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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 09:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (33/50)

 

Jacques-Nicolas BILLAUD VARENNE portrait par Jean-Baptiste Greuze vers 1790 

Dallas Museum of Art.

 

 

 

 

 

OUVERTURE DE LA CONVENTION NATIONALE :

SEPTEMBRE 1792

  

 

 

 

        A Paris, s'étaient constituées, depuis la fin du mois d'Août, les Assemblées primaires de sections. Les Assemblées électorales, chargées de désigner les députés à la Convention nationale, se réunissent à partir du 2 Septembre. L'Assemblée électorale de la capitale comprend, quant à elle, 990 membres et doit élire 24 députés et leurs suppléants. C'est à la salle de l'Evêché que se réunissent les Grands Electeurs parisiens. Mais, très rapidement, sous le prétexte que la salle est trop exiguë, et surtout parce que le peuple n'a pas la possibilité d'assister à leurs délibérations, ils se transportent aux Jacobins où ils tiennent, le 4, leur première séance. Collot d'Herbois (1) est nommé président, Robespierre vice-président.

    Tous deux prennent la parole pour expliquer longuement aux électeurs l'enjeu de ce scrutin et leur recommander d'apporter le plus grand soin au choix de leurs représentants. Ils préconisent, en particulier, d'exclure du corps électoral tous ceux qui auraient fréquenté des clubs contre-révolutionnaires ou signé des pétitions « perfides ».

 

    Robespierre est élu premier député de Paris par 338 voix sur un total de 525. Pétion ne réunit que 136 voix; quant à Brissot il n'en obtient que 7 (2).

 

    Pendant toute la durée des élections, Robespierre, Danton* et Billaud-Varenne (3), entre autres, en monopolisant la tribune de l'assemblée électorale de Paris, n'hésitent pas à faire pression sur les électeurs pour favoriser la nomination de leurs amis tels Marat* ou son confident Panis (4). Ils font supprimer le vote secret au profit d'un vote public, à haute voix et sans appel nominal. Tout est mis en œuvre, le plus souvent discrètement mais parfois même ouvertement, pour faire échouer leurs adversaires, tels Brissot ou Condorcet qui devront se faire élire par des assemblées de province. La délégation parisienne issue du scrutin est donc -mais qui pourrait s'en étonner ?-  totalement dominée par les vainqueurs du 10 Août.

 

 

    La Convention ouvre ses portes le 20 Septembre (5) et, dès le premier jour, le petit groupe actif des anciens députés de la Législative Brissot, Guadet,... profite des bonnes dispositions des nouveaux élus provinciaux pour tenter de les rallier à leur cause et pour se préparer à engager la bataille contre la députation de Paris (6). Et cette offensive de charme semble plutôt bien fonctionner !..

    Robespierre, évidemment le plus visé, retrouve en ces hommes ses adversaires de longue date :  Vergniaud et Brissot, orateurs redoutables, mais également Guadet, Louvet.

 

    Le premier acte des Conventionnels est évidemment d'abolir la royauté. Le décret est voté le 21 Septembre à la quasi-unanimité sur la proposition de Billaud-Varenne. On ne retrouvera d'ailleurs pas de si tôt une telle majorité dans la nouvelle assemblée.

 

    Quelles sont les « forces » en présence au sein de cette nouvelle Convention ? D'un côté la Gironde : avec l'appui du Centre, qui lui est plutôt favorable actuellement, elle détient largement la majorité. De l'autre la Montagne qui, malgré les fortes personnalités qu'elle compte dans ses rangs, n'a encore que peu d'influence. Les deux partis se distinguent par des conceptions totalement différentes de la société. Les Girondins, légalistes, s'opposent aux mesures exceptionnelles mises en œuvre par la Commune et que ne désavoue pas, bien au contraire, la Montagne. Ils prônent les libertés individuelles, la liberté du commerce, car ils représentent la bourgeoisie possédante qui entend défendre ses propriétés. La Commune, et la Montagne qui en dérive, représentent les classes populaires, artisans, ouvriers, qui souffrent de la vie chère, des bas salaires et des conséquences multiples de la guerre sur l'économie du pays.

 

    Tout les sépare.. Et, avec le temps,  le fossé ne va pas cesser de se creuser...

 

     Les rancunes accumulées sont fortes et « l'affaire » des élections dans la capitale, dont on a pas fini de parler, a encore attisé les passions.  En effet, tous les Girondins candidats à Paris ont été exclus et obligés d'aller se faire élire en province. Une sorte de bataille rangée entre Girondins et membres de la députation de Paris va s'installer, dès les premiers jours, dans l'enceinte de l'Assemblée. Les premiers coups girondins sont tirés le 25 Septembre par Merlin de Thionville (7) qui se fait l'écho de rumeurs circulant dans Paris à propos de dictature ou de triumvirat. Lassource (8) renchérit à la tribune; il  confirme ces rumeurs, accuse certains de ses collègues, sans les nommer, et surtout déclame contre Paris dont il dénonce le despotisme : « Il faut que Paris soit réduit à un quatre-vingt-troisième d'influence, comme chacun des autres départements ». (9) Le discours est maladroit car il ne fait que d'apporter la preuve que la Gironde pense à établir un système fédératif dans la République française ! C'est alors le Montagnard Osselin (10) qui intervient, pour protester contre de tels propos, défendre les élus de la capitale et leur demander de s'expliquer. Osselin n'a pas encore terminé, qu'il est interrompu par Rebecqui (11), député de Marseille : « le parti qu'on vous a dénoncé, dont l'intention est d'établir la dictature, c'est le parti de Robespierre; voila ce que la notoriété publique nous a appris à Marseille ». (12)

    Robespierre accusé nommément, doit répondre. Mais, déjà Danton* est à la tribune pour prendre, avec la fougue qu'on lui connaît, la défense de ses amis de la capitale (13). Puis Robespierre lui succède :

 

«  En montant à cette tribune pour répondre à l'accusation portée contre moi, ce n'est point ma propre cause que je vais défendre, mais la cause publique. Quand je me justifierai, vous ne croirez point que je m'occupe de moi-même, mais de la patrie. Citoyen, qui avez eu le courage de m'accuser de vouloir être l'ennemi de mon pays, à la face des représentants du peuple, dans ce même lieu où j'ai défendu ses droits, je vous remercie; je remercie dans cet acte le civisme qui caractérise la cité célèbre qui vous a député.. »  (14)

 

    L'Incorruptible rappelle alors ses actions passées : le combat qu'il a mené, pendant trois ans contre le despotisme, contre la cour,.. Il est fréquemment interrompu, notamment par Rebecqui..

