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EPILOGUE
Marie-Antoinette était-elle coupable ? Les débats bâclés du Tribunal révolutionnaire n'ont, en tous cas, apporté aucune preuve de cette culpabilité. Elle était donc juridiquement innocente et, à ce titre, le jury devait lui épargner la peine de mort.
En effet, les accusations portées contre elle relatives à sa vie de Reine ou à sa vie privée n'ont été étayées par aucun témoignage direct et encore moins par une quelconque preuve matérielle : les "orgies" de Versailles ou de Trianon ne sont rapportées que par des témoins qui n'y ont pas assisté et qui font état de "on dit" ou de ragots; la dilapidation de l'argent public, notamment au profit de la famille de Polignac, n'a été prouvée par aucun document; l'influence de la Reine sur son époux et, par là même, sur les affaires politiques de la France, n'a également pas été prouvée mais affirmée, comme le dit André Castelot « par des gens qui n'avaient jamais vécu dans l'intimité du couple royal ».
Que dire du témoignage d'Hébert, relatant les relations incestueuses de Marie-Antoinette avec son fils, si ce n'est que ce récit immonde est dans la droite ligne des insinuations et des calomnies colportées dans les colonnes de son « Père Duchesne » ?
Restent les accusations portant sur les relations de Marie-Antoinette avec sa mère ou son frère et sa "trahison" de 1792. Pour tous les membres du Tribunal, pour l'ensemble du jury, comme pour la France entière, les choses étaient évidentes. Etait-il nécessaire de prouver ce qui, pour tout le monde, était un fait établi ?
Certes, l'accusée était coupable. Certes, elle a dissimulé, au cours des interrogatoires, bon nombre de vérités. Mais, dans ses rapports avec l'étranger, et en particulier avec l'Autriche, la Reine avait-elle vraiment le sentiment de trahir la France ? Probablement pas. Elle n'a eu qu'une seule idée en tête : sauver la monarchie et, avec elle, son époux, ses enfants et elle-même. Sauver la vie des siens directement menacée par les enragés de l'Assemblée et du gouvernement. Sauver l'honneur du Roi et du Dauphin....
Là encore, si Marie-Antoinette semblait réellement coupable, aucun élément solide n'a permis d'établir qu'elle l'était !...
Mais le procès de Marie-Antoinette était l'un des premiers signes du gouvernement de la terreur. Il s'agissait, pour les hommes au pouvoir, de montrer, comme ils l'avaient si souvent répété, qu'ils étaient implacables avec les ennemis de la Révolution.