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11 mars 2018 7 11 /03 /mars /2018 09:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (38/50)

 

Un sans culotte – 1793

 

 

 

 

LA TERREUR A L'ORDRE DU JOUR :

SEPTEMBRE 1793

   

 

 

 

 

    La poussée populaire, qui se manifeste depuis le début de l'été 1793, atteint son apogée dans les premiers jours de Septembre. Le 2, arrive à Paris une nouvelle qui, parait-il, aurait été gardée secrète depuis près d'une semaine par le Comité de Salut Public, l'annonce d'une des plus grandes trahisons : Toulon a été livrée aux Anglais par les royalistes !

    Dès le lendemain, des manifestations de protestation sont organisées dans Paris. Le 4, des ouvriers se rassemblent Place de Grève et réclament du pain à la Commune. Un vent d'émeute souffle, une fois encore, sur la Capitale. Car, bien sûr, dans l'esprit du peuple des faubourgs, l'affaire de Toulon et la disette qui sévit à Paris n'ont qu'une seule et même cause : les aristocrates et les spéculateurs veulent saper les bases de la Révolution et le « pouvoir » laisse faire !... L'exaspération est à son comble; une manifestation de grande ampleur est décidée pour le lendemain. Le soir, au Club des Jacobins, Robespierre, tente de tordre le cou aux rumeurs qui courent dans les faubourgs de Paris :

 

« Toulon est peut-être pris; déjà le bruit s’en est répandu. Je dois dire pourtant que la nouvelle n’est pas absolument certaine, et qu’on peut encore élever quelques doutes à cet égard : mais supposons qu’il le soit, assurément ce serait un grand malheur pour la république; faudrait-il en désespérer pour cela ? Nous vaincrons sans Toulon, et nos succès ailleurs nous en sont de sûrs garants. Déjà Marseille est au pouvoir des patriotes; Bordeaux est venu à résipiscence, et Lyon va s’écrouler sous les efforts des soldats républicains. Les armées du Nord, du Rhin et de la Moselle sont dans une situation brillante, et Dunkerque a juré de se défendre jusqu’à la mort. Le peuple n’a qu’un vœu unanime, c’est de sauver la patrie. Croyons donc que les succès de nos ennemis seront éphémères, et que la liberté triomphera…. »

« Quant aux subsistances, nous ferons des lois sages, mais en même temps terribles, qui, en assurant tous les moyens d’existence, détruiront à jamais les accapareurs, pourvoiront à tous les besoins du peuple, préviendront tous les complots, les trames perfides ourdies par les ennemis du peuple pour l’insurger par la faim, l’affaiblir par les divisions, l’exterminer par la misère. »

« Si les fermiers opulents ne veulent être que les sangsues du peuple, nous les livrerons au peuple lui-même. Si nous trouvions trop d’obstacles à faire justice des traîtres, des conspirateurs, des accapareurs, nous dirions au peuple de s’en faire lui-même justice. Réunissons donc ce faisceau redoutable contre lequel tous les efforts des ennemis du bien public se sont brisés jusqu’à ce jour. Ne perdons pas de vue qu’ils ne désirent autre chose que de nous rendre suspects les uns aux autres, et particulièrement de nous faire haïr et méconnaître toutes les autorités constituées. Des malveillants, des scélérats, se joignent aux groupes qu’on voit à la porte des boulangers, et les irritent par des propos perfides. On alarme le peuple, en lui persuadant que les subsistances vont lui manquer. On a voulu armer le peuple contre lui-même, le porter sur les prisons pour y égorger les prisonniers, bien sûr qu’on trouverait moyen de faire échapper les scélérats qui y sont détenus, et d’y faire périr l’innocent, le patriote que l’erreur a pu y conduire. »

« Ces scélérats ont voulu égorger la Convention nationale, les jacobins, les patriotes. Ils ont cherché à leur aliéner le peuple, en leur attribuant tous les maux dont ils l’ont rendu victime. On assure que dans ce moment Pache est assiégé, non pas par le peuple, mais par quelques intrigants qui l’injurient, l’insultent, le menacent…. »  (1)

 

    Le 5, c'est donc un long cortège qui se dirige vers la Convention aux cris de « Guerre aux tyrans !... Guerre aux aristocrates !... Guerre aux accapareurs !.. » La foule envahit l'Assemblée; Pache (2) et Chaumette (3), expriment les revendications des manifestants : création d'une armée populaire pour réquisitionner le blé dans les campagnes, châtiment des accapareurs... Billaud-Varenne propose l'arrestation de tous les suspects. Danton*, lui aussi, mêle sa voix au concert des protestations et abonde dans le sens des plus exaltés (4).