 

«  Citoyen, pensez-vous que celui qui est accusé d'être traître envers son pays n'ait pas le droit d'opposer à cette inculpation vague, sa vie tout entière (..) Je ne reconnais point là un citoyen de Marseille, ni un représentant du peuple français. C'est quelque chose peut-être que d'avoir donné pendant trois ans une preuve irrécusable de mon patriotisme, d'avoir renoncé aux suggestions de la vanité, de l'ambition (..)

«  La meilleure réponse à de vagues accusations est de prouver qu'on a toujours fait des actes contraires. Loin d'être ambitieux, j'ai toujours combattu les ambitieux. Ah ! Si j'avais été homme à m'attacher à l'un de ces partis qui plus d'une fois tentèrent de me séduire, si j'avais transigé avec ma conscience, avec la cause du peuple, je serais à l'abri de toutes persécutions, j'aurais évité la haine de ces hommes redoutables par leur influence, j'aurais eu l'avantage d'allier avec la réputation de patriote, toutes les douceurs, toutes les récompenses du patriotisme qui sait se prêter à des actes de complaisance; et depuis un an que je combats contre quelques personnes, dont cependant je ne suspecterai point le patriotisme, on m'a présenté souvent le gage de la paix, j'en ai même accepté le baiser, mais j'ai gardé mon opinion qu'on voulait m'arracher (..)

«  Ah ! Est-ce accuser un citoyen que de lui dire : vous aspirez à la dictature ? Quels sont vos faits, où sont vos preuves ? Ah ! Vous n'avez rien dit, mais vous avez eu assez de confiance pour croire que ce mot lancé contre moi pouvait me rendre l'objet d'une persécution. Vous ne savez donc pas quelle est la force de la vérité, quel est l'ascendant de l'innocence, quand elles sont défendues avec un courage invincible ? Vous m'avez accusé, mais je ne vous en tiens pas quittes; vous signerez votre accusation, vous la motiverez; cette grande cause sera jugée aux yeux de la nation entière. Il faut savoir si nous sommes des traîtres, si nous avons des desseins contraires à la liberté, contraires aux droits du peuple, que nous n'avons jamais flatté; car on ne flatte pas le peuple, on flatte bien les tyrans, mais pas la collection de vingt-cinq millions d'hommes, on ne la flatte pas plus que la divinité. »  (14)

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (33/50)

 

Jean-Marie COLLOT d’HERBOIS

 

 

    La Gironde a lancé l'assaut, elle n'est donc pas décidée à renoncer dès les premières escarmouches. Aussi, le discours de Robespierre ne va en rien perturber le plan qui avait été établi. A la tribune se présente maintenant Barbaroux (15) : « Barbaroux de Marseille se présente pour signer la dénonciation faite par le citoyen Rebecqui contre Robespierre ». (16) Après ce début en fanfare, suit un discours embrouillé, qui n'apporte aucun élément nouveau par rapport à ce qui a été dit précédemment. Très applaudi pourtant par ses amis, Barbaroux conclut : « Quant à l'accusation que j'ai faite en commençant, je déclare que j'aimais Robespierre, que je l'estimais; qu'il reconnaisse sa faute, et je renonce à poursuivre mon accusation... ». (17) C'est à cet instant que Marat* croit opportun d'intervenir pour assurer à ses collègues qu'il avait, lui, l'Ami du Peuple, proposé la dictature à Robespierre, Danton*, et quelques autres et que ceux-ci l'avaient toujours refusée ! Voila qui devrait couper court au débat; mais c'est compter sans la fureur de la Gironde qui engage maintenant son meilleur orateur : Vergniaud.

    Vergniaud monte gravement à la tribune et, d'un ton méprisant « se plaint du malheur d'être obligé de remplacer à la tribune un homme (il s'agit bien sûr de Marat*) chargé de décrets de prise de corps qu'il n'a point purgés ! » (18) Des murmures accueillent les propos de l'orateur qui cependant poursuit et se lance dans une démonstration au bout de laquelle il accuse Robespierre de l'avoir dénoncé, lui Vergniaud, ainsi que ses collègues Brissot, Guadet,...

 

ROBESPIERRE indigné : « Cela est faux ! »

 

VERGNIAUD : « Comme je parle sans amertume, je me féliciterai d'une dénégation qui me prouvera que Robespierre aussi a pu être calomnié «  (19)

 

    Les joutes vont se poursuivre pendant toute cette séance et permettre aux Girondins de tester l'adversaire. Robespierre est, pour l'instant, bien difficile à déstabiliser; Danton* est beaucoup moins irréprochable mais il est très soutenu par ses amis. Quant à Marat*, il représente ce que les Girondins haïssent le plus. Ce sont ces trois hommes qui, tour à tour, vont subir les assauts de la Gironde dont l'objectif prioritaire est bien d'atteindre la députation parisienne.

 

     On n'entend pratiquement pas Robespierre à la Convention durant le mois d'Octobre. Comme à son habitude, il observe, écoute, aussi bien ses amis que ses adversaires. C'est Danton* qui se bat sur tous les fronts, qui réfute une à une les accusations des Girondins. C'est Danton* qui, pour l'instant, est la cible privilégiée. Remplacé le 9 Octobre au ministère de la justice par le Girondin Garat (20), il est violemment attaqué sur ses comptes personnels.

