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2 mars 2018 5 02 /03 /mars /2018 09:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (29/50)

 

Charles-François du PERRIER du MOURIEZ dit DUMOURIEZ

 

 

 

 

 

MINISTERE GIRONDIN - LA PATRIE EN DANGER :

MAI-JUILLET 1792

 

 

 

 

    Les premiers revers aux frontières, les soupçons à l'encontre de certains généraux, conduisent l'Assemblée à prendre de nouvelles mesures. Cette guerre est bien mal engagée; les défaites sur le terrain sont trop sévères et surtout sont survenues trop vite. Aussi, ne faudra-t-il pas longtemps pour désigner les responsables : les prêtres, le roi, la reine, les émigrés !... Il faut donc intensifier la lutte contre tous les traîtres à la Révolution et cette volonté se traduit par de nouveaux décrets : déportation des prêtres réfractaires (27 Mai), dissolution de la Garde Constitutionnelle du Roi, soi-disant peuplée d'aristocrates (29 Mai).

    La veille (28 Mai), Servan, Ministre de la Guerre, avait fait une intervention à l'Assemblée pour proposer que chaque canton envoie cinq fédérés en armes, pour former un détachement de 20 000 hommes au Nord de Paris et prévenir ainsi « les effets que pourraient produire la guerre aux frontières et ses revers ».

    Cette force est, d'après le ministre, destinée à couvrir la capitale en restant hors de l'emprise de certains généraux suspects. Robespierre qui, sans doute, croit déceler une manœuvre, s'oppose vigoureusement à cette proposition (1) :

 

«  Quel étrange système d'appeler une armée de 20 000 hommes à Paris, pour exercer la police ! Comme si un peuple de six cent mille habitants ne pouvait se garder lui-même (...) Quelle est la destination de cette armée nouvelle ? Est-elle appelée à combattre les ennemis étrangers ou ceux du dedans ? Dans l'un et l'autre cas, cette mesure est mal entendue ou dangereuse.. Dans le premier, pourquoi la camper aux environs de Paris (..) N'est-ce pas aux frontières qu'il faut porter nos forces ?

« Je ne crains pas d'affirmer que, dès le moment où un peuple désarmé a remis sa force et son salut à des corporations armées, il est esclave. Je dis que le pire du despotisme, c'est le gouvernement militaire et que depuis longtemps nous marchons à grands pas vers le gouvernement militaire... » (2)

 

    Le vote de ces derniers décrets ne manque pas de déclencher un nouveau conflit entre le Roi et l'Assemblée, mais n’était-ce pas l’un des objectifs visés ? Le décret portant levée de 20 000 fédérés est adopté le 8 Juin par l'Assemblée législative mais, le 11, le Roi oppose son veto. Il s’oppose également au décret du 27 Mai portant sur la déportation des prêtres réfractaires. Roland lui adresse alors une véritable sommation de lever son veto. Louis XVI* tient bon et refuse. Mieux encore, le roi semble soudain saisi d'une crise d'autorité car, le 12 Juin, il renvoie les ministres Brissottins : Roland, Servan et Clavière. Dumouriez, qui passe des affaires étrangères à la guerre, donnera sa démission quelques jours plus tard et regagnera l'armée du Nord.

    Le 13, au Club des Jacobins, Robespierre intervient à la suite de plusieurs orateurs qui s'indignent de la décision du roi. Ce n'est pas tant l'indignation qui l'inspire mais plutôt le doute quant au patriotisme des amis de Brissot. A ses yeux, le renvoi des ministres brissotins est plutôt une bonne nouvelle :

 