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (38/50)

 

Exécution capitale sur la Place de la Révolution (aujourd’hui Place de la Concorde) 

Tableau de Pierre-Antoine Demachy – Musée Carnavalet

 

 

    Robespierre qui préside l'Assemblée paraît même, un moment, quelque peu débordé. Emportée par le tumulte, la Convention vote; elle va même au-delà des revendications exprimées en décrétant l'épuration des comités révolutionnaires. Ces comités qui, justement avaient été créés ... pour rechercher les suspects ! Barère reprend alors le mot que l'on doit à la Commune : « Mettons la Terreur à l'ordre du jour !.. » Les sans-culottes pensent qu'enfin, leurs principales revendications viennent d'être acceptées.

 

    Le lendemain, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois, connus pour leurs opinions favorables à la sans-culotterie, entrent au Comité de Salut Public à la faveur d'une embrouille qui aurait bien pu porter Danton* à nouveau au Comité.... Le peuple semble, pour un temps au moins, être réconcilié avec ses représentants. La Convention et le Comité de Salut Public sortent grandis de ces deux journées d'émeute des 4 et 5 Septembre. La pression populaire ne va pourtant pas baisser car la taxation générale des denrées, réclamée depuis des mois comme remède miracle à la disette, est à nouveau différée.

    Robespierre ne doutait pas de la nécessité de la Terreur. Si les manifestations populaires de ce début Septembre ont accéléré le processus, on ne peut pas dire qu'elle l'ait vraiment créé. L'Incorruptible, en effet, s'était clairement exprimé sur le sort à réserver aux contre-révolutionnaires :

«  La première des lois, c'est le salut public. J'ai toujours eu comme principe qu'un peuple qui s'élance vers la Liberté doit être inexorable envers les conspirateurs; qu'en pareil cas, la faiblesse est cruelle, l'indulgence est barbare, et qu'une juste sévérité est impérieusement commandée par l'humanité même.. »  (5)

 

    Et pourtant, pour mener à bien sa politique, le Comité ne peut tolérer les désordres dans la rue. Il décide de stopper les agissements des enragés : Jacques Roux est arrêté dès le soir du 5 Septembre; Varlet connaîtra le même sort le 18. Varlet, celui-là même qui avait affirmé, quelques jours plus tôt, au nom des sections de la capitale, que les sans-culottes refusaient le décret du 9 Septembre attribuant 40 sous aux indigents qui assistaient aux réunions. Robespierre lui avait, lors de cette discussion, proprement cloué le bec :

 

«  Le peuple n'a pas dicté la pétition qui vient de vous être présentée; il avait au contraire provoqué le décret contre lequel on réclame, et lorsqu'il fut rendu, il vous témoigna sa reconnaissance par ses nombreux applaudissements (..) Quels étaient ceux qui pouvaient sacrifier leur temps pour assister aux assemblées ? Etait-ce la classe industrieuse et estimable des artisans ? Etait-ce les citoyens vivant du produit de leur travail ? Non, c'étaient les riches, les intrigants, les muscadins. »

« Je crois me connaître en morale et en principes aussi bien que l'orateur des pétitionnaires, et j'avoue hautement que je professe une opinion contraire à la sienne sur l'indemnité; il n'y a que l'aristocratie qui puisse entreprendre de faire croire au peuple qu'il est avili, parce que la patrie vient au devant de ses besoins, et qu'elle tâche de rapprocher la pauvreté de l'insolente richesse (..) Sommes-nous donc avilis, nous, représentants du peuple, en recevant l'indemnité qu'il nous accorde pour subvenir à nos besoins? Non, sans doute; je m'honore de l'indemnité que je reçois, parce qu'elle m'est nécessaire, et je déclare que le jour où, par l'effet d'une motion aristocratique, je me trouverais privé de cette indemnité, il ne me serait plus possible de rester au poste où la confiance du peuple m'a appelé pour la conservation de ses droits, et que dès ce moment la liberté serait perdue pour l'Assemblée nationale. » (6)

 

    Varlet en a sûrement trop dit ce jour là !.. Partout, les filets de la police se resserrent de plus en plus sur les « suspects ». Depuis la mi-Juillet, toutes les lettres et paquets qui entrent et sortent de Paris, sont contrôlés.