    La position de Danton* s'en trouve considérablement affaiblie. En l'espace de quelques semaines il perd quasiment tout crédit; il perd surtout la confiance que le peuple lui avait largement accordée au lendemain du 10 Août. C'est alors sur Robespierre, et sur ses amis les plus proches, que la Gironde va décocher ses flèches.

Par la voix de Louvet, le 29 Octobre, l'Incorruptible est violemment attaqué : « Robespierre....Je t'accuse d'avoir longtemps calomnié les plus purs patriotes dans un temps où les calomnies étaient de véritables proscriptions (..) Je t'accuse de t'être continuellement produit comme un objet d'idolâtrie; je t'accuse d'avoir tyrannisé par tous les moyens d'intrigue et d'effroi l'assemblée électorale du Département de Paris; je t'accuse enfin d'avoir évidemment marché au suprême pouvoir... » (21)

 

  Discours déclamatoire, un peu ridicule et baptisé pompeusement « Accusation contre Maximilien Robespierre » par l'orateur lui-même. Louvet n'apporte que des accusations vagues, des dénonciations sans preuves mais surtout beaucoup de calomnies. Il est pourtant chaleureusement applaudi et l'impression de son discours est décrétée.

 

    Est-ce le fruit du hasard ? La veille de l'intervention de Louvet, Robespierre s’exprimait au club des Jacobins sur le « pouvoir de la calomnie ». Un discours fleuve, minutieusement préparé, dans lequel il règle ses comptes avec tous ses ennemis du moment et donne ses sentiments sur la nouvelle représentation nationale : comme les deux précédentes, elle ne répond pas à ce qu'il en attendait. S'il admet qu'un certain nombre de ses membres sont "purs", il constate avec amertume qu'un groupe puissant les empêche de « faire tout le bien dont ils seraient capables »

 

« Je veux vous entretenir aujourd’hui d’un sujet qui n’a point encore été traité, que je sache, par aucun écrivain politique. Je parle du pouvoir de la calomnie. »

« Il fallait une révolution telle que la nôtre pour le déployer dans toute son étendue. Je vais vous révéler les prodiges qui l’ont signalé; et vous conviendrez que ce sera puissamment contribuer aux progrès de l’esprit public et de la vérité. »

 

« Sous le régime despotique, tout est petit, tout est mesquin; la sphère des vices, comme celle des vertus, est étroite. Sous l’ancien gouvernement, la puissance de la calomnie se bornait à diviser les frères, à brouiller les époux, à élever la fortune d’un intrigant sur la ruine d’un honnête homme; elle n’opérait de révolutions que dans les antichambres et dans le cabinet des rois; le plus noble de ses exploits consistait à déplacer des ministres ou à chasser des courtisans. Notre révolution lui a ouvert une immense carrière. Ce ne sont plus des individus, c’est l’humanité elle-même qui est devenue l’objet de ses trames perfides. Compagne inséparable de l’intrigue, elle a embrassé, comme elle, l’univers dans ses complots. Toutes les factions qui se sont élevées, l’ont invoquée tour à tour pour combattre la liberté. »

 

« L’opinion avait donné le branle à la révolution; l’opinion pouvait seule l’arrêter; chaque parti devait donc naturellement faire tous ses efforts pour s’en emparer. Les intrigants savaient bien que la multitude ignorante est portée à lier les principes politiques avec les noms de ceux qui les défendent; ils se sont appliqués surtout à diffamer les plus zélés partisans de la cause populaire. Ils ont fait plus, ils ont calomnié la liberté elle-même. Mais comment déshonorer la liberté? Comment diffamer même ceux qui défendent publiquement sa cause? Il n’était qu’un seul moyen d’y réussir, c’était de peindre chaque vertu sous les couleurs du vice opposé, en l’exagérant jusqu’au dernier excès. C’était d’appeler les maximes de la philosophie appliquées à l’organisation des sociétés politiques, une théorie désorganisatrice de l’ordre public; de nommer le renversement de la tyrannie, anarchie, le mouvement de la révolution, troubles, désordres, factions; la réclamation énergique des droits du peuple, flagorneries séditieuses; l’opposition aux décrets tyranniques qui réduisaient la plus grande partie des citoyens à la condition d’ilotes, déclamations extravagantes ou ambitieuses; c’était, en un mot, de flétrir les choses honnêtes et louables, par des mots odieux, et de déguiser tous les systèmes de l’intrigue et de l’aristocratie, sous des dénominations honorables; car on connaît l’empire des mots sur l’esprit des hommes. »

« Or, les hommes de la révolution étaient les hommes de l’ancien régime; et partout où il y a un sot, un homme faible ou pervers, la calomnie et l’intrigue trouvent à coup sûr une dupe ou un agent. Par là on trouvait le moyen de ressusciter les préjugés et les habitudes faibles ou vicieuses de l’ancien régime, pour les opposer aux sentiments généreux, aux idées saines et pures que suppose le règne de la liberté. Ainsi, on faisait passer l’opinion publique par une route oblique tracée entre les excès monstrueux de l’ancien régime et les principes du gouvernement juste qui devait les remplacer, pour la conduire au but des intrigants ambitieux qui voulaient la maîtriser. »

 

« Suivez les progrès de la calomnie, depuis l’origine de la révolution, et vous verrez que c’est à elle que sont dus tous les événements malheureux qui en ont troublé ou ensanglanté le cours. Vous verrez que c’est elle seule qui s’oppose encore au règne de la liberté et de la paix publique. »

 

« N’est-ce pas la calomnie qui, par la bouche des prêtres, peignant les travaux de l’Assemblée constituante, comme autant d’attentats contre la morale et contre la divinité, arma la superstition contre la liberté, qui fit couler le sang dés citoyens à Nîmes, à Montauban, et dans plusieurs contrées de l’empire français? »

 