« Il vaut mieux pour les représentants de la nation, surveiller les ministres, que de les nommer. L'avantage de les nommer ralentit la surveillance; il peut égarer ou endormir le patriotisme même. Il n'est rien moins que favorable à l'énergie de l'esprit public; il est fatal à celui qui doit toujours animer les sociétés des amis de la Constitution. Depuis le moment où nous avons vu naître ce ministère que l'on a nommé jacobin, nous avons vu l'opinion publique s'affaiblir et se désorganiser; la confiance aux ministres semblait se substituer à tous les principes; l'amour des places, dans le cœur de beaucoup de prétendus  patriotes, parut remplacer l'amour de la patrie : et cette société même se divisa en deux portions; les partisans des ministres et ceux de la Constitution. Les sociétés patriotiques sont perdues, dès qu'une fois elles deviennent une ressource pour l'ambition et pour l'intrigue. Les amis de la liberté et les représentants du peuple ne peuvent faillir, en s'appuyant sur les principes éternels de la justice; mais ils se trompent aisément, lorsqu'ils se reposent sur la destinée de la nation, sur des ministres passagers. Rappelez-vous qu'il y a plusieurs mois, je professais ici cette doctrine et je prédisais tous ces maux, lorsque certains députés laissaient déjà transpirer le projet d'élever leurs créatures au ministère. »  (3)

 

    Encore un rude coup porté à son adversaire Brissot, mais également rappel de la « doctrine » de l'Incorruptible : les députés ne doivent pas pouvoir prétendre au ministère; c'est bien la seule manière d'éviter les ambitions personnelles et les corruptions !....

 

    Le 15 Juin, Louis XVI* appelle un nouveau ministère Feuillant dont les membres ont été, bien sûr, désignés sur les conseils de Duport et des frères Lameth. Cette décision soulève un tollé dans les sociétés populaires car il ne fait plus de doute pour personne que l'on s'achemine, à grands pas, vers un coup d'état militaire. Et effectivement, La Fayette* juge le moment opportun pour intervenir. Il fait lire à l'Assemblée, le 18 Juin, une lettre dans laquelle il déclare que «  la Constitution française est menacée par les factieux de l'intérieur autant que par les ennemis du dehors » (4). «  J'accuse hautement la faction jacobine (...) Elle usurpe les pouvoirs (..) Il faut que le régime des clubs fasse place à celui des lois.. » (5)

    Robespierre, le jour même réplique, aux Jacobins, en fustigeant le général qu'il considère, à juste titre d'ailleurs, comme un prétendant à la dictature :

 

«  Le salut de la France est attaché au sort de La Fayette*; si on lui donne le temps d'achever ses complots, c'est fait de la liberté; mais, s'il est renversé sur-le-champ, la cause du peuple triomphe, et la liberté avec lui... »  (6)

 

    Cette fois, le Général, héro des deux mondes a dévoilé clairement ses intentions ! Mais les déclarations menaçantes de La Fayette* ne provoquent pas l'effet que celui-ci avait escompté. Ce sont les Brissottins, que l'on a pris l'habitude de nommer Girondins, depuis quelque temps déjà, qui prennent peur : leurs ministres viennent d'être congédiés, les revers militaires sont de plus en plus nets et ils se sentent responsables dans la mesure ou ce sont bien eux qui ont poussé à la guerre. Pour tenter de renforcer leur influence qui n'a cessé de diminuer, tant à l'Assemblée que dans le pays, ils prennent l'initiative d'organiser un grand rassemblement populaire.

    En liaison avec les Jacobins et la Municipalité de Paris, aux mains du Girondin Pétion, ils organisent une manifestation dont la date est fixée au 20 Juin. Le prétexte a été trouvé très facilement : célébrer l'anniversaire du Serment du Jeu de Paume en plantant un arbre de la Liberté sur la terrasse des Feuillants aux Tuileries.