   L'Incorruptible voit, dans l'ensemble des mesures qui se mettent en place, le seul moyen de frapper les adversaires de la Révolution. Ceux qui, pour beaucoup, sont maintenant devenus ses adversaires personnels.

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (38/50)

 

Décret de la Convention Nationale sur les subsistances

 

 

    C'est le Comité de Sûreté Générale qui a en charge la sûreté de la Nation. Mais, paradoxalement, c'est ce comité qui maintenant gène l'Incorruptible; il le trouve inefficace, trop lent, trop conciliant avec les traîtres !... Et déjà les membres de ce Comité murmurent qu'ils sont dépouillés, petit à petit, de leurs responsabilités par la seule volonté de Robespierre.

    Le 13 Septembre, la rivalité entre les deux Comités cesse brusquement : la Convention décide que, dorénavant, le Comité de Salut Public lui présentera la liste des membres qui doivent composer tous les Comités sujets à renouvellement. Le Comité de Sûreté Générale est le premier concerné par cette nouvelle mesure dont l'application est immédiate. C'est désormais le « Comité » qui choisit : Robespierre a (presque) toutes les cartes en main.

    Quelques jours plus tard, le 17, la terrible loi des « suspects », présentée à la Convention par Merlin de Douai (7), est votée sans grande discussion. Elle étend, de façon tellement large, la notion de « suspect » que les citoyens vont bientôt se demander : « Comment peut-on ne pas être suspect ? ». L'ancien ministre des finances, Beaulieu, dira tout bas : « Quand je pense que Robespierre lui-même tombe sous le coup de la loi des suspects, lui qui a dans sa chambre les volumes qu'il a eus en prix au collège Louis-le-Grand et qui sont tous décorés de superbes fleurs de lys ».(8)

 

    Une opposition sourde se manifeste pourtant au sein même de la Convention. Le Comité, lui-même, est critiqué. On lui reproche de n'obtenir pratiquement aucun résultat et surtout de ne pas aller assez vite. C'est le député Thuriot (9) qui prend la courageuse initiative de porter cette contestation au grand jour : le 20 septembre, il démissionne du Comité de Salut Public; le 25, il s'insurge contre l'épuration et la politique économique du Comité. L'Assemblée applaudit et désigne Briez, qui était en mission à Valenciennes lors de la capitulation de la ville, pour le remplacer. Robespierre bondit aussitôt et se lance dans le débat : « S'il en est ainsi, que l'ensemble du Comité soit renouvelé ». C'est à dire qu'il est tout prêt à remettre sa démission !

 

«  Je vous avais promis la vérité tout entière », déclare-t-il à la tribune, « Je vais vous la dire : la Convention n'a pas montré toute l'énergie qu'elle aurait dû (..) Je vous le déclare : celui qui était à Valenciennes lorsque l'ennemi y est rentré, n'est pas fait pour être membre du Comité de Salut Public (..) Cela paraîtra dur, mais ce qui est plus dur encore pour un patriote, c'est que, depuis deux ans, 100 000 hommes ont été égorgés par trahison et par faiblesse; c'est la faiblesse pour les traîtres qui nous perd. »  (10)

 

    Il poursuit par un grand discours au cours duquel il mêle les menaces vis à vis des ennemis de la Révolution et les justifications de l'action du Comité de Salut Public :

 

«  Celui qui cherche à avilir, à diviser, à paralyser la Convention, est un ennemi de la Patrie, soit qu'il siège dans cette enceinte, soit qu'il soit étranger; qu'il agisse par sottise ou par perversité, il est du parti des tyrans qui nous font la guerre. Or, il existe ce projet d'avilissement (..)