« N’est-ce pas la calomnie qui arrêta longtemps les progrès de l’esprit public, tantôt en flétrissant du nom de régicides les premiers représentants de la nation, qui n’osaient pas même toucher à la royauté, tantôt en présentant les défenseurs des droits de l’humanité comme les perturbateurs de la société, et comme les apôtres insensés de la loi agraire? »

 

« N’est-ce pas la calomnie qui, déliant toutes les langues aristocratiques, prêchait dès-lors la guerre civile, en excitant la haine et la jalousie des provinces contre les Parisiens? »

« N’est-ce pas elle qui voulait flétrir le berceau de la liberté par ces déclamations éternelles contre les premiers actes de la justice du peuple exercés sur quelques scélérats qui avaient conspiré sa ruine? »

« N’est-ce pas elle qui éleva une barrière entre la révolution et les autres peuples de l’Europe, en leur montrant sans cesse la nation française comme une horde de cannibales, et le tombeau de la tyrannie comme le théâtre de tous les crimes? »

 

« Je viens de vous développer le système des champions déclarés du despotisme et de l’aristocratie. La Fayette* vint, et le perfectionna. Personne, avant lui, n’avait aussi bien connu la puissance de la calomnie, ni l’art de la mettre en œuvre. La cour avait cultivé les heureux talents qu’il avait reçus de la nature. »

 

« Tout le monde connaît maintenant quel était l’objet de ses vues politiques. Ce petit émule de Monk ou de Cromwell, qui n’était pas plus le chef que l’instrument de la faction qu’il avait embrassée, voulait créer un parti mitoyen entre l’aristocratie hideuse de l’ancien régime et le peuple, et l’appuyer de toute la puissance royale, en faisant entrer Louis XVI* dans ce projet. Or, pour le réaliser, il fallait encore commencer par présenter le parti du peuple lui-même, comme une faction. Il fallait travestir la morale de l’égalité et de la justice sociale, en système de destruction et d’anarchie, peindre les plus zélés défenseurs de la liberté, soit dans l’Assemblée constituante, soit dans Paris, soit dans tout l’empire, sous des traits effrayants pour l’ignorance et pour les préjugés. On les montrait aux grands propriétaires comme les flatteurs des artisans et des pauvres; aux marchands, comme les fléaux du commerce; aux hommes pusillanimes, comme les auteurs de tous les mouvements de la révolution, et comme les perturbateurs de la paix publique; à tous, comme des extravagants ou comme des séditieux. Le chef-d’œuvre de la politique de ce parti fut de faire servir à ses projets le nom des lois et le prestige de la constitution même. Tandis qu’il mettait tout en œuvre pour la modifier, selon leurs vues ambitieuses et les intérêts de la cour, il s’attachait à persuader que les amis de la liberté, dont le seul vœu était alors de la voir exécuter d’une manière loyale et populaire, n’avaient d’autre but que de la détruire. Cette constitution, dont tous les vices étaient son ouvrage, devint bientôt, entre ses mains, un instrument de tyrannie et de proscription. Toujours nulle pour  protéger les patriotes persécutés, elle était toujours active pour justifier tous les attentats contre la liberté, pour pallier tous les complots de la cour et de l’aristocratie…. » (22)

 

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (33/50)

 

Bataille de VALMY – 2 septembre 1792

Le Duc de Chartres (futur roi Louis-Philippe 1er) et son frère le duc de Montpensier rendant compte de la bataille de Valmy au Maréchal de Rochambeau près du moulin de Saint-Sauve.

 

 

    Après avoir une fois encore dénoncé La Fayette*, son obsession, il s’en prend au groupe puissant qu’il ne veut pas nommer mais qui est évidemment la Gironde. La Gironde qui, dans la séance du 26 Octobre, avait traité le Tribunal révolutionnaire (le "Tribunal du 17 Août") de « Tribunal de sang » et demandé sa suppression. Cette juridiction d'exception, créée dans les moments tragiques, sera effectivement abolie quinze jours plus tard.

    A la Gironde, qui ne manque plus une seule occasion de calomnier les « patriotes parisiens », Robespierre répond en dénonçant les « « intrigants de la République » qui, sans cesse, font du moindre petit mouvement populaire une révolte formidable pour dresser les départements contre la capitale et attisent la haine en soufflant le feu de la guerre civile. Robespierre prêche cependant l'union et la fraternité :

 

«  Ah ! Français, qui que vous soyez, embrassez-vous comme des frères et que cette sainte union soit le supplice de ceux qui cherchent à nous diviser (..) Eclairez-vous, éclairez vos concitoyens autant qu'il est en votre pouvoir; Dissipez l'illusion sur laquelle on fonde l'empire de l'intrigue, et il ne sera plus.

«  Passer la vérité en contrebande à travers tous les obstacles que ses ennemis lui opposent; multiplier, répandre par tous les moyens possibles les instructions qui peuvent la faire triompher; balancer par le zèle et par l'activité du civisme l'influence des trésors et des machinations prodigués pour propager l'imposture : voilà, à mon avis, la plus noble occupation et le devoir le plus sacré du patriotisme épuré. Des armes contre les tyrans, des livres contre les intrigants, la force pour repousser les brigands étrangers, la lumière pour reconnaître les filous domestiques : voilà le secret pour triompher à la fois de tous vos ennemis.. »  (22)

 

    Les conflits vont, néanmoins, se multiplier entre les deux groupes rivaux. Robespierre a annoncé solennellement qu’il allait faire une réponse aux accusations de Louvet. Il en a précisé la date : le 5 Novembre; et cette séance de la Convention est attendue comme un événement. Ce jour là, dès le début de la matinée, une foule se presse aux portes de l'assemblée pour tenter de pénétrer dans les tribunes réservées au public. Il n'y aura pas assez de places pour tout le monde !

