Manifeste d'un art déco mesuré, ce vaste et luxueux hôtel à la façade en gradins où séjournera Pablo Picasso par deux fois, va présenter tout le confort recherché par la nouvelle clientèle. Ses 100 salles de bains pour 150 chambres (la moyenne étant d'une salle de bains pour 10 chambres dans les établissements de même standing à l'époque à Dinard), son chauffage central, ses multiples ascenseurs vont lui assurer un grand succès dès les premières années de son exploitation.
La période de l'entre-deux-guerres présente donc pour Dinard un bilan positif. Cette période, on l'oublie trop souvent, fut son second âge d'or grâce à des hommes d'affaires visionnaires comme Jean Hennessy. Les événements extérieurs comme la crise de 1929, ou la Seconde Guerre mondiale ne permettront pas de récolter à court terme les fruits de cette mutation. Cependant, contrairement à certaines autres stations de la Manche qui vont se figer dans le siècle précédent et rapidement disparaître, Dinard en se tournant vers l'avenir durant les années 1920, va promouvoir un art de vivre balnéaire qui est à quelque chose près celui que nous connaissons aujourd'hui et assurer ainsi son avenir.
À partir des années 1930, Dinard va cependant entamer son déclin de station mondaine : les Britanniques arrêtent peu à peu d'y venir, et d'un coup c'est toute la riche aristocratie qui la déserte. À son climat venteux, on lui préfère la Côte d'Azur, plus à la mode et plus appréciée pour son climat méditerranéen. La ville tombe peu à peu dans l'oubli, seules les villas résistent.
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE - Une fenêtre de la maison « du Prince Noir »
(Photo Pymouss)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE - Villa Les Roches Brunes
(Photo Matthieu POTIN)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE - Villa Les Roches Brunes
(Photo Pymouss)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE - Villa Les Roches Brunes ; sa terrasse avec vue sur Saint-Malo.
(Photo Pymouss)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE - Villa Les Roches Brunes
(Photo Bertrand COSTES)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE - Villa « granit house »
(Photo Calips)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE - Villas sur la Pointe de la Malouine
(Photo Adrian SUTER)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE – Villa 8 rue des Marettes, où Paul Valéry fut réfugié en 1940.
(Photo Pymouss)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE
(Photo Calips)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE
(Photo Calips)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE
(Photo Calips)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE
(Photo Calips)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE
(Photo Calips)
DINARD : LES VILLAS DE LA COTE - Villa Roches Plates
(Photo Alexpl2400)