« On nous accuse de ne rien faire; mais a-t-on donc réfléchi à notre position ? Onze armées à diriger, le poids de l'Europe entière à porter, partout des traîtres à démasquer, des émissaires soudoyés par l'or des puissances étrangères à déjouer, des  administrateurs infidèles à surveiller, à poursuivre, partout à aplanir des obstacles et des entraves à l'exécution des plus sages mesures; tous les tyrans à combattre, tous les conspirateurs à intimider, eux qui se trouvent presque tous dans une caste si puissante autrefois par ses richesses et encore par ses intrigues, telles sont nos fonctions. »  (11)

 

    Et Robespierre cite des exemples récents pour bien montrer la complexité de la situation :

 

«  Le Comité de Salut Public voit des trahisons au milieu d'une victoire. Il destitue un général encore investi de la confiance, et revêtu de l'éclat d'un triomphe apparent; et on lui fait un crime de son courage même. ». (Destitution de Houchard)

«  On déclame sans cesse contre les nobles; on dit qu'il les faut destituer dans l'armée, les remplacer par de jeunes officiers patriotes; et par une étrange contradiction, quand nous exécutons cette grande mesure de Révolution; et que même nous y apportons tous les ménagements possibles, on nous dénonce... »  (12)

 

    Enfin, il conclut en déclarant que le Comité ne peut faire son travail sans la confiance de la Convention et renouvelle son avertissement de tout à l'heure : si cette confiance devait être perdue, il demande le remplacement du Comité. Il sous-entend, par-là même, qu'il pourrait ne pas en être après le renouvellement !...

 

«  Je pense que la Patrie est perdue si le gouvernement ne jouit pas d'une confiance illimitée et s'il n'est composé d'hommes qui le méritent; je demande que le Comité de Salut Public soit renouvelé.. » (13)

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (38/50)

 

Jean-Nicolas PACHE  

Gravure extraite de l’Album du Centenaire – 1889

 

 

     Le "chantage" de l'Incorruptible et surtout le front uni que présente le Comité en ce 25 Septembre suffit à convaincre les députés. La Convention assure solennellement le Comité de Salut Public de toute sa confiance. Du coup, Robespierre sort de cette nouvelle épreuve avec des pouvoirs encore renforcés. Les mesures de « salut public » qu'il préconise vont être prises plus vite et seront appliquées plus sévèrement. Il pense avoir enfin les moyens d'enrayer les intrigues et d'intimider les conspirateurs.

    Mais il faut aussi se préoccuper du peuple : le 29 Septembre, le « maximum général » (14) est décidé. La décision était difficile à prendre, mais elle seule pouvait ramener le calme !..Toutes les denrées déjà soumises à la loi de Juillet sur l'accaparement sont taxées au prix moyen de 1790 augmenté d'un tiers et les salaires fixés au prix de 1790 augmenté de moitié. Les peines pour fraudes sont sévères et les contrevenants seront inscrits sur la liste des suspects.

    Le premier jour d'Octobre, l’assemblée prend le décret d'accusation contre les Girondins. Robespierre soutient bien évidemment le texte mais intervient pour une mise au point importante : il tient à prendre la défense des soixante-treize signataires de la pétition en faveur des Girondins. Ces hommes ont été arrêtés mais ils échapperont à la guillotine; c'est tout du moins ce qu'il réclame pour eux :

 

«  La Convention nationale ne doit pas chercher à multiplier les coupables : c'est aux chefs de la faction qu'elle doit s'attacher... Mais citoyens, faites attention que, parmi les hommes que vous avez vu traîner le char des ambitieux que vous avez démasqués, il en est beaucoup d'égarés. »

«  Sachez.... (brouhaha et murmures dans l'assistance) .... Je suis loin de faire l'apologie de la faction exécrable contre laquelle j'ai combattu pendant trois ans, et dont j'ai failli plusieurs fois être la victime; ma haine contre les traîtres égale mon amour pour la patrie, et qui osera douter de cet amour ?... Je dis que parmi les hommes mis en état d'arrestation, il s'en trouve beaucoup de bonne foi, mais qui ont été égarés par la faction la plus hypocrite dont l'histoire ait jamais fourni l'exemple; je dis que parmi les nombreux signataires de la protestation, il s'en trouve plusieurs, et j'en connais, dont les signatures ont été surprises.. »  (15) 

 

