ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE
VIENNE
L’abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe est située à Saint-Savin dans le département de la Vienne. Elle est classée au patrimoine mondial de l'Unesco car elle abrite un très bel ensemble de peintures murales romanes très complet, bien conservé et unique en Europe.
La charte de fondation de l'abbaye ayant disparu lors des guerres de religion en 1598, la date de sa fondation reste imprécise mais celle-ci a été fondée sous Charlemagne au début du IXème siècle. Elle fut édifiée pour les saints Savin et Cyprien dont on ignore beaucoup de choses encore aujourd'hui. Au XIème siècle a été créé un ouvrage : La Passion de saint Savin et saint Cyprien qui tient surtout du genre épique.
D'après la tradition c'est au Vème siècle que deux frères Savin et Cyprien, qui fuyaient la Macédoine où ils étaient persécutés car ils étaient chrétiens, furent finalement rejoints sur les bords de la Gartempe. Ils y furent martyrisés et décapités. Savin fut inhumé par des prêtres non loin de la ville actuelle, en un endroit appelé Cerisier.
Trois cents ans plus tard, les reliques des deux martyrs ayant été retrouvées sur les lieux de leur massacre, Badillus, clerc à la cour de Charlemagne, décida d'y fonder une église abbatiale pour y conserver les précieuses reliques. Saint Benoît d’Aniane, en 821, y fit appliquer la règle de saint Benoît et y fit installer une vingtaine de moines. Il désigna l'abbé Eudes Ier, qui fit construire la première église.
En 1010 Aumode, comtesse du Poitou et d'Aquitaine, fit un don considérable à l'abbaye pour le salut de son âme et celui de sa famille. Cette somme d'argent permit de construire l'église abbatiale actuelle. La construction et la décoration durèrent de 1040 à 1090 sous la direction des abbés Odon et Gervais.
Au XIIIème siècle, le comte Alphonse de Poitiers, frère de Saint-Louis, finança la construction des bâtiments conventuels. Durant de très nombreuses années, Saint-Savin est restée l'une des plus influentes abbayes de France.
La guerre de Cent Ans sonna le glas de la prospérité du monastère qui changea plusieurs fois de main, (Anglais, Français, Prince noir). En 1371, le Prince Noir met à feu et à sang le monastère.
Durant les guerres de religion, catholiques et protestants se disputèrent sa possession. L’église fut dévastée d'abord par les huguenots en 1562 et 1568 qui incendièrent les stalles médiévales, les deux orgues, les reliques, les archives et la charpente, puis, ensuite, par l'armée royale en 1574. Puis des abbés laïcs furent nommés. Ceux-ci étaient plus soucieux d'empocher les revenus de l'abbaye que de faire entretenir les bâtiments. Vers 1600, un de ces abbés, le vicomte de la Guerche, fit démanteler les bâtiments, pour en vendre les pierres ! C'est ainsi que disparurent en grand partie, les bâtiments conventuels et le cloître.
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE - L'église abbatiale vue depuis la Gartempe
(Photo Remi JOUAN)
À partir de 1611, un de ces abbés, Henri de Neuchèze, chassa les moines, et s’installa dans l’abbatiale dont il fit son logis. Il en fut, à son tour, chassé sur ordre du roi Louis XIII en 1640. C'est aussi en 1640 que l'installation par le roi, de religieux de la congrégation de Saint-Maur venus de l'abbaye de Nouaillé permit de mettre fin à cette longue période de destruction.
Entre 1682 et 1692, commencèrent la restauration de l'abbatiale et la construction de nouveaux bâtiments conventuels. Les moines participent à sauver les murs de l'église, mais ils la rendent aussi « moderne » en remplaçant les autels et en construisant des bâtiments monastiques contemporains. Pendant un siècle l'abbaye retrouva sa fonction première, puis éclata la Révolution française.