    La manifestation va très vite déraper. Les manifestants, venus en grand nombre, demandent à être reçus par l'Assemblée et un long défilé, ponctué de jurons et d'invectives à l'adresse des députés en séance, va se mettre en branle. Il va durer près de trois heures.. Puis, la foule se dirige vers le Château, elle force les portes, arrive jusqu'au Roi qui est bousculé, injurié, sommé de rappeler les ministres Girondins, de chasser les prêtres, de lever son veto, forcé de coiffer le bonnet rouge. Le Roi, fort calme, subit l'affront mais ne cède pas. Il ne reviendra pas sur le veto!... (7)

 

 

    La semaine suivante, le 28 Juin, La Fayette*, qui a quitté son armée, se présente à la barre de l'Assemblée pour renouveler, de vive voix, ses accusations et « prendre le pouls » des députés. Il est accueilli avec tous les honneurs car la journée du 20 Juin a réveillé, dans la France entière, un sentiment monarchique demeuré très fort. Une motion de "blâme" présentée par Guadet contre le général est repoussée à une forte majorité. Nul doute qu'à cet instant La Fayette* songe à un coup de force, mais il lui faut, pour passer à l'exécution, l'assentiment du Roi. Et Louis XVI* va refuser. Le projet de La Fayette* va surtout  se heurter à un refus très ferme de Marie-Antoinette* qui n'a en lui aucune confiance.

 

    Cette nouvelle bravade, venant de son ennemi, provoque chez Robespierre une réaction brutale :

 

«  La situation est claire : le corps législatif a prouvé son incapacité à sauver la Liberté; il faut donc que le peuple français se sauve lui-même...

«  Si mes concitoyens étaient assez lâches ou assez imbéciles pour fermer l'oreille à la voix de l'honneur et de la vérité, je m'adresserais aux hommes libres de toutes les nations... » (8)

 

Il poursuit, à l'adresse de La  Fayette* :

 

«  Citoyen ingrat et parjure, hypocrite et vil conspirateur, que tout le sang qui coulera retombe sur ta tête sacrilège... » (9)

 

    Dans sa « Deuxième Lettre de M. Robespierre à M. La Fayette*, à l'Assemblée nationale et au roi », publiée dans son « Défenseur de la Constitution », Robespierre dénonce encore avec la même violence les agissements du général :

 

«  Sommes-nous déjà arrivés au temps où les chefs des armées peuvent imposer leur influence ou leur autorité dans nos affaires politiques ? Ce n'est pas que je crois moi-même à l'infaillibilité de l'Assemblée nationale; elle a prouvé qu'elle pouvait se tromper lorsqu'elle vous prodigua des applaudissements que toute votre conduite désavoue; mais ce n'est point aux généraux qu'il appartenait de la censurer avec cette hauteur insultante en s'adressant à elle. Tout ce que vous prouvez, c'est qu'il convient à vos projets de défendre, en ce moment, le parti de la cour pour fortifier le vôtre et de grossir votre faction de tous les ennemis de la liberté dont vous vous déclarez le défenseur (..) »

«  Vous intriguez, vous intriguez, vous intriguez; vous êtes digne de faire une révolution dans une cour, il est vrai; mais arrêter une révolution du monde, cette œuvre est au-dessus de vos forces. Vous avez beau affecter de dire : mes soldats, ma brave armée; l'armée dont vous êtes le premier officier est brave sans doute : mais elle n'est point à vous. Ni vos perfides calomnies, ni vos absurdes cajoleries contre les citoyens les plus éprouvés ne pourront jamais l'enlever à la patrie.. N'espérez donc pas effrayer les représentants du peuple de l'idée que vous êtes entouré d'une armée; car ils sont eux-mêmes environnés de la nation dans laquelle sont confondus ceux que vous appelez vos soldats; qu'ils parlent, et au même instant, vos soldats vous amèneront à leurs pieds (..) »