    La proposition est entendue dans un brouhaha qui rappelle combien le combat entre la Montagne et la Gironde a été rude. Les haines sont tenaces, mais Robespierre obtient tout de même gain de cause. A l'Assemblée, les députés continuent à proposer les mesures destinées à effrayer les contre-révolutionnaires. Ainsi, le 9 Octobre, sur la proposition de Fabre, les marchandises anglaises sont interdites d'importation; les Britanniques résidant sur le territoire français sont internés et leurs biens confisqués. Le lendemain, sur la proposition de Saint-Just*, la Convention proclame officiellement que « Le Gouvernement de la France est révolutionnaire jusqu'à la Paix ». Après avoir dressé, dans un long discours (16) un tableau très sombre de la situation du pays, Saint-Just* propose à l'Assemblée le plan d'une nouvelle organisation de la République; « on ne peut plus faire confiance aux administrations tant civiles que militaires ». On ne peut plus se satisfaire de ne châtier que les traîtres, il faut punir « quiconque est passif dans la République et ne fait rien pour elle ». Lorsqu'il demande à la Convention de proclamer que « "le gouvernement est révolutionnaire jusqu'à la paix », il lui demande en fait de surseoir à l'application de la Constitution votée en Juin, de légaliser la dictature du Comité, de remplacer tous les corps constitués par des délégations envoyées de Paris.

    Toutes les mesures proposées sont votées sans débat. Elles seront complétées, dans les jours qui vont suivre, par la création d'un Comité des Subsistances destiné à palier aux insuffisances de la loi du maximum, la dissolution des forces armées départementales, la désignation d'agents nationaux nommés par le gouvernement, la suppression de l'élection des municipalités.

    En quelques jours est ainsi élaborée une nouvelle constitution qui consacre la dictature du gouvernement révolutionnaire et centralise à Paris toute l'administration du pays... comme avant 1789 !... Un régime politique qui ramène le pays, après quatre années de révolution, dans la situation où il se trouvait aux plus beaux jours de l'absolutisme !... Mais il ne se trouve personne dans l’Assemblée pour s’offusquer d’un tel retour en arrière !...

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (38/50)

 

Pierre-Gaspard CHAUMETTE

 

 

    Le Comité de Salut Public a maintenant la main mise sur toutes les affaires de l'Etat. Tout lui est soumis, tout passe par lui. Robespierre y traite directement un grand nombre de dossiers concernant la haute police qui, normalement, relève du Comité de Sûreté Générale. Il lit et annote, chaque soir jusque fort tard, un volumineux courrier :

 

« "Le Comité de surveillance d'Alençon vient de découvrir une pétition faite en 1792, tendante(sic) à maintenir le tyran sur le trône : trois signataires sont détenus. Beaucoup de fonctionnaires publics l'ont signée. Il demande ce qu'il faut faire. «   (17)

Robespierre répond :

«  Ecrire au Comité de surveillance qu'il envoie la pétition et qu'il fasse arrêter les signataires... »

    Il s'interrompt, barre les mots « et qu'il fasse arrêter les signataires » et ajoute : « Lui ordonner d'arrêter Goupil de Prefeln, ex constitutionnel, et de rendre compte dans les trois jours de l'exécution de cette mesure. »  (17)

 

«  Le Commissaire des Administrations civiles, justice et tribunaux, demande si, dans les maisons de détention, l'on peut réunir les maris, les femmes et les enfants d'une maison à l'autre. » 

Un seul mot de l'Incorruptible : « Non »  (18)

 

« L'agent national de Compiègne dénonce les malveillants qui cherchent à plonger le peuple dans la superstition et le fanatisme »

Réponse de Robespierre :

«  Quand on envoie une dénonciation, il faut la préciser autrement. » (19)

 

 

 

 

 

 

(1)   Discours de Maximilien Robespierre à la Convention Nationale le 25 septembre 1793.

 

(2)  PACHE (Jean-Nicolas) : Né à Verdun le 5 Mai 1746. Précepteur des enfants du Maréchal de Castries, il est nommé, grâce à ce dernier, premier secrétaire du Ministère de la Marine puis Contrôleur de la Maison du Roi.

Après s'être retiré en Suisse pendant quelque temps, il revient à Paris au début de la Révolution, se lie avec Roland et occupe des postes importants aux ministères de l'Intérieur et de la Guerre.