En 1792, l'église abbatiale devint église paroissiale et les quatre derniers moines quittèrent l'abbaye. Les bâtiments conventuels devinrent, logement d'instituteur, gendarmerie jusqu'en 1971 et le cloître devint le théâtre de fêtes révolutionnaires.
En 1820 la foudre détruisit en partie la flèche du XVe siècle, située au-dessus de la tour-porche. Elle s'effondra sur la toiture de l'abbatiale ce qui lézarda la voûte de la nef sur toute sa longueur.
En 1833, suite à une visite du préfet du département, M. Alexis de Jussieu au moment où le maire faisait boucher une fissure de la nef et badigeonner les peintures murales, l’alerte fut donnée par celui-ci auprès du premier inspecteur général des monuments historiques : M. Ludovic Vitet. On prit alors conscience de la valeur de Saint-Savin et sa sauvegarde fut entreprise. Prosper Mérimée, Inspecteur général des Monuments historiques para aux restaurations les plus urgentes dès 1836.
Dans un appel adressé à Guizot, ministre de l'Instruction Publique et des Cultes, Prosper Mérimée écrira le 31 octobre 1835 : « Je n'hésite pas à dire, Monsieur le Ministre, que dans aucun pays je n'ai vu de monument qui méritât à un plus haut degré l'intérêt d'une administration amie des arts. Si l'on considère que ces fresques de Saint-Savin sont à peu près uniques en France, qu'elles sont le monument le plus ancien de l'art de la peinture dans notre pays, on ne peut balancer à faire des sacrifices même considérables pour les conserver ».
Pendant dix ans, Prosper Mérimée devra se battre pour la protéger de la destruction ou de la détérioration par des restaurateurs abusifs. En 1840, l’église fut classée, et de nombreuses restaurations des maçonneries furent entreprises pour mettre hors d’eau le bâtiment et ainsi stopper la dégradation des peintures. C’est ainsi que grâce à Prosper Mérimée, en 1849, elle est considérée comme provisoirement sauvée.
En 1877 la flèche est reconstruite par l'architecte Jean Fromigé qui intervint aussi sur l'église Sainte-Radegonde de Poitiers pour la construction du buffet d'orgues.
De 1967 à 1974, des restaurations ont été effectuées, sur la voûte de la nef et ses peintures, dans les cryptes, le chœur et la tribune. Autres événements importants pour l’abbatiale, son classement par l’UNESCO en 1983 et la création en 2006 de l'Établissement Public de Coopération Culturelle de l'Abbaye de Saint-Savin sur Gartempe et Vallée des Fresques, en charge de la gestion touristique et économique de ce site unique en Europe.
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE - L'église abbatiale vue depuis la Gartempe
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE - L'église abbatiale
(Photo Remi JOUAN)
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE - L'église abbatiale
(Photo Françoise THURION)
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Le clocher de l'église abbatiale au coucher du soleil
(Photo Denis HELFER)
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Le clocher de l'église abbatiale au coucher du soleil
(Photo Denis HELFER)
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Vue partielle
(Photo Denis HELFER)
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – L’église abbatiale
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – L’église abbatiale
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Le clocher de l’église abbatiale
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Vue intérieure de l'église abbatiale, la nef et les fresques
(Photo Françoise THURION)
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Vue intérieure de l'église abbatiale, la nef
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Vue intérieure de l'église abbatiale, le chœur
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Vue intérieure de l'église abbatiale, le Chemin de Croix
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Vue intérieure de l'église abbatiale, un des chapiteaux
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Les fresques de l'église abbatiale, vue d'ensemble de la voûte.
(Photo Françoise THURION)
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Les fresques de l'église abbatiale, vue partielle
(Photo Françoise THURION)
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Les fresques de l'église abbatiale, l'Arche de Noé
(Photo Françoise THURION)
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Les fresques de l'église abbatiale : Dieu parlant à Noé
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Les fresques de l'église abbatiale : Dieu et Noé sur son arche
(Photo B. WELLESCHIK)
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Bâtiments de l’abbaye
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Porte d’entrée
ABBAYE DE SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE – Côté jardins