Le Gouvernement veut aller vite. La réforme de la SNCF devrait être bouclée avant l’été si tout se passe comme prévu... Le Premier ministre, Edouard Philippe, a lancé lundi 26 février cette réforme, qu'il compte mener par ordonnances. Parmi les mesures évoquées : la fin "à l'avenir" du recrutement au statut de cheminot.
Après le rapport Spinetta sur la SNCF qui a mis les syndicats en ébullition, la prise de parole d'Edouard Philippe sur la réforme à venir était attendue. Dès son introduction, le Premier Ministre a voulu rappeler les enjeux et surtout l’urgence de la réforme. « La situation est alarmante, pour ne pas dire intenable. Les Français, qu'ils prennent ou non le train, payent de plus en plus cher pour un service public qui marche de moins en moins bien", a déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse à Matignon. Dans la foulée, Edouard Philippe a fait le point sur ce qui sera ou non dans la loi à venir, que le gouvernement veut passer par ordonnances comme la loi travail l'année dernière. « Le statu quo n'est pas une option, il menace le service public », a-t-il affirmé, estimant qu'il « y a des réformes qu'on aurait dû faire depuis longtemps ».
Edouard Philippe a aussi chercher à rassurer les syndicats de cheminots qui sont vent debout contre cette réforme en expliquant, comme d’habitude qu’il ne faut rien changer. Le Premier Ministre a assuré que le gouvernement ne « cherchait l'affrontement avec personne » sur la réforme de la SNCF, qui sera « équilibrée » et « bonne pour les cheminots comme pour les usagers ». La CGT, premier syndicat à la SNCF, a d'ores et déjà appelé les cheminots à une « manifestation nationale » le 22 mars.
Une réforme du statut des cheminots
Pour « construire une nouvelle SNCF », Edouard Philippe a affirmé que le gouvernement souhaitait en finir avec le statut des cheminots. Ceux qui, déjà en poste, en bénéficient actuellement ne seront pas concernés. Par contre, les « nouvelles générations, apprentis, ceux qui veulent s'engager dans la SNCF [….] bénéficieront des conditions de travail de tous les Français, celles du Code du travail ». « A l'avenir, il n'y aura plus de recrutement au statut », a ajouté le Premier ministre.
Samedi 24 février dernier, dans les allées du Salon de l'agriculture, Emmanuel Macron avait laissé entendre que les choses seraient différentes pour les nouveaux arrivants. « Le monde n'est plus comme avant. Je ne vais pas faire rentrer un cheminot (à la SNCF) comme il y a 50 ans, ce serait fou ! » s'était exclamé le Président tout en promettant au cheminot qui l'interpellait qu'il « viendra sur le terrain ».
Un projet d'habilitation déposé à la mi-mars
Les syndicats de cheminots disaient craindre le « passage en force » par ordonnances, après cette « possibilité » ait été évoquée par le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Christophe Castaner. Edouard Philippe l'a confirmé lundi : le gouvernement - qui est « déterminé » - souhaite aller vite et faire voter « les principes-clés [de cette réforme] avant l'été ». « Sans escamoter pour autant la concertation ou le débat parlementaire », a insisté le Premier ministre, qui souhaiterait réduire "le contenu des ordonnances aux seuls aspects techniques ». Un projet de loi d'habilitation sera déposé au Parlement à la mi-mars. « Si certains sujets s'enlisent, […] le gouvernement prendra ses responsabilités » a aussi prévenu Edouard Philippe.
Pas de réforme des "petites lignes"
Le gouvernement n'a pas repris ce point du rapport Spinetta, qui inquiétait particulièrement les élus locaux, déjà échaudés par la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes (contre 90 km/h actuellement) à partir du 1er juillet. « Ce n'est pas une réforme des petites lignes. Je ne suivrai pas le rapport Spinetta sur ce point. On ne décide pas la fermeture de 9.000 km de lignes depuis Paris sur des critères administratifs et comptables. Dans bien des territoires, le rail est au cœur de la stratégie des régions pour le développement des mobilités », a déclaré lundi Edouard Philippe. Il laisse donc ainsi le soin aux régions de prendre leurs responsabilités en matière de gestion des lignes de province jugées peu rentables.
Pas de privatisation à terme de la SNCF
Avant de détailler les grandes lignes de sa réforme, Edouard Philippe a souhaité en amont dire ce que ce texte « ne sera pas ». « Ce n'est pas une réforme qui préparerait la privatisation de la SNCF : la SNCF est un groupe public qui porte des missions de service public. Elle est dans le patrimoine des Français et elle y restera », a déclaré le Premier ministre.
La retraite des cheminots pas évoquée
Cette réforme de la SNCF ne comprendra pas de volet sur la retraite des cheminots. « Rien ne concerne la retraite des cheminots », dans le projet de loi à venir, a assuré Edouard Philippe, en rappelant qu'une « réflexion globale » est menée par Jean-Paul Delevoye. Actuellement et d'ici 2024, l'âge minimum de départ à la retraite va augmenter de quatre mois par an pour passer de 50 à 52 ans pour les conducteurs de train et de 55 à 57 ans pour les travailleurs sédentaires. La pension des cheminots s’élève à 75% du salaire des six derniers mois (dans le privé, elle est basée sur le salaire moyen des 25 meilleures années).