Il est nommé Ministre de la Guerre le 18 Octobre 1792 et penche alors du côté de la Montagne. Elu Maire de Paris, ami d'Hébert*, il prend une part active à l'élimination des Girondins les 31 Mai et 2 Juin 1793.

En récompense, Robespierre lui épargnera la guillotine lors de l'élimination des hébertistes. Il terminera sa vie dans les Ardennes et mourra le 18 Novembre 1823.

 

(3)   CHAUMETTE (Pierre Gaspard, dit Anaxagoras) : Né à Nevers le 24 Mai 1763. Après une enfance perturbée, il suit les cours d'anatomie à l'Hôtel Dieu de Nevers entre 1782 et 1786. On le retrouve en 1790 comme meneur du Club des Cordeliers où il va être en pointe lors de toutes les journées d'insurrection : le 20 Juin, Le 10 Août,... Membre de la Commune révolutionnaire après le 10 Août, il est nommé Procureur. Apôtre de la déchristianisation, il sera à l'origine des mascarades religieuses de la capitale ce qui lui attire l'hostilité de Robespierre*. L'Incorruptible voit en Chaumette un agent de l'étranger et le fait arrêter.

Chaumette sera guillotiné le 13 Avril 1794.

 

(4)   Voir Danton*

 

(5)   R. KORNGOLD  "Robespierre"  op. cit. pages 228-229

 

(6)   cité par André STIL  "Quand Robespierre et Danton ..." op. cit. page 373

 

(7)   MERLIN de DOUAI (Philippe Antoine MERLIN, dit) : Né le 30 Octobre 1754. Avocat à Douai, il est élu aux Etats Généraux par le Tiers Etats de cette ville. Président du Tribunal criminel du Nord pendant la Législative, il est élu par ce Département à la Convention et vote la mort du roi.

Il accomplira une œuvre importante au Comité de Législation notamment dans l'élaboration de la loi des suspects votée le 17 Septembre 1793.

Après le 9 Thermidor, il sera appelé au Comité de Salut Public. Il sera ensuite élu au Conseil des Anciens puis ministre de la Justice et l'un des principaux artisans du coup d'état du 18 Fructidor. Nommé Directeur, il devra démissionner le 18 Juin 1799. Bonaparte le fera baron d'Empire. Exilé au retour de Louis XVIII il reviendra cependant à Paris finir sa vie et mourra le 25 Décembre 1838.

 

(8)   J. CASTELNAU  "Le Comité de Salut Public" 

        Hachette, Paris, 1941,  page 134

 

(9)   THURIOT (Jacques Alexis) : Avocat au barreau de Paris, il entre dans l'histoire le 14 Juillet 1789 comme négociateur entre l'émeute et le Gouverneur de la Bastille. Elu à la Législative puis à la Convention, il vote la mort du roi.

Membre du Comité de Salut Public pendant quelques semaines, il démissionne après s'être opposé à Robespierre. Il sera alors exclu des Jacobins mais le 9 Thermidor il prendra sa revanche : Président de l'Assemblée il déploiera beaucoup d'énergie pour empêcher Robespierre de parler. Il mourra en exil en 1818.

 

(10)   G. LEFEBVRE  "La Révolution française"  op. cit. page 369

 

(11)  R. PALMER "Le Gouvernement de la Terreur"  op. cit. page 72

 

(12)  cité par André STIL  "Quand Robespierre et Danton ..." op. cit. page 376

 

(13)  cité par Gérard WALTER  "Robespierre" op. cit. page 383

 

(14) En Mai dernier avait été fixé le prix du pain mais cette mesure n'avait produit que peu d'effets. La loi du "maximum général" fixe tous les prix et les salaires sur l'ensemble du territoire français. Elle apparaît à la Convention comme la seule solution pour répondre à l'émission illimitée du papier monnaie.

 

(15)  cité par André STIL  "Quand Robespierre et Danton..." op. cit. page 379

 

(16)  Voir Saint-Just*

 

(17)  G. IZARD  "Les coulisses de la Convention"

        Paris, Hachette, 1938, page 73

 

(18)(19)  idem  page 74

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : ROBESPIERRE (39/50)

 

LA GUILLOTINE : OCTOBRE - NOVEMBRE 1793

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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