    Dans sa réponse à Louvet, Robespierre récuse d'abord les accusations portées contre lui quant à ses prétendues aspirations à la dictature :

 

« Citoyens, délégués du peuple, une accusation sinon très redoutable, au moins très grave a été intentée contre moi devant la Convention nationale; j'y répondrai parce que je ne dois pas consulter ce qui me convient le mieux à moi-même, mais ce que tout mandataire du peuple doit à l'intérêt public. J'y répondrai parce qu'il faut qu'en un moment disparaisse le monstrueux ouvrage de la calomnie si laborieusement élevé pendant plusieurs années peut-être, parce qu'il faut bannir du sanctuaire des lois la haine et la vengeance pour y rappeler les principes de la concorde. Citoyens, vous avez entendu l'immense plaidoyer de mon adversaire; vous l'avez même rendu public par la voie de l'impression; vous trouverez sans doute équitable d'accorder à la défense la même attention que vous avez donnée à l'accusation.. » (23)

 

    Lui, Robespierre aurait aspiré à la dictature ? Comment cela aurait-il été possible en admettant qu'il en ait eu l'intention ?

 

«  On conviendra, que si un pareil projet était criminel, il était encore plus hardi; car pour l'exécuter il fallait non seulement renverser le trône mais anéantir la législature, et surtout empêcher encore qu'elle ne fût remplacée par une Convention nationale; mais alors comment se fait-il que j'aie, le premier, dans mes discours et dans mes écrits, appelé la Convention nationale comme le seul remède aux maux de la Patrie ? Il est vrai que cette proposition même fut dénoncée comme incendiaire par mes adversaires; mais bientôt la Révolution du 10 Août fit plus que la législature; elle le réalisa (..)

«  Dirai-je que pour arriver à la dictature, il ne suffisait pas de maîtriser Paris; qu'il fallait encore asservir les quatre-vingt-deux autres départements. Où étaient mes trésors, où étaient mes armées, les grandes places dont j'étais pourvu ? Toute la puissance résidait précisément dans les mains de mes adversaires. »  (24)

 

    Et Maximilien entreprend de réfuter, une à une, les accusations de Louvet. On lui reproche d'avoir soutenu Marat* et de l'avoir même porté à la députation ? Il explique, à nouveau, ses relations avec l'Ami du Peuple et condamne les excès du journaliste. La puissance de Robespierre à la Commune, son emprise sur la Société des Jacobins ? Robespierre balaye, de la même manière les accusations de Louvet :

 

«  Je ne m'abaisserai pas jusqu'à observer que je n'ai jamais été chargé d'aucune espèce de commission, ni ne me suis mêlé en aucune manière d'aucune opération particulière. Je n'observerai pas que jamais je n'ai présidé un instant, que jamais je n'ai eu la moindre relation avec ce comité de surveillance tant calomnié. Car tout compensé, je consentirais volontiers à me charger de tout, le bien et le mal, que l'on reproche à ce corps révolutionnaire, dans la vue de m'inculper personnellement.. »  (25)

 

     Puis, il fait l'apologie de l'action révolutionnaire et tente de justifier les événements du 10 Août comme les journées de Septembre :

 

«  Des arrestations illégales ! Est-ce donc le code criminel à la main qu'il faut apprécier les précautions salutaires qu'exige le salut public dans les temps de crises amenés par l'impuissance même des lois ? Que ne nous reprochez-vous d'avoir consigné les conspirateurs aux portes de la cité ? D'avoir désarmé les citoyens suspects ? Que ne faites-vous le procès à la municipalité et au corps électoral, et aux sections de Paris, et aux assemblées primaires des cantons et à tous ceux qui nous ont imité (...) car toutes ces choses étaient illégales, aussi illégales que la Révolution, que la chute du trône et de la Bastille, aussi illégales que la liberté elle-même. »  (26)

 

    Robespierre repousse avec la même vigueur le reproche fait par Louvet quant à l'envoi des commissaires dans les départements :

 

«  La chute du trône paraissait-elle si facile avant le succès ? Ne s'agissait-il que de faire un coup de main aux Tuileries ? Ne fallait-il pas anéantir dans toute la France le parti des tyrans et communiquer à tous les départements la commotion salutaire qui venait d'électriser Paris ? Et comment ce soin pouvait-il être négligé par ces mêmes magistrats qui avaient appelé le peuple à l'insurrection ? Il s'agissait du salut public; il y allait de leurs têtes; et on leur fait un crime d'avoir envoyé des commissaires aux autres communes, pour les engager à avouer, à consolider leur ouvrage !

«  (..) Citoyens, vouliez-vous une Révolution sans révolution ? Quel est cet esprit de persécution qui est venu réviser, pour ainsi dire, celle qui a brisé nos fers ? »  (26)

 

    Le ton monte encore d'un cran quand l’Incorruptible évoque les événements de Septembre et la « sensibilité suspecte » de certains :

 

« On assure qu'un innocent a péri.. Citoyens, pleurez cette méprise cruelle... Pleurez même les victimes coupables, réservées à la vengeance des lois, qui ont tombé sous le glaive de la justice populaire; mais que votre douleur ait un terme, comme toutes les choses humaines. Gardons quelques larmes pour des calamités plus touchantes. Pleurez cent mille patriotes immolés par la tyrannie... Pleurez donc; pleurez l'humanité abattue sous leur joug odieux; mais consolez-vous en assurant le bonheur de votre pays, et en préparant celui du monde; consolez-vous en rappelant sur la terre l'égalité et la justice exilées, et en tarissant par des lois justes la source des crimes et des misères de vos semblables. La sensibilité qui gémit presque exclusivement pour les ennemis de la liberté m'est suspecte. »  (27)

 

   Aux violentes attaques personnelles, il réplique sur un ton tout aussi dur :

 

«  Ceux qui ont dit que j'avais la moindre part aux événements dont je parle ( les journées de Septembre ) sont des hommes ou excessivement crédules ou excessivement pervers. Quant à l'homme qui, comptant sur le succès de la diffamation dont il avait d'avance arrangé tout le plan, a cru pouvoir alors imprimer impunément que je les avais dirigés, je me contenterai de l'abandonner aux remords si le remords ne supposait une âme..... »  (28)

 

    Robespierre termine son discours habile et d'une implacable logique par des paroles d'apaisement. Il a été injustement accusé, mais il dit savoir pardonner si cet acte doit concourir au retour de la liberté :

 

«  Ensevelissons, s'il est possible, ces misérables machinations dans un éternel oubli. Puissions-nous dérober aux regards de la postérité ces jours honteux de notre histoire, où les représentants du peuple, égarés par de misérables intrigues, ont paru oublier les grandes destinées auxquelles ils étaient appelés (...)