«  La faction jacobine, dites-vous, a causé tous les désordres. Ainsi les prêtres séditieux, les cours, les fripons et les traîtres n'ont fait aucun mal, à votre avis; ce sont les sociétés patriotiques qui sont coupables de tout. "Organisée comme un empire à part dans sa métropole et dans ses affiliations, cette secte forme une corporation distincte au milieu du peuple français dont elle usurpe les pouvoirs en subjuguant ses représentants et ses mandataires". Quel absurde galimatias dicté à la fois par la sottise et par la mauvaise foi pour dire qu'il existe dans toutes les parties de l'empire français des citoyens de toutes les conditions sans aucune liaison entre eux, qui, en vertu du droit que la Constitution leur donne se rassemblent quelques jours par semaine dans un lieu déterminé avec le public pour s'instruire mutuellement des événements qui intéressent le salut de la patrie et de la liberté, dont le régime n'est autre chose que les règles nécessaires pour conserver quelque ordre dans une réunion d'hommes quelle qu'elle soit et pour ne point admettre dans leur sein les ennemis de la Révolution; dont l'unique objet est le maintien de la Constitution et de la liberté; le seul pouvoir celui de l'opinion; qui correspondent quelquefois avec les autres sociétés du même genre, notamment avec celle qui existe dans la capitale ( et cela d'une manière très imparfaite et très inactive) pour propager les lumières et publier les faits qui importent au salut de la commune partie; mais qui, par cela même, déplaisent infiniment à tous les mauvais citoyens, à tous les mandataires corrompus et à tous les chefs de factions. »  (10)

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (29/50)

 

Jean-Marie  ROLAND vicomte de la PLATRIERE

 

 

    Mais, que l'on regarde à l'extérieur des frontières ou à l'intérieur du pays, les dangers continuent à s'accumuler. A un point tel que Girondins et Jacobins décident d'oublier, pour un temps au moins, leurs querelles : Robespierre et Brissot interviennent ensemble à la tribune des Jacobins le 28 Juin pour « sauver la Révolution ». Robespierre conclut son discours par ces mots :

 

«  Quand le danger que court la liberté est certain, quand l'ennemi de la liberté est bien connu, il est superflu de parler de réunion, car ce sentiment est dans tous les cœurs. Quant à moi, j'ai éprouvé qu'il était dans le mien au plaisir que m'a fait le discours prononcé ce matin à l'Assemblée nationale par M. Guadet (11) et à celui que je viens d'éprouver en entendant M. Brissot. »  (12)

 

    La réconciliation qui vient d'être scellée va durer à peine un mois. Une succession d’événements va rapidement conduire les nouveaux amis à s’opposer à nouveau.

    Le 2 Juillet, bravant le veto du Roi, l'Assemblée autorise les fédérés à rejoindre Paris pour participer à la Fête de la Fédération du 14 Juillet 1792.

    Robespierre s'est d'ailleurs ravisé à propos de ces Fédérés. Constatant que son plus farouche ennemi, le Héros des Deux Mondes, le Marquis de La Fayette* est devenu de plus en plus arrogant et que l'hypothèse du coup d'état militaire est loin d'être écartée, Maximilien s'est demandé quels pouvaient être les moyens d'empêcher cette issue. Il n'a trouvé qu'une seule solution : la résistance populaire. Robespierre revient alors sur son jugement relatif aux 20 000 fédérés en armes qu'on voulait rassembler au Nord de Paris. Il a combattu ce projet; il comprend maintenant que ces fédérés ne seront pas constitués d'aristocrates ou de modérés comme il l'avait imaginé à l'époque, mais plutôt de braves provinciaux dont il peut se servir. Il propose donc aux Jacobins un « Projet d'adresse aux fédérés des 83 Départements » et ne manque pas une occasion d'exalter le patriotisme de ces hommes.

    La situation devient de jour en jour un peu plus critique : le 10 Juillet, le ministère Feuillant présente sa démission au roi qui l'accepte. Le lendemain, à l'Assemblée, la Patrie est déclarée en danger sur l'initiative de Brissot*. Les corps constitués siègent en permanence, on enrôle dans les rues de la capitale. Le soir même, « l'Adresse aux Fédérés des 83 Départements » est adoptée par les Jacobins et Robespierre, à la tribune, fait part de ses grandes inquiétudes :

 

« Le moment est arrivé d’écarter tous les intérêts personnels, pour ne s’occuper que de l’intérêt public. Ce sentiment était gravé dans tous les cœurs ; un décret solennel vient de nous en faire une obligation. »

« Qu’est-ce que ce décret ? Est-ce une vaine formule vide de sens ? Est-ce une arme dont le despotisme compte pouvoir faire usage pour écraser la liberté, pour opprimer ses vrais adorateurs ? Non ! Et ce n’est point en vain que les citoyens des départements seront venus se rallier aux cris de la patrie en danger ».

« La patrie est en danger ! Ces mots disent tout pour des cœurs ardents, vraiment épris de l’amour de la patrie et de la liberté. Cette formule ne nous apprend pas de nouveaux faits. Avant cette déclaration, nous savions qu’un général conspirateur était à la tête de nos armées ; nous savions qu’une cour corrompue machinait sans relâche contre notre liberté et notre Constitution. Ce n’est donc pas pour nous instruire, que l’Assemblée nationale a prononcé cette formule imposante. »

« Ces mots la patrie est en danger sont une exhortation à toute la nation, de déployer toute l’énergie dont elle est capable pour prévenir ces dangers. »

 

« La nation connaissait bien ses dangers ; mais elle semblait engourdie sur le bord de l’abîme, et l’Assemblée nationale a voulu la réveiller de sa léthargie ».

« Lorsque l’Assemblée nationale a prononcé sa formule, elle a voulu dire : En vain, nous faisons de bonnes lois, si le pouvoir exécutif ne les fait pas exécuter, s’il les entrave par des veto perfides, si des administrateurs corrompus conspirent avec la cour pour tuer la Constitution par la Constitution ; en vain des armées de soldats patriotes et valeureux exposent leurs vies en combattant, si l’on arrête leur marche victorieuse, ou si on ne les envoie au combat que pour les faire succomber sous un nombre d’ennemis double du leur. Dans des circonstances aussi critiques, les moyens ordinaires ne suffisent pas : Français, sauvez-vous. »

 

« Ou bien cette déclaration solennelle signifie ce que je viens de dire, ou bien elle ne serait qu’une trahison, en montrant à la nation les dangers auxquels elle est exposée, sans lui laisser la faculté de prendre les moyens qu’elle croira propres à la sauver. Déjà même, les ennemis de la liberté espèrent en faire un usage meurtrier (..) »

 

« Pour nous, qui ne voulons que le bien général de l’humanité, la patrie est en danger, parce qu’il existe une cour scélérate et inconvertissable ; la patrie est en danger, parce que l’idolâtrie et la séduction ont procuré à cette cour des administrateurs assez vils pour se prosterner devant elle, et qui, à peine sortis de ces assemblées où ils flattaient le peuple pour obtenir des places, sont assez vils, comme les administrateurs de la Somme, du Pas-de-Calais et autres, pour entrer dans une fédération coupable avec la cour contre la liberté. »

« La patrie est en danger, parce que, sur la base de la liberté, s’est élevée une classe aristocratique d’hommes qui n’ont cherché qu’à convertir leurs frères en cannibales ; parce qu’il existe un état-major qui, quoique licencié par l’Assemblée nationale, subsiste encore pour conspirer ».

« Comment la patrie ne serait-elle pas en danger, quand un général, qu’on a cru le général des Français, et qui n’est que celui de la cour de Vienne, dont il épouse les intérêts et emprunte le langage, foule aux pieds la nation française en insultant ses représentants ? Comment la patrie ne serait-elle pas en danger, quand un tel homme circonvient de ses émissaires et de ses complices, un autre général, lorsque les flammes de Courtrai sont les seuls gages que nous donnons de notre attachement aux Brabançons, lorsque ce Jarry reste impuni, que nous abandonnons nos conquêtes, et que nous donnons le temps aux puissances ennemies de rassembler leurs forces ? »

 

« Voilà, de l’avis de la nation, la cause de nos dangers. Nos dangers ne cesseront donc que lorsque cette cause sera extirpée. Si l’on avait frappé ce général, auteur de tous nos maux, la guerre serait terminée ; le Brabant serait libre, il y aurait longtemps que tous ces petits électeurs seraient sans trône et sans sujets ; la liberté serait fermement établie sur les bords du Rhin et de l’Escaut, et formerait une barrière impénétrable d’hommes libres autour de nos frontières. »

