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12 février 2018 1 12 /02 /février /2018 09:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  ROBESPIERRE (11/50)

 

Jean-Jacques  DUVAL D’EPREMESNIL – Portrait par Jean-Baptiste Lefebvre

 

 

 

 

 

POUR QUELQUES CHATEAUX BRULES : FEVRIER 1790

   

 

 

 

    Soutenir la cause du peuple va devenir, au fil des mois, l'obsession de Robespierre. Ses prises de positions courageuses le conduiront, parfois, à des altercations très vives comme celle du 9 Février lorsque l'Abbé Maury (1) demande que l'on emploie la force militaire « contre le peuple qui a brûlé les châteaux ».

 

D' EPRESMESNIL (2) : «  Ce n'est pas le peuple, ce sont des brigands ! »

 

ROBESPIERRE : «  Si vous voulez, je dirai les citoyens accusés d'avoir brûlé des châteaux. »

 

UNE VOIX : « Dites donc des brigands ! »

 

ROBESPIERRE : «  Je ne me servirai que du mot "homme" et je caractériserai assez ces hommes en disant le crime dont on les accuse. »

 

    Pas question, pour Robespierre, d'excuser le crime mais simplement de le comprendre :

 

ROBESPIERRE : « ..la force militaire employée contre des hommes est un crime quand elle n'est pas totalement indispensable. Il ne vous est pas permis d'oublier que nous sommes dans un moment où tous les pouvoirs sont anéantis, où le peuple se trouve tout à coup soulagé d'une longue oppression; il ne vous est pas permis d'oublier que les maux locaux dont on vous rend compte sont tombés sur ces hommes qu'à tort ou avec raison le peuple accuse de son oppression et des obstacles apportés chaque jour à la liberté; n'oubliez pas que des hommes égarés par le souvenir de leurs malheurs ne sont pas des coupables endurcis, et vous conviendrez que les exhortations peuvent les ramener et les calmer. Craignons que cet amour de la tranquillité ne soit la source d'un moyen propre à détruire la liberté; craignons que ces désordres ne servent de prétextes pour mettre des armes terribles dans des mains qui pourraient les tourner contre la liberté; craignons que ces armes ne soient dirigées par des hommes qui ne seraient pas les meilleurs amis de la Révolution. » (3)

 

    Quelques jours plus tard, alors qu'on évoque d'autres troubles en Quercy et que la répression, là aussi, se met en place, Robespierre a ces mots qui choquent une bonne partie des députés : ces troubles « ne consistent qu'en quelques châteaux brûlés » et il enchaîne :

 

«  Qu'on ne vienne donc pas calomnier le peuple ! J'appelle le témoignage de la France entière; je laisse ses ennemis exagérer les voies de fait, s'écrier que la Révolution a été signalée par des barbaries. Moi, j'atteste tous les bons citoyens, tous les amis de la raison, que jamais révolution n'a coûté si peu de sang et de cruautés. Vous avez vu un peuple immense, maître de sa destinée, rentrer dans l'ordre au milieu de tous les pouvoirs abattus, de ces pouvoirs qui l'ont opprimé pendant de siècles. Sa douceur, sa modération inaltérables ont seules déconcertées les manœuvres de ses ennemis; et on l'accuse devant ses représentants.... A quoi tendent ces accusations ? Ne voyez-vous pas le royaume divisé ? Ne voyez-vous pas deux partis, celui du peuple, et celui de l'aristocratie et du despotisme ? Ne voyez-vous pas qu'on cherche à énerver les sentiments généreux du peuple, pour le porter à préférer un paisible esclavage à une liberté achetée au pris de quelques agitations et de quelques sacrifices ?

«  Les nations n'ont qu'un moment pour devenir libres; c'est celui où l'excès de la tyrannie doit faire rougir de défendre le despotisme. Ce moment passé, les cris des bons citoyens sont dénoncés comme des actes de sédition, la servitude reste, la liberté disparaît. »  (4)

 

  Déjà Robespierre voit poindre les indices de la contre-révolution. Violence, répression, sont exploitées par ceux qui s'opposent à l'ordre nouveau; et ils sont nombreux ceux que Maximilien dénonce à la tribune de l'Assemblée ce 29 Février :

 

« Lorsqu'on voit se préparer une grande et belle révolution qu'on n'aime pas, on ne néglige rien pour en suspendre la marche, pour en éteindre les effets. Telle sera, et constamment, la conduite de ceux qui, de mauvaise foi, ou par erreur, tiennent encore à cet odieux et ancien ordre des choses que vous avez si justement aboli. » (5)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)   MAURY (Jean Siffrein) : Né à Valréas le 26 Juin 1746. Ecrivain et prédicateur de talent, l'Abbé Maury est très bien vu à la Cour et entre même à l'Académie française en 1785.

Il se fait élire aux Etats Généraux et défend, avec beaucoup de talent, là aussi, les prérogatives royales ce qui lui vaut de devoir émigrer après la dissolution de l'Assemblée Constituante.

Le Pape le fera Cardinal avant qu'il ne se rallie à l'Empereur et qu'il ne prenne parti pour Napoléon contre Pie VII. Rejeté par Louis XVIII, il ira demander pardon au Pape mais sera emprisonné à Rome. Il mourra dans cette ville le 11 Mai 1817.

 

(2)   EPREMESNIL  (Jean Jacques Du Val d') : Né à Pondichéry le 5 Décembre 1745. Il est l'un des chefs de l'opposition parlementaire au pouvoir royal et est exilé par Maupéou en 1771. Son opposition à la royauté l'amène à prendre position pour le Cardinal de Rohan dans l'affaire du "Collier de la Reine".

En 1787, il s'oppose à nouveau aux édits et est exilé une deuxième fois avec le Parlement à Troyes. Magistrat "patriote", il prône la monarchie constitutionnelle et demande la réunion des Etats Généraux. Mais le Tiers Etat refuse de lui faire une place dans ses rangs, c'est donc la noblesse qui lui permettra d'être élu député. Il se heurte alors aux révolutionnaires avec autant de violence qu'il avait attaqué le pouvoir royal. Il ne fera, à l'Assemblée, que des interventions désordonnées tendant souvent à prôner le retour à l'ancien régime.

Il sera arrêté par des Jacobins après le 10 Août 1792, sauvé miraculeusement des massacres de Septembre par Manuel. De nouveau arrêté il sera condamné à mort par le tribunal révolutionnaire et guillotiné à Paris le 23 Avril 1794.

 

(3)   cité par André STIL  "Quand Robespierre et Danton..." op. cit. page 94

 

(4)   idem page 95

 

(5)   idem pages 95-96

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : ROBESPIERRE (12/50)

 

LA PAIX, LA GUERRE, ET LA CONSTITUTION CIVILE DU  CLERGE: MARS - JUIN 1790

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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