«  Je renonce à la juste vengeance que j'aurais le droit pour suivre contre mes calomniateurs; je n'en demande point d'autre que le retour de la paix et le triomphe de la liberté.. »  (29)

 

    Cette journée du 5 Novembre est une nouvelle défaite pour la Gironde : Robespierre a gagné la confiance de l'Assemblée mais surtout, il apparaît maintenant, et pour la première fois, comme le chef incontesté des Montagnards. Lorsqu'il quitte la Convention pour se rendre au club des Jacobins, il est aussitôt entouré par une foule qui l'acclame. Les rues de Paris sont illuminées sur son passage.

 

    La presse du lendemain reprend les passages essentiels de son intervention à la tribune de la Convention. Camille Desmoulins*, qui excelle dans les propos au vitriol, écrira dans son journal à propos du girondin Louvet : « Robespierre a chargé cette tête chauve de cinquante pieds de fumier ! » (30)

 

    Mais le discours magistral de l'Incorruptible a eu une autre conséquence : il a produit un effet considérable sur les députés du centre. Pour la plupart provinciaux, ils étaient arrivés à l'Assemblée avec un a priori défavorable contre la Montagne et la Commune. Demeurés fidèles au principe de la monarchie, ils s'étaient fortement ému des humiliations que le peuple de Paris avait fait subir au Roi le 10 Août et, davantage encore, de la rage populaire lors des journées de Septembre. Ils sont maintenant surpris par les violentes attaques des Girondins et vont s'éloigner de la Gironde qui, de ce fait, ne détient plus la majorité confortable dont elle disposait à l'ouverture de la Convention. Tout peut maintenant arriver...

 

    Les Girondins, Louvet en tête, vont regretter d'avoir manqué leur « assaut ».

 

 

    Le 6 Novembre sont présentés à la Convention deux rapports sur « l'Affaire Louis Capet ». Il est décidé qu'à partir du 13 sera abordée la discussion sur le thème « Louis XVI* peut-il être jugé ? » Robespierre, à cette date, disparaît de l'Assemblée pendant près de trois semaines. Cela n'a probablement aucun rapport avec l'ordre du jour. On suppose qu'il est malade...

  

    Le débat s'enlise à la Convention, les troubles s'intensifient en province et la Montagne en profite pour accuser Brissot d'en être l'instigateur dans le but de détourner l'attention du peuple du débat sur le procès du Roi.

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (33/50)

 

Antoine MERLIN de THIONVILLE

 

 

    Ce n'est qu'à l'occasion d'un débat sur la question des subsistances que Robespierre va réapparaître à la tribune le 2 Décembre.

 

«  Les auteurs de la théorie n'ont considéré les denrées les plus nécessaires à la vie que comme des marchandises ordinaires (...) Ils ont compté pour beaucoup les profits des négociants ou des propriétaires, la vie des hommes à peu près pour rien.. Le premier droit est celui d'exister. La première loi sociale est donc celle qui garantit à tous les membres de la société les moyens d'exister; toutes les autres sont subordonnées à celle là. »  (31)

 

    La question des subsistances demeure un des problèmes majeurs en cette fin d'année 1792. Les Girondins prônent la libre concurrence, les départements continuent à fermer leurs frontières et à vivre en autonomie complète, les villes ne sont plus approvisionnées en grains et les prix ne cessent de monter. La Convention a bien tenté d'envoyer des commissaires dans les départements « riches », mais Pétion et Buzot ont aussitôt crié à l'anarchie et à la loi agraire. Même ceux qui réclament une taxe sur les denrées ne recueillent que peu d'écho auprès des Montagnards ou des Jacobins qui hésitent à prendre des mesures autoritaires.

    Robespierre a pourtant posé les principes :

 

« Les aliments nécessaires à l'homme sont aussi sacrés que la vie elle-même. Tout ce qui est nécessaire pour la conserver est une propriété commune. Il n'y a que l'excèdent qui soit une propriété individuelle. »  (32)

 

    L'énoncé des principes ne suffit pas à apporter des solutions. Les tergiversations des conventionnels sont en train de faire le jeu des extrémistes : les Enragés de Jacques Roux, dénonçant le « despotisme sénatorial », attaquent la Convention dans son ensemble. Ils commencent d'ailleurs à faire quelques adeptes dans les sections parisiennes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)  COLLOT d’HERBOIS (Jean-Marie Collot, dit), né à Paris le 19 juin 1749 et mort en déportation à Cayenne en Guyane le 8 juin 1796, est un comédien, auteur dramatique, directeur de théâtre. La carrière politique de Collot d'Herbois commence avec sa participation au Club des Jacobins. Il s'illustre en participant au printemps 1791 à la défense des Suisses de Châteauvieux, accusés de mutinerie.

À l'automne 1791, il remporte un concours organisé par les Jacobins pour publier un almanach destiné à expliquer, en des termes aisément compréhensibles, les avantages de la monarchie constitutionnelle. C'est l'Almanach du Père Gérard, qui remporte un succès de diffusion certain et lui confère une grande popularité au sein du peuple parisien.

Ses opinions deviennent alors de plus en plus radicales, le portant à l'« extrême gauche » de l'opinion publique parisienne. Président de l'assemblée électorale parisienne, il est élu député de Paris à la Convention nationale,.L'un des tout premiers à exiger l'abolition de la monarchie, il est en mission à Nice pendant le procès de Louis XVI. De retour pour le jugement, il vote pour la mort sans sursis. Opposé à la Gironde, il remplit encore plusieurs missions dans le Loiret, dans l'Oise et dans l'Aisne et préside l'assemblée du 13 au 27 juin 1793.