 

« La liberté sera en danger tant que La Fayette sera à la tête de nos armées, tant que l’administration des départements sera confiée à des hommes assez impudents pour oser honorer de leur persécution les magistrats que seuls le peuple honore de son estime. »

 

« J’espère qu’avant trois jours nous seront délivrés de notre plus dangereux ennemi, qu’un décret nous aura fait justice de La Fayette, car, sans ce décret, comment pourrions-nous entreprendre de combattre pour la liberté ? Osons nous flatter encore que ces directoires rebelles, sinon contre l’autorité de la cour, au moins contre la souveraineté du peuple, n’existeront pas. Espérons qu’au sein même de l’Assemblée nationale, des hommes qui doivent au peuple toute leur existence, n’oseront pas diviser la nation en côté autrichien et en côté français ».

 

« Si, dans un mois, la patrie est encore en danger, si l’état des choses n’est pas entièrement changé, il ne faudra pas dire alors la nation est en danger, il faudra dire la nation est perdue. J’ai toujours été l’apôtre de la Constitution, le défenseur des lois ; mais la première des lois est celle sur laquelle repose la Constitution, l’égalité, la liberté. Il faut donc la Constitution décrétée ; mais il la faut toute entière, religieusement observée pour le salut du peuple, sans quoi le mot Constitution ne devient plus qu’un mot de ralliement pour les factieux qui voudraient s’en emparer pour combattre la liberté. C’est dans ces principes que j’ai rédigé une adresse aux fédérés, dont je fais faire lecture à la société, si elle le trouve bon. »   (13)

 

    L'heure est très grave et, malgré cela, la belle union scellée il y a quelques jours à peine par Robespierre et Brissot va se briser. La démission des ministres Feuillants a aiguisé l'appétit des Girondins qui, subitement, ont repris espoir de reconquérir le pouvoir. Amorçant des négociations avec la Cour, ils dénoncent les agitations populaires !...Plus question évidemment de demander la destitution du roi !..

 

    Le combat des partis va, à nouveau, s'engager....

 

 

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)   Il semble avoir d'abord cru que ces 20 000 hommes seraient avant tout constitués de modérés recrutés pour combattre les Jacobins ou les Sociétés similaires. Robespierre changera d'avis le 11 Juin suivant

 

(2)  "Le Défenseur de la Constitution" N° 5  du 13 Juin 1792

 

(3)   Michel WINOCK  "L'Echec au Roi" op. cit.  page 209

 

(4)   Albert SOBOUL  "La Révolution française"  op. cit. page 240

 

(5)   cité par Gérard WALTER  "Robespierre"  op. cit. page 304

 

(6)   Michel WINOCK  "L'Echec au Roi" op. Cit.  page 211

 

(7)   Voir Louis XVI*

 

(8)   cité par Gérard WALTER  "Robespierre" op. cit. page 304

 

(9)  idem page  305

 

(10)  "Le Défenseur de la Constitution" Numéro 7

       Cité par André STIL  "Quand Robespierre et Danton..."  op. cit. pages206-207

 

(11)  GUADET (Marguerite Elie) : Né à Saint-Émilion le 20 Juillet 1758. Avocat à Bordeaux, il est élu par le département de la Gironde à la Législative puis à la Convention. Avec Gensonné et Vergniaud, il est à l'origine de la formation du groupe des Girondins. Adversaire acharné de Robespierre, il sera évidemment sur la liste des Girondins proscrits le 2 Juin 1793. Il devra se cacher, dans le Calvados puis en Gironde et sera guillotiné avec son père, sa tante et son frère à Bordeaux le 17 Juin 1794.

 

(12)  cité par André STIL  "Quand Robespierre et Danton...."  op. cit. page 206

 

(13)  Discours de Maximilien Robespierre au Club des Jacobins le 10 juillet 1792

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : ROBESPIERRE (30/50)

 

LA FIN DE LA MONARCHIE : JUILLET-AOUT 1792

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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