Envoyé en mission à l'automne 1793, il commanda avec Fouché, Albitte et Laporte les représailles contre la révolte fédéraliste à Lyon. Ils y établirent un comité de démolition, en même temps qu'une commission révolutionnaire et un comité de séquestre. Les remparts et plus de deux cents maisons de Lyon furent démolis.

Cependant, dans les comités, la tension était de plus en plus vive : d'après Barras, Collot d'Herbois s'en prit violemment à Robespierre au cours d'une discussion très vive. Le 9 Thermidor, Collot d'Herbois présidait la Convention nationale et il fut un des artisans du décret d'arrestation contre Maximilien de Robespierre et son frère Augustin, Saint-Just, Le Bas et Couthon.

Après Thermidor, Jean-Marie Collot-d'Herbois fut mis en accusation avec d'autres membres du Comité de salut public et du Comité de sûreté générale, sur dénonciation, notamment, de Lecointre. Il fut décrété d'arrestation puis condamné à la déportation en Guyane en vertu du décret du 12 germinal an III (1er avril 1795).

 

(2)   détails fournis par Gérard WALTER   "Robespierre"  op. cita. page 331

 

(3)   BILLAUD-VARENNE (Jacques-Nicolas Billaud puis Billaud-Varenne) : Né à La Rochelle, 23 avril 17562 – mort à Port-au-Prince, 3 juin 1819) est un avocat, député montagnard à la Convention nationale et membre du Comité de salut public.

Dès1790, il embrasse avec ardeur les idées révolutionnaires et se lie avec Danton, Marat et Robespierre. Il propose en juillet 1791 de remplacer la monarchie par la république, et doit se cacher après avoir produit une brochure républicaine. Après le 10 août 1792, il est membre de la Commune de Paris. Nommé substitut du procureur Pierre Louis Manuel, il participe aux sanglantes journées de septembre 1792 au moins par la violence de ses discours.

Il est élu député de Paris à la Convention et défend Robespierre contre les attaques des Girondins. Au procès du roi, il vote pour la mort de Louis XVI (20 janvier 1793) « dans les vingt-quatre heures ».

Le 5 septembre 1793, il soutient les revendications de la Commune de Paris portées par Hébert et Chaumette. Considérant qu'on ne fait pas de révolution avec des « demi-mesures », il soutient la mise à l'ordre du jour de la Terreur. Ces prises de positions lui permettent d'être élu au Comité de salut public en même temps que Collot d'Herbois. Il est parallèlement élu président de la Convention pour deux semaines.

Jusqu'au printemps 1794, Billaud-Varenne ne se distingue pas fondamentalement de la politique menée par Robespierre, malgré quelques nuances. Il approuve ainsi l'élimination des Hébertistes puis des Indulgents dont il est l'un des adversaires les plus féroces. Billaud-Varenne se sépare cependant peu à peu de Robespierre, en qui il voit vraisemblablement un dictateur en puissance.

À partir de messidor (début juillet 1794), la rupture entre Billaud et le « triumvirat » Robespierre-Saint-Just-Couthon est consommée. Toutefois, le 5 thermidor (24 juillet 1794), il participe à la tentative de réconciliation organisée par Barère. Mais le 8 thermidor, Robespierre prononce un discours devant la Convention dans lequel il se montre menaçant envers ses prétendus ennemis. Billaud-Varenne, sans être cité, s'y sent visé et rejoint alors avec Collot d'Herbois la conspiration préparant la chute du « tyran ».

 

 (4)   PANIS  (Etienne Jean) : Né à Paris le 7 Février 1757. Avocat de la capitale, il se fait élire officier municipal en Février 1792. Il sera un des principaux acteurs de l'émeute du 20 Juin 1792 et de l'insurrection du 10 Août de la même année. Elu à la Convention, bien qu'il soit fort compromis dans des affaires douteuses, il siège au Comité de Sûreté Générale. Il sera parmi ceux qui accuseront Robespierre le 8 Thermidor. Après la chute de l'Incorruptible, Panis est incarcéré pour avoir participé aux massacres de Septembre 1792. Amnistié à la dissolution de la Convention, il disparaît du milieu politique. Il mourra en 1832.

 

(5)   Le jour même de la victoire de Valmy. Le 21 Septembre la Convention remplace la Législative dans la salle du Manège.

 

(6)   L'origine de l'antagonisme Brissot*-Robespierre remonte, on s'en souvient, au débat relatif à l'opportunité de la guerre.

La députation parisienne comprend, outre Robespierre, Danton*, Billaud-Varenne*, Collot d'Herbois*, Marat*, Panis, Tallien, le citoyen Egalité (Philippe d'Orléans), ....

 

(7)   MERLIN DE THIONVILLE  (Antoine Christophe Merlin, dit) : Né à Thionville le 13 Septembre 1762. Avocat à la fin de l'ancien régime, Merlin est élu Officier Municipal et Commandant de la garde nationale à Thionville avant d'être élu à la Législative.

Membre du Club des Jacobins, il siège à l'extrême gauche et forme avec Basire et Chabot un trio très agité ! A la tête des émeutiers lors de l'insurrection du 10 Août 1792, il propose de prendre en otages les femmes et les enfants des émigrés !

Elu à la Convention, il réclamera l'exécution de Louis XVI* dès le 1er Octobre 1792. Envoyé ensuite en Vendée, il s'enrichira sur le dos de ses victimes. Au 9 Thermidor, il sera parmi les adversaires de Robespierre* sans doute parce qu'il avait beaucoup de choses à se reprocher.

Il mourra le 14 Septembre 1833.

 

(8)   LASOURCE  (Marc David Alba, dit) : Né dans le Tarn le 22 Janvier 1763. Pasteur calviniste, il est élu par le Tarn à la Législative puis à la Convention. Il votera la mort du roi puis attaquera Danton*, Marat et Robespierre* : "Au-dessus des clameurs et des injures, au-dessus des craintes et des terreurs, je déclare qu'à mes yeux Marat est un homme très dangereux pour la liberté, un homme qui tend à la détruire par le désordre et à ramener le despotisme par l'anarchie"

Il sera arrêté et jugé avec les Girondins proscrits le 2 Juin 1793 et guillotiné le 31 Octobre 1793.

 

(9)   cité par Ernest HAMEL  "Histoire de Robespierre"  op. cit. vol.2,  page 446

 

(10)  OSSELIN  (Charles Nicolas) : Né à Paris le 22 Novembre 1752. Il est Officier Municipal à Paris en 1790. Membre de la Commune insurrectionnelle du 10 Août 1792, il est élu par Paris à la Convention nationale où il vote la mort du roi.

Il entrera au Comité de Sûreté Générale en 1793, puis sera accusé, à la fin de cette même année, d'avoir hébergé une émigrée dont il était tombé éperdument amoureux. Il est d'abord exclu des Jacobins puis emprisonné et condamné à la déportation le 4 Décembre 1793. Il sera impliqué dans la conspiration des prisons et guillotiné à Paris le 26 Juin 1794.

 

(11)  REBECQUI  (François Trophime) : Administrateur des Bouches du Rhône en 1790, il est élu par ce département à la Convention nationale. Il se lie avec les Girondins et vote la mort du roi. Il est proscrit avec ses amis de la Gironde le 2 Juin 1793 et s'enfuit à Marseille où il tente de soulever le midi contre la capitale. Désespéré de n'y être pas parvenu, il se suicide le 6 Mai 1794.

 

(12)  Journal des Débats et des Décrets de la Convention N°6

         Cité par Ernest HAMEL  "Histoire de Robespierre"  op. cit.  Vol. 2, page 446

 

(13)  Voir Danton*

 

(14)  MONITEUR du 26 Septembre 1792

         cité par Ernest HAMEL  "Histoire de Robespierre"  op. cit. Vol. 2, page 447 à 451

 

(15)   BARBAROUX (Charles Jean-Marie) :  Né à Marseille le 6 Mars 1767. Avocat, passionné de physique, il suit pendant quelque temps les cours du Docteur Marat à Paris. Dès le début de la Révolution, il a une activité débordante dans la région de Marseille. C'est lui qui constituera le bataillon des Marseillais qui se rendra à Paris et jouera un rôle important lors de l'insurrection du 10 Août 1792.

Il sera élu à la Convention et sera proscrit avec les chefs Girondins le 2 Juin 1793. Réfugié à Caen où il rencontrera Charlotte Corday, puis à Bordeaux, il se suicidera le 18 Juin 1794 alors qu'il allait être repris par la police.

 

(16)  cité par Ernest HAMEL  "Histoire de Robespierre"  op. cit.  Vol. 2, page 453

 

(17)  idem page 454

 

(18)  idem page 455

 

(19)  idem page 455

 

(20) GARAT (Dominique Joseph) : Né à Bayonne le 8 Septembre 1749. Avocat, il quitte le sud ouest en 1773 pour s'établir à Paris. Grand amateur de littérature, il se lie avec Diderot, d'Alembert, Condorcet*, Grimm, Fréron. Elu per le Tiers Etat aux Etats Généraux, il reste bien discret à la tribune et se contente de collaborer au "Journal de Paris". Envoyé comme ambassadeur en Angleterre à la séparation de l'Assemblée Constituante, il est rappelé par Brissot* pour succéder à Danton au ministère de la Justice le 9 Octobre 1792. Il assistera, à ce titre, à l'exécution de Louis XVI* sans manifester aucune émotion. Son attitude de recherche du compromis permanent lui attirera les inimitiés des Girondins, de la Commune et même de la Montagne. Passé du Ministère de la Justice à l'Intérieur, il laissera, sans rien dire, arrêter les 22 députés girondins le 31 Mai et le 2 Juin 1793. Il démissionnera, par prudence, de son ministère le 19 Août 1793 mais sera cependant arrêté le 27 Septembre sur accusation des Jacobins. Il passera tout de même au travers de la terreur et siégera au Conseil des Anciens. Garat accueillera avec chaleur Bonaparte qui le fera plus tard Comte d'Empire et membre de l'Académie française. Napoléon n'aura pour cet homme que du mépris, mais il saura pourtant le récompenser. Il mourra à Ustaritz le 9 Décembre 1833.

 

(21)  Albert SOBOUL  "La Révolution française"  op. cit. page 266

 

(22)  Discours de Maximilien Robespierre sur l'influence de la calomnie sur la Révolution, prononcé à la Société, dans la séance du 28 Octobre 1792, l'An I de la République.

cité par Ernest HAMEL  "Histoire de Robespierre"  op. cit. Vol. 2, pages 482-483

 

(23)  MONITEUR du 6 Novembre 1792

et Ernest HAMEL  "Histoire de Robespierre"  op. cit. Vol.2, page 504

 

(24)  MONITEUR du 6 Novembre 1792

et André STIL  "Quand Robespierre et Danton inventaient la France"  op. cit. pages 258-259

 

(25)  idem page 260

 

(26)  idem pages 260-261

 

(27)  idem page 261

 

(28)  cité par R. KORNGOLD  "Robespierre"  op. cit. page 191

 

(29)  cité par Gérard WALTER  "Robespierre"  op. cit. page 349

 

(30)  cité par André STIL  "Quand Robespierre et Danton..."  op. cit. page 262

 

(31)   cité par Albert SOBOUL  "La Révolution française"  op. cit. page 269

 

(32)  cité par Albert MATHIEZ  "La Révolution française"  op. cit. page 317

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : ROBESPIERRE (34/50)

 

LE PROCES DU ROI : NOVEMBRE / DECEMBRE 1792 - JANVIER 